Bonjour,
J'ai fait une visite en Rioja l'an dernier, et recommande chaudement le domaine Abel Mendoza à San Vicente de la Sonsierra, où nous avons été royalement accueillis, et avons pu déguster de nombreuses et très belles cuvées. Je reproduis ici le CR rédigé à l'époque:
(...)
De nombreux domaines, contactés auparavant, ne reçoivent pas de visiteurs (l'oenotourisme est semble-t-il une nouveauté dans la région) ou nous ont rebuté par leur prix d'entrée (10 ou 12 € par personne plus le prix des bouteilles ouvertes!). Nous avons toutefois réussi à prendre rendez-vous dans trois domaines, qui nous ont reçu gratuitement:
La Rioja Alta
Cette maison traditionnelle réputée à Haro est une vraie usine à vins. La visite rodée nous a emmenés dans d'immenses caves où sont stockées des milliers de fûts et plusieurs millions de bouteilles (trois millions dans la plus grosse). Les vins passent jusqu'à cinq ans en fûts de chêne américain et jusqu'à sept ans en bouteille avant commercialisation. La visite se termine par l'ouverture d'un magnum de la cuvée "de base" de la maison, dont nos compagnons de visite espagnols se resservent deux ou trois fois en l'accompagnant de chips avant de repartir quelques caisses sous le bras. En insistant, nous obtenons quand même un fond de bouteille d'une cuvée
reserva.
Viña Alberdi 2000 (8,6 €): vin qui a passé deux ans en fût mais qui reste étiqueté
crianza pour raisons commerciales. Nez de sous-bois, du fruit et de la fraîcheur; bouche légère, fine et longue, ronde, sur des arômes fruités, fumés mais pas boisés. Typique du rioja traditionnel bien fait. Bon vin. 6+/10
Viña Ardanza 1999 (14,8 €):
reserva assez proche du précédent avec une bouche ronde, complexe, plus dense et plus longue. Très bon vin. 7/10
Bodegas Ostatu
Ce domaine familial de 33 Ha, moderne est tenu par une fratrie. Les vins sont vieillis en fûts de chêne français uniquement, la mention
reserva est abandonnée et celle de
crianza en phase de l'être. Hubert de Boüard, du Château L'Angélus, conseille le domaine pour la sélection des tonneliers et la vinification de la super-cuvée (Gloria). C'est l'une des soeurs qui nous reçoit, nous fait visiter rapidement les installations avant de nous ouvrir quelques crus (dont la plupart seront facturés mais remmenés!), servis dans des verres qui leur font honneur et accompagnés de quelques morceaux de fromage qui ne sont malheureusement pas l'accord adapté.
Ostatu blanc 2006 (2,75 €): 85% viura et 15% malvoisie (
malvasía). Vin blanc explosif et très charmeur, marqué par sa grande jeunesse; arômes d'agrumes et de mie de pain. Un vin de soif très agréable pour ce prix. 5/10
Ostatu rouge 2006 (2,75 €): vin jeune vieilli en cuve. Robe violette et dense. Nez de fruits noirs. Bouche fruitée (framboise, cassis?), presque veloutée, aux tanins rustiques. Bon vin au rapport qualité-prix exceptionnel. 6/10
Ostatu crianza 2003 (9 €): vin rouge passé 14 mois en barrique. Nez puissant, marqué par la cerise voire le kirsch. Bouche très rondes, aux tanins élégants, un peu marquée par l'alcool et la surmaturité. Très bon vin, une petite bombe à prix doux mais qui sera peut-être délicate à passer à table. 7/10
Gloria de Ostatu 2003 (30 €): la super cuvée du domaine, encore un rouge. La robe est noire. Le nez est énorme mais encore un peu boisé. La bouche, dans un style proche du précédent, est plus dense, plus complexe mais finalement plus équilibrée; le boisé est perceptible. Un vin remarquable à attendre. 8/10
Bodegas Abel Mendoza Monge
Il s'agit d'un domaine familial de San Vicente de la Sonsierra et nous avons été reçus par Abel Mendoza pendant plus de deux heures. Je vous ai bien sûr gardé le meilleur pour la fin: la gamme est splendide et l'homme, qui nous a ouvert toutes ses cuvées rien que pour nous quatre sans rien facturer, n'était vraiment pas là pour vendre ses vins mais bien pour les faire connaître. Il nous a montré quelques petits cadeaux faits par ses amis français (premiers et grands crus de Denis Mortet, Méo-Camuzet...) et nous a expliqué comment, depuis plus de vingt ans, il travaillait à récupérer les cépages mal aimés de sa région (viura et malvasía en blanc, graciano en rouge) dans les vieux vignobles pour les replanter, et combien il avait lutté pour obtenir l'appellation sur ces cépages traditionnels tandis que des maisons plus influentes font la même chose avec des cépages "absurdes" comme le chardonnay. La classification traditionnelle des vins de rioja est totalement abandonnée par ce domaine, qui, on l'a compris, se réclame d'une philosophie totalement différente. Les fûts sont français uniquement et le vieillissement se fait à 100% dans des fûts neufs sauf pour la cuvée Jarrarte qui est partiellement élevée dans un fût de deux vins. Les vins sont monocépages.
Viura 2006 (7 €): vin blanc passé 5 mois en fût. Nez très ouvert de fruits blancs (abricot). Très sec et explosif en bouche, assez complexe. Très bien. 7+/10
Malvasía 2006 (11 €): ce vin paraît légèrement sucré par rapport au précédent (selon Abel, c'est lié à la typicité variétale, car le vin n'a que 0,90 g/L de sucre résiduel). Il est en tout cas plus minéral mais moins dense et moins convaincant à ce stade. Bien. 6/10
Jarrarte jóven 2006 (4 €): vin rouge élevé en cuve, au nez sudiste, puissant mais un peu "rêche". La bouche est puissante mais très courte, les tanins sont assez marqués, ainsi que l'acidité. Vin agréable. 5/10
Jarrarte élevé en fût (12 €): 100% tempranillo. Nez de fruits rouges. Bouche superbe, équilibrée, aux tanins sages, tout en finesse; un léger boisé bien intégré incite à l'attendre un an ou deux. La grande classe, très bien à excellent. 7+/10
Selección personal 2004 (24 €): 100% tempranillo, il s'agit d'une cuvée élaborée à partir des parcelles considérées comme ayant produit le meilleur résultat dans un millésime donné; 14 mois (?) de fût. Robe très foncée. Nez austère; bouche concentrée, d'une grande complexité, au boisé présent mais de grande classe. Excellent et un grand vin en devenir; à attendre plusieurs années. 8+/10
Abel Mendoza Tempranillo 2004 (35 €): il s'agit des mêmes matières premières que le précédent mais avec une vinification différente: 18 mois de fût et fermentation malo-lactique en fût. Le résultat pour l'instant est un peu moins convaincant: le vin est un peu plus boisé, plus rond mais moins complexe que le précédent; plus près du style des vins d'Ostatu. Très bien quand même. 7+/10
Graciano 2004 (35 €): une autre très grande réussite avec ce monocépage original. Le nez est très "dur": cassis avec une pointe végétale. La bouche est très fine, superbe, équilibrée, dense, à dominante de fruits rouges. Excellent. 8+/10
En somme, de très beaux vins partout malgré un accueil inégal. Abel Mendoza est le point de passage obligé pour tous les amateurs. Seul hic, aucune des personnes qui nous ont reçus n'était francophone (j'ai fait l'interprète pour mes compagnons qui n'avaient pas tous des rudiments d'espagnol). Pour finir, j'en profite pour donner deux liens intéressants qui m'ont aidé à la sélection des domaines et qui pourront guider vos achats ou vos visites en Espagne (en plus du supplément RVF de l'an dernier):
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La section vins du quotidien El Mundo
,
-
Le guide Peñin des vins d'Espagne
, malheureusement pas actualisé depuis 2004.
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