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CR: Soirée Gaillac (dans presque tous ses états)

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Soirée préparée et commentée par un fier défenseur de cette appellation, mais surtout un fin dégustateur ayant encore brillé récemment au concours de la RVF.

Les vins sont servis en semi-aveugle, i.e. qu'on a la liste des vins dégustés, non carafés, servis tout au long du repas. On découvre les étiquettes au fur et à mesure.

Au menu : 4 blancs secs, 5 rouges, plus un vin surprise, 3 blancs liquoreux et feu d’artifice ancestral final.

CR:

1/ Sauvignon 2004 du domaine du Moulin (D et JP Hirissou)

Robe jaune dorée.

Nez dominé dans un premier temps par les notes boisées, l’élevage semblant très démonstratif et la matière dominée par celui-ci. La forte réduction rend ce vin peu séduisant. Cependant, la patience est récompensée et le nez s’ouvre, s’épure sur des notes d’épices douces, de poire, de fruits secs.

En bouche, attaque grasse, l’acidité reprenant le dessus en milieu de bouche. L’aération permet au vin de retrouver l’équilibre entre l’acidité, la matière et l’alcool. Jolies notes d’agrumes et de pralin, moka et coing en finale.

Vin déroutant au départ par son boisé ostentatoire puis convaincant par sa matière bien mûre. Aurait mérité d'être carafé. Une belle découverte.

2/ La Vigne Oubliée 2003 du domaine d’Escausses (Denis Balaran)
Robe or à reflets verts.

Nez expressif aux notes de rose, d’épices, de fruits jaunes mûrs et de coing. Je serai parti, à l’aveugle, sur un gewurz, un pinot gris alsacien, ou un sauvignon plus plausible.

Bouche équilibrée, paraissant au départ plus grasse que le précédent vin. Pointe de menthol apportant de la fraîcheur en bouche, mais expression plus simple, alors que, paradoxalement, c’est un assemblage avec dominante de sauvignon (60%), complétée de mauzac et de muscadelle, alors que le précédent était un 100% sauvignon. Joli travail.

3/ Vin de Table Zacmau 2001 du domaine des Causses Marines (Patrice Lescarret)
Robe dorée.

Notes de chocolat et de soufre à l’ouverture, puis évolue vers des notes végétales (j’ai noté « salade »…).

Vin gras, là aussi bien équilibré et fin. Joli mauzac de Patrice Lescarret, l’une des figures de l’appellation, mais plutôt en marge de celle-ci.

4/ Quintessence 1996 du domaine de la Ramaye (Michel Issaly)
Robe la plus claire de la série, reflets verts traduisant une certaine jeunesse.

Nez minéral, proche du soufre, hydrocarbures, belles notes de cire, de pomme blette, de graines de moutarde. Ce qui frappe, c’est son aspect très iodé, mais sans évoquer une quelconque pourriture grise, simplement iodé, ce vin appelle des plats marins.

Bouche assez équilibrée entre la rondeur apportée par un peu de sucres résiduels et la vivacité de l’acidité. Rétro sur des notes de pralin et de cire.

Jolie bouteille de presque dix ans d’âge qui donne bon espoir de garde sur les vins gaillacois. D’ailleurs, au Moyen-Age, ceux-ci avaient meilleur réputation en terme de conservation que les vins bordelais, bien que la situation ait bien changé depuis.

Passons à la série des vins rouges :

5/ La Vigne Blanche 2004 du domaine d’Escausses

Robe violacée.

Premier nez marqué par la réduction : notes sanguines, de viande. Notes de cassis et de poivre ensuite. On retrouve un peu le spectre aromatique de la syrah (30%) avec un je ne sais quoi en plus (certainement les autres cépages ;-).

Attaque franche en bouche, tanins présents, rustiques mais pas agressifs. Finale amère au premier abord qui s’adoucit ensuite. L’aération lui fait du bien. Sentiment d’un vin très naturel. Jolie bouteille.

6/ Les Gravels 2002 du domaine Rotier
Nez complexe, où l’on retrouve la violette, le cassis et le poivre avec des notes de poivron et des notes évoquant la poudre de riz. Assez intéressant.

Bouche rondouillette, chaleureuse, à la longueur assez faible, la structure du vin semblant s’affaisser. Finale brouillonne. La bouche contraste vraiment avec le nez, on se pose la question d’une conception très « techno » de ce vin, notamment en ce qui concerne le levurage. Décevant.

7/ Florentin 2004 du domaine du Moulin

Robe violacée très profonde.

Nez complexe et avenant sur le cassis, les épices douces issues probablement de l’élevage en fût neuf : vanille, notes empyreumatiques, café, chocolat.

Bouche grasse, les tanins sont soyeux, on perçoit une légère sucrosité qui rend ce vin très séducteur. Légère sécheresse en finale : pour certains, le temps va la résorber (mise en décembre 2005). J’émets plus de doute. Mais c’est un très joli travail sur ce 100% braucol sur les graves de la rive gauche du Tarn, aux rendements très faibles (14 hL/ha) et au prix en conséquence (env. 17 € à la propriété). Il serait intéressant de suivre cette cuvée au vieillissement.

8/ Château Lecusse 1997 cuvée Fût de Chêne (Mogens N. Olesen)
Robe pourpre.

Nez fin et complexe évoquant la réglisse, l’anis et le fenouil.

Belle fraîcheur en bouche, tanins polis par le temps, jolie finale sur le poivron grillé, l’anis et les notes végétales. Très belle bouteille.
Pour en savoir un peu plus sur la propriété très bien située sur les première côtes, en rive droite du Tarn :
www.lapassionduvin.c...

9/ Passion 1990 de la Cave coopérative de Técou
Robe la plus claire de la série, rubis pourpre au dégradé marqué sur les bords.

Notes de fruits cuits, profil d’évolution marquée, notes de sous-bois, de pruneaux, qui me rappellent un peu certains vieux vins de la vallée du Rhône sud.

La structure est encore présente, les tanins arrondis tiennent encore le vin, on ressent le côté chaleureux du millésime. Notes de laurier en finale. Bien

Un vin surprise vient pimenté la soirée et sert d’interlude avant d’attaquer les Gaillac doux :

10/ Vin de Pays d’Oc Les Cèdres 1999 du domaine Lorgerils (Pennautier)
Nez marqué par la réduction.

Bouche assez fluide, à l’acidité marquée et un poil asséchant. On note toutefois des notes d’anis et de cassis qui ne sont pas sans rappeler les vins précédents.

Rapprochement peut-être pas idiot (je dirais même assez pertinent) entre deux vignobles, Gaillac et Cabardès, subissant les influences méditerranéennes et atlantiques permettant l’implatation de cépages méditerranéens comme la syrah et d’autres à consonance bordelaise à l’instar du merlot.

Voici venu le temps des liquoreux :

11/ Les secrets du Château Palvié 2001 (Jérôme Bézios)

Robe dorée, tirant vers l’ambre.

Nez complexe, puissant, marqué un noble botrytis de toute beauté. Notes d’épices douces (safran…), fumé, agrumes confits.

En bouche, l’acidité et la matière riche se répondent harmonieusement, étirant longuement le vin. Superbe note de pâte de coing en bouche. Vin à dominante de muscadelle (80%), d’une finesse rare, qui en remontrerait à nombre de liquoreux d’origine plus réputées. Bouteille d’un excellent niveau.

12/ Vendanges Dorées 2003 du domaine d’Escausses

Robe or jaune.

Nez plus réservé, plus simple.

Attaque plus lourde que le précédent vin. La bouche posséde moins de sucre, mais surtout moins de complexité, de finesse et de fraîcheur que le précédent : le vin fut desservi de passer après le Palvié. Son côté passerillé et la marque du millésime le handicape gravement en face d’un liquoreux parfaitement botrytisé qui confère une légèreté et une complexité unique.

13/ Renaissance 2001 du domaine Rotier

Robe dorée.

Nez peu complexe, réservé.

Attaque grasse, sucres apparaissant dissociés de la matière. Finale légèrement asséchante. Ce Len de l’El (Loin de l’œil) est apparu fort peu complexe et peu fin. Est-il en phase intermédiaire, car ce liquoreux se montrait autrement plus complexe et séducteur en jeunesse. Etonnant et à revoir.

Enfin, nous concluons cette belle soirée gaillacoise par une méthode ancestrale, autre spécificité de l’appellation Gaillac (avec le vin de voile) :

14/ Saint Laurent doux méthode ancestrale 2000 (mauzac) du domaine des Terrisses

Bulles nombreuses, assez grosses.

Rappelons aussi que la seconde fermentation s’effectue en bouteille sans sucre ni levure rajoutés, ce qui rend l’exercice difficile et parfois périlleux.

Nez sur la pomme blette, la cire.

Bouche peu alcoolisée, aux sucres assez bien intégrés. Manque de finesse toutefois et reste simple. Je garde un meilleur souvenir de la méthode ancestrale du domaine Robert Plageoles, domaine phare de Gaillac.

Au final, je retiens des expressions fort diverses issues du vignoble gaillacois, qui renaît depuis une dizaine d’années de ses cendres. Les vins dégustés lors de cette soirée se sont tous montrés intéressants et je remercie Francis de nous avoir sélectionné une si belle brochette de crus gaillacois et de nous avoir fait partagé son amour pour ce vignoble (en toute objectivité ;-))

Les vins que j'ai le plus appréciés sont les suivants :

- Sauvignon 2004 du domaine du Moulin

- Quintessence 1996 du domaine de la Ramaye

- Château Lecusse 1997 cuvée Fût de Chêne

- Les secrets du Château Palvié 2001

Reste, à mon avis, pour Gaillac à se constituer une véritable identité afin de gagner en renommée. La mosaïque des terroirs, des cépages, des types de vins produits (pétillant, blancs secs à liquoreux, vin de voile et vins rouges) et des approches fort diverses des domaines ne semblent pas jouer en sa faveur. Pourtant l’excellent niveau de certaines cuvées (des domaines croisés lors de la soirée mais aussi de Robert Plageoles) prouve le potentiel de cette appellation.

Liens sur le net :

www.vins-gaillac.com...

fr.wikipedia.org/wik...

Phil

PS : j'en profite pour rendre hommage à un autre excellent dégustateur et passionné des vins de Gaillac, vous l'avez reconnu, c'est évidemment Jérôme. J'ai regretté qu'il ne puisse pas venir à cette soirée.
14 Mai 2006 18:10 #1

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Re: Soirée Gaillac (dans presque tous ses états)

Je regrette également de n'avoir pu me libérer à la dernière minute.
Je t'engage bien entendu à continuer de militer pour faire reconnaître la qualité des vins d'ici.
Depuis 2003, je trouve que les rouges de Montels cuvée de base sont vraiment au top de l'appellation, mais j'avoue aussi mon faible pour la Croix Petite 2004 de Balaran.
En doux, nous attendons la réédition de 2001 (et de 2002 pour Rotier), ça pourrait bien être 2005.

Domaine du Moulin, je promets de regoûter, mais j'ai toujours trouvé les vins boisés à l'excès.

Jérôme Pérez
14 Mai 2006 21:19 #2

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Réponse de PtitPhilou sur le sujet Re: Soirée Gaillac (dans presque tous ses états)

En tout cas, pour de telles soirées, je signe sans hésiter, car le niveau était vraiment très bon. On se régale avec des cuvées originales et à forte personnalité.
Phil
14 Mai 2006 21:31 #3

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Réponse de Jérôme Pérez sur le sujet Domaine du Moulin sec vieilles vignes 2004

J'ai goûté le vin sec dont Philippe a parlé. Un sauvignon élevé 6 mois en barriques. Je trouve quand même l'élevage appuyé, mais l'équilibre est bon, voire très bon. Un vin ample et persistant. Il gagne effectivement à être aéré, mais pour moins de 6 euros, il n'y a rien à dire, même si les arômes du vin se cachent un peu derrière la forêt! -)
Je remarque que le sauvignon certes cépage décrié et peu à la mode réussit fort bien à Gaillac avec des expressions qui se ressemblent et qu'on ne retrouve pas ailleurs: Montels, Hérissou (donc), mais ausi les assemblages de Balaran et de Rotier, voire Salette. Des vin élégant et de caractère.

Jérôme Pérez
06 Jui 2006 20:18 #4

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24 Mai 2007 12:59 #5

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