De passage au domaine dernièrement, nous avons pu déguster la gamme disponible, présentée en anglais par une jeune personne compétente. La formule, un peu formatée, permet de recevoir plusieurs amateurs en même temps (en l’occurrence quatre belges et quatre allemands) mais n’est pas idéale pour des échanges approfondis. Enzo Brezza fera une très brève apparition pour saluer le groupe mais ne participera pas.
On commence par le
chardonnay 2014 (9,00 €), peu aromatique mais frais voire tendu ; simple et court sans beaucoup d’intérêt.
Ensuite les rouges :
Langhe Nebbiolo 2014 (9,00 €) : robe diaphane, parfumé, très cerise d’abord puis panier de fruits rouges ; léger en bouche avec beaucoup de finesse et une longueur correcte ; le vin évolue bien à l’aération. Beau rapport prix plaisir.
Dolcetto d’Alba 2014 (7,50 €) : très clair pour un dolcetto ; les arômes sont plus sauvages, plus sombres sur les fruits des bois; en bouche, c’est très vif, fluide avec un fruité acidulé ; la finale se marque sur une acidité assez verte inhabituelle pour le cépage dont on retrouve pourtant la signature. Manque de chair évident qui rend le vin agressif.
Barbera d’Alba Superiore 2012 (12,00 €) : Bouquet ligneux, trace de bois puis fruité épicé, un peu fatigué (bouteille ouverte depuis ?) ; en bouche c’est serré, assez sévère mais les tannins ne sèchent pas. De la substance mais peu de charme en l’état
Nebbiolo d’Alba Vigna Santa Rosalia 2013 (12,00 €) : Bouquet élégant, floral (rose fanée) ; attaque fine et pleine à la fois ; malgré le creux de milieu de bouche, c’est équilibré et frais avec des tanins un peu verts conduisant à une fin de bouche plutôt végétale.
Barolo Classico 2012 (20,00 €) : parfumé (thé, goudron, fruits rouges) ; commence en bouche avec douceur (impression de pointe de sucrosité) puis se poursuit sur la structure tout en restant aéré. Aromatiquement en retrait, l’impression finale demeure axée sur la charpente plutôt que sur le fruit.
Barolo Classico 2011 (20,00 €) : on reste sur le même profil avec toutefois plus chair et un peu plus d’ampleur. Vin directement plus charmeur et plus immédiat. Beau rapport prix / plaisir encore une fois.
Barolo Castellero 2012 (26,00 €) : Herbes sèchées, fruits cuits, épices mais sans doute un petit défaut car le nez n’apparaît pas très pur ; confirmé en bouche car le vin se montre anormalement asséchant et bloqué aromatiquement. J’aurais voulu avoir l’avis d’Enzo Brezza mais je n’ai pas pu l’interpeller en privé là-dessus.
Barolo Cannubi 2012 (30,00 €) : bouquet assez fermé mais prometteur car on perçoit une belle complexité en devenir ; équilibré, élégant et assez dense en bouche avec une charpente aux tanins doux qui surgit pour structurer et soutenir la finale. Très beau vin en devenir sur la finesse plutôt que sur la puissance.
Barolo Sarmassa 2012 (35,00 €) : profond et noble, arômes classiques de fruits mûrs, d’épices et d’herbes séchées ; bouche pleine presque grasse, puissant et long. Aux antipodes du Cannubi dont il n’a pas l’élégance mais qu’il domine en ampleur. Très beau vin encore.
Freisa 2015 (tiré de la cuve) (8,00 € sans doute) : fruit éclatant, tanins stricts , belle longueur ; en vin jeune évite l’austérité souvent propre à ce cépage mais il faut voir la suite.
Le domaine propose en résumé des vins des vins de facture classique, au prix très doux ; les robes sont toutes très légères (caractéristique mais pas défaut évidemment), les textures fines, les équilibres plein de vitalité mais sur les deux millésimes 2012 et 2014 les vins m’ont paru manquer un peu de substance voire de maturité (à l’exception notoire du Sarmassa et du Cannubi). Effet millésime ou approche stylistique du domaine, je ne sais pas, mais le plaisir dans mon chef fut finalement assez limité sur l’ensemble de la gamme.
Pierre