Merci pour vos réactions...
Concernant le "plus jamais ça", je vous renvoie au début de mon premier message et j'en rajoute une couche: un chauffard qui tue un innocent est quelque chose de profondément "normal", que vous le vouliez ou non.
Reste à bien définir ce que signifie ce "normal". Je vous la fais courte: si, dans une société, 1)les voitures existent, et 2)l'alcool existe, alors...3)les mecs bourrés qui tuent des gens avec leur voiture existent. C'est quelque chose de "normal" (ce raisonnement, ça n'est pas moi qui l'ai inventé, c'est Durkheim, à propos du suicide). Si vous n'êtes pas d'accord avec ce constat, je vous pose cette question: pouvez-vous me citer une seule société où la voiture et l'alcool existent et où il n'y a jamais d'accident lié à l'alcool?...
Je ne joue pas sur les mots. Ce constat, ce n'est pas un jeu sémantique, il a, au contraire, énormément d'importance. Pourquoi? Parce qu'il implique une chose: qu'on ne pourra jamais "tuer la connerie", comme tu le dis jmm, c'est à dire qu'il y aura toujours des chauffards qui renversent des innocents, à partir du moment où on tolère à la fois la voiture et l'alcool dans nos sociétés. Dès lors, vouloir "tuer la connerie" (l'alcool au volant), c'est le plus grand des mensonges, le plus grand des leurres, la plus grande des foutaises, la plus grande des fumisteries, le plus grand scandale. C'est comme vouloir "tuer la criminalité", "tuer la guerre", "tuer la drogue", "tuer le suicide". C'est un principe purement idéologique, c'est une carotte donnée à des ânes, c'est une affirmation anti-réflexive, c'est apporter une solution avant de poser tout le problème, c'est ignorer toute la complexité de ce même problème, bref... c'est de la pure connerie (à mon sens). C'est la négation de la réalité et la porte ouverte au grand délire.
Tout ce qu'on peut désirer intelligemment, c'est de "limiter la connerie", pas la tuer. Et ça n'est pas du tout la même chose. Limiter la connerie, cela implique de réfléchir sur la meilleure manière d'y parvenir, de peser le pour et le contre de chaque réforme envisagée, etc etc... et cela implique de se demander, à tout moment, jusqu'où on doit aller. Je vous donne un exemple: j'ai une solution imparable pour limiter l'alcool au volant: on supprime la voiture. Est-ce une solution souhaitable, c'est à dire dont, aujourd'hui, l'intérêt l'emporte sur les inconvénients? Non. Et pourtant, on peut penser a priori que cela sauverait des gens. "Plus jamais ça" dites-vous... Allons-y, je vous regarde....
Le chauffard meurtrier, lui, a au moins cette "excuse" : il n'a pas voulu ce qu'il a fait, il ne l'a pas fait volontairement. Je le dis et je le répète, ce "plus jamais ça" est une terrible agression contre l'intelligence parce qu'il réduit le débat à une fin simpliste et figée, en omettant de plus de se pencher sur les moyens. C'est avec des raisonnements comme ça, braillés par des démagogues et reçus avec une satisfaction béate par des ânes que, dans des domaines plus graves, l'humanité a fait les plus grandes conneries. La légitimité à dire plus jamais ça n'est pas "totale", elle est, dans ce cas, absolument nulle. Voilà .
Concernant le facteur temps et l'inénarrable réussite de Saint-Sarkozy, j'y avais pensé mais je ne voulais pas encombrer la réflexion, mes interventions sont déjà suffisamment longues. Trois remarques:
1) Cinq mille morts en 20 ans (1972-2001), ça n'est pas 2000 en deux ans effectivement, mais ça tend tout de même à prendre une certaine importance dans un contexte ou le parc automobile a triplé. Explication caricaturale mais pas dénuée de sens: 12000 morts x3= 36000 morts à "taux de voiture" constant. 36000-8000= 28000 personnes "sauvées" par an, et la "performance" de Sarkozy en prend un sacré coup par rapport à la "performance" non médiatisée du ministre ou député qui a promulgué le décret ou loi imposant aux constructeurs de faire un crash-test. Et moi je me marre de voir sa trogne auto-satisfaite et donneuse de leçons partout.
2) Avec les même moyens utilisés pour "sauver" 2000 personnes sur la route (moyens qui sont proprement faramineux), combien de personnes aurait-on pu sauver via un renforcement de la lutte contre le cancer, un maintien de certaines unités hospitalières en zone rurale, une amélioration de l'état des urgences hopitalières, etc (550000 morts par an en France tout de même)? Je ne tranche pas, je n'en ai bien sûr aucune idée, mais je pense qu'il était indispensable de se poser de telles questions avant de se lancer... Evidemment, cela implique de ne pas baver du "plus jamais ça" à tout bout de champ...
3) Dans une société comme la notre, la plus grande injustice est-elle la mort annuelle de quelques centaines de personne sur les routes? Est-il normal que la question de la sécurité routière occupe une place aussi importante dans les médias? Au risque de vous choquer, je dis non. Et je dis que si des gens comme Sarkozy se focalisent sur ces questions, c'est uniquement pour flatter l'inconscience et la connerie dans le sens du poil.
"Il n'est d'ailleurs pas besoin d'être grand physicien pour comprendre que la cause principale en cause et de tout temps est la vitesse et que c'est le conducteur qui en a le total contrôle".
Ma réponse: je n'ai pas vu Sarkozy imposer aux constructeurs automobiles de brider leur voiture... que se passe-t-il, je croyais qu'il était partisan de la répression (bbb)? Ah oui... il est vrai que c'est de la répression vis-à -vis des méchants et très coupables alcooliques dont on parle, pas de la répression contre les gentils constructeurs qui ne pensent pas qu'à faire de l'argent avec leurs grosses voitures survitaminées qui se vendent très cher... Sarkozy, roi de la "répression différentielle"? Hmmm...Qu'en des termes galants ces choses là sont dites...
"Sarkozy applique ce principe de sévérité et il a des résultats, point".
Ma réponse: dans un monde parfait, les raccourcis intellectuels n'existeraient pas. Comment dit-on déjà ...ah oui: "plus jamais ça".
Et je vomis sur les hommes politiques démagogues et malhonnêtes (tous ne le sont pas, heureusement).