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Sangiovese di Toscane : comment s'y retrouver ?

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Messieurs,

En Italie, il semble que la législation ne soit pas aussi stricte qu'elle ne l'est en France, et certains producteurs, préfèrent s'exclure d'eux même de certaines appellations pour diverses raisons, et beaucoup de producteurs se retrouvent ainsi dans lla catégorie des "vins de pays".

Ce qui sème un certains trouble surtout lorsqu'on est comme moi un amateur tout récent de vins italiens.

J'ai gouté récemment en Italie un Chianti CLassico "Borgo Salcetino" qui m'a plu énormément. Je ne l'ai pas trouvé en France, mais essaie de gouter différents vins italiens, afin de les découvrir.

Question : j'ai acheté récemment un "Sangiovese di Toscane". Etant donné le trouble au niveau législation, y a t il des chances que se soit un Chianti (sachant qu'il sagit du même cépage" ou pas du tout.

Je n'ai encore pas dégusté cette bouteille, mais elle m'a couté environs 5 à  6 euros, ce qui reste moins cher qu'un Chianti Classico.

Merci de vos réponses
02 Juil 2003 11:08 #1

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Réponse de Yves Zermatten sur le sujet Re: Sangiovese di Toscane : comment s'y retrouver ?

Badger,

quelques précisions

DOC :
Carmigiano

DOC + DOCG
Chianti Classico
Vino Nobile di Montepulciano
Brunello di Montalcino

Je pense que tu fais allusion aux "vino da tavola" quand tu parles des "vins de pays".

Les vini da tavola sont nés en 1974, avec la commercialisation de Sassicaia et du Tiganello, deux vins de la maison Antinori. Innovation : assemblages de sangiovese avec du cabernet-sauvignon et élevage dans des barriques à la place des foudres. Beaucoup d'autres vins, dont certains sont aujourd'hui prestigieux, ont suivi le mouvement.

On est ainsi peu à  peu arrivé à  une situation absurde où les vins les meilleurs et les plus chers étaient classés dans la catégorie la moins prestigieuse (Robert peut t'expliquer, il connaît le problème !).

Dans les années 80, ce phénomène s'est étendu à  d'autres régions, au Piémont notamment.

Dans les années 90 (législation en 92, délai d'application jusqu'en 97, je crois), le législateur a corrigé le tir soit en étendant les DOC à  de nouvelles aires de production, soit en créant la catégorie "indicazione geografica". Ce sont les vins qui sont aujourd'hui vendus sous l'étiquette IGT (indicazione geografica tipica).

Pour les sangiovese, dès qu'on sort des DOC et DOCG, c'est la bouteille à  l'encre car un IGT est un vin qui comprend des cépages n'entrant pas dans ceux autorisés par l'appellation (DOC et DOCG), c'est le cas du cabernet, du merlot, de la syrah ou du grenache. Certains producteur produisent des IGT, appelés "Supertoscans". Je crois cependant que les IGT peuvent aussi n'être composés que de sangiovese (?), mais à  l'inverse, il est possible qu'un vin IGT ne contienne pas du tout de sangiovese.

La catégorie vino da tavola continue à  exister, et certains grands vins sont encore produits sous cette dénomination. Certains vini da tavola font aussi partie des "Supertoscans".

Par ailleurs, on pourrait considérer que la catégorie IGT correspond à  la dénomination français "vins de pays", mais je crois que le terme IGT a une meilleure image que les vins de pays français. Pour l'amateur, l'IGT est presque un gage de qualité, en tout cas beaucoup plus que le DOC ou le DOCG. Cela n'est pas le cas en France, où, à  quelques exceptions près - Trévallon par exemple - l'AOC constitue aux yeux des consommateurs une référence plus prestigieuse que la simple appellation "vin de pays" .

Pour plus d'infos sur les réformes en cours en Italie cf

voilà , en quelques mots. J'espère que j'ai pas dit trop de conneries mais il est vrai que les appellations et le sangiovese en Italie, c'est pas simple.

cordialement

Yves

Yves Zermatten
02 Juil 2003 19:21 #2

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Je te remercie Yves. Donc si j'ai bien compris, en Italie, plus que partout ailleurs, on ne peut se fier qu'à  la dégustation avant d'acheter, non ?

j'ai récemment acheté le guide Fleurus des vins d'ailleurs, si tu l'as pourrais tu me conseiller 2 ou 3 vins italiens cités qui te semblent représentatifs de ce qu'on peut trouver en Italie.

et pour conclure sur mon message précédent, il faut que je regarde sur la bouteille de mon Sangiovese di Toscana, s'il s'agit d'un IGT d'un DOC ou d'un DOCG... puis le gouter .
03 Juil 2003 09:36 #3

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Bonjour,

J'ai gôuté en Autriche un vin italien qui m'a beaucoup plu, c'est un toscan :
Gagliole IGT 2000 (www.gagliole.com)

C'est un assemblage particulièrement élégant de Sangiovese et de Cabernet Sauvignon.

Je ne connais pas les vins italiens, quelqu'un peut il me dire comment se situe ce vin par rapport à l'ensemble de la production de cette région ?

Son tarif chez un caviste allemand 36 €, ça me parait cher ???

Merci

Zappa
25 Mai 2005 18:32 #4

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Le sangiovese di toscane n'est pas un chianti (un cabernet n'est par un margaux !). Le sangiovese est le cépage principal des chianti et brunello de montalcino mais en Italie l'appellation n'est jamais un gage de qualité. Il y a des excellents chianti et des très mauvais.
Parmi les mailleurs rapport qualité prix en Sangiovese je conseille (j'ai gouté) :
CHIANTI RISERVA CLASSICO "CELLOLE" de SAN FABIANO (14,95 €, coté 95/100 par WS)
ou en Brunello les Brunellos 97 ou 99 de CASTELLO BANFI ou MARQUESI DI FRESCOBALDI (30 €).
A mon avis le meilleur rapport qualité/prix des vins rouges italiens reste le VITIANO de FALESCO (5,90 €) de OMBRIE, vinifié, comme une grande partie des meilleurs vins italiens par Ricardo Cottarello.

Cordialement
17 Jui 2005 18:48 #5

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: Sangiovese di Toscane : comment s'y retrouver ?

"...mais en Italie l'appellation n'est jamais un gage de qualité."

Pourquoi, en France c'est un gage de qualité ? :D

Luc
17 Jui 2005 19:13 #6

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oui en effet :) :)
17 Jui 2005 23:53 #7

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Réponse de Olif sur le sujet AOC et gage de qualité

Luc,

Est-ce qu'être Docteur en Médecine est un gage de qualité, en France comme en Belgique? On a pourtant tous le même diplôme, et il y a des bons et des mauvais médecins!

L'AOC fixe un certain nombre de règles, dont l'origine et les rendements, et c'est déjà un minimum! Après, je ne dis pas que l'on ne peut pas améliorer les choses! Mais on n'est pas dans la bonne rubrique pour le faire! De toute façon, notre avis à nous ne sera que consultatif, et encore...!

A la limite, il n'y a que l'AOVDQS qui revendique un certain degré de qualité! Supérieure, en plus! Par rapport au "vin ordinaire", je suppose!

On pourrait (on devrait même?) en reparler ailleurs. Voilà de futurs beaux échanges de fond de court en perspective!:)

Olif
18 Jui 2005 08:11 #8

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Réponse de Luc Javaux sur le sujet Re: AOC et gage de qualité

Olif,

Loin de moi l'idée de vouloir relancer ce débat. Je ne faisais que souligner la phrase de Jean-Philippe, qui pourrait faire croire que la situation générale est meilleure en France qu'en Italie, ce qui ne me semble pas être la cas.
Mais si tu désire entammer les discussions ailleurs, je suis ton homme ! :D

Amitiés,

Luc
18 Jui 2005 11:30 #9

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Réponse de gaochino sur le sujet Re: Sangiovese di Toscane : comment s'y retrouver ?

Badger
"J'ai gouté récemment en Italie un Chianti CLassico "Borgo Salcetino" qui m'a plu énormément. Je ne l'ai pas trouvé en France, mais essaie de gouter différents vins italiens, afin de les découvrir."

Le.classico.est.un.assemblage.95%.Sangiovése+5%.Canaiolo.avec.un.élevage.moitié.en.barrique.et.moitié.en.cuve.inox.
Effectivement.très.belle.maison.

benoit
05 Juil 2006 18:43 #10

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Réponse de Bertrand Le Guern sur le sujet IVV - Expressions du Sangiovese en Toscane

Club toulousain In Vino Veritas
Expressions du Sangiovese en Toscane.
Vendredi 19 janvier 2006


Dégustation préparée et commentée par Pierre Citerne.


Quelques commentaires de contexte :
Paradoxalement éclipsées par la réussite médiatique de certains vins issus de cépages français (les "supertuscans" révélés et/ou inventés par le marché anglo-saxon), les appellations "historiques" de la Toscane viticole ont pour point commun un cépage rouge, le sangiovese, connu en Corse sous le nom de nielluccio. La présente dégustation a pour but de tenter d'approcher la personnalité de ces vins et de ce cépage. Les vins sélectionnés comportent au moins 90% de sangiovese (dans ses différentes sous-variétés) ; ils proviennent de plusieurs zones : celle du Chianti Classico, entre Sienne et Florence ; les zones de Montalcino et Montepulciano au sud de Sienne à l'intérieur des terres ; et enfin la zone maritime du Morellino di Scansano, à l'extrême sud de la Toscane, province de Grosseto. Outre la diversité des terroirs, nous avons aussi essayé dans le bref aperçu que constitue cette sélection de montrer la multiplicité des approches œnologiques actuelles, juxtaposant des vins issus de domaines "historiques", "traditionalistes" ou non, avec ceux de jeunes domaines novateurs.
La dégustation s’est déroulée en deux phases : l’après-midi avec 4 dégustateurs puis le soir avec 12 dégustateurs. Didier Sanchez a participé aux deux séances.
Le commentaire porte sur les vins du soir. Comme d'habitude certains vins ne se révèlent que le soir en raison de l'influence d'un carafage de 4/5 heures. Les notes de Didier Sanchez (DS AM et DS SOIR) sont le reflet de ces variations.
Les vins sont dégustés à l'aveugle.
DS : Didier Sanchez - PC : Pierre Citerne - MS : Miguel Sennoun - JP : Jacques Prandi.

Ordre de dégustation :


01. Fattoria Le Pupille - Morellino di Scansano "Poggio Valente" 2001 :
DS AM14 - DS SOIR15 - PC15 - MS15 - JP14,5.
Note moyenne AM : 14 et SOIR : 14,9 - Prix : 25 €
Une robe assez dense, avec une bordure vieux-rose. Joli nez typé, franc, expressif, un fruit mûr souligné d'intéressantes notes "ligneuses" (châtaigne, réglisse) et fumées. On retrouve ce profil expressif et harmonieux en bouche (très bon équilibre de la structure et du fruit), avec de la rondeur et une touche de douceur qui dénote l'origine géographique littorale du vin. L'élevage est présent mais respectueux du fruit et de la typicité.

02. San Giusto a Rentennano - IGT Sangiovese di Toscana "Percarlo " 2001 :
DS AM14 - DS SOIR15,5/16 - PC15,5 - MS15,5 - JP15,5.
Note moyenne AM : 14 et SOIR : 15,6 - Prix : 56 €
Robe rubis brun, assez profonde sans être opaque. Premier nez très aromatique, méditerranéen, avec des notes évoquant le romarin, les cistes, le fenouil… l'aération développe une expression plus fine et plus classique du sangiovese : cerise, châtaigne, cacao, sous-bois de chênes… Attaque puissante, ronde, fumée, beau jus sanguin vertébré par des tannins extraits mais suffisamment juteux et une acidité soutenue. Un vin de potentiel, assez abrupt dans son expression de jeunesse mais déjà stylé.

03. Poggioargentiera - Morellino di Scansano "Capatosta" 2002 :
DS AM15,5/16 - DS SOIR14 - PC14,5 - MS14 - JP14,5.
Note moyenne AM : 15,7 et SOIR : 14,3 - Prix : 24 €
Couleur intense, centre noir, mince bordure brique. Beau nez expansif, solaire, un fruit assez confit, généreux, saturé d'épices, de fleurs séchées et de goudron. Cette personnalité "sudiste", évoquant celle d'un grenache de Châteauneuf-du-Pape, se confirme en bouche : une matière concentrée, confite, douce (impression de sucrosité), peu acide, une texture assez lâche et une chaleur alcoolique très marquée. Heureusement le sangiovese affirme sa fine tannicité en finale, sauvant le vin de la lourdeur et de la confusion.

04. Poliziano - Vino Nobile di Montepulciano "Asinone" 2001:
DS AM15 - DS SOIR15,5 - PC15/15,5 - MS16 - JP15,5/16.
Note moyenne AM : 15 et SOIR : 15,7 - Prix : 35 €
Robe parfaitement noire en son centre, la bordure est vraiment très mince. Un contact olfactif tout d'abord assez revêche : du bois, des notes empyreumatiques (le goudron, la suie…), de la terre battue ; un fruit noir très concentré émerge lentement, profond et d'une belle pureté. La matière se montre très dense dès l'attaque, bien tendue, de grain extrêmement serré et fin ; la texture est juteuse, les saveurs franches et profondes, l'allonge certaine. Il n'y a pas grand-chose à reprocher à ce beau vin, sérieux, complet et potentiellement distingué, interprétation "moderniste" et ambitieuse du Vino Nobile (une interprétation se référant manifestement à des canons "internationaux", ou bordelais…), qui à mon sens va quand même à l'encontre de l'élégance native du cépage.

05. Fèlsina - Chianti Classico Riserva "Rància" 1999 :
DS AM13 - DS SOIR17 - PC17 - MS17 - JP17.
Note moyenne AM : 13 et SOIR : 17 - Prix : 26 €
Belle robe d'intensité moyenne, teinte brique, chaude et profonde. Nez magnifique, dégagé, très ouvert, beaucoup de complexité et de naturel : nuances de cerises et de griottes bien mûres, notes florales, épicées et subtilement herbacées (tabac blond)… Bouche veloutée, intense sans jamais peser sur le palais, grain tannique très fin, délié, acidité aiguillonnante ; délicieux tout en restant ferme, ce Chianti de terroir témoigne d'une remarquable élégance, d'une finesse qui évoque la (grande) Bourgogne. A l'opposé du vin précédent.

06. Isole e Olena - IGT Toscana "Cepparello" 1999 :
DS AM15,5 - DS SOIR14,5 - PC15/15,5 - MS15 - JP15.
Note moyenne AM : 15,5 et SOIR : 14,9 - Prix : 55 €
Robe très dense, brillante, avec un dégradé tuilé déjà conséquent. Nez sanguin, puissant et même presque violent, une acidité volatile marquée renforçant son caractère explosif : un fruit très mûr, profond, sauvage, des notes de cuir, de goudron, de cigare (en cours de combustion…), de sous-bois… Une matière intense, charnue, mâchue (les tannins sont assez rocailleux), puissante, demandant certainement à s'affiner. Un vin plein de vie et de caractère, prometteur ; mais je m'attendais à plus de finesse de la part de ce producteur.

07. Siro Pacenti - Brunello di Montalcino 2000 :
DS AM16 - DS SOIR16 - PC15/15,5 - MS16 - JP16.
Note moyenne AM : 16 et SOIR : 15,9 - Prix : 55 €
Teinte rouge profond, nuances brunes. Ici aussi l'acidité volatile est bien présente, développant un fruité confit, chocolaté (élevage en barrique perceptible), ainsi que des notes plus fines évoquant le sous-bois, les épices douces ou encore le cèpe sec. L'ensemble est déjà bien fondu et s'exprime avec une belle complexité. En bouche : attaque large, moelleuse, confortable ; la matière se montre importante, ronde, sapide dans le registre automnal et un peu alangui perçu au nez ; la finale, sur des tannins assertifs et une acidité vive, typiques du sangiovese, permet à l'ensemble de retrouver de l'allant et de la vigueur. Un Brunello de style contemporain, intense et nuancé mais assez facile d'accès.

08. Querciabella - Chianti Classico Riserva 1999 :
DS AM13,5 - DS SOIR16 - PC16 - MS16 - JP16.
Note moyenne AM : 13,5 et SOIR : 16 - Prix : 24 €
Robe profonde, assez évoluée, bordure brun orangé. Beau nez, original, très mûr, ouvert, expressif : fruits macérés, épices (paprika), iris, tabac, goudron… Matière souple, suave, sapide, exhibant un très joli fruit, accessible, doux, presque langoureux, avec juste ce qu'il faut de fermeté dans la structure. Un vin d'arômes et de velouté, un sangiovese "accommodant", très séducteur.

09. Montevertine - Vino da tavola di Toscana "Montevertine Riserva" 1997 :
DS AM14,5 - DS SOIR14 - PC16 - MS15 - JP15.
Note moyenne AM : 14,5 et SOIR : 15 - Prix : 40 €
Robe tuilée moyennement intense aux reflets nettement orangés. Expression aromatique automnale, peut-être un peu trop évanescente mais fine et élégante, s'articulant entre les fruits cuits et les feuilles mortes. Le vin se montre souple, sapide en bouche ; on y retrouve des saveurs automnales subtilement nuancées, un grain très fin. S'il manque de cette énergie vitale, de cette grinta qui caractérise souvent le sangiovese, ce vin s'exprime avec de belles qualités de franchise, de subtilité et d'harmonie.

13. Castello di Fonterutoli - Chianti Classico Riserva 1995 :
DS AM14 - DS SOIR16 - PC16 - MS16 - JP16.
Note moyenne AM : 14 et SOIR : 16 - Prix : 39 €
Robe dense, centre encore noir, bordure entre l'ambre et le café. Nez véritablement extravagant (baroque ?), volatil, puissant, profond, animal (cuir, viandes séchées et/ou fumées…), très épicé (cumin, piment…), il n'est pas sans évoquer l'expression aromatique de certains millésimes de l'ibérique Vega Sicilia. Concentré en bouche, toujours expressif et enlevé, Fonterutoli riserva 1995 impose plus qu'il ne suggère : saveur animale prenante, forte acidité, tanins fournis et rugueux, longueur notable et finale tonitruante. Un très beau vin, regorgeant indéniablement de personnalité ; on peut toutefois juger qu'il a tendance à surjouer dans le contexte de son appellation, au point de se rapprocher stylistiquement d'un Brunello.

10. Biondi-Santi - Brunello di Montalcino "Il Greppo" 1997 :
DS AM14,5 - DS SOIR16,5 - PC17/17,5 - MS16 - JP16,5.
Note moyenne AM : 14,5 et SOIR : 16,5 - Prix : 160 €
Robe dépouillée, brillante, teinte grenat brique chaude et nuancée. Au premier abord le nez paraît évolué, marqué par des notes pénétrantes de bois précieux (cèdre, santal…) et de feuilles mortes ; le fruit s'impose ensuite, progressivement, avec beaucoup de classe et de retenue, d'une grande fraîcheur, nuancé de très subtiles notes épicées, camphrées, herbacées. La matière apparaît à la fois très dense (cohérente et serrée) et très svelte, grâce à une finesse tannique vraiment remarquable et surtout à une acidité imposante, impressionnante, mordante pour certains, qui fait dire à Didier que ce vin ressemble à un Riesling rouge ! La définition me plaît… il y a dans ce vin l'intransigeance, l'allonge, la précision, la race d'un Clos Sainte-Hune… On peut trouver ce vin génial, il n'en reste pas moins austère, et c'est un 1997… millésime particulièrement généreux et suave en Toscane ; on imagine à quel point les versions de ce Brunello (le Brunello originel, il faut le rappeler) issues de vendanges moins favorables doivent être redoutables !

Vin pirate :
14. Gianfranco Alessandria : Barolo "San Giovanni" 1996 :
DS15,5 - PC15,5/16 - MS15 - JP15. Note moyenne : 15,4. Prix : 50 €
Robe profonde, légèrement brunie. Nez puissant mais assez compact, roboratif, privilégiant le fruit (cerise amarena…), avec des notes complémentaires de chocolat noir, d'humus… Matière très présente, dense, pleine, saveur terrienne, acidité vigoureuse et texture serrée sans dureté. Un Barolo "moderne", sans excès dans l'élevage ni l'extraction, privilégiant le fruit et la densité, encore bien jeune, se présentant aujourd'hui sous un jour assez bourru.

11. Mastrojanni - Brunello di Montalcino "Vigna Schiena d'Asino" 1997 :
DS AM14 - DS SOIR15 - PC15,5/16 - MS16 - JP15,5.
Note moyenne AM : 14 et SOIR : 15,6 - Prix : 60 €
Robe dense mais nettement orangée, fort dépôt. Bouquet évolué, flamboyant (grâce notamment à une acidité volatile très marquée), large palette de notes épicées, confites, balsamiques, animales (cuir), herbacées (tabac, herbes du maquis)... Bouche opulente, solaire : l'alcool s'affirme d'emblée et le fruit présente un caractère cuit, de raisiné ; on retrouve la flamboyance aromatique perçue au nez, ainsi qu'une saveur mentholée insistante, lorgnant vers l'eucalyptus ; les tannins sont très présents, virulents mais sans sécheresse, la finale vivifie heureusement la dégustation. Conforme par son intensité et sa générosité à la stature héroïque attendue d'un Brunello, ce vin manque toutefois de sérénité, de fraîcheur de fruit et de cohérence pour être pleinement satisfaisant.

12. Castello di Ama - Chianti Classico "Vigneto la Casuccia" 1993 :
DS AM13,5 - DS SOIR14,5 - PC16 - MS15,5 - JP16.
Note moyenne AM : 13,5 et SOIR : 15,7 - Prix : 90 €
Encore beaucoup de densité dans cette robe, rubis profond au centre, orangée en bordure. Bouquet évolué mais encore frais et précis, disert, racé : fruit caractéristique, nuancé de tabac, d'amande, de châtaigne et de poivre, notes tertiaires de vieux cuir, de petit gibier et de feuilles mortes. La matière semble encore jeune et pleine, même si les saveurs sont franchement évoluées, avec en exergue une très belle veine balsamique et minérale (encens, suie, camphre) ; le grain est assez fin et l'acidité affirmée. Une expression aboutie, profonde, témoignant de la capacité d'évolution dans le temps des vins de la région du Chianti.

Vin pirate :
14. Domenico Clerico - Barolo "Ciabot Mentin Ginestra" 1990 :
DS16 - PC17 – MS17 - JP17. Note moyenne : 16,8 - - Prix : 115 €
Robe vive et intense, allant du rouge sombre à l'orangé lumineux. Très beau nez pénétrant, harmonisé par le temps en un fumet évocateur, éthéré ; on perçoit des accents fumés, minéraux, des nuances de sous-bois, d'humus, de truffe (noire), des notes de goudron et d'agrumes confits. La matière se montre très mûre, solaire, mais cohérente et très décidée, sans le moindre creux ni la moindre mollesse ; un grand caractère, soutenu par une acidité vigoureuse et des tannins fougueux mais racés. Un vin complet, distingué, témoignant de l'évolution heureuse d'un nebbiolo élevé en barrique. Servi à l'aveugle il ne faisait pas son âge, mais il ressemblait beaucoup à un sangiovese…




Conclusion :

Si les différences de millésimes, de terroirs et de philosophies dans l'élaboration des vins expliquent la variété des vins dégustés, tous sont unis par la personnalité de leur cépage. Aucun vin ne s'est montré véritablement décevant, tous avaient quelque chose à dire.
Dans ses expressions les plus ambitieuses et les plus marquées par l'histoire d'un terroir (ce cépage peut aussi produire des vins beaucoup plus "ordinaires", en Toscane ou dans d'autres régions italiennes), le sangiovese affirme une forte personnalité, "différente", du moins par rapport aux grands cépages hexagonaux. Il possède un énorme potentiel de fraîcheur et d'équilibre grâce à une acidité toujours soutenue, et des tannins très structurants pouvant être d'une insigne finesse lorsqu'ils ne sont pas trop sollicités, une personnalité aromatique originale et subtile. S'il faut chercher de affinités, il y a un potentiel de race, d'élégance qui peut parfois évoquer celui du pinot noir en Bourgogne. Les vins les plus fins et les plus émouvants de notre dégustation, la Riserva Ráncia et le Brunello Biondi-Santi présentent effectivement des profils très bourguignons.
La comparaison à l'aveugle avec deux Barolo du Piémont, issus du cépage nebbiolo, s'avère très intéressante : les piémontais se montrent plus gras, plus charpentés, plus ronds, même si les composantes (tannins présents, acidité vive, alcool généreux, pointe exotique du fruit) et les arômes peuvent converger, parfois jusqu'à une ressemblance troublante pour le dégustateur peu habitué. On peut se demander si des Barolo plus "traditionnels", élevés en foudre, seraient plus faciles à distinguer des vins toscans.
Les supertuscans à base de cépages bordelais, et aussi parfois rhodaniens, sont-ils capables d'autant de distinction et de complexité aromatique que les expressions les plus abouties du sangiovese ? Peut-être, mais probablement pas d'autant de finesse ni de fraîcheur… Comment s'expriment les cuvées équitablement partagées entre sangiovese et cépages exogènes ? La typicité (par rapport à un modèle "international") est-elle une fin en soi ? relève-t-elle seulement d'un parti pris esthétique ou politique ?... Voilà quelques problématiques qui pourraient faire l'objet d'une belle dégustation toscane à venir, à l'aveugle bien entendu…


blg
06 Fév 2007 11:01 #11

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Réponse de Guest sur le sujet Re: IVV - Expressions du Sangiovese en Toscane

REMARQUABLE !
06 Fév 2007 23:52 #12

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Réponse de milleret sur le sujet Re: IVV - Expressions du Sangiovese en Toscane

Il n'y a pas grand-chose à reprocher à ce beau vin, sérieux, complet et potentiellement distingué, interprétation "moderniste" et ambitieuse du Vino Nobile (une interprétation se référant manifestement à des canons "internationaux", ou bordelais…), qui à mon sens va quand même à l'encontre de l'élégance native du cépage.

Je vous conseille de déguster Valdipiatta " Vigna d'Alfiero " ....qui lui ne cherche pas à " copier " nos amis Bordelais .

Félicitations pour ce remarquable commentaire sur ces vins de Toscane : j'ai beaucoup apprécié l'élégance de Pacenti 98 .
06 Fév 2007 23:54 #13

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Réponse de RaymondM sur le sujet Re: IVV - Expressions du Sangiovese en Toscane

Isole e Olena Ceparello 2003 dégusté au "Grand Tasting" était à un très haut niveau . Mais c'est vrai pas de la plus grande finesse.
07 Fév 2007 10:55 #14

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Réponse de Guest sur le sujet Re: IVV - Expressions du Sangiovese en Toscane

Petit souvenir :

11. Domenico Clerico Barolo Ciabot Mentin Ginestra 1990 : déc 2002
PC17 - DS13,5 - PP16,5 - LG15,5/16 - RT16 - EF14 - GL14,5 - VM15,5.

- On observe ici la robe la plus foncée de la série des 3 vins.
- Très joli nez fruité, avec des notes de noyau, d'amande et une pointe animale.
- Bouche pure, relativement austère (en tout cas pour un palais peu habitué au nebbiolo). Concentration moyenne et belle longueur pour un style intermédiaire entre les 2 vins suivants.

Formulation intéressante pour ce domaine mythique qu'est Biondi-Santi :
qui fait dire à Didier que ce vin ressemble à un Riesling rouge ! La définition me plaît… il y a dans ce vin l'intransigeance, l'allonge, la précision, la race d'un Clos Sainte-Hune…
08 Fév 2007 10:16 #15

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