Condrieu et Côte-Rôtie au bord de la Loire et de l'Erdre !…
Presque trente producteurs de ces prestigieuses appellations du Rhône Nord qui se déplacent à  la rencontre du Grand Ouest, c'est plutôt exceptionnel !…
D'autant que je ne suis pas certain que nous soyons si nombreux que ça (toutes régions confondues) à  avoir eu la chance de comparer autant d'échantillons en une seule occasion ! Et en plus avec des millésimes potentiellement différents comme 2001 et 2002 !… Et avec 2003 qui se profile !…

Pour ma part, je me lance un peu à  l'aventure, parce que mes références en matière de Côte-Rà¶tie notamment, sont assez diffuses et pas vraiment récentes…

Avec Phil 85 qui m'accompagne, nous allons vite devoir évacuer nos préalables respectifs : non ! les grands vins issus de syrah (et parfois de viognier) ne sont plus des vins durs, bâtis pour la garde et le stockage patient !… Les grandes cuvées ont certes ce potentiel, surtout chez les tout meilleurs, mais à  découvrir ces 2001 et, à  fortiori, ces 2002, on se dit que ces vins en rejoignent d'autres et deviennent avec ceux-ci, des vins de cavistes et de bars à  vins !… Pour notre plus grand plaisir quand même !… D'autant que, pour l'essentiel, les vignerons ne semblent pas craindre de vendre leur âme au Diable économico-comptable du moment !…

Seul bémol : peu de vins disponibles ! Au point que nous ne craignons d'avoir là , beaucoup de vins fantômes !… De plus, nous n'avons guère eu l'opportunité de découvrir les cuvées qui font l'élite de certains domaines et de la région (Landonne, etc…) « Venez chez nous ! », « Passez à  la maison ! », nous suggèrent les vignerons !… Ben oui…

1- Bernard CHAMBEYRON :

- Côte-Rôtie 2002 : agréable mise en bouche. Des notes poivrées, puis une tendance fruits cuits. Très souple, une pointe d'acidité assez soutenue.
- Côte-Rôtie 2001 : fruits noirs mûrs assez intenses. Attaque souple confirmée par la suite… (3-4% de viognier). Le tout manque peut-être un peu de caractère, de profondeur…
- Condrieu 2002 : le vin semble construit autour d'un joli nez « abricoté » acidulé. Pas très ample non plus, mais sans défaut majeur.

2- André PERRET :

- Condrieu 2002 : houla ! Deux étages d'un seul coup !… Joli nez qui évoque une belle netteté. Longueur acidulée d'une belle pureté. Touche florale. Joli vin !
- Condrieu – Coteau de Chéry 2002 : Deux étages de plus sur le granit du coteau ! Là  encore, sensation de pureté autour de l'abricot. Intense et minéral. Plaisir presque immédiat et pourtant, un beau potentiel, de toute évidence. Belle bouteille !

3- Stéphane OGIER :

- Côte-Rôtie 2002 (échantillon tiré sur cuve). Elevage en barriques plus court que d'habitude pour cette cuvée (12 mois). Nez assez intense de mûre. Trace de minéralité. Assez ferme, mais montre une jolie fraîcheur. Plutôt un bel équilibre.
- Côte-Rôtie 2001 (60% Côte Blonde, sur granit). L'intensité du fruit et la minéralité semble offrir un équilibre assez harmonieux. Semble moins dense que le précédent, mais révèlent aussi une belle fraîcheur ! Suggère un certain «classicisme », comme dans d'autres régions.
- Côte-Rôtie Les Embruns 2001 (100% Côte Brune, sur schiste). Elevage de deux ans. Tendance finement poivrée. Bouche solide sur un rappel de mûre, de cassis. Belle matière ! Très plaisant, sans la moindre sécheresse, sans la moindre dureté. Et Belle Hélène !… Tant pis !…

4- Edmond et David DUCLAUX :

- Côte Rôtie 2001 (à  Tupins et Semons, dans le sud de l'appellation, 100% granit). Une expression plutôt fruitée. Des tannins assez fermes, plutôt présents. Un style plutôt sans concession…
- Côte Rôtie 2000 : des notes plus évoluées avec une touche façon torréfaction. Une acidité plus soutenue aussi qui inspire une sensation mitigée, une sorte de faiblesse pour ce qui est du corps…

5- Bernard BURGAUD :

- Côte Rôtie 2002 : nez de mûre. Bouche intense et ferme. Tannins solides. Une fermeté assez persistante. Un vin plutôt rugueux… mais sans défaut particulier.

6- Patrick et Christophe BONNEFOND :

- Condrieu 2003 (tiré sur fut) : jolis arômes intenses et flatteurs : poire, pêche, abricot… Bouche acidulée et plutôt persistante. Très séducteur !
- Côte Rôtie 2002 (tiré sur fût) : Fruits mûrs. Assez ferme ! A noter un beau retour acidulé et des parfums plutôt fins et agréables. Joli vin !
- Côte Rôtie Les Rochains 2002 : des notes de mûre, de ronce !… Un fruit très mur sur une bonne structure. Tannique et ferme. Plutôt une belle sélection pour ce millésime !

7- Philippe FAURY :

- Condrieu Tradition 2002 : nez plutôt discret. A la fois gras et acidulé. Manque un peu de… charme…
- Condrieu La Berne 2002 : une discrétion qui est plus dans un registre de finesse. Gras également, mais sur la retenue… Acidité assez marquée.
- Côte Rôtie 2002 : Fruits acidulés. Notes poivrées en fin de bouche. De la rondeur un peu simple.

8- Yves GANGLOFF :

- Condrieu 2002 : joli nez intense et minéral ! Belle impression d'ensemble.
- Condrieu 2001 : très beau nez sur l'abricot un peu confit. Du gras. A la fois une belle richesse et de la souplesse. Bien !
- Côte Rôtie La Barbarine 2001 : sur granit. Fruit mur. Bouche qui propose des notes cacao assez surprenantes.
- Côte Rôtie 2001 : le fût neuf (40% ?) marque un peu le vin à  ce stade. A revoir sans doute, après quelques mois…

9- Robert NIERO :

- Condrieu Les Ravines 2002 : ferme et droit. Assez expressif et flatteur.
- Condrieu Cuvée de Chéry 2002 : acidulé ! Un plus de complexité, mais peut-être aussi un peu chaud…

10- Jean-Michel GERIN :

- Condrieu La Loye 2002: assez bel équilibre sur un fruit acidulé agréable.
- Côte Rôtie 2001 : de la rondeur dès le premier abord. Elégant et souple. Traduit une sorte de manque de caractère. Un peu passe-partout… Dommage de ne pas découvrir d'autres cuvées…

11- Domaine Georges VERNAY :

- Condrieu Les Terrasses de l'Empire 2002 : joli nez de fruits blancs, puis une étonnante note de noix très furtive! De l'acidité et un peu d'alcool en fin de bouche.
- Condrieu Les Chaillées de l'Enfer 2002 : intense et minéral ! La bouche confirme cette très belle sensation, avec du gras et une belle longueur élégante. Beaucoup de charme !
- Condrieu Coteau de Vernon 2002 : belle longueur intense. Un peu sur la réserve vis à  vis du précédent…
- Côte Rôtie Blonde du Seigneur 2001 (8% de viognier) : nez de fruits mûrs très net. Pointe poivrée qui souligne une belle rondeur.
- Côte Rôtie Maison Rouge 2001 : (100% syrah). Dominante poivrée/épicée. Matière assez présente. Du volume et des tannins fermes et droits.

12- Domaine François VILLARD :

- Condrieu Terrasses du Palat 2002 : Gras et homogène. Un plus de finesse sur de belles notes d'abricot.
- Condrieu Le Grand Vallon 2002 : très élégant et intense !
- Condrieu De Poncins 2002 : Notes épicées !… Belle bouteille droite et ferme.
- Côte Rôtie Le Galet blanc 2002 : de l'intensité et du fruit pour ce vin qui garde beaucoup de fraîcheur.
- Côte Rôtie La Brocarde 2001 : fruits mûrs ! Assez bel équilibre, très bien soutenu, là  aussi, par une remarquable fraîcheur !

13- Pierre GAILLARD :

- Condrieu 2002 : d'une belle intensité, mais finit une petite pointe amère et une touche un peu chaude !?…
- Côte Rôtie 2002 : intense. De la matière ! Au « voisinage » des vins de François Villars, souffre un peu d'un certain manque de fraîcheur… A revoir.

Quelques impressions :

Les vins de cette région montrent à  ce stade et dans une relative prime jeunesse, des caractères aromatiques assez constants et homogènes : fruits blancs acidulés pour les viogniers, baies noires mûres pour les syrahs.
Ceci dit, ils laissent deviner une plus grande complexité, avec un peu d'évolution, qui leur confère un charme très séducteurs.
Sans doute faut-il apprendre aussi à  les connaître pour mieux les « lire » !… Leur fruit a quelque chose de l'arbre qui cache la forêt. Et se contenter de cette approche serait par trop simpliste !
Il semble également que les vignerons de ces deux crus savent désormais (du moins les meilleurs d'entre eux !) ce qui est bon pour leurs vins : éraflage pour les syrahs notamment. Et que de plus, des millésimes comme 2001, 2002 et 2003 vont apporter de la connaissance aux vignerons et de l'information aux amateurs. Des styles différents, une approche plus aisée… pour certains. Aah ! Encore une belle région à  découvrir !…

Merci pour ce superbe compte-rendu, que je viens de dévorer.

Que d'informations!
C'est plus complet qu'un reportage dans une revue spécialisée (bbb)...

J'y ai retrouvé des vignerons dont les vins rentrent régulièrement dans ma cave.
J'y ai découvert un vigneron que je ne connaissais pas: Bernard CHAMBEYRON .

cordialement,
Thierry

J'ai pu lire sur un site voisin, où il a déposé le même texte, une réponse très intéressante du créateur de cette rubrique.

Je vais tenter de résumer la position de l'auteur:

Beaucoup de vignerons ont eu la volonté de faire une Côte Rôtie en 2002, "presque coûte que coûte!", à  découvrir et à  consommer rapidement. Un "millésime promo" en quelque sorte...
Néanmoins, certains ne proposeront pas certaines cuvées (ex: F. Villard avec La Brocarde). Là  aussi, cela apparaît comme un gage de renforcement de la confiance...
Certains en profitent pour suggérer que le laps de temps indispensable pour voir les CR s'ouvrir ne soit revu à  la baisse: les dix années deviennent plutôt cinq/six ans!...
Nous avons aussi abordé la question des tarifs annoncés comme stables en 2002. Il semble que tout le monde anticipe 2003, avec ses volumes sensiblement au-dessous de la moyenne!...

J'espère ne pas avoir trop déformé sa pensée en la résumant... Mais ce complément, publié ailleurs et pas ici, me semblait indispensable.

Cordialement,
Thierry

Thierry,

J'avais dégusté les vins de Chamberyron au marché du vin à  Ampuis et même impression CR 02 c'est cuit et acide sans ampleur, CR 01 léger et court et Condrieu sans complexité, acide et simple.

Pas très positif tout ça, un arrêt vers d'autres vignerons s'impose plus.

BURGAUD à  Ampuis

Côte Rôtie 2002 Robe riche, nez fin, sur les fruits noirs, encore un peu sur l'élevage, minéral, graphite mine de crayon. La bouche ample, assez riche, minéralité et très belle longueur.

Côte Rôtie 2003 surprenemment léger, fruité, acide, bilan moyen à  revoir(eee)(jjj)

JASMIN

Côte Rôtie 2002 petit côté sauvage au nez, la bouche est mure, épicée, puissante tout en conservant beaucoup de gourmandise et plaisir.

Côte Rôtie 2001 très belle puissance, assez typé rustique, fruits noirs, fruits cuits, belle facture sur 5/8 ans.

Côte Rôtie 2003 superbe, riche, dense, fruits, épices, très bel équilibre sur la fraîcheur en fin.

JM STEPHAN à  Tupin

Côte Rôtie 2001 épicé, fruité, cuir frais, animal, Bouche complexe tel que le nez, milieu ample et "moelleux", une certaine douceur du fruit. Très belle longueur, ça viande un peu mais c'est vraiement superbe.

Côte Rôtie VV en Côteau 2000 très belle matière, riche et dense, puissance, fruits noirs, épicés, long en bouche. Taillé pour vieillir encore 10/15 ans. Très beau travail.

Jocelyne & Yves LAFOY

Côte Rôtie 2002 joli nez finement complexe sur les fruits noir, les épices douces. La bouche se révèle fidèle au nez avec une belle longueur et fraîcheur. Attendre

Côte Rôtie 2003 nez Primaire de belle puissance. La bouche très fruit, ample et puissante, très belle longueur. A surveiller de près.

CLUSEL ROCH

Condrieu 2002 robe pale, reflets verts. Nez fin fruité, fleuri. Bouche sur le fruit, une certaine douceur, léger côté boisé, finale vive. TB

Côte Rôtie 2002 nez assez discret, discernement sur le fruit. Bouche primaire, fruité, élégante, fine, belle longueur mais encore sur la réserve.

Côte Rôtie 2001 nez fruits murs, tapenade, épices. bouche jolie structure, gourmande, très belle matière, long.

Côte Rôtie 2003 robe violacée noire intense. Nez fruits noirs, murs, encore sur des notes de vinif, de cuve. Bouche ample riche, très mur mais fin. TB

CR LES GRANDES PLACES 2003 en majuscule dans le texte parce que ouf!!!
Robe très noire, violacé, très belle viscosité, "épais".
Nez en prise de bois mais on sent une concentration riche de fuits noirs, crème de cassis, c'est poussif pour l'instant mais quand ça va arriver ça va être AMAH extraordinaire.
Bouche superbe de concentration mais doté d'une très bel équilibre. Ca sent le travail maîtrisé, c'est frais, riche, sur la liqueur de fruits (fraise, cassis), les fruits noirs. La bouche est encore primaire, la prise de bois moins présente qu'au nez. C'est un travail d'orfèvre, c'est finement ciselé, y'a de l'extraction tout en conservant un superbe équilibre de fraîcheur naturelle (j'ai posé la question car véritablement surpris de cet équilibre) A n'en pas douter AMHA une très grande bouteille a encaver absolument, même sentiment de perfection de travail que chez Gauby en 2003, vive le travail du sol, et là -bas faut du courage, allez voir les Grandes Places si vous ne souffrez pas du vertige!.++++++

Sinon donc appréciation globale de domaines (0 à  5), ne reprennent pas mes notes sur ceux cités par PhR

CLUSEL ROCH 5
DEVRON 1
REMILLER JP (Ampuis) 0
JAMET 2.5
FERNANDEZ René à  Verenay 2
DUCLAUX à  Tupin 3 puis 4 en 2002 & 2003++ à  suivre...
GERARD François à  Condrieu 1
BURGAUD 3.5
OGIER 4
JM & MICHELE FRANCOIS à  Ampuis 1.5
VERNAY Daniel, Roland & G.. (je me relis pas(jjj)) 3 mais boire jeune (3/4 ans)
BONNEFOND Ampuis 4/4.5 ha! les Rochains!!
VINCENT GASSE - LAFOY 1 (dommage c'était mieu avant)
JASMIN 5
STEPHAN 5
DAUBREE Domaine de Corps de Loup 2
CHAMBEYRON Ampuis 0.5
BONNEFOND Gérard 1
GERIN 5
GEORGES VERNAY 4/5 les rouges me plaisent de plus en plus
CUILLERON 5 beaucoup de travail en cave et dans les vignes
VILLARS 5 de plus la symphatie faite Homme
GAILLARD 4/5 plus trad mais 02 & 03 superbes
GANGLOFF 5 ouf!
CHAMBEYRON 1
LAFOY 4/5

Fabien

Thierry,

Pas de problème, cela venait en complément, suite à  la réponse d'un autre Thierry!...(bbb)

Ca reste un avis très personnel, du genre amha!... Je ne connais pas suffisament les vins de cette région pour être absolument catégorique. D'ailleurs, qui peut vraiment se le permettre sur ces vins?!...

Pour tout dire, j'ai souvenir d'une dégustation de Côte Rôtie dans le millésime 1991 (organisée en 1994) et déjà  certains vins montraient une certaine rondeur...

Mais, la plupart, si je me fie à  mes notes de l'époque, semblaient être marqués par des tannins fermes, plutôt asséchants. Moins d'homogénéité aussi et surtout, nombre de nez grillés, vanillés, marqués par le fût, ce qui n'est plus le cas du tout!...

Il me semble que ce millésime 1991 n'était pas affecté par le gel dans la région, un peu comme le Beaujolais. A l'époque, très belle note pour GAEC Jamet et Louis Drevon, ainsi que H. Grallet et J.M. Gérin (1992). Une Shiraz australienne de Taltarni Vineyards avait aussi été bien appréciée!...

Cordialement,

PhR

Fabien,

Assez d'accord avec toi à  propos de la cuvée Les Rochains de Bonnefond.
C'était très séducteur!... Sans doute une sacrée sélection pour arriver à  ce résultat!...
Ratés à  Nantes : Cuilleron et Clusel-Roch!... Mais, au-delà  de quatre heures de dégustations, ça devient dur...

Cordialement,

Phr

PhR,

Deux jours passés à  Ampuis + une dégust à  l'Aubrac m'ont permis de pouvoir me pencher un peu de temps sur ce sujet très agréable étant très amateur de syrah.

Fabien

quant au Rochains, certaines personnes trouveront que c'est too much, surboisé et trop extrait mais enfin ça reste séduisant (peut être un peu d'excès sur le 2000)

Fabien et Philippe,

Encore une fois, merci pour ces notes.
Elles concordent en bien des points.

Je souligne, moi aussi, la qualité des Rochains.
Je n'ose plus faire mention de tout le bien que je pense de F. Villard, pour le plaisir qu'il m'apporte avec ses vins.

cordialement,
Thierry