Marc C écrit:

Salut Flo,

Les prix sont sans doute sur un palier, ca se voit sur les enchères comme l'a rappelé Benoît et comme c'est avoué à demi-mots dans le baromètre IDW.
Ceci étant, même si ca baisse pas sûr que cela changera grand chose pour moi ou alors il faudrait que ce soit très violent vu le niveau tarifaire atteint. Je reprends les Brûlées 11 de Camuzet, 350€ au lieu de 700€ ne changera pas grand chose pour ce qui me concerne... Qui vivra, verra !

Marc





 

Ma façon de voir les choses :
- les prix au marché gris des Bourgogne ont augmenté depuis 10 ans, les vignerons ont voulu avoir leur part quand le prix de départ était très inférieur à celui du marché (je crois que le Chambertin de Rousseau était dans les 60E le 2001)
- tous les prix ont été tirés vers le haut (notamment ceux des fermages), des vignerons raisonnables ont augmenté aussi
- tout s'emballe avec la période post-covid, avec des taux d'intérêt bas, beaucoup de liquidités disponibles à placer par les gens riches : les vins rares ont été la cible des spéculateurs car c'était un moyen de faire une forte culbute rapidement, avec comme paroxysme juin 2022 je dirais. C'este l"heure de la folie des Bizot, Arnoux-Lachault, mais aussi des vins d'Emmanuel Reynaud dans une autre région qui lui n'a pas changé ses prix à cette époque... Certains vignerons bourguignons dont les vins sont recherchés et qui sont avides d'argent augmentent fortement les tarifs à tour de bras pour se rapprocher du prix du marché (cf caisse Arnoux-Lachault à 6000e...), tous même ceux qui sont raisonnables augmentent pour suivre (fermages peut-être). Là, les amateurs français amoureux de la Bourgogne normalement fortunés disent stop ou moins vite quand ils ne l'ont pas fait avant. Et alors que la fraîcheur/parfois moindre qualité du millésime 2021 commercialisé fin 2022/début 2023 aurait pû/dû inciter ceux qui avaient beaucoup augmenté les prix à baisser dès septembre 2022 (qui a apporté une récolte 2022 abondante et de qualité en moyenne supérieure à 2021) pour ne pas exclure l'amateur (français) lambda, non, nous voilà avec des prix des 2021 (très) supérieurs à ceux des 2019 (que je préfère à 2020 personnellement).
- la mécanique commence à s'enrayer au printemps 2023 avec certes la hausse des taux d'intérêts et ses conséquences économiques diverses (certains s'appauvrissent, d'autres s'enrichissent) mais surtout à mon avis le fait que le potentiel de plus-value envisageable par les spéculateurs baisse (parce que le prix de marché ne monte plus mais surtout parce que le prix de départ a beaucoup augmenté).
Pas bon pour la confiance tout ça : si le 2022 est proposé moins cher en Bourgogne que le 2021, les volumes aidant, certains devront s'entendre dire que le 2021 a été vendu trop cher et si les tarifs des 2022 sont encore supérieurs à ceux des 2021, il faudra convaincre les riches acheteurs que 2022 est le millésime du siècles des siècles comme à Bordeaux, 1,5/2 fois meilleur que 2019 par exemple (si les 2022 sont vendus 1,5/2 fois plus chers), et surtout qu'il déboursera 1500€/2000€ pour un flacon qu'il devra boire et pisser puisque le potentiel de plus-value s'est amoindri ...
Au final : cette folie furieuse m'aura permis de bien faire la part des choses entre les vignerons stars qui sont restés raisonnables (et ne proposent que de petites allocs pour limiter/éviter l'intérêt de la revente), les stars qui ont fait exploser les tarifs, et ceux qui ont fait exploser les tarifs en se prenant pour les stars qu'ils ne sont pas!
David Chapot.

Et l'abondance de la récolte 2022 pourrait s'ajouter comme facteur limitant...  

Loire
Saumur sur une décennie.


www.larvf.com/tresor...

J'apprécie que le post d'Oliv mette en perspective d'autres régions, car le fil "Inflation" traite beaucoup de l'évolution des prix bourguignons (à raison).

Et si les analyses exposées ici laissent entrevoir une décrue sur cette région (déjà amorcée ?), cela masque peut-être les tendances haussières ailleurs (Jura, Champagne) où l'amateur n'est pas encore tirée d'affaire ! 

USA
Le prix moyen d'une bouteille de Napa Valley dépasse dorénavant 100$ !

www.forbes.com/sites...

La Loire n'est en effet pas en reste.
Le savennières clos de la hutte de Boudignon millésime 2019 prix caviste : 55€. Le 2020 sera à 75€.
Les grandes Rogeries 2019 de terra vitæ vinum : 52€ (prix le plus bas constaté), le 2020 annoncé à 80€...

 

Certains en Loire tente un positionnement haut de gamme sur les prix (parfois directement au début/redémarrage du domaine comme Terra Viti Vinum, Plaisance, Belargus) mais je n'ai pas l'impression qu'ils rencontrent un franc succès à part quelques domaines prestigieux  genre Boudignon ou minuscules et hype genre Chateau de Bonnezeaux. Même Roche Neuves qui a une bonne réputation chez les critiques, on trouve les cuvées haut de gamme dispo sur plusieurs millésimes. Donc je dirais qu'il y a encore moyen de se faire plaisir en Loire et que l'absence de parcellisation très poussée comme en Bourgogne favorise la réputation d'un domaine plus que d'une zone géographique. 

Je souscris à ton analyse, Charles, effectivement en Loire à mon sens il reste possible d'accéder au sommet (ou presque) qualitatif, si on est prêt à renoncer aux Domaines les plus recherchés dont tu cites une partie. Pourvu que ça dure!
C'est bien sûr en train de changer, mais j'ai la sensation que ça va mois vite (question d'échelle sans doute) que sur le Jura par exemple, où les prix se sont emballés sans laisser autant d'opportunités de se rabattre sur d'autres Domaines de niveau équivalent.

Cela s'explique assez aisément le vignoble Jurassien  est non seulement petit en surface mais beaucoup de domaines ont des rendements très maîtrisés voir faibles. Après vu qu'il s'agit de vins clivants (et pas que les oxydatifs) la demande doit être moindre également (enfin j'espère ).

Qu'y a t-il de clivant dans un chardonnay ouillé du jura ? 

Ça dépend lesquels. Mais ils peuvent avoir par exemple des notes tourbées qui peuvent désorienter le dégustateur non averti. Ils sont souvent aussi plus concentrés et fougueux qu'un blanc bourguignon. Bon, moi j'adore, mais il est probable que ça ne plaît pas à tout le monde. 

Eric m'a devancé. Les blancs ouillés jurassiens ont une vrai personnalité qui peut plaire (c'est mon cas) ou pas.

Après il y a aussi le côté " psychologique" où les blancs du Jura sont assimilés à vins oxydatifs (à tort ou à raison ce n'est pas le propos), on voit d'ailleurs de temps en temps sur des CR les expressions: " c'est le Jura", "on est en plein Jura",... pour des vins qui ne sont même pas jurassiens et ouillées .

Garfield écrit:

Certains en Loire tente un positionnement haut de gamme sur les prix (parfois directement au début/redémarrage du domaine comme Terra Viti Vinum, Plaisance, Belargus) mais je n'ai pas l'impression qu'ils rencontrent un franc succès à part quelques domaines prestigieux  genre Boudignon ou minuscules et hype genre Chateau de Bonnezeaux. 

Je suis passé l'an dernier à Belargus, ils semblaient n'avoir quasiment plus rien à vendre.

Eric B écrit:

Ça dépend lesquels. Mais ils peuvent avoir par exemple des notes tourbées qui peuvent désorienter le dégustateur non averti. Ils sont souvent aussi plus concentrés et fougueux qu'un blanc bourguignon. Bon, moi j'adore, mais il est probable que ça ne plaît pas à tout le monde. 

Sans compter qu'il y en a un certain nombre qui passeraient (passent) inaperçus dans une dégustation de bourgogne...y compris des savagnins d'ailleurs.

Ah mais tout à fait 😉

Reçu les prix des 2021 de chez Trapet cette semaine et comment dire... je n'ai pas l'impression que le début de reflux des prix annoncé par certains soit arrivé jusque chez lui !
Je sais bien que le millésime avait de petits volumes mais là c'est vraiment n'importe quoi...
715€ le chambertin, 160€ les 1er crus et 75€ la cuvée Ostrea (!!) je pense que je vais passer mon tour...

Complément : 
latricieres chapelle. 530€
chambertin magnum 1480€

 

Benji écrit:

Garfield écrit:

Certains en Loire tente un positionnement haut de gamme sur les prix (parfois directement au début/redémarrage du domaine comme Terra Viti Vinum, Plaisance, Belargus) mais je n'ai pas l'impression qu'ils rencontrent un franc succès à part quelques domaines prestigieux  genre Boudignon ou minuscules et hype genre Chateau de Bonnezeaux. 

Je suis passé l'an dernier à Belargus, ils semblaient n'avoir quasiment plus rien à vendre.
 

Même en occasion ?

francois999 écrit:

Complément : 
latricieres chapelle. 530€
chambertin magnum 1480€
 

jevousprendspouruncon.com
 

francois999 écrit:

Complément : 
latricieres chapelle. 530€
chambertin magnum 1480€


 

C'est là qu'on se rend compte qu'il n'y a pas que le prix du vin qui augmente mais aussi le prix du verre : prix(magnum)-2xprix(bouteille 75cL)=50€

Trapet, comme comme beaucoup de domaines bourguignons, est maintenant plus cher en premiere main qu'aux enchères. Curieux de voir si cela est pérenne. 

Il me semble preferable d'acheter un millésime mature, dont l'evolution est connue, aux enchères plutôt que le dernier millésime, plus cher, directement chez le producteur. J'achète beaucoup en vente publique et les problèmes de conservation et de provenance sont en pratique négligeables (tant que l'on achète des bouteilles à niveaux corrects). 

Post de 2004 sur le prix des Bordeaux:

Olif post=67889 userid=925
"Mais enfin, nous ne sommes pas ici pour discuter de politique, je propose donc qu'on en revienne au vin."

Tout à  fait, Luc, et je vais donc raisonner comme l'amateur de vin au premier degré!

"tu préfères te rassurer en te disant que tu auras payé ton Coche Dury "à  un prix normal", tout en omettant de dire que le canal de distribution du Coche Dury exclut inéluctablement le plus grand nombre"

La démocratisation, ce n'est pas céder aux sirènes du marché et régaler le plus grand nombre! Montrose 2003 qui fait la culbute pour le plus grand plaisir des nantis qui veulent juste un produit de spéculation, cela ne joue guère en faveur du vin en lui-même! Par contre, on peut interpréter la méthode Coche-Dury comme une prime à  la fidélité. Un peu facile de venir chercher le vin quand tout le monde en veut et l'ignorer quand la qualité supposée du millésime n'incite pas à  la spéculation! Le vrai amateur de vin n'en a cure, en général, et lorsqu'il a la chance de pouvoir bénéficier d'un tel privilège n'est pas incité à  le corrompre de façon inconséquente! Il prend, il goûte, il compare, et au final se fait toujours plaisir, parce qu'il gagne en connaissance du vin et de soi-même!

Pour en revenir au message initial, je ne suis pas convaincu qu'il faille obligatoirement baisser le prix des Bordeaux. La qualité se mérite, mais dans le même temps, il faut savoir rester sur terre! Ceux qui sont trop chers ne devraient récolter que le mépris de l'amateur, les sincères, qui sont souvent dans le même temps raisonnables au niveau des prix, devraient susciter un réel engouement.

La vraie démocratisation, ce serait le juste prix, appliqué par le producteur, et respecté par le consommateur, excluant le spéculateur, mais l'argent facile, c'est tellement tentant!

Olif

Marrant de remettre ces discussions de 2004 sur les Bordeaux dans le contexte Bourguignon actuel!!!
Quelques divergences par rapport à l'époque mais que de points communs!!!

Manu

C'est la crise, il parait...

www.thedrinksbusines...

Salut,
En fouillant au fin fond d'un tiroir, je suis "tombé" sur une facture Rossignol Trapet du millésime 2012: le gevrey vieilles vignes était à 26,50ttc et le gevrey 1er cru petite Chapelle à 56euros ttc.
Pour 2021 on passe respectivement à 45euros ttc et 113euros ttc...........Soit +10%/an depuis 10ans pour les 1er crus.
Quand la Bourgogne fait mieux que la bourse....

pourtant ces bouteilles sont quasiment données gratuitement par les vignerons..

Le Petit Dromois écrit:

Trapet, comme comme beaucoup de domaines bourguignons, est maintenant plus cher en premiere main qu'aux enchères. Curieux de voir si cela est pérenne. 

Il me semble preferable d'acheter un millésime mature, dont l'evolution est connue, aux enchères plutôt que le dernier millésime, plus cher, directement chez le producteur. J'achète beaucoup en vente publique et les problèmes de conservation et de provenance sont en pratique négligeables (tant que l'on achète des bouteilles à niveaux corrects). 

Ce phénomène est tout à fait commun pour les GCC de Bordeaux (surtout avec les hausses de prix absurdes du millésime 2022) et il ne semble pas que les propriétés en souffrent. @Agitateur doit avoir une meilleure vue d'ensemble des finances du commerces bordelais, mais je tends à penser que ce sont les négociants qui portent l'essentiel de la charge financière des stocks et non les propriétés.

La structure et le volume du marché bourguignon ne sont pas comparables mais tant que le principal déterminant de l'achat sera l'exclusivité plutôt que le prestige, je ne vois pas de difficulté de vente en première main pour les producteurs stars/appellations stars. En revanche, il est concevable que les génériques & villages non-nuitons soient victimes de leur prix et du snobisme du marché qui n'acceptera plus les ratios de ventes liées (par exempe 10 génériques pour 2 PC & 1 GC), créant des difficultés pour tous les producteurs avec des gros lots d'invendus.

oulababa écrit:

pourtant ces bouteilles sont quasiment données gratuitement par les vignerons..

Je vais être vulgaire, que les yeux sensible s'en aillent.

Mais putain de bordel de merde !

Pas né du bon côté de la frontière ? Y'en qui devraient faire un stage en CdR, en pays d'oc, en bdx générique, etc....
C'est vrai que chez Ferrari ils ne sont pas nés dans la bonne ville, Modène ça nourrit pas son homme. Ils seraient à Molsheim ou à San Cesario sul Panaro, ils pourraient vendre plus cher....
C'est vrai, les enfants Pinault sont mal nés, ils auraient pu naitre Arnault....
 

Agitateur, on sait que la délicatesse de M. Essa est proverbiale, et ce à tous les points de vue. Ces prix suffocants sont à la fois une "blague" et une insulte à l'immense majorité des vignerons des autres régions de France, y compris là où les prix ont considérablement augmenté ces dix dernières années

agitateur écrit:

Pas né du bon côté de la frontière ? Y'en qui devraient faire un stage en CdR, en pays d'oc, en bdx générique, etc....
C'est vrai que chez Ferrari ils ne sont pas nés dans la bonne ville, Modène ça nourrit pas son homme. Ils seraient à Molsheim ou à San Cesario sul Panaro, ils pourraient vendre plus cher....
 

Pagani nie et pense que tenir ce genre de propos c'est pisser dans un violon.

Sur les propos de Patrick Essa je pense surtout que c'est du 2nd degré, il ne s'est jamais caché de vendre des vins très chers (quoique cela se discute quand on voit le prix des voisins et la qualité de leurs vins). Il a lui l'honnêteté de dire que les vins sont chers. Il assume. C'est pas le cas de beaucoup en Bourgogne dans les appellations "prestigieuses".