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Alcool & cigares : notes et considérations

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Réponse de oliv sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

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Accorder cigares et alcools bruns.

www.wineenthusiast.c...
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28 Sep 2023 22:07 #91

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Réponse de hannibal sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

Je n'avais pas vu le post d'Oliv et je dis bien sûr, si on aime le scotch (perso je ne suis pas fan des alcools de grain). Pour nos amis américains, le whisky est une boisson exotique, qui fleure bon la vieille Europe, l'atmosphère embrumée des Highlands, les manoirs frileux bruissant de cliquetis de chaînes fantomatiques et autres lacs sinistres abritant des créatures préhistoriques. C'est d'ailleurs dans ces conditions, vautré dans un chesterfield au coin d'un âtre rougeoyant, un recueil de Pope ou Coleridge entre les mains, et surtout une bonne grosse pipe de Mac Baren Vintage Syrian au bec, que je me vois en exacte mesure d'apprécier pleinement un vénérable old single malt. 
Mais ce que je voulais en l'occurrence, raison de ma présence en ces murs, c'était pousser un grand cri d'amour en faveur du calvados, boisson hideusement sous-estimée, trop souvent réduite à jouer les utilités entre deux louches de crème et parts de kouign-amann. Quand on aime la pomme et ses dérivés, ce qui mon cas, il sait se rendre rapidement indispensable. 
Par exemple, il se révèle un parfait compagnon de route pour les cigares blonds et fruités en provenance de République dominicaine, du Honduras et de Cuba. Ayant eu l'occasion de déguster dernièrement un fantastique calva de chez Busnel, vieille réserve époustouflante de rondeur séductrice, aromatique enchanteresse, finesse et élégance, le tout accompagné d'un modeste VegaFina d'une extrême blondeur et d'une suavité parfaite légèrement acidulée, j'ai réalisé les services inestimables que le calvados pouvait rendre à la cause du fanatique de puros caribéens.
Pas au point de concurrencer le rhum, bien sûr, mais la réhabilitation était indispensable. Je vais d'ailleurs me mettre en quête de très vieux calvas qui pourraient fort bien constituer une merveilleuse source d'inspiration. 
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18 Oct 2023 12:32 #92

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Réponse de RaymondM sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

Je ne peux qu'approuver Hannibal, étant de longue date un amateur de vieux calva et surtout ceux du regretté domaine du Bordage hélas fermé sans successeur depuis 2019 .(heureusement j'ai du stock   )
Voici ce que j'écrivais sur LPV en aout 2013 :

Je rappelle que ce domaine était un des rares à fournir des Calvados de 5,10,15,18 ,20,25,30,40,50 et 60 ans !!!!
Était car malheureusement la plus vieille cuvée de la maison est actuellement la cuvée "Notre Summum" d'une moyenne d'âge de 25 ans minimum sans plus de précisions .

J'ai eu l'occasion de goûter dans le passé tous les Calvados entre 5 et 60 ans .
-5 et 10 ans sont des bons Calva standard
-15 ans commence a devenir intéressant mais avec toujours la vigueur de la jeunesse .
-18 ans est le premier a présenter un début de gras .
-entre 20 et 30 ans,et surtout le 25 ans les Calva sont de plus en plus foncés , de plus en plus complexes et surtout de plus en plus onctueux .
Ce sont mes préférés car ils ont encore l'alcool de la jeunesse mais très adouci qui permet de joindre le tonus aux arômes incomparables des vieux Calva.
Loin de moi l'idée d'ignorer les Calva plus vieux ( 40, 50, 60 ans ) merveilleux mais ce sont des alcools de "méditation".
Le 25 ans est un des rares alcools dont j'ai du mal à ne pas me resservir !
A signaler l'accord formidable avec les Havane
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20 Oct 2023 16:29 #93

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Réponse de hannibal sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

"...entre 20 et 30 ans,et surtout le 25 ans les Calva sont de plus en plus foncés , de plus en plus complexes et surtout de plus en plus onctueux .
Ce sont mes préférés car ils ont encore l'alcool de la jeunesse mais très adouci qui permet de joindre le tonus aux arômes incomparables des vieux Calva.
Loin de moi l'idée d'ignorer les Calva plus vieux ( 40, 50, 60 ans ) merveilleux mais ce sont des alcools de "méditation".
Le 25 ans est un des rares alcools dont j'ai du mal à ne pas me resservir !
A signaler l'accord formidable avec les Havane"


Je bois tes paroles, Raymond (que dis-je les bois, je les déguste, les savoure avec délectation)
23 Oct 2023 19:00 #94

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Réponse de hannibal sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

C'est le moment (retour sur le marché) d'acheter le Leon Jimenes Doble Maduro (double fermentation, voire fermententation), ici dans sa version Leyendas (un perfecto fuselé et harmonieux au tirage parfait) en provenance de la vallée de Cibao, en Republique Dominicaine (La Aurora à Guazumel, fief de la famille Jimenes depuis plus de cent ans), mélange de tabacs brésiliens (cape), dominicains et nicaraguéens. Il fleure bon le rhum (canne à sucre et fruits confits) et n'est pas sans me rappeler le VegaFina Jose Seijas sorti en édition limitée en 2011. Il en va des cigares comme du vin et alcools en général : les promesses olfactives ne sont pas toujours confirmées par la dégustation. Le Seijas avait un merveilleux parfum, comme le Jimenes, mais la bouche ne cassait pas des briques, même si ça restait un cigare d'excellente qualité. Il n'en va pas de même pour le Leon Jimenes (tirage parfait à condition d'y aller mollo compte tenue de l'étroitesse de l'orifice de sortie) dont la bouche affiche un mélange de puissance et de profondeur digne des meilleurs puros, à l'image d'un Nub Box Pressed, un LFD ou un Rocky Patel Vintage 1990 (dont la cape présentait toutefois quelques petits retards de combustion). A noter que Punch et Sancho Panza viennent de sortir des double maduro que je serais curieux de goûter. 
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26 Oct 2023 13:45 #95

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Réponse de hannibal sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations



En 1895, une guerre d'indépendance oppose les Cubains, assistés par les Américains, aux Espagnols. Après la victoire, comme il fallait s'y attendre, Cuba passe sous la tutelle officieuse des USA. La République de Cuba est proclamée, les USA se retirent officiellement du pays mais conservent la mainmise sur ses affaires intérieures. 
Quand Castro arrive au pouvoir, de nombreux producteurs sentent le vent tourner et choisissent de s'exiler. C'est ainsi que Punch (fondée en 1840, essentiellement pour le marché britannique, par Miguel Lopez, d'après le nom d'un journal satirique londonien très en vogue à l'époque), part s'installer au Guatemala et crée Macanudo (Fantastique en quechua). Par la suite, la marque échoit dans le giron de Temple Hall, à Kingston, numéro 1 du cigare en Jamaïque. 
En 1969, la General Cigar Company s'offre Temple Hall. Le légendaire Alfons Mayer, originaire de Cuba et mort en 2006 (à 79 ans) d'une tumeur au cerveau, donne ses lettres de noblesse à la marque. Il restera fidèle au cigare toute sa vie, allant jusqu'à créer sa propre marque (avec l'appui de la GCC) après sa retraite, passant le plus clair de son temps au Club Macanudo de New York à évoquer le passé en sirotant du rhum et grillant des puros. 
Les cigares 100% jamaïcains sont aujourd'hui assez rares (Barrington House, Royal Jamaica), mais pour en avoir fumé pas mal lors de mes fréquents voyages en Allemagne (je pense notamment aux cigares signés John Aylesbury, qui produisait aussi d'excellents puros brésiliens), je peux vous garantir que ça valait le déplacement (et pourtant je ne suis pas fan de reggae). 
Bref. En 1971, sous la houlette de Ramon Cifuentes de Partagas, General Cigar lance un nouveau Macanudo à base de tabacs dominicains, jamaïcains et mexicains. La cape de trois ans d'âge (chose rare pour l'époque), bien grasse, en provenance des plantations du Connecticut de la famille Cullman, propriétaire de la GCC, développe des saveurs sucrées propres à séduire l'amateur texan et le producteur hollywoodien. En 2000, après des années de bons et loyaux services, l'usine de Kingston ferme ses portes et la production s'installe République dominicaine, autre terre promise du puro caribéen. 

Le Macanudo Maduro Diplomat est (comme son nom l'indique, le format diplomat ou ambassador renvoyant généralement à ce type de perfecto assez spécifique, un peu rondouillard, je pense notamment au Leon Jimenes Double Maduro) un excellent cigare de fin de repas, rond et équilibré, un peu animal, à siroter avec un bel armagnac pas trop sec ou un ron anejo de 10 ou 15 ans d'âge (Botran, par exemple, ou Embargo Esplendido). La prise en main d'un cigare, sa façon de bouger, rouler sous les doigts, se déplacer, son toucher, font partie des plaisirs de l'amateur. A ce titre, le format ambassador est un des plus agréables qui soient. 
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06 Mar 2024 20:10 #96
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Réponse de hannibal sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

Une rapide recherche m'apprend que John Aylesbury (dont il est question dans le post précédent) est toujours actif en Allemagne, pays dans lequel je n'ai pas remis les pieds depuis vingt ans. Non seulement il est toujours présent sur le marché allemand, mais il propose une gamme très étendue et de nombreux partenariats avec des noms aussi célèbres que Christian Eiroa (CLE), Jonathan Drew de Drew Estate (Liga Privada, Undercrown, Tabak Especial), Ernesto Perez-Carrillo, Rocky Patel, Ralph Montero (maître assembleur chez Alec Bradley), Joya de Nicaragua, Fernando Leon, Oscar Valladares (Leaf) et bien d'autres, y compris la Tabacalera de Garcia à La Romana en République Dominicaine (Don Diego, Onyx, Santa Damiana, Vega Fina, Henry Clay, plus les productions non cubaines de Upmann, Montecristo, Trinidad, Por Larranaga et Romeo y Julieta, excusez du peu). 
Si on trouve encore une référence de cigare brésilien à son catalogue, il semblerait toutefois que les cigares jamaïcains aient disparu, ce qui est bien dommage. 
Sous la marque Montelena, ses cinquante revendeurs exclusifs distribuent, pour un plaisir coupable dans une harmonie parfaite et délicate, un cigare du Nicaragua (feuilles extra vieilles) et un rhum (Barbade - Rep Dom) de 12 ans d'âge. 

Si vous devez, pour telle ou telle raison indépendante de ma volonté, familiale ou professionnelle, nostalgie du IIIe Reich, sens aigu de l'ordre et la propreté, désir violent d'arpenter les rives du Rhin au clair de lune, marcher dans les pas de Goethe, Friedrich, Kirchner, Mozart ou Mendelssohn, ou simplement parce que vous éprouvez une fascination incontrôlable pour les bretzels, l'anguille fumée, le chou frisé et la saucisse au mètre, ne manquez pas de rendre une petite visite au vieux John. Par exemple au ZigarrenWelt du Kaiser-Wilhelm-Ring de Cologne. 
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07 Mar 2024 12:22 #97

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Réponse de Olivier Mottard sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

hannibal post= écrit:
… sens aigu de l'ordre et la propreté …


Ordnung und Sauberkeit comme ils disent … ou aussi une envie d’Arbeit und Disziplin ! 😊
Merci Hannibal pour tes interventions qui se dégustent toujours avec grand appétit !  

Olivier 
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07 Mar 2024 17:22 #98

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Si vous avez trente euros dans le fond de votre mignonne petite poche percée, vous achetez quoi ? Un perfecto OLIVA MELANIO 2023 à vingt-trois euros ou trois robustos MACANUDO RED INSPIRADO BOX PRESSED à huit euros trente ? Et ne me répondez surtout pas : ni l'un ni l'autre, j'achète une gourde isotherme ou une bouillotte sèche en forme de pingouin sur Amazon. 
L'OLIVA est un excellent cigare, alliant force et finesse à une excellente construction. Je comprendrais que vous soyez tenté de l'acheter, même si le prix et un peu excessif. Cela dit vous auriez grand tort de le faire, car, pour un prix trois fois moindre, le MACANUDO BOX PRESSED (cigares pressés en boîte à section rectangulaire) propose toutes ces qualités avec un surcroît d'âme, de profondeur et de complexité. C'est clairement, avec le BLACK INSPIRADO, un des meilleurs MACANUDO produits à ce jour. A noter que les deux sont roulés sous les aisselles au Nicaragua. 

 
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20 Mar 2024 14:31 #99
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Il existe une catégorie de cigares dits "box-pressed" qui, comme leur nom l'indique, sont pressés en boîte, autrement dit roulés normalement, bien sûr (vous conviendrez qu'il faudrait être complètement fou pour s'ingénier à fabriquer des cigares rectangulaires), mais tassés en boîte alors qu'ils sont encore humides. Ce format, semble-t-il originaire de Cuba, pourrait n'être finalement que la résultante d'une mise en boîte précipitée destinée à optimiser le contenant, qui avait aussi l'avantage de stabiliser les cigares pendant l'expédition. Cette pratique, largement abandonnée depuis des lustres, revient en force depuis quelque temps, notamment au Nicaragua (Don Pepin Garcia, Padron, Oliva, Alec Bradley, Rocky Patel,  La Aroma de Cuba, Flor de las Antillas, Ashton, AJ Fernandez, Davidoff etc).
La sensation rectangulaire, en bouche et entre les doigts, peut déplaire à certains (c'est un peu déstabilisant quand on n'a pas l'habitude), mais les amateurs, dont je suis, trouvent à ces cigares un regain de saveur et une texture particulière. Le fait de constituer un bloc compact de tabac pourrait limiter les échanges avec l'extérieur et garantir une concentration optimale des saveurs. Le fait est, par exemple, que l'Oliva Melanio box-pressed est plus suave, onctueux et concentré que ses frangins cylindriques. 
C'est ce qui m'amène à vous parler aujourd'hui du Joya de Nicaragua Silver box-pressed. Joya (pionner du cigare haut de gamme à Esteli) n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'elle avait déjà sorti les excellents Antano Dark Corojo La Niveladora, Red Box-Pressed Toro et Cuatro Cinco Reserva Especial Double Robusto, lesquels sont tous des puros nicaraguayens. 
Autour de 11 euros, le Silver est clairement un des meilleurs rapports qualité/prix du marché. Il combine harmonieusement Equateur, Mexique et Nicaragua, développe des saveurs subtiles de canne à sucre et noix de coco qui e,n font le compagnon idéal du rhum. 
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01 Mai 2024 12:16 #100
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Quand c'est bon il faut le dire, et quand il faut le dire je le dis. S'il n'en reste qu'un, je serai le dernier à dire ce qui doit être dit, et s'il le faut, je sortirai de ma tombe, cigare au bec et verre de pinot à la main, les pieds confortablement installés dans mes mocassins en peau de porc préférés, entouré de filles sublimes passionnées par la mort et la littérature gothique du XIXe, pour le faire. 
En l'occurrence, j'aimerais vous entretenir un instant du Silver de Joya (de Nicaragua) et du Dominican Puro (existe aussi en Nicaragua, moins convaincant même si fort bon) Rothschild Masivo de Balmoral, deux cigares dont le RQP m'apparaît assez imbattable. 
Le premier (box pressed) est une sorte de petit chef-d'oeuvre, fin, racé, onctueux à souhait, qui rivalise sans effort et avec une régularité louable avec les meilleurs produits du marché. Je ne saurais que trop le conseiller aux amateurs de cigares introspectifs, avec un rhum jamaïcain assez sec (ou un excellent calvados). 
Le second, plus corsé, exotique (le premier s'exprime avec une rigueur un peu austère assez cubaine), roboratif, mais également riche et complexe, dans le format rothschild masivo, sorte de double corona trapu offrant une parfaite prise en main et se positionnant idéalement entre les dents, figure au rang des cigares qu'il convient d'essayer de toute urgence, avec un rhum du Panama par exemple. 
Je glisse au passage (je suis grave à la bourre, comme d'hab, je vais faire l'impasse sur le cr détaillé, sachez juste que c'est fin, épicé et non dénué de profondeur), que je viens de siffler un Pernand Delin Legou (22 balles) pas trop piqué des hannetons. Je vais me pencher prochainement sur le Beaune.
Si Dieu me prête vie (il me doit bien ça, le bougre), je reviendrai prochainement vous parler de Cano Aret Ozgener, fondateur émérite (avec Nestor Plasencia et Carlos Torano, qu'on ne présente ou ne devrait plus présenter) de la marque CAO.
En vous remerciant
H
 
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02 Aoû 2024 23:09 #101

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Réponse de Olivier Mottard sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

Bonjour Hannibal,

"... Dominican Puro Rothschild Masivo de Balmoral ..." 

C'est lui ? 
 
Olivier
03 Aoû 2024 07:22 #102
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Non, Olivier, ça c'est l'Anejo XO, première génération de rothschild masivo et mélange de tabacs du Brésil, Nicaragua et République dominicaine (Mexique aussi, il me semble), excellent au demeurant, mais qui n'est pas un puro dominicano stricto sensu, contrairement à celui qui nous occupe (image ci-dessous, pelo de oro, mao cubita, piloto cubano et olor viso cultivés en Rep Dom). 


 
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03 Aoû 2024 10:32 #103

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Réponse de Olivier Mottard sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

Merci ! 

Olivier
03 Aoû 2024 10:49 #104

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Réponse de leteckel sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

Moi, je n'ai aucun intérêt pour les cigares mais je lis quand même pour la prose hannibalesque 

ArnoulD avec un D comme Dusse
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03 Aoû 2024 13:19 #105

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Réponse de hannibal sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

Chose promite chose duse : le pitch CAO.

Né le 19 janvier 1937 (de parents arméniens) et mort en 2018 (ce sont des choses qui arrivent), Cano Aret Ozgener a grandi à Istanbul. 
Après des études pleines de charme et de rigueur chez nos bons frères Jésuites, il met le pied (et le reste dans la foulée) au Roberts College d'Istanbul (américain) et en ressort quelques années plus tard avec une licence en génie mécanique. 
Lorsqu'il était étudiant en Turquie, Ozgener aimait, sans doute pour se donner un genre, outre une réelle appétence pour le tabac, se balader la pipe au bec, en écume de mer (silicate de magnésium) de préférence. 'est quand même plus classe qu'une Gitane maïs collée à la lèvre inférieure.
En 1961, il arrive aux États-Unis pour étudier le génie mécanique et découvre le cigare, qu'il se fait un plaisir de griller sans retenue avec ses potes dans les cinémas de New York, à l'époque bénie où l'on pouvait encore intoxiquer son prochain dans la joie et la bonne humeur (à noter que dans les cinés de l'époque, la fumée était telle qu'il était pratiquement impossible de distinguer quoi que ce soit sur l'écran, d'où le fait que certains réalisateurs sulfureux, sinon fumeux, se sont fait une réputation sans que personne n'ait jamais vu leurs films). Il s'agissait bien sûr de cigares cubains pré-embargo (roulés avant le 3 février 1962, donc), aujourd'hui recherchés comme le saint Graal par les amateurs fortunés, spéculateurs et autres snobinards de la discipline qui aiment en foutre plein la vue à leurs invités. Certaines boîtes (Punch, Larranaga, Troya, Cifuentes, Jose Gener, Flor de Farach, Hoyo, Flor de Cuba, Henry Clay, Dunhill, etc) sont encore en vente à des prix affichant une très nette surcharge pondérale (pour des résultats plus ou moins douteux suivant le niveau de conservation). 

Diplômé de Columbia en 64, notre ami se pointe à Kinston (Caroline du Nord) à l'usine DuPont (rachetée en 2022 par le chinois Huafon), pionnier du plastoc, Téflon, Mylar, Dacron, Lycra, Kevlar et autres saloperies de la même veine. Il occupe un poste à la mesure de ses compétences mais n'en abandonne pas pour autant la pratique assidue de la pipe, en tout bien tout honneur. Les pipes turques en écume de mer, notamment, retiennent sa plus vive attention, principalement pour des défauts de fabrication qui l'irritent au plus haut point et qu'il s'emploie corps et âme à corriger.
Tant et si bien qu'en 77, à force de bricoler ses pipes dans le secret de son laboratoire clandestin, il plaque DuPont et claque toutes ses économies pour s'installer comme fabricant de pipes à plein temps. 
En 93, après la pipe, il passe au cigare (on reste dans les produits de bouche à forte teneur en nicotine). En 95, avec les immenses Nestor Plasencia et Carlos Torano, le premier CAO (made in Honduras) voit le jour. 
En 2007, après la retraite de Cano et compte tenu du peu d'intérêt de son fils pour la profession (plus intéressé par l'art, semble-t-il, passion partagée par son père), l'entreprise échoit dans le giron d'Henri Wintermans, division de la Scandinavian Tobacco Group. 
Aujourd'hui, CAO produit des cigares de grande qualité, parfois exceptionnels. La série ARCANA, par exemple, mérite de citer au rang de ses plus belles réussites. Le Mortal Coil d'abord, élaborée à partir de tabac "andullo", enroulé et fermenté dans des feuilles de palmier, puis le Firewalker, tabac "chincagre" enterré dans le sous-sol volcanique du Nicaragua (tripe Masatape, liant Habano et cape Corojo hondurien), sont à même de séduire, sinon envoûter, les amateurs les plus intransigeants.

 
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26 Aoû 2024 14:37 #106

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Réponse de hannibal sur le sujet Alcool & cigares : notes et considérations

 

En 2008, trois individus qui ne savent pas trop quoi faire de leurs trente doigts décident de se lancer dans le business du cigare. Ces trois singuliers personnages se nomment Fabien Gil, Christophe Leroy et Sylvain Toaldo. 
Après un bref passage par le Costa Rica, qui produit des tabacs de qualité, ils prennent rapidement le chemin du Nicaragua, nouvel Eldorado de cette merveilleuse plante  néotropicale, dicotylédone annuelle de la noble famille des solanacées, qui répond au doux nom latin de Nicotiana tabacum.

Pour info, je rappelle au passage que la zone néotropicale est l'une des huit écozones de la nomenclature établie par ce cher vieil Alfred Russel Wallace, géographe, naturaliste, explorateur et anthropologue britannique aujourd'hui tombé dans l'oubli. L'homme nourrissait d'autre part un réel intérêt pour le mesmérisme et le spiritisme, autant de disciplines assez peu en odeur de sainteté dans la communauté scientifique. Si cette curiosité constitue la preuve d'une ouverture d'esprit hors du commun, elle n'était sans doute pas la meilleure voie d'accès à la reconnaissance qu'il était en droit de revendiquer. 
Wallace, par exemple, est le père de l'effet qui porte son nom, l'effet Wallace, donc, qui stipule que la sélection naturelle constituerait une barrière de choix contre l'hybridation, un hybride étant par hypothèse moins bien adapté à tel ou tel environnement que l'un ou l'autre de ses parents spécifiques. Wallace a également été le premier à noter l'existence d'une fracture biogéographique, connue sous le nom de "ligne Wallace", au cœur même des îles de la Sonde, en Asie du Sud-Est. Enfin, peu de gens le savent et il y a gros à parier que tout le monde s'en moque, mais Wallace a bien failli coiffer Darwin au poteau de la sélection naturelle, rédigeant avant lui un exposé assez convaincant de la théorie transformiste (aucun rapport avec les travelos du bois de Boulogne ou les artistes de music-hall). Il a eu la naïveté d'adresser l'exposé en question à Charles Darwin, dont il admirait les travaux, lequel Darwin, voyant que la paternité du titre risquait de lui filer sous le nez, s'est empressé de publier ses résultats.  A noter d'ailleurs que depuis Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire et Robert Grant, le concept était dans les tuyaux depuis un certain temps. Même Erasmus Darwin, le propre grand-père de Charles, toubib de son état mais aussi poète, botaniste et inventeur à ses moments perdus de divers engins technologiques dont une assez curieuse machine parlante, militait activement contre le créationnisme. 
Au-delà de ses activités purement scientifiques, Wallace était aussi un humaniste de valeur, qui s'est exprimé sans langue de bois en faveur du droit de vote des femmes, de la justice sociale, affichant un certain antimilitarisme et ne cessant d'alerter sur les effets délétères de l'activité humaine sur l'environnement. 
Il est incontestablement, au même titre qu'un Darwin bien sûr (il ne s'agit en rien de diminuer la portée de ses recherches ni l'étendue de son œuvre), un Thomas Huxley, un Richard Owen, un Charles Lyell, un Dalton Hooker ou un Herbert Spencer (père du "darwinisme social"), un des plus brillants esprits britanniques de son temps. 
Sa vieille carcasse rongée par les vers repose toujours dans le cimetière municipal de Broadstone, modeste commune de la banlieue de Poole, dans le Dorset, où il avait une maison de campagne dans laquelle il s'est éteint en novembre 1913. 

Nicotiana Tabacum pourrait assez joliment constituer l'appellation de telle ou telle héroïne de film ou de roman, du genre femme fatale, par exemple, espionne de haut vol ou encore tueuse à gage pour le compte de quelque mystérieuse organisation criminelle regroupant en son sein quelques uns des plus brillants cerveaux de la planète, hélas entièrement dévolus à l'exercice du vice, du mal et de la destruction en leur sens le plus absolu. 
Plus raisonnablement, son nom fait référence d'une part à Jean Nicot, ambassadeur de France à Lisbonne à qui l'on doit l'intoduction du tabac à la cour de France (il s'agissait alors de soulager François, le fils de Catherine de Médicis, qui souffrait de maux de tête abominables), et d'autre part au mot amérindien qui désignait les rouleaux de feuilles séchées que les indigènes de Cuba fumaient déjà quand Christophe Colomb a débarqué dans la baie de Bariay avec les frères Pinzon, Luis de la Torre et Rodrigo de Jerez, tous persuadés d'avoir atterri au Japon. C'était la première fois que des Européens se retrouvaient nez-à-nez avec un cigare, étrange rouleau de feuilles fumantes dont ils ne tardèrent pas à apprécier les bienfaits. Il leur restait encore, dans un registre nettement moins agréable, à faire connaissance avec les cannibales de la baie de Samana, en République dominicaine, avant de rentrer en Espagne se faire cajoler par les autorités et goûter aux joies d'une reconnaissance bien méritée. 

Comme vous n'êtes pas sans le savoir, tout cela se passait fin octobre 1492, peu de temps avant la chute d'une météorite de plus de cent kilos sur la commune d'Ensisheim, entre Mulhouse et Colmar (ce qui n'a aucun rapport direct,  je vous le concède, mais méritait quand même d'être signalé, ne serait-ce qu'au titre de la culture générale, espèce en voie de disparition qu'il convient de protéger quand faire se peut). C'est donc quelques années plus tard, en 2008 pour être précis, que deux fils de bonnes familles, Christophe Leroy et Fabien Gil, respectivement agent des télécoms et importateur de produits laitiers, se rencontrent sur un green de San José, au Costa Rica. Les deux amateurs de cigares, en proie à une bouffée délirante de luxe et art de vivre sans doute provoquée par un excès de rhum et de volutes, décident de changer radicalement d'orientation pour se lancer dans le business du barreau de chaise haut de gamme, fait main avec doigté à partir des meilleures feuilles du secteur. Un troisième larron, Sylvain Toaldo, ancien lui aussi de Janson-de-Sailly, se charge de promouvoir et distribuer la marque depuis Genève. 
Après un démarrage timide mais plutôt qualitatif, la marque emploie aujourd'hui une bonne trentaine de personnes à Esteli, mecque du cigare nicaraguayen. Depuis Genève, elle distribue les cigares Horacio (mais aussi OX, Final 8, Minotaur et Toaldo) en France, Allemagne, Benelux, pays de l'Est, Afrique et et pays du Golf (Toaldo, sans doute pour coller au plus près du marché, réside à présent à Dubaï). Pour plus d'efficacité, François Soyez, directeur de la société de distribution Cigares du Monde, a intégré la marque à son catalogue, somme toute assez peu fourni jusqu'ici (Vega de Santiago, D8). 

Aujourd'hui, en plus des éditions spéciales XXL, Colosso, Bolosos, Sled et Jacques Chancel, des Classic Series (bague marron), Horacio propose également les séries Maduro (bague noire), Héritage (de quoi on ne sait pas trop, bague bleue néanmoins), French Connection (bague bleue aussi, ne me demandez pas pourquoi), Pasion (formats divers et bagues de couleur blanche, bleue, jaune, orange et rouge), et enfin Bulier Gran Reserva (toujours pas de bague verte, mais bague de couleur violette assez élégante sur fond cuivré de cape équatorienne). C'est précisément de cette dernière que je voulais vous parler, en particulier du Bulier H 56, un double robusto bien construit, au tirage plus aisé que certains autres modèles de la marque, d'une saveur plutôt équilibrée offrant confort et satisfaction à tous les étages. Existe aussi en format Belicoso et Gordito, que je n'ai pas essayé. C'est assez cher, on ne va pas se mentir (18 euros, le prix d'une bonne bouteille de vin), mais je vous conseille quand même de le goûter à l'occasion.
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29 Aoû 2024 12:55 #107
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