Editorial VITI d'août 2022
Tension ou rétention de l’eau ?
A l’heure où nous écrivons ces quelques lignes, les prévisions nous annoncent des températures de 40°C jeudi 8 août. Et aucune pluie à l’horizon.
Pour sauver ce qui peut l’être de la maturité phénolique bloquée depuis 15 jours, le Bordelais arrose ses vignobles de prestige, non sans susciter des réprobations locales en raison des restrictions et des conflits d’usages. Beaucoup songent bien sûr aux bassines et autres systèmes de rétention d’eau et irrigation pour sécuriser voire sauver la vigne d’un dépérissement programmé, puisque le réchauffement climatique s’accélère.
Aussi justifiée soit-elle pour sauver l’outil viticole, cette vision purement quantitative de l’eau suffira-t-elle à sauver les vignobles d’une radiation solaire à 50°C ? Comment relancer le cycle de l’eau sachant que 10 % seulement des précipitations sont composés d’humidité océanique ? (Source : Giec) C’est donc bien le moteur qui tombe en panne !
Qu’est-ce qui fait tourner ce moteur du cycle de l’eau ? La réponse n’est pas que climatique, elle est aussi végétale. Car c’est le végétal qui évapotranspire et en particulier l’arbre et les forêts, formidables régulateurs du climat, véritables adoucisseur, dissipateur d’énergie et générateurs de pluie. Comment comprendre ces humains, pourtant accablés par la chaleur, qui ne supportent toujours pas de voir des arbres hérisser les monotonies culturales ?
Il s’agit de réapprendre les connaissances sur le cycle de l’eau. Songeons par exemple que la condensation de l’eau absorbe sept fois plus d’énergie que la quantité d’énergie nécessaire pour la porter de 0 à 100°C. Or certaines plantes ont des capacités condensatrices importantes comme le lierre, qui se présente donc comme un bon dissipateur du trop plein d’énergie solaire…
Au-delà d’une vision purement quantitative de l’eau à travers le pluviomètre, beaucoup d’observateurs insistent sur l’importance de la qualité structurale de l’eau. Car l’eau ce n’est pas seulement H2O. Elle s’observe aussi sous différentes formes structurales polymères, reliées par les liaisons hydrogène, et sous différentes formes chimiques, plus ou moins chargée en électrons, en minéraux.
Des formes qui n’ont selon des experts pas les mêmes propriétés d’hydratation et d’interaction avec le vivant. Pour le viticulteur ou l’agriculteur, la question est aussi de réfléchir sous quelle forme l’eau peut être stockée en fonction de son aptitude à hydrater le vivant.
Dans quelle matrice stocker l’eau ? Il est généralement admis qu’un point de matière organique stocke 25 mm d’eau. Et donc ne vaudrait-il pas mieux réfléchir comment stocker de la matière organique ? Mais il n’y a pas que la matière organique, sucres, glucanes, mucus, humus, etc., il y a aussi les structures poreuses qui par capillarité retiennent l’eau.
C’est la question du tassement des sols qui est aussi posée.
DL
Pour aller plus loin : Comprendre les cycles hydrologiques et cultiver l’eau, interculturelles.org, Jean-Luc Galabert
interculturelles.org...