Dégustation à cette belle cave Aixoise qu’est la cave du vigneron. En présence d’Helen Durand.
La dégustation a lieu à 10 heures et je suis frigorifié car même si le printemps a maintenant fait plus que son apparition, un coup de froid s’est abattu dans la nuit, les vitres des voitures étaient givrées, et la température dans la cave ne va pas m’aider.
Pourtant les vins vont se montrer tous d’excellents compagnons de discussion avec ce personnage que je rencontre pour la première fois et de qui se dégage une impression de grande réflexion et de grande sagesse à l’égard de son travail. Sans être péremptoire, il expose une démarche très intelligible dans ses choix comme dans les vins dégustés. Une démarche qui vise à produire un vin bénéficiant à la fois des grandes maturités que peut offrir son terroir sans sacrifier à la précision aromatique, ni à l’acidité et par conséquent à la fraîcheur de ses vins.
Côtes du Rhône 2007
(100 % Grenache noir)
La robe est rouge grenat et dense.
Le nez est un peu fermé, sans doute que les conditions de dégust y sont pour quelque chose.
Nez de réduction tout d’abord, qui après une vigoureuse aération va s’éloigner et laisser place à un nez fruité sur la cerise, la mûre et la framboise, et légèrement floral.
C’est une matière plaisante, sans être veloutée, qui n’est pas non plus trop dure.
Glou.
Côtes du Rhône Rasteau 2005
(70 % Grenache noir 10% Carignan 10 % Mourvèdre 10% Syrah)
Le coté réduit du vin précédent n’est plus une gêne sur celui-ci. Il s’ouvre plus tôt, sur la mûre et un peu la prune. Le fond du tableau est sur la pierre blanche, le calcaire.
La bouche se livre elle aussi beaucoup plus. C’est plus gourmant, plus concentré aussi. Même si cela ne fait pas extrait. La maturité du fruit est marquée, et l’acidité confère une belle fraîcheur et rehausse ces arômes.
On retrouve en bouche cette impression de pierre. Non pas des notes crayeuses, mais bien une minéralité calcaire. Les géologues pourront rétorquer que la craie est du calcaire, mais cet arôme de rocaille blanche, si fréquent par chez nous, est spécifique.
Glou. +
Les Côtes du Rhône Rasteau Adrets 2005
(80 % Grenache noir 10 % Carignan 10 % Mourvèdre)
Plus du tout de coté réduit. Les arômes de fruits à noyau se détachent avec beaucoup de précision sur une trame minérale évoquant là encore la pierre blanche. La cerise et la prune et toujours des notes de mûre bien noires laissent présager une légère sucrosité.
Un nez sympathique et élégant à la fois aérien et dense.
En bouche ce coté aérien du vin se transpose sur cette acidité qui est le caractère commun de toute cette gamme. Acidité qui comme l’explique Hélen Durand est le fait du travail à la vigne et en cave. A la vigne par un travail des sols qui favorise la texture, la vie microbienne, visant à étirer le temps pris par le raisin pour arriver à maturité. En cave, où l’infusion est préférée à l’extraction (peu de remontage, pas de pigeage) et peu d’oxygène en privilégiant un milieu réducteur. Ce qui explique le nez des vins jeunes à l’ouverture.
Glou Glou+
Echantillon de Côtes du Rhône 2009 avant la mise.
On retrouve très nettement ce coté réduit, qui s’efface à l’aération. Un vin qui pour moi n’est pas tout à fait en place. Mais où tout y est avec beaucoup de fraîcheur et de fruits.
La matière est nerveuse, mais malgré ce coté pour l’instant brouillon et fougueux de la jeunesse, c’est plaisant.
Echantillon de Côtes du Rhône Adrets 2009 avant la mise.
Là encore il faut un peu de temps pour que le vin se présente avec plus d’attraits.
La précision des millésimes apaisés (2005 et 2004) n’est pas encore là. Mais la matière fine, le fruit, l’acidité de ce vin laissent présager qu’une à deux paires d’années permettront de déguster un grand vin. Visiblement 2009 s’annonce bien en Côtes du Rhône ! Au moins chez ceux qui ont la passion de bien faire chevillée au corps.
Rasteau vin doux naturel 2005
(90 % Grenache noir 10 % Carignan)
D’une belle couleur presque noire. Il semble que sur ce vin l’extraction ait été plus recherchée.
Le nez est encore une fois porté vers la hauteur. On est envahi d’arômes de figue, de pruneau, de chocolat et de moka. De légères notes d’eucalyptus mentholent ce nez joliment.
Alcooleux ni au nez ni en bouche. 15 degrés pour un vin muté de Rasteau , c’est très mesuré et du coup ne gêne pas le passage en bouche.
Toujours cette trame acide et cette fraîcheur mentholée qui donnent cette dimension rafraîchissante à ce VDN.
La longueur est enthousiasmante, sur la cerise très mure.
Les tannins présents mais discrets et fins confèrent une curiosité et un plaisir supplémentaires à ce type de vin.
Glou Glou
Les Ponchonnieres 2005 - Vin de Table – Vendange Tardive.
(100 % Grenache noir)
Attention grand vin !
Tout le plaisir d’un grand grenache, toute la gourmandise d’un VDN.
Le nez est une palette aromatique large spectre. Des fruits rouges, fraises principalement, des fruits noirs, cassis, myrtilles, de la figue, du pruneau. Et toute une gamme d’épices orientales.
La bouche prolonge ces stratosphériques gammes d’arômes avec une ampleur et une précision là encore jusqu’auboutistes. C’est croquant. C’est tannique sans excès. Une sucrosité autour des 100 g/l qui rend ce vin particulièrement fin et sans lourdeur. Comme dans les secs, la maîtrise d’une grande acidité procure cet effet de fraîcheur. Elle tient pour partie à la date de la vendange. Suffisamment tard pour que sucre et acidité du fruit soient, de concert, au plus haut. Quand le raisin se facette, indique Helen Durand.
Quel équilibre, quelle classe et quel final. Merveilleuse longueur, qui pour rester fidèle à la précision de ces vins, se termine quand les droites parallèles se coupent (Merci Monsieur Riemann).
Glou GlouGou.
Alex6