Après deux cuvées réalisées en 2018, Justine Vigne reprend en 2019 le vignoble familial situé dans l'Enclave des Papes, à Richerenches, et dont les raisins partaient jusque là à la coopérative. Elle cultive actuellement 4,5 hectares de carignan, grenache, syrah et cinsault plantés entre 1954 et 1989. Biodynamie en cours de certification.

Domaine Justine Vigne, Vin de France, Ultreïa 2020

Informations relevées sur son site.

93% grenache, 7% cinsault, rendement 10hl/ha, soufre < 20 mg/l

Grenache : vinifié 21 jours en cuve, vendange éraflée à 70%, avec remontage quotidien. Elevage 8 mois à 40% en jarre de terre cuite (qvevri géorgienne) et 60% en barriques de chêne français (tonnelleries bourguignonnes).
Cinsault : vinifié (macération de 8 mois) en jarre de terre cuite (qvevri géorgienne), vendange éraflée.

La couleur est plutôt foncée, profonde.

Le nez nous emporte immédiatement vers Châteauneuf avec les fruits noirs, la griotte, les épices, les herbes de la garrigue, la fumée. C'est généreux et ça met le sourire (à moi en tous les cas).

Le vin en bouche est puissant, concentré, doté d'une belle chair, avec une aromatique sur les fruits noirs mûrs et juteux.
Le grain tannique est fin et une pointe de fraîcheur mentholée vient soutenir chaque gorgée permettant de vider la bouteille sans la moindre difficulté malgré les 15,5%.
Un très beau vin - pour amateur de vin sudiste certes - solaire bien sûr, précis, élancé, énergique et équilibré, qui laisse la bouche parfaitement nette.
Une vraie belle découverte!

Si je devais rapprocher cette cuvée de vins que je connais j'irais sur Chaupin de La Janasse, que j'adore, ou les cuvées aux longs élevages du domaine Viret, que j'adore tout autant. Justine Vigne indique par ailleurs avoir eu la "révélation" avec les vins biodynamiques de Philippe Viret vinifiés en jarre.

Jean

 

Domaine Justine Vigne, Vin de France, 1826 Le Serret 2020

100% carignan

Une robe sombre et quelques reflets violine, un nez compact d'où ressortent des arômes profonds de fruits noirs, de réglisse et d'épices. On voit le truc arriver. Ça va être costaud.

Et ça l'est. La première gorgée confirme. Un bon carafage aurait sans doute été bienvenu (et l'occasion de dépoussiérer ma Graal de Spiegelau) mais nous décidons de simplement laisser la bouteille et nos verres tranquilles et d'y revenir plus tard, quand nous passerons à table, pour ne pas risquer de diluer la force dont le vin semble être bien pourvu.

Une heure plus tard...
Le nez s'est ouvert. Il est pénétrant et très agréable.
Il y a du volume en bouche, de la chair, de la puissance mais ça déborde également de fruit qui donne une belle tenue au vin et une fraîcheur qui ne nous paraissait pas évidente au départ.
Les tannins sont enrobés et l'alcool ne joue pas à cache-cache. Nous sommes sur un bel équilibre sudiste et pour tout dire, nous nous régalons!

Deuxième cuvée de ce domaine pour moi en quelques semaines et nouvelle belle découverte.
Un vin plein de générosité, qui possède du tonus et de l'allant, et qui s'est parfaitement accordé à un onglet juste poêlé et fricassée de champignons de Paris/lardons relevée de pimenta baniwa (Brésil). C'est d'ailleurs cette poudre de piment, délicieuse mais à doser avec minutie, qui a permis de réaliser l'essentiel de l'accord et d'équilibrer la confrontation plat/vin.

Jean

Vu les tarifs pratiqués, il vaut mieux que ce soit bon ! Aucun procès d'intention de ma part, mais je me pince chaque semaine ou presque à la découverte de jeunes vignerons qui pratiquent des tarifs que des "stars" ne s'autorisent pas...
L

C'est qui les stars qui ne s'autorisent pas de tarifs élevés?

Quelques noms me viennent au débotté: Marcel Richaud, Alain Graillot, Sylvain Fadat ( hormis le Clos ), Clos du Mont Olivet ( sauf la cuvée du Papet ), quasiment tous les grands noms du Beaujolais ( Bouland, Desvignes...)
J'en trouverai bien d'autres si je cherche, ( je trouverai aussi des vignerons à des tarifs prohibitifs sans forcer, d'accord ) mais je fais juste part de mon étonnement devant de jeunes vignerons qui se positionnent très très haut au niveau tarifaire d'emblée. Je n'ai rien contre. Je n'ai rien contre le marketing non plus. Mais quand je goûte, parfois...
Là je n'ai pas goûté, donc je ne critique pas. Mais en allant jeter un oeil sur le site, je me suis dit que ce n'était pas donné...joli, mais pas donné.
L

écrit:

Vu les tarifs pratiqués, il vaut mieux que ce soit bon ! Aucun procès d'intention de ma part, mais je me pince chaque semaine ou presque à la découverte de jeunes vignerons qui pratiquent des tarifs que des "stars" ne s'autorisent pas...
L

Je partage cet étonnement; je m'étais fait la même réflexion en découvrant les vins des nouveaux domaines en Savoie (par exemple le domaine des Cotes Rousses), avec des cuvées au plus haut niveau tarifaire de la zone, souvent plus cher que les cadors historiques (Trosset, Vullien, Quenard, etc...).
Après, si ca marche, tant mieux pour eux, c'est la loi du marché. Moi, je suis retourné voir les domaines historiques...

@Léon

Ah d'accord. Vu comme ça en effet les tarifs des vins de Justine Vigne se situent au niveau de ces vignerons qui pour moi ne sont pas des stars mais des vignerons connus des amateurs, des cadors historiques comme les qualifie Bibi.

La cuvée Ultreïa est à 24 € et Le Serret à 34 €. On peut considérer que c'est cher, pas de problème. Cependant, pour bien connaître les vins de Mont-Olivet dont le Châteauneuf rouge, ainsi que ceux de Richaud dont L'Ebrescade que j'aime beaucoup, on est à peu près dans la même gamme de prix. Mais je ne trouve pas les vins de la jeune demoiselle moins bons que ceux de ses collègues. Il sont, pour moi, au même niveau. Devraient-ils du fait du jeune âge de la dame être moins chers au prétexte qu'elle débarque sur le marché et que les tarifs plus conséquents seraient la prérogative des historiques? En fait je ne hiérarchise pas en fonction de la renommée, je m'en moque même copieusement, car à ce niveau de prix, qu'encore une fois on peut juger excessif mais que personnellement je n'estime pas astronomique, si j'y trouve mon compte, j'achète.

Et puis libre à chacun de rester fidèle aux vignerons historiques si c'est ce qu'il préfère. J'y suis tout autant attaché d'ailleurs, j'en ai plein en cave de ces gaillards là, j'en bois régulièrement au restaurant, mais j'aime aussi beaucoup aller à la rencontre de la production des jeunes qui démarrent. C'est même, avec les années qui passent, ce que je j'apprécie véritablement au fond.

Pour revenir aux prix, chacun place le curseur en fonction de critères qui lui sont très personnels et du coup, ce genre de discussion où la hiérarchie des vins fluctue en fonction justement de ce que chacun a dans la tête ne représente pas un grand intérêt en ce qui me concerne. En fait, j'évite de trop parler du prix du vin que je bois. J'en dit un mot quelques rares fois mais ce n'est pas le plus important car si on devait s'attacher au prix des vins chroniqués sur LPV, il y aurait matière quasi quotidienne à trouver à redire à la lecture de certains CR vertigineux sur ce point précis du prix.

N'est-il pas plus intéressant de se laisser porter par la lecture d'un CR dans lequel on peut se retrouver, ou pas; se mettre à rêver, ou pas?

Jean

@Jean
Encore une fois, je faisais une réflexion d'ordre général, sur ces jeunes vignerons qui se situent d'emblée au plus haut tarifaire de leur appellation ( quand il y a une appellation ). Je constate que le phénomène est de plus en plus fréquent, sans m'en offusquer plus que ça.
Je n'ai pas (encore) goûté les vins de Justine Vigne, donc je n'en juge pas, et j'espère qu'ils apportent le plaisir que leur tarif promet.
On peut discuter du terme de "vigneron star " si tu veux, mais combien de unes RVF sur Richaud, Fadat ? J'aurais pu inclure Montcalmes...
Je ne doute pas du talent des jeunes vignerons, et j'adore moi-même dénicher de nouvelles pépites, je m'étonne simplement du prix que certains réclament pour leurs vins, y compris sur des terroirs où le foncier n'est pas excessif. Et, évidemment, si je n'avais jamais trouvé que tel ou tel vin d'un jeune vigneron était bien trop cher pour ce qu'il proposait ( à mon goût, bien sûr ), je n'aurais rien dit.
L

Justine Vigne - Yoga 2022 Syrah Vin de France : (Terroir le Serret, Vaucluse, vin nature) Couleur trouble un peu violine, superbe nez poivre, violette, lardé, très pivoine aussi. Bouche fleurie, poivrée, très fruitée, éclatante, tannins fins, jus de fruit nature parfaitement maîtrisé qui reste frais, pas trop élevé en alcool, pas une grande longueur mais ça glisse tout seul. TB++.

Le CR de Tomy me donne l'occasion de revenir sur le sujet ( j'avais oublié mes posts qui datent de plus de deux ans ), puisque j'ai enfin pu goûter les vins de Justine Vigne au salon Biotop à Montpellier il y a une dizaine de jours. Je n'ai pas pris de notes mais ai conservé l'impression de vins originaux, parfois du "jamais bu", assurément bien faits ( sans défaut ), intéressants parce qu'originaux. Mais je me suis demandé:
à qui vendre ces vins? Avec quoi les accorder?  Quand les boire? Sincèrement, aucune réponse ne s'imposait. Conclusion perso: des vins intéressants qui ne m'intéressent pas.
Ce n'est sans doute pas la première fois ni la dernière que je passe à côté d'un domaine, d'un vin...et ce n'est vraiment pas grave.
Quant à mon étonnement exprimé il y a deux ans sur le fait que de jeunes vignerons pratiquent des tarifs très élevés dès leur première cuvée, je ne peux que dire qu'il perdure...Bon, je sais, le problème du RQP est un vaste sujet, que je voudrais pas relancer, hein!