jfrdz écrivait:
La plupart des vins blancs n'ont pour autre ambition que de satisfaire la demande du marché local et d'étancher la soif à l'heure de l'apéro. Les relations personnelles entre producteur et consomateurs se substituant à la dictature de la bonne note, il se peut que les producteurs peuvent laisser exprimer plus librement la personnalité du cépage / de l'assemblage sans chercher à correspondre à tout prix à un modèle. N'ayant pas les moyens de se payer les services d'un "Flying Oenologist" les producteurs de vins blancs sont aussi contraints d'accepter les limites que leur impose la nature.
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Cette vision me semble un peu naïve : la vinification en blancs peut-être (est !!) tellement plus technologique que celle en rouges, et le produit fini (le vin blanc) infiniment plus réactif aux intrants que ne peuvent l'être la plupart des rouges !
en outre, pour répondre point par point à Emilie :
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André, je ne sais pas quelle est votre expérience de la profession, mais ne vous en déplaise, l'utilisation de levures exogènes est très largement pratiquée et cela n'est pas un fantasme.
Bien sûr que les levures sélectionnées sont largement utilisées, mais sans doute pas dans les proportions que vous annonciez. Mais c'est un point de détail.
(Sur mon expérience de la profession elle n'a à mon sens rien à faire dans le débat je n'y répondrai donc pas. Je n'ai en outre pas grand respect pour l'argument d'autorité et les experts plus ou moins auto proclamés qui en font un usage régulier. Dès lors soit mes arguments ont de la valeur, soit ils n'en ont pas, ce que je suis ou ai été n'a rien à y voir et je ne m'en servirai donc pas).
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D'autre part, je n'ai jamais dit que les levures étaient responsables de la production de vins identiques.
Un petit peu quand même
: "A partir du moment, où plus de 80% des vignerons (chiffre à la louche) utilisent des levures sélectionnées, rien que ça,
permet de gommer la nature originelle du vin et de le faire ressembler, à un vin d'ailleurs qui sera issu des mêmes levures".
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Je dis simplement, que le fait d'utiliser des méthodes œnologiques X ou Y qui interviennent pour à la fois gommer les particularités et modifier les composés structurels et aromatiques, avaient pour résultante de réduire la diversité et d'augmenter la "standardisation"
On est d'accord là dessus, dès lors que nous parlons bien du raisonnement de l'ensemble du processus de transformation du raisin en vin, transformation faite en s'assurant que chaque intervention en remettra une couche par rapport à ce qui a précédé et ce qui suivra.
Il ne faudra donc pas oublier l'effet de la densité de plantation, de la taille en vert et du choix de la date de récolte : 3 exemples parmi tant d'autres qui ont des impacts autrement plus importants que telle ou telle levure ou autre intrant.
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A partir du moment où un vin peut posséder, je vais dire un chiffre au hasard, 50 éléments particuliers, et l'ensemble de ces 50 éléments forme un tout, le vin,et que l'on gomme de façon "automatique" la moitié de ces éléments, il faut bien admettre que la complexité du tout est réduite de moitié. Maintenant, poussons l'exemple, les 25 éléments retenus, non éliminés sont tout le temps les mêmes. C'est à dire que vous prenez 50 vins, qui possèdent 50 éléments, pour chacun vous éliminez la moitié de ces éléments et vous ne retenez que les mêmes... Et bien en faisant cela, on réduit la diversité et on obtient des vins qui se ressemblent, je n'ai pas dit identique à 100%, j'ai juste dit qu'ils se ressemblent et que cela peut devenir ennuyeux de gouter constamment des vins qui se ressemblent.
Le vin possède bien plus de 25 ou 50 composés, et c'est heureux sinon on aurait des vins synthétiques depuis belle lurette. En outre soyez sûre qu'en gommer ou éliminer tout ou partie n'est pas si facile que çà.
Ceci dit, sur l'ennui des vins qui se ressemblent on sera plus ou moins d'accord. Toutefois je ne me lasse pas de boire des Puligny Montrachet (mon banquier se lasse, pas moi) ... du moins tant qu'ils n'ont pas un boisé écrasant. En revanche je suis lassé avant même de les boire par les Sauvignons blancs de l'Entre 2 mers, et somme assez fréquemment par ceux de Pessac Léognan. Il n'en va pourtant pas de même avec ceux de Sancerre ou Ménetou Salon ... il y a pourtant pas mal d'indéniables
ressemblances entre tous ces vins.
Les choses ne sont peut être pas si simple que ce qu'il peut y paraître, non ?
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Mais quand je dis cela, je pense à des vins qui sont comparables, je ne fais pas comme vous qui mélangez les régions, les couleurs et je ne sais quoi... D'ailleurs mon exemple sur Vosne Romanée était sensé être clair !
Je ne mélangeais pas, je répondais à votre argument déjà cité plus haut en vous indiquant qu'une même levure ne transformera pas un Cahors en Madiran et encore moins en Beaujolais, pas plus qu'elle ne rendra à elle seule identiques deux vins issus de deux domaines différents et voisins, à Vosne comme ailleurs (Eric B en a, par ailleurs, témoigné).
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Alors c'est vrai, que personnellement je cherche des différences au sein d'une même région, voire d'une même appellation, plutôt que de comparer la soie et le coton. Cependant, je peux vous assurer que l'arôme de la fraise Tagada est une conséquence de levures exogènes, et je peux vous assurer aussi que lorsqu'on sent cet arôme non naturel sur des rosés de Provence ou du Sud-ouest, vous pouvez toujours me dire que les levures ne peuvent faire cela, moi je suis comme st thomas, je l'ai vu et vécu pour le dire.
A propos des levures on en revient toujours
toujours à cette caricature d'acétate d'isoamyle. C'est lassant.
Une fois pour toutes (je suis un doux rêveur) :
- l'acétate d'isoamyle type pour les dits arômes banane / bonbon anglais,
- l'acétate d'isoamyle est
naturellement produit par
toutes les levures fermentaires.
Toutes !
- les levures fermentaires en produisent d'autant plus que la vinification est faite à basse température, il en va d'ailleurs de même pour tous les esters fermentaires. EN outre ces composés sont parfaitement naturels et tout naturellement produits en cours de fermentation alcoolique. Ils seront, simplement, plus ou moins produits selon les conditions du milieu dans lequel se trouvent les levures : ces dernières adaptent en effet leur métabolisme à leur environnement (il faut arrêter de confondre la levure oenologique avec la levure
Alsa (c), qui n'est pas une levure et qui fait une chose et une seule, toujours de la même manière).Ils seront en outre plus ou moins perceptibles à la dégustation selon le profil du vin.
- les levures fermentaires en produisent d'autant plus que la ressource azotée est abondante dès le début de fermentation alcoolique.
En version courte : ce composé est d'autant plus présent dans le vin que la vinification a été faite dans ce but (y compris, bien sûr, dans le choix de la levure car il en existe en effet de particulièrement performantes de ce point de vue, mais ce n'est pas un cas général, il ne faut donc pas en faire une généralité) .... et aussi que la vendange n'avait, par elle même, pas grand chose d'autre à dire !
C'est encore une fois une question d'équilibre .... ou de déséquilibre.
Ceci étant dit : ce composé ne saurait à lui seul établir une loi générale sur l'effet réel ou supposé des levures fermentaires.
Et pourtant les cépages, les terroirs et les hommes de ces deux régions sont différents. Mais je maintiens qu'il n'y a pas que les levures qui sont en cause de tous les maux du vin...
On sera au moins (à peu près) d'accord là dessus