Hier soir s'est tenue la première dégustation d'une horizontale de 24 Saint-Joseph rouge 2018 organisée par mon ami Gérard Esposito. Nous connaissions l'identité des 12 vins, mais nous les avons dégustés à l'aveugle par série de 3 (1 du Nord et du du Sud de l'appellation, celui qui est situé au milieu a été placé au Nord).

Liste des vins :
-Guigal Lieu dit Saint-Joseph
- Saint-Épine Delas
- Clos Florentin Jean‐Louis Chave
- Yves Gangloff
- La Ferme des 7 Lunes (Delobre) : Chemin faisant
- Stéphane Ortheguy : le temps des cerises
-Domaine du Tunnel (StéphaneRobert) : Preygros
-François Villard : Reflets
- Jean‐Claude Marsanne
- Jérôme Coursodon : L'Olivaie
- Domaine Belle : les Rivoires
- André Perret : les Grisières

Voici un bref compte-rendu que Gérard m'a autorisé à publier ici avant qu'il fasse une synthèse de tous les retours qu'il a eus.

Vin n°1 : nez de myrtille, propre, pas excessif. Un peu de cerise arrive après. Impression de crêmeux, velouté. Attaque assez ferme, une belle tension, puis la douceur du millésime se fait sentir. Boisé luxueux, classe. Je pense aux Reflets de François Villard, la bouche ne me semble pas assez veloutée pour Chave. 15-16/20 : Saint-Joseph Sainte-Épine Delas.

Vin n°2 : Nez de vernis, colle, pas net. En bouche, goût de pomme, acidité qui ressort, apreté des tannins . Manque de protection, vin manifestement nature avec défaut. Je pense à Orthéguy. NN Orthéguy Le Temps des Cerises

Vin n°3 : Nez plus en retrait que le premier, arômes de ronce, sombres, note de café. Bouche avec de l'ampleur, du velouté, des arômes mûrs limite pruneau, et moins d'allonge que le 1. Je ne pense pas bien connaître ce vin donc je cite Belle/Perret/Ferme des 7 Lunes par défaut. 14-15/20 : L'Olivaie Jérôme Coursodon

Vin n°4 : 1er nez de myrtille, un peu fermé. Bouche avec des tannins poudreux, denses, sableux, arômes de café. La longueur pêche un peu. 15/20 Guigal Lieu dit Saint-Joseph

Vin n°5 : Nez plus épicé, poivré, cassis Teisseire marqué, et des arômes lardés, mentholés. De beaux précurseurs d'arômes d'orange sanguine à venir, splendide, et me fait dire que ce sont des nez qu'on ne rencontre plus si souvent dans les millésimes chauds. Tannins poudreux, mais  la bouche est un peu trop doucereuse à mon goût, manque de relief et de dynamique. Je pense à Gangloff pour le nez flamboyant (comme j'aurais pu dire Cuvée du Papy s'il avait été présent). 15-16/20 : Gangloff.

Vin n°6 : Cerise burlat, fruit avenant. Corps avec de la densité, tannins mûrs, corps plus retenu que le précédent. En finale, je trouve la cerise très proéminente ce qui m'évoque un vin nature. Ferme des 7 Lunes? 15/20 : Ferme des 7 Lunes Chemin Faisant.

Vin n°7 : Nez profond de fruits noirs, rigoureux, équilibré, posé. Bouche longue, Bouche tout en velouté, de fins tannins poudreux, classe. Vin long, bien fait, à l'équilibre juste, tout en potentiel. Saint-Épine de Delas? 16-17/20 : Clos Florentin Jean-Louis Chave.

Vin n°8 : Nez de cerise, mais aussii de cassis, un soupçon de lard, qui rappelle le n°5. Grande profondeur, rondeur, velouté. Arômes réglissés, long. Très bien. Je pense au Clos Florentin? 16/20 : Stéphane Robert Peygros.

Vin n°9 : arômes de cassis, myrtille, impression de plus de fraîcheur. Belle longueur, matière dense mais pas lourde, agréable. Je pense aux Rivoires de Belle ou à Peygros de Stéphane Robert. 15-16/20. François Villard Reflets

Vin n°10 : Nez sombre de fruits noirs, fermé, pas très expressif. Bouche avec un peu de pruneau, mais un peu de relief. Grosse matière, veloutée, un peu chaleureuse mais arômes fermés. 15/20 : Jean-Claude Marsanne

Vin n°11 : Cerise burlat, ouvert, un peu d'élevage, finale élevage/vanille. Bouche bien faite, bien élevée, un peu trop? Peygros de Stéphane Robert? 15,5/20 : Domaine Belle Rivoires

Vin n°12 : Nez plus frais, fruits noirs avec ronce, arômes plus frais. La bouche est plus ferme que les autres, avec un côté pierreux qui ressort. 0n le boit facilement. Je ne pense plus à retrouver le producteur  16/20 : André Perret Les Grisières

 


Très belle dégustation, mais assez exigeante  : les vins sont, sans surprise, riches, l'ensemble est assez homogène, de très bon niveau (sauf le vin n°2 qui présente un défaut), mes notes sont assez ressérées et il faut être très attentif pour distinguer leurs qualités respectives. Le Saint-Épine, le Clos Florentin, Peygros sont mes favoris ainsi que les Grisières qui a certainement bénéficier de l'effet fraîcheur qui était la bienvenue à la fin de la dégustation.
Je pense que chacun de ces vins apportera davantage de plaisir à table, et c'est ce qui s'est d'ailleurs produit avec un vin prévu à la séance de jeudi bu sur un magret de canard nature, qui est du même niveau a priori que les vins de ce soir, auquel j'ai attribué une meilleure note.

David Chapot.

On prend (presque) les mêmes participants et on recommence : 12 Saint-Joseph rouges 2018 dégustés à l'aveugle, avec un absent de marque : les Granits de Chapoutier que Gérard Esposito n'a pas réussi à se procurer en temps et en heures (malgré de nombreuses sollicitations et démarches auprès de la maison Chapoutier) et qui a été remplacé par un Saint-Joseph Deschants dégusté étiquette découverte :

Liste des vins :
- Guigal Les Vignes de Hospice
- Chapoutier Deschants
- Jean‐Louis Chave
- Pierre et Jean Gonon
- François Dumas
- Hervé Souhaut Clos Des Cessieux
- Georges Vernay Terre d'Encre
- Domaine du Monteillet (Stéphane Montez) : Cuvée du Papy
- François Merlin Les Grands Ducs
- Christophe Curtat : Nomade
- Yves Cuilleron : Les Serines
- Bernard/Fabrice Gripa Parady

- vin n°1 : Chapoutier Deschants : robe un peu plus claire que les autres vins. Nez de fruits rouges, ouvert. Bouche assez légère, pas beaucouo de tannins. Longueur pas extra. Moins concentré que les 2 vins suivants dégustés simultanément et que les vins de mardi. 13/20

- vin n°2 : nez plus riche, plus intense; arômes de myrtille, de vanille/bois neuf. Belle chair, le vin est velouté, les tannins sont denses et un peu assêchants. Vin travaillé mais avec une belle matière. Je pense au vin d'Yves Cuilleron. 15-16/20. François Dumas.

vin n°3 : nez sur la rose, le cassis Teisseire, délicat, aérien. Bouche délicate, pas lourde, en tafetas. Moins de corps que le vin précédent, mais plus de finesse. Je pense à un vin de Christophe Curtat. 15-16/20 : Stéphane Montez Cuvée du Papy.

- vin n°4 : nez profond, sur la cerise, retenu. Cassis, violette, pur, une légère pointe d'élevage. puis des petits arômes lardés qui dominent. Bouche ample, quelques tannins poudreux, des arômes d'encre. Vin assez délicat, mais dont le corps pourrait être un peu plus intense. Je pense au vin de Christine Vernay pour la délicatesse, mais beaucoup de participants citent Guigal. Guigal Vignes de l'Hospice.

- vin n°5 : nez de cassis Teisseire, d'encens, avec une pointe de lard. Je pense immédiatement au vin de Gonon, mais le côté cassis Teisseire dominant me fait hésiter. Bouche fluide, suave sans lourdeur, un vin qui se boit tout seul, plus gouleyant que l'image que je me fais des vins de Gonon. Je propose François Dumas ou Souhaut pour le côté gouleyant. 16-17/20. Pierre et Jean Gonon.

- vin n°6 : nez plus sauvage, marqué par les fruits noirs, plus étriqué aussi. Les tannins un peu accrocheurs tapissent le palais, l'aromatique est plus en retrait. Le corps est plaisant, avec du potentiel, l'aromatique est plus perturbée. Cuilleron? Grippa? 15/20. Yves Cuilleron Les Serines

-vin n°7 : Nez de cerise, profond, intense mais pas ostentatoire, posé, dont on ne se lasse pas, qui donne envie d'y rester. Bouche douce, veloutée, avec des tannins poudreux, homogène, constante, longue. Vin juste, complet, beaucoup de classe, dont la construction me fait furieusement penser au Clos Florentin dégusté mardi. Le vin se détache clairement des précédents et  beaucoup de participants pensent à Chave. 17-18/20 : Jean-Louis Chave.

vin n°8 : fruit plus fade, moins intense, plus simple que le vin précédent. Bouche pleine mais plus simple, moins de longueur. Le corps est dense, mais le fruit est un peu simple. Le vin est assez frais, comme s'il avait eu moins de maturité. Je pense au vin de François Merlin? 14-15/20 : Souhaut Clos des Cessieux.

vin n°9 : nez cerise, épices, mais arômes un peu éteints, ternes. La bouche est présente, bien construite, de bonne longueur, seule l'aromatique est en retrait, comme évoluée? François Dumas? 15/20 : François Merlin Les Grands Ducs.

vin n°10 : nez de cassis, fin, un peu d'encens, cassis Teisseire, arômes un peu lardés; je pense au vin de Pierre et Jean Gonon. Belle chair, avec plus de fraîcheur que le n°7, mais moins raffiné aussi. 16-17/20 : Christine Vernay Terres d'Encre.

vin n°11 : nez de cerise pas trop mûre, à point. Bouche enrocée, tannins très poudreux, belle longueur. Beau velouté de bouche, bien construit, bien élevé. Grippa? 16/20 Christophe Curtat Nomade

vin n°12 : nez en retrait, végétal (artichaut!); arômes pas en place. Bouche assez ferme, fraîche,, tannins poudreux, mais toujours cette note végétal au nez. Pas en place. 14-15/20. Bernard/Fabrice Grippa Parady.


  Je pensais que cette dégustation allait être plus facile que celle de mardi car je pensais connaître davantage de vins présentés, il n'en a rien été.
Encore une fois, les vins sont de bon à très bon niveau, pas toujours facile à différencier sauf le 7 qui était, hier, un peu au-dessus des autres. Certains vins sont étonnamment glouglou pour un millésime réputé chaud, d'autres ont un élevage qui nécessite plus de patience avec une aromatique pas encore en place.
Il serait intéressant de refaire cette dégustation dans 10 ans.
Encore merci à Gérard Esposito d'avoir organisé cette dégustation très enrichissante!

David Chapot.

Merci David pour le CR.
Cela fait un petit moment que je lorgne sur les quelques St Jo Chave de ce millésime que j'ai en cave. On se dit toujours qu'il faut attendre, surtout avec des vins de ce calibre, mais à te lire, j'en conclus que ça se boit très bien dès maintenant ?

Merci pour cette belle dégustation. Je me demande comment vous avez choisi ces domaines au détriment d'autres (je pense en particulier aux domaines Villa, Gaillard, Ferraton ...)
Cordialement,

Merci David , pour ce retour , j en ais dégusté quelque uns ( Villard , Dumas , Curtat  ) , tous aussi bons les uns que les autres , Coursodon d accord avec toi
didier

Manas,
Oui, le 2018 de Chave est excellent, et étonamment bon et buvable; c'était le cas au mois de mai 2021, pour le Saint-Joseph mais aussi pour l'Hermitage Blanc et rouge, ce que je n'avais encore jamais perçu ainsi. Note aussi que le 2018 de Gonon était très glouglou aussi (je ne l'ai d'ailleurs pas reconnu à cause de cet aspect qui m'a surpris), ça aussi c'est surprenant, et ça me semble être une caractéristique de certains vins du millésime, comme je l'avais écrit à propos du Chaillot de Thierry Allemand bu dernièrement.
J'avais bu le 2018 de Chave il y a 3 semaines, et il m'a semblé supérieur, plus plaisant, plus subtil, au-dessus du 2010 bu la semaine dernière qui est pourtant un excellent millésime (mais les vignes de Bachasson, Chalaix étaient encore relativement jeunes je crois, le Clos qui est rentré dans l'assemblage en 2009 je crois n'avait vraisemblablement pas encore été pris complètement en main j'imagine, et j'ai vu les Dardouilles véritablement décoller à partir du millésime 2016 je crois...)

Monard,
C'est Gérard Esposito qui a organisé la dégustation donc c'est lui qui le précisera s'il le souhaite.
Quand j'ai organisé ce type de dégustation il y a 5/10/15 ans, je partais sur un fil conducteur, en l'occurrence les différents types de terroirs dans le sud de l'appellation. Je cherchais à rassembler les "meilleurs" vins sur chaque type de sol, les plus réputés, mais aussi naturellement ceux que j'appréciais le plus (beaucoup de vins de Faurie), avec les contraintes de se les procurer, celle de se limiter en nombre de vins; ça peut amener à choisir des vins méconnus comme ceux de Desbos sur le plateau de Gouye, le terroir d'altitude la plus élevée...
Tu cites les vins de Pierre Gaillard, Pierre-Jean Villa; lors de Découvertes en Vallée du Rhône la semaine prochaine, j'irai volontiers goûter, si je peux, les Granits et les Clos de Chapoutier, le Berceau de Grippa, Paradis et Sensonne chez Coursodon, mais aussi Lautaret des frères Durand sur socle granitique avec de l'argile en surface je crois, le Saint-Joseph des Dardouilles d'Emmanuel Darnaud issu des vignes de Bernard Faurie, sans oublier les Royes de Courbis sur terroir calcaire d'une grande originalité géologique... Mais je suis bien content d'avoir pu déguster les vins de Jean-Claude Marsanne, celui de Curtat, plus abordables financièrement que la plupart de leur pairs, que Gérard m'a permis de découvrir, et je l'en remercie.
Bref, chacun fait comme bon lui semble et comme il peut, avec les raisons qui sont les siennes, mais une dégustation de 24 vins comme celle que Gérard a proposée est forcément réfléchie même si elle suscite des questions bien légitimes.
David Chapot.