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Mini-dégustation découverte du Fer-Servadou

  • Hpesoj
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Avril 2022

Voilà une dégustation que je voulais faire depuis un moment et pour laquelle j’avais amassé un certain nombre d’échantillons… finalement, la raison l’emportant sur la folie des grandeurs, j’en ai organisé une version petit comité et donc format équivalent. Avec quatre bouteilles, j’ai préféré rester sur des classiques et mettre en opposition, ou plutôt en apposition au vu de la relative disparité des paires, deux représentants de chacune des appellations qui dominent la production de ce cépage : Marcillac et Gaillac.

Le fer-servadou est un cépage de la famille des carmenets. J’ai toujours eu en tête que son plus proche parent connu était le cabernet franc, mais je n’arrive pas à me souvenir où j’avais lu ça. Il est vrai que j’ai pu parfois leur trouver une certaine ressemblance gustative.

A Marcillac, le fer-servadou, nommé localement mansois, est le cépage quasi exclusif des rouges et des rosés, et donc de l’AOP. Cette dernière autorise en effet l’adjonction de cépages accessoires (cabernet sauvignon, merlot ou prunelart) à hauteur de 10% de l’encépagement, mais au final l’écrasante majorité des vins est 100% mansois, quelques vins (domaine Laurens) ont du cabernet sauvignon et le prunelart réapparaît ici et là seul (Aujol du domaine de l’Albinie, donc IGP Aveyron) ou en assemblage (Méli-Mélo des Costes Rouges). Les sols sont de deux types : argilo-calcaire en haut des coteaux et plus bas les « rougiers » typiques, composés de grès riches en oxydes de fer. Le vignoble est planté de 300 à 500m et bénéficie d’un climat plutôt frais, quoiqu’ensoleillé.

A Gaillac, la situation est très différente : le fer-servadou, ici appelé braucol, n’est qu’un parmi les trois cépages rouges « anciens » -- complétés par la syrah qui a détrôné le prunelart en cépage principal dans l’AOP, le merlot, les cabernets et même le gamay ! -- et le gaillacois semble avoir une tradition d’assemblage plus ancrée. Cependant le braucol reste important en tant que cépage principal et on trouve un nombre significatif de mono-cépages (probablement amplifié par la mode actuelle des cépages traditionnels). L’aire d’appellation est beaucoup plus grande qu’à Marcillac, avec des terroirs variés, mais principalement (en ce qui nous concerne) sur les deux rives du Tarn, des terrasses alluviales avec sables, galets et graviers à gauche, et des « côteaux argilo-calcaires vallonnés » à droite (source : www.vin-gaillac.com).


Paire n°1

Domaine du Cros, Marcillac VV 2016
Robe rouge, brillante, plutôt translucide. Nez très poivré, voire légèrement poivron, café, léger cacao. Bouche fluide et plutôt fraiche, pas de tanin vraiment ressenti, mais qui ne manque pas de présence avec encore ce poivre marqué et sautillant. Un côté un peu austère car pas trop de fruit, mais paradoxalement cela garde un côté gourmand et agréable. Plutôt long.

Champ d’Orphée, IGP Cötes du Tarn 2017
Robe assez dense, violacée sur le disque. Du fruit plutôt noir, je trouve le nez assez marqué par un côté nature (je pense à de la volatile) mais ça ne choque pas forcément mes commensaux au premier abord. Du fruit en bouche, un peu plus de matière que le précédent mais les tanins restent peu marqués.


Paire n°2

Domaine du Mioula, Marcillac Terres d’Angles 2015
Robe rouge, un peu plus dense que le VV. Fruit rouge, de nouveau un poivre très marqué. Matière encore très fine en bouche, même si on sent un (tout petit) peu de tanins patinés. Toujours ce côté très dynamique apporté par le poivre mais assagi, avec du fruit.

Domaine du Moulin, Gaillac Florentin 2016
Robe très sombre, rouge avec peut-être encore une légère coloration violette. Nez très bordelais, fruit noir, un peu de café, de bois. La bouche est puissante, les tanins sont présents quoique fondus. Rondeur en attaque mais je trouve que ça chauffe un peu en milieu de bouche. Fruit noir encore, c’est assez concentré et mûr, un peu confituré.

Au final, sans vouloir tirer de conclusion générale de cette mini-dégustation hétéroclite, les deux Marcillac ont dominé leur paire de l’avis général, avec plus de typicité et plus de finesse. En comparatif, on sent que le Florentin a été construit dans une optique « grand vin » (cf site du domaine), avec un côté peut-être un peu too much. Ceci dit, c’est un vin que j’ai déjà goûté très agréablement au cours d’un repas.

Une bien sympathique soirée qui appelle à continuer à faire découvrir le Fer !

Joseph

Annexe : quelques données techniques sur les vins (tous sont 100% fer-servadou / mansois / braucol) adaptées des sites des domaines et du sites Vins Etonnants  pour le Champ d’Orphée

Domaine du Cros, Marcillac VV 2016

AOC Marcillac, issue de vignes de plus de 50 ans sur les côteaux abrupts dominant Clairvaux, éboulis calcaires en haut et rougiers permiens plus bas.
Vendanges manuelles. Macération de 35 jours en cuves inox thermorégulées. Extraction par pigeage, remontage et délestage.
Élevage dans des foudres de plus de 30 ans. Mise en bouteille 2 ans après la récolte.

Champs d’Orphée, IGP Côtes du Tarn 2017
Culture de type bio / biodynamie (sans certification). Minuscule domaine (0.77ha) produisant 2 cuvées en IGP quoique sur l’aire de l’AOP. Parcelle aux sols plus pauvres, chargée de calcaire en décomposition. Vinification et élevage en cuve inox. Macération plus longue que 12 jours avant le pressage. Zéro soufre ajouté.

Domaine du Mioula, Marcillac Terres d’Angles 2015
Vignes de 30 ans à plus de 100 ans et pour certaines non greffées situées sur les côteaux dominant la vallée du Créneau entre Salles-la-Source et Pont-les-Bains. Sol argilo-calcaire. Pas trop de précision technique sur le site du domaine, mais a priori élevage sous bois.

Domaine du Moulin, Gaillac Florentin 2016
Terroir : rive gauche du Tarn (graviers) et rive droite (argilo-calcaire) « Faire avec ce cépage un grand vin est le but recherché. » Les graviers apportent la puissance et la finesse, le terroir argilo-calcaire amène la puissance des arômes. Une taille courte et sélective est pratiquée pour privilégier les petits rendements. Au printemps, tous les ceps sont ébourgeonnés à la main pour favoriser une meilleure répartition des grappes.
En juin, nous effectuons un effeuillage manuellement pour une meilleure aération. Au mois de juillet, nous comptons et enlevons les grappes en trop sur le cep, nous ne laissons que quatre grappes maximum par cep. Lors des vendanges manuelles, le raisin est trié et amené en caissette à la cave où l’on effectue un deuxième triage pour ne garder que les grains sans défaut. Les manipulations dans la cave sont réduites au maximum. Le vin passe alors douze mois dans des fûts de chêne choisis spécialement chez des tonneliers en regard du fruité et de la finesse du cépage.


 
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03 Jan 2023 22:24 #1

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