Le 1er prix chez Mitjavile est un bordeaux supérieur : le chateau Palanquey que l'on trouve à environ 11 € .C'est un bordeaux de belle facture, bien équilibré et assez souple.Rien à voir avec le reste de la gamme que j'apprécie particulièrement même si les prix sont de plus en plus élévés chez ce viticulteur de talent.

Olivier

Merci de la précision.
D'ailleurs, un "L" ou deux à "Mitjavil(l)e" ?

Une question pour le future livre concernant l'article Mitjaville. Y aura t'il un encart sur les différentes propriétés comme l'Aurage, cambes etc etc de la famille ?

Faudra voir avec mon maquettiste préféré (PEIO). Mais a priori, je dirais non.

En fait un "l", il faut que je corrige

C'est que la faute est tellement répandue... Enfin l'étiquette ne saurait se tromper...

Eric,

merci pour ce magnifique CR de la visite à TR. Son propriétaire et son approche du vin me permettent de mieux comprendre pourquoi ce vin semble tellement à part dans le paysage bordelais. Et cela donne envie de rendre visite à ce domaine....

Pierre

Tertre Roteboeuf 2001 : bu ce weekend avec d'autres 2001, robe aucunement évoluée, nez très aromatique sur les fruits noirs (myrtille, cassis) mais aussi de sous-bois, bouche très puissante de fruits noirs et de truffe avec un je ne sais quoi de très exotique tout en restant très bordeaux. C'est le plus riche et le plus puissant des vins goutés ce soir-là, un de mes préférés aussi. Il y avait Mission Ht Brion, Haut-Bailly, Pavie Macquin et Montrose.

Pierre

Bonjour,

Ouvert ce WE un Tertre Roteboeuf 1997.
Ouvert et épaulé 2H00 puis ensuite carafé 30 min.
Très, très peu de dépôt. Le bouchon a failli éclaté (lié au problème du tire bouchon) mais j'ai réussi à le faire venir d'un seul coup. Bouchon encore souple et peu marqué uniquement sur 1 ou 2 mm.

Un vin complexe mais aussi compliqué.

Oeil : dans les grenats avec de léger reflet oranger sur le bord du verre, très brillant et limpide!
Nez : Très joli nez sur les fruits rouges (de type cerise), une note florale (de type fleur séchée pour les pots pourris (attention, odeur agréable)), un peu une note animale de type cuir et de sous-bois avec quelquechose de bois précieux ou de boîte à cigare qui prend le pas sur la fin.
Bouche : On ressent nettement le cèdre, le bois précieux me faisant légèrement pensé à une Muntada 98 (étrange! et je ne sais pas d'où est venu cela dans mon esprit). L'attaque est souple même si on sent une certaine acidité rendant le vin frais. Je suis étonné de cette acidité (pas désagréable mais étonnant). Les tannins sont fondus avec un grain un peu suave. Une très belle longueur sur le cèdre et le bois précieux est assez impressionnante et complètement dans la fraîcheur. La bouche a une structure assez étonnante car bien mais il y a un truc qui me chiffone et je ne sais pas quoi (est-ce l'acidité? ou est-ce le ressenti du cèdre? ou autre choses). le vin a aussi une sacré amplitude. La bouteille est descendue mais les gorgées se faisaient lentement car il y en a en bouche.
Mais, ce fût un beau vin mais il y a un truc un peu compliqué dans la bouche qui donne un ressenti difficile à transcrire.

A suivre!

Cordialement,

Sylvain

Tertre Roteboeuf 1999 : après avoir attendu un peu plus d'un an pour goûter une nouvelle TR 1999, je me suis régalé ce weekend. Robe sombre sans traces d'évolution, nez enivrant de baies rouges et d'eucalyptus. En bouche, c'est magnifique de finesse et de concentration. On retrouve les mêmes arômes avec un côté très exotique et très bordelais à la fois (mais je crois que je l'avais déjà dit dans un autre CR). On s'attend presque à un poids lourd après le nez et c'est une danseuse étoile avec un punch à la Tyson. C'est beau, c'est long, c'est bon. C'est pas seulement un vin bien fait selon ma conception du vin mais c'est aussi un vin d'artiste, c'est-à-dire avec une panoplie de couleurs que peu de viticulteurs arrivent à utiliser pour magnifier leur oeuvre.

Pierre

Il y a deux notions importantes en relation avec les vins de macération : c’est, d’une part, celle de profondeur et, d’autre part, celle de fraîcheur, de dynamique aromatique, qui n’est pas en relation avec l’acidité. Emile Peynaud, le visionnaire, l’avait déjà dit : les grands vins seront toujours des vins d’acidité faible, des vins difficile à élever.

A méditer comme beaucoup d'autres propos rapportés dans un article de Jacques Perrin à ne pas rater:
ICI

Pas grand chose à jouter au magnifique cr de pierrot auquel j adhéré en tous points.

Ce tertre 99 nous montre ce que les grands bordeaux peuvent faire de mieux dans un millésime si ce n est ingrat disons médiocre.

Effectivement, le nez est absolument envoûtant, on se noierait dans le verre et la complexité des arômes repoussent nos sens analytiques dans les brancards et on ne souhaite plus que de se laisser porter par le voyage qu'il nous propose.

En bouche, la concentration n est pas de mise et on retrouve un vin sapide, tout en dentelle avec un touché qui n est pas sans rappeler ce que l on ressent en buvant rayas par exemple.

Moi aussi j ai adoré, seul regret je n en ai plus, quand je pense que j avais payé ce vin 35 euros à l époque....

Alex

Tertre Roteboeuf 1988

J'ai tenté l'oxygéntaion lente d'une 20aine d'heures.

La robe est évoluée, d'une très jolie couleur pourpre.
Le nez est sur le fruit rouge et des notes tertiaires de sous-bois/humus.
En bouche on retrouve les arômes du nez, la vin est d'une grande finesse, le tout est très bien fondu avec une jolie fraîcheur. La finale est d'une grande longueur.

Une excellente bouteille selon moi.
Il m'en reste une, que j'ouvrirai bientôt je pense.

Un vin bu lors d'une superbe semaine en Bretagne !



Château Tertre Roteboeuf 1996
Épaule d'agneau aux herbes de Provence, pommes de terre nouvelles de l'Ile de Batz

Oliv
La robe est jeune, sur des notes bordeaux sombre et un disque encore bien coloré.
Le nez est puissant, plus concentré et primaire que le Canon et le Pavie, sur les fruits noirs, une pointe végétale et de belles notes chocolatées.
La bouche attaque sur une matière encore jeune, d'une ampleur sans aucun excès de rondeur qui commence à présenter un équilibre avenant.
L'acidité est haute mais bien intégrée à un joli jus charnu. Le vin est savoureux quoiqu'encore un peu énergique à mon palais.
La présence tannique se révèle sur la finale où elle étire le vin sans pour autant l'assécher.
Très beau vin, à attendre encore un peu pour qu'il gagne en complexité.

Totolouga
Un nez très agréable sur les fruits noirs. On sent un peu l'élevage tout de même.
En bouche les tannins ne sont pas totalement fondus mais j'aime beaucoup.
B+

Bonjour

Ouvert ce midi un Tertre Roteboeuf 1997.

Ce fût un réel plaisir.

Oeil : un début d'acajou mais sombre. Brillant.
Nez : quel nez! Mûre, santal, cèdre, fruits rouges (groseilles), sous bois, menthe fraîche
Bouche : superbe bouche superbement fraîche. Mûres et cèdre joliment ressenti. Les tannins sont fondus avec un touché suave. En milieu de bouche, le vin amplit bien la bouche pour se terminer avec une belle finale fraîche et fruitée (menthe, framboise et mûre).
Les derniers verres sont encore plus succulents.

Très belle bouteille qui a été vite vide en moins de 2 à 3 et demi.

Cordialement

Sylvain

Lors d'une belle semaine en Bourgogne.



Château Tertre Roteboeuf, Saint Emilion Grand Cru, 1997
Persillé de boeuf Angus à la plancha, jus de viande au soja

Enzo
Bue à l’aveugle.
Le nez est classe, épicé, résineux, envoûtant et plein.
La bouche de caractère sudiste et très mûre est superbement équilibrée, pleine de saveurs, délicate et sans lourdeur. J’ai beaucoup de mal à en faire un Saint-émilion tant sa maturité haute est atypique à mon sens, surtout dans un tel millésime et cet exploit force le respect. Aucun creux, une bouche pleine comme le nez, des tannins fondus et suave, un élevage qui porte le vin et une finale très longue en font un grand vin à maturité. Superbe.
Excellent.
Oliv
La robe est belle, sur un grenat orangé plutôt clair.
Le nez est absolument somptueux, sur des notes de fruits noirs frais avec un enrobage épicé (tabac blond) et balsamique brillant de classe et de précision !
La bouche est d'une suavité redoutable, sans une once de début d'austérité, déroulant un corps charnu et équilibré, avec des tanins de soie.
Seule réserve pour ma part mais dont je pesterai toujours de ne savoir s'il n'est pas imputable à la température de service un peu élevée, une pointe de chaleur qui chatouille la finale.
Très beau vin !

Oliv, Enzo,

Vous n'en avez pas en rab....
je suis preneur.

()

Sylvain

Bu lors d'un merveilleux week end

Château Tertre Roteboeuf, St Emilion Grand Cru, 1995



Oliv
Robe grenat violet aux notes d'évolution sur l'extérieur du disque.
Nez d'une grande noblesse, la toute grande classe bordelaise comme on aimerait la retrouver plus souvent, sur les fruits noirs, la résine de pin, le santal, une toute petite volatile.
L'attaque en bouche est remarquablement équilibrée, sur un volume à la chair pleine parfaitement étirée par une acidité haute qui lui donne énormément de fraicheur. L'aromatique est très complexe, sur les fruits noirs, le paprika et de belles notes balsamiques et épicées.
La finale savoureuse est marquée de petits tanins qui doivent pouvoir encore gagner en fondu.
Très beau.

Enzo
Nez d'une élégance folle, très subtil sur le résineux, le tabac blond, la cendre, le poivron rouge. C'est mûr, complexe et bouge beaucoup dans le verre sur le fumé, la mine de crayon. Un grand nez.
La bouche est juteuse, d'une grande fraîcheur mais sans aucun déficit de constitution tant le gras enrobe le vin tout en douceur tactile absolue grâce aux tannins fondus. L'équilibre est génial et la maturité des tannins de ce millésime frais est remarquable et lui confère un charme glissant et délicieux.
Finale à l'image du reste, dans l'élégance mûre. Un tout grand vin et dans mon top 3 des bordeaux bus.
Excellent +.

Château Tertre Roteboeuf, St Emilion Grand Cru, 1998

Ce que j'aime dans les vins de Mitjaville (j'avais surtout bu Roc de Cambes jusqu'ici), je le retrouve dans cette bouteille: une sensualité rare à Bordeaux - et sans fard.

Le nez est magnifique: fruité, épicé, grillé, d'une grande intensité. En bouche, le vin est d'abord un peu fermé et assez sec. Mais il se révèle avec l'aération pour finir sur une opulence sans lourdeur, un raffinement aromatique sans artifice. Le vin affiche une bonne longueur et une belle chair. Excellent.

Ralf

CR :

Lors de mon séjour dans le Bordelais en mai dernier et après une visite chez Mr. Durantou de l’Eglise Clinet, j’ai eu l’immense joie de passer quelques heures avec un autre artiste, François Mitjavile, au Tertre Roteboeuf pour une visite que je n’oublierai jamais.
L’endroit est absolument magnifique : un vignoble en côte (en bout de côte Pavie je pense), superbement exposé, avec une vue imprenable sur la plaine. C’est un des plus beau vignoble que j’ai vu, encore magnifié du point de vue situé sur la pelouse de la maison (le château) ; un lieu qui dégage la sérénité, la poésie mais aussi la grandeur…
Le personnage est un des plus intéressants et attachants que j’ai pu rencontrer dans le monde du vin. Une immense culture, une gentillesse clairement sensible, des convictions profondes ; c’est un plaisir que de converser des heures avec lui. Nous avons même fini sur des sujets qui ne concernent pas le vin, mais la science, la philosophie, l’existence. Cet humaniste est dangereux tant il est séducteur. En tous cas, il m’a séduit. Passionnant !
Je ne vous raconterai pas plus notre conversation, si ce n’est le point fondamental, pour ce forum, qui est que Mr. Mitjavile veut des vins qui ressemblent à l’endroit et au millésime dont ils sont issus, et c’est pour cela qu’il ne fait pas de sélection. Il pourrait produire un vin ‘normé’ qui se ressemble année après année mais il se refuse à le faire. Donc que les années soient chaudes, fraîches, pluvieuses, simples ou compliquées à gérer, tout cela lui va tant que son vin reflète ce que les vignes ont vécu. Il a un faible pour les années tardives avec des vins sur le fruit (il aime le fruit) mais avec autre chose, cette limite où le fruit est jeune, mâture mais commence à entrer dans une autre période et amène des arômes et des sensations délicates et « décadentes » comme il les appelle. Pour lui, l’élevage est là pour polir le vin, le civiliser, le complexifier mais pas pour lui donner des tannins ni des arômes de bois ou de chauffe. Il est fidèle depuis des années au même tonnelier. Il aime la fidélité.
Quant aux vins… J’ai pu goûter le Tertre Rotebeouf 2014 sur fûts. En un mot, j’ai tout simplement ressenti une émotion profonde en buvant ce vin. Il m’a transporté dans une ballade, en fin d’une belle soirée d’été indien, dans un sous bois. Je ne suis jamais très poète dans mes descriptions, plutôt analytique, mais là l’émotion y était. Quelques jours après, j’ai entendu ‘Clair de Lune’ de Debussy au piano et je me suis aussitôt rappelé de la dégustation de ce 2014 !
Le vin est délicat, sur des arômes floraux et de fruits rouges légers, de sous-bois, d’épices douces. C’est déjà complexe. C’est un nez peu courant et j’adore. La bouche est à l’avenant, dans l’équilibre, la tension et la tendresse alors qu’elle est concentrée, les tannins… quels tannins ? ah si, il y en a mais si soyeux, vous amenant à une finale longue, gracieuse, subtile avec une touche minérale très nette. Quel vin ! Je crois qu’il est déjà « tout fait ». Un St Emilion très sensuel, très bourguignon ; aucun doute.
Comme Mr. Mitjavile voyait que son vin nous enchantait, nous avons dégusté d’autres vins : le côtes de Castillon familial, Domaine de l’Aurage. Je ne me souviens plus du millésime mais jeune ; le vin était excellent, plus ‘classiquement’ bordelais que Tertre Roteboeuf mais avec une bouche succulente et veloutée. Je vais m’intéresser à ces vins ! Nous avons aussi goûté Roc de Cambes (son côtes de Bourg) 2009 ou 2005 (je n’ai pas pris de notes), qui dans ce millésime, donne un vin solaire, vigoureux, puissant mais toujours avec une bouche savoureuse, douce et veloutée grâce à des tannins magnifiques de finesse et de sensualité. Nous sommes repassés au Tertre Roteboeuf sur 2013, en fin d’élevage, soyeux à souhait, intense et délicat, légèrement torréfié, magnifique.
Si Mr. Mitjavile lit ces lignes, je voudrais le remercier pour son accueil et ses vins magiques, qui sont sans aucun doute, parmi mes préférés. Cette visite ne fait que confirmer cela. Et je voudrais l’assurer de mon profond respect et de la grande joie que j’aurais à revenir au Tertre Roteboeuf ou à Roc de Cambes, histoire de voir un autre magnifique vignoble

Superbe reportage !
A rapprocher de celui fait par Eric B, il y a quelques semaines...

Autant dire que je me retrouve entièrement dans ta description du personnage et de l'ambiance de Tertre Roteboeuf

Super! Cela donne envie!

Sylvain

effectivement, vraiment une personne que j'aimerais rencontrer, merci pour ce retour.
tu n'as pas gouté le domaine de Cambe?

cette limite où le fruit est jeune, mâture mais commence à entrer dans une autre période et amène des arômes et des sensations délicates et « décadentes » comme il les appelle

ça me parle vraiment et c'est tout ce que j'aime dans ses vins, unique sur Bordeaux.

Si si, il est allé chercher derrière un Roc de Cambes sur 2005 ou 2009, comme je dis plus haut je ne sais plus, mais une année solaire
Et j'avais bu un 2010, magnifique, le we d'avant. J'aime beaucoup ce cru aussi. C'est plus puissant que Tertre Roteboeuf, qui est plus délicat. Enfin, ça dépend des millésimes.

jmg écrit: Si si, il est allé chercher derrière un Roc de Cambes sur 2005 ou 2009, comme je dis plus haut je ne sais plus, mais une année solaire smiling smiley
Et j'avais bu un 2010, magnifique, le we d'avant. J'aime beaucoup ce cru aussi. C'est plus puissant que Tertre Roteboeuf, qui est plus délicat. Enfin, ça dépend des millésimes.

La question portait sur son Bordeaux, le Domaine de Cambes, récolté sur les palus de Bourg sur Gironde, qui ne peuvent rentrer dans Roc de Cambes, puisque récoltés hors zone AOC.

Ok pardon.
Non, nous n'avons pas goûté 'le domaine' de Cambes. Mr. Mitjavile nous a cependant dit qu'il se vendait très bien en France.

Après une petite mésentente avec la secrétaire sur l'horaire, je suis invité à patienter dans le salon en attendant que Nina Mitjavile, la fille de François, ne revienne avec un groupe suédois puis un peu plus tard avec un second groupe français. C'est l'occasion d'aller admirer le point de vue et de prendre quelques photos. La visite est particulière, moitié en français, moitié en anglais... mais tout se fait dans la bonne humeur ; ici on prend son temps, près de 3h de discussion et de dégustation.

La maison familiale, très sobre par rapport à Pavie. Le premier millésime est 1978 pour le Tertre. Puis le domaine a souhaité s'aggrandir, mais n'a pas trouvé de belles vignes en pente accessibles sur Saint-Emilion d'où l'achat du Roc de Cambes en Côtes de Bourg à la fin des années 1980, ainsi que du domaine de Cambes, partie plate du Roc qui n'entre pas entièrement dans l'air d'appellation Côtes de Bourg, d'où l'AOC Bordeaux. Le travail et les moyens mis en oeuvre au Roc sont exactement les mêmes qu'au Tertre.

Les vignes du domaine, seulement 5 hectares, sur les pentes sud de Saint-Emilion. Au fond à droite on aperçoit l'église de Saint-Laurent des Combes. C'est un endroit privilégié de l'appellation, qui permet d'avoir beaucoup de soleil mais aussi de la fraîcheur. Les sols sont argilo-calcaires, avec environ 80% de merlot, 20% de cabernet franc. Ce qui caractérise le Tertre Roteboeuf c'est la recherche d'une haute maturité, toujours à la limite de la surmaturité, pour avoir des vins très fruités et gourmands. Tous les choix qui sont faits à la vigne ou au chai en découlent. Les vendanges se font très rapidement, en une journée généralement, pour cueillir exactement le jour où la maturité souhaitée est atteinte, mais aussi parce qu'il n'y a qu'une seule parcelle ici alors que les autres domaines ramassent parcelles par parcelles sur plusieurs semaines parfois.

Dans les vignes, on fauche (on ne désherbe pas) un rang sur deux pour laisser de quoi se cacher aux insectes. On utilise ensuite la taille de l'herbe pour absorber plus ou moins d'eau selon le temps. C'est une des rares propriétés du secteur à ne pas utiliser la taille Guyot. Les vignes sont enfoncées plus profondément dans le sol qu'ailleurs. Selon Nina Mitjavile 95% du travail se fait à la vigne, qui doit être cultivée comme un jardin. 5 employés y travaillent, chacun sur un hectare. Tous aident au chai lorsqu'il y a besoin, mais "il n'y a pas assez de travail pour y prendre un employé à temps plein".

Les fûts du millésime 2014, 70 barriques de 225L. Dans le chai, la température est élevée pour que les vins "travaillent" constamment, alors qu'ailleurs ils sont "en pause" tout l'hiver. De plus, la durée d'élevage est particulièrement longue, elle peut durer plus de 2ans. A la mise en bouteille les vins doivent être prêts à boire, commencer à développer des arômes tertiaires pour ensuite ne pas connaître de phases de fermeture.

Les cuves de fermentation et quelques-uns des fûts de 2013, seulement 35 barriques à cause de fortes pluies au moment de la floraison ! Pas de parcellaires au domaine, tout est assemblé dans un seul vin dès le départ. Lors de la macération, il n'y a que des remontages, pas de bâtonnages ou de pigeages pour garder la pureté du fruit. Les malo se font en barriques.

Un seul type de fût au Tertre Roteboeuf, uniquement du 100% neuf, ce qui permet d'éviter toute "cacophonie" qu'apporteraient des fûts divers, mais aussi d'avoir une relation privilégiée avec le distributeur qui garde ses meilleurs bois pour le domaine.

La dégustation :

Tertre Roteboeuf 2014 : couleur grenat, bien moins sombre que Pavie (un peu plus que La Conseillante), nez sur les fruits rouges très mûrs, confiturés, un peu de cassis, et dans le fond un côté légèrement désagréable, d’épices apporté par l’élevage ? La bouche est superbe, assez puissante, très bonne matière, de la fraîcheur, de la tension, des tannins déjà soyeux, la longueur est au rendez-vous. Très prometteur. TB.

Tertre Roteboeuf 2013 : (seulement 35 barriques contre 70 en 2014 à cause de fortes pluies, embouteillage prévu bientôt mais aucune n’a encore été déterminée). Couleur un peu plus claire, nez de fruits rouges très mûrs, confiturés, un côté caramel lié à l’élevage, bouche plus légère que 2014, tannins très soyeux, beaucoup de fruits et de gourmandise, un petit côté sucré, un peu moins d’acidité que 2014, finale plus courte. TB-.

Tertre Roteboeuf 2012 en bouteille : plus sombre que 13, fruits très mûrs caractéristiques de la maison, noirs et rouges ici, un peu de menthol et de réglisse. Bouche plus vive, plus acide et plus tannique que le 2013 même si ça reste fin, plus de longueur. Déjà excellent en l’état. TB+.

Tertre Roteboeuf 2004 en 1/2bt : robe très légèrement évoluée, nez assez chaud, partant sur le tertiaire, sous-bois notamment, fruits noirs. La bouche est sublime, différente du nez, très vive et fraîche, des tannins présents mais très fins comme sur 2012, toujours du fruit mûr, très belle longueur. TB.

Domaine de Cambes 2013 (prélevé sur fût) : couleur et nez pas trop éloignés de Tertre 2013, avec des fruits rouges confiturés, côté caramel un peu moins prononcé. La bouche a un peu moins de matière, mais un peu plus d’acidité et de tannins donc plus de fraîcheur mais un peu moins de gourmandise. Au moins aussi long que Tertre 2013. Une belle réussite. TB-.

Roc de Cambes 2014 : plus sombre que les 2013, très mûr là encore, plus sur les fruits noirs (cassis, mûre). Tannins à peine plus présents que sur Tertre 2014, peut-être un peu moins de longueur, mais pas une grosse différence non plus en l’état. Encore un futur très beau vin. TB.

Bref, tout est bon, fruité, gourmand avec des tannins soyeux, que ce soit au Tertre ou au Roc. Je m'attendais à une telle excellence des vins du Tertre mais je suis particulièrement surpris de voir Roc et Domaine de Cambes à un tel niveau, qui en font de très bons rapports q/p. Un grand merci au domaine et à Nina Mitjavile pour l'accueil chaleureux. C'est de loin la meilleure visite du séjour.

merci, car là encore, ça donne envie d'y aller.

tomy63 écrit: ...Un seul type de fût au Tertre Roteboeuf, uniquement du 100% neuf, ce qui permet d'éviter toute "cacophonie" qu'apporteraient des fûts divers, mais aussi d'avoir une relation privilégiée avec le distributeur qui garde ses meilleurs bois pour le domaine.

D'autres propriétaires disent : "j'ai 5 tonneliers et je les invite à des dégustations sur fûts comparées pour l'émulation de la concurrence"

On peut se demander ce que deviennent les "bois moins bons" si personne ne les achète

Beau compte rendu par ailleurs.

On peut se demander ce que deviennent les "bois moins bons" si personne ne les achète winking smiley

ils ne sont jamais vendus "moins bons" mais toujours bons. Après pour le prestige du tonnelier, il est clair que privilgégier un domaine reconnu est un plus, et qu'il ne faut pas se louper avec, ce qui est moins grave qu'avec le domaine lambda.