Cette seconde rencontre au domaine Voge (avec toujours la même joyeuse équipe et malgré quelques éclopés) sur le terroir de Mauves s’est une nouvelle fois déroulée sous un soleil éclatant et une température printanière.
Au programme de la journée, des travaux harassants lorsqu’ils sont quotidiens et répétitifs, la simple demi-journée pourtant passée dans les meilleures conditions climatiques nous l’a vite fait comprendre.
Albéric Mazoyer nous a cette fois réservé la plantation de greffons, le remplacement des palissages et le piochage de ceps pour aérer les sols qui en ont besoin.
S’ajoutera à ces tâches celle qui consiste à épandre au pied des ceps une préparation de compost dont s’acquittera Stéphane avec un certain style !
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Plantation des manquants (greffons)
Nous aurons tout d’abord 25 greffons à planter, greffons qui sont des greffés soudés c'est à dire de jeunes pousses greffés en pépinière, dont les bourgeons sont protégés par de la paraffine qui recouvre la tête du greffon et permet d’éviter le dessèchement de la partie la plus fragile.
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Le domaine ne pratique pas encore de façon récurrente la greffe sur pied qui demande un savoir faire en cours d’acquisition, méthode oubliée la plupart du temps par les domaines dans la région par solution de facilité et qu’il s’agit d’acquérir à nouveau avant de l’étendre à tous les remplacements de manquants (méthode racinaire, qui nécessite de greffer sur pied lorsque le greffon a pris)
La plantation s’effectue dans du compost (pas trop frais pour la vigne, il ne s’agit pas de plantation de tomate). La tête du greffon doit ressortir de la surface tout en étant bien tenu en terre et donc suffisamment enfoncée (un coup sec sans que le greffon ne vienne, permet de vérifier que le compactage de la racine est suffisant). Il s’agit également d’éviter qu’une poche d’air ne subsiste sous les racines, ce qui pourrait conduire à la mort du plant par dessèchement.
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La plantation s’effectue « courson vers le haut de la pente » afin que le palissage situé au dessus puisse lui servir lors de la pousse. Pour une meilleure irrigation du cep et donc une augmentation de ses chances de survie, on tasse la terre à la main du dessous du greffon pour que l’eau de pluie puisse stagner plutôt que dévaler la pente.
Dans la zone où nous intervenons (en particulier en dessous de la parcelle qui nous est réservée), c’est près de 50% des jeunes ceps qui sont morts en raison d’une sécheresse printanière inhabituelle en 2003, 2004, 2005 et 2006. Seuls 2007 et 2008 ont eu une pluviométrie normale.
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Remplacement des palissages
Les palissages de la parcelle sont individuels pour des ceps taillés en gobelet (taille courte) et sont dans le cas présent soit du pin, soit de l’acacia naturel. Ce dernier possède une meilleure durée de vie (durée moyenne de 20 à 25 ans si la qualité du bois est bonne) alors qu’il est constaté que le palissage en pin injecté (de cuivre, nickel et bore, censés éviter la putréfaction) commence à fortement s’abîmer bien qu’il ait été implanté 9 ans auparavant.
Albéric précise que cela vient certainement à la fois d’une date de coupe inappropriée (à un autre moment qu’à la sève descendante) et d’une durée de séchage très insuffisante pour éviter la dégradation. Cette insuffisance implique donc un travail supplémentaire particulièrement harassant et coûteux dont le vigneron se passerait bien.
Il s’agit en effet de creuser un trou derrière le cep en tapant avec une masse sur une barre à mine, puis à nouveau de prendre la masse pour implanter et fixer le piquet de bois servant de palissage. Dans les endroits où le sol est meuble, l’opération n’est pas trop difficile, mais là où la roche est présente à faible profondeur, le travail devient vite difficile et usant.
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Imaginez un instant une telle opération pour une parcelle à planter de 3000 ceps, soit 3000 piquets. Pourtant, au vu de la configuration très pentue des parcelles de Mauves, c’est le seul type de palissage approprié, identique à ce que l’on peut observer en Côte Rôtie par exemple.
Piochage des ceps
Cette opération sert à l’entretien du sol en cas d’absence d’utilisation de désherbants. Ce travail est très physique en coteaux et particulièrement harassant car il doit se répéter de nombreuses fois pour retirer les mauvaises herbes et en particulier le chiendent à l’enracinement profond qui concurrence la vigne et fait mourir les jeunes plants.
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Le piochage est particulièrement recommandé pour les jeunes plants afin d’aérer les sols sur 5 à 10 centimètres et permettre aux eaux de pluies de pénétrer dans le sol pour renforcer la croissance de la plante, plutôt que de glisser en surface et s’évaporer trop facilement.
Il s’agit d’être prudent également pendant cette opération pour ne pas arracher ou blesser les jeunes plants particulièrement fragiles.
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On comprend mieux pourquoi, pour raison économique comme pour des raisons de personnels suffisants et motivés, il est parfois plus aisé d’utiliser des désherbants que de recourir à l’arrachage manuel des mauvaises herbes. C’est un travail de titan mais le résultat, ce sont des sols vivants.
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Semis de compost
Le vigneron se trouve ici porteur d'un harnais auquel on attache un semoir utilisé en guise de réceptacle à engrais, système permettant une circulation plus aisée à travers les vignes mais qui rend la démarche périlleuse en cas de fortes pentes.
L'engrais utilisé est essentiellement composé de matière sèche (53%) et de matière organique (35%), bien entendu conforme aux normes de l'agriculture biologique, et choisi spécifiquement pour favoriser la croissance des jeunes vignes.
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On utilise un a deux kilos de ce compost par jeune cep pour lui permettre de développer son propre système racinaire, et ainsi de concurrencer les vignes déjà présentes.
L'engrais devant idéalement être en contact avec la base des greffons (pour améliorer leur capacité de rétention d'eau), on dépose le compost au fond des emplacements creusés à cet effet, ainsi que sur la terre issus de ces mêmes trous, l'engrais et la terre se mélangeant au moment du rebouchage.
Une journée finalement mélange de transpiration et de bien être au milieu de ces vignes que l’on a essayé de bichonner pour aider à mener à bien cette campagne 2009.
Mais que le quotidien du vigneron est physiquement difficile dans le travail en pente. Ils méritent vraiment tous un grand coup de chapeau. Bravo Albéric, bravo Jean-Michel.
S’en est suivi une dégustation de quelques Saint-Joseph rouges et un pirate, à l’aveugle, accompagnés de quelques victuailles réparatrices après cet après-midi d’entretien de la vigne :
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St Joseph Domaine Montez « Cuvée du Papy » 2006
Beaucoup de gourmandise pour ce vin encore très jeune. On sent que c’est très mûr, assez pur avec un léger manque de volume en bouche. Toutefois un joli Saint-Joseph. Bien +.
Laurent
Un Saint Joseph sur la légèreté et la finesse, un vin net et précis, qui se boira sur la jeunesse. Très plaisant, et bien en début de dégustation.
Jean-Louis
Nez de Syrah Fraîche (04 ou 06), vin fruité et gourmand, une bouche bien fraîche, mais c’est un peu court.
Nicolas
St Joseph Domaine Gonon 2003
Un Saint-Joseph caractéristique du millésime sur les fruits cuits, un caractère très sudiste qui le rend un peu mou mais sans défauts majeurs toutefois pour un plaisir correct. Assez Bien.
Laurent
Plutôt massif il ne se livre pas facilement, et l’effet millésime prend le dessus sur l’appellation (comme souvent en 2003). A attendre ?...
Jean-Louis
Robe plus noire que le précédent, Syrah plus solaire, bouche riche, assez mûre, mais manque d’équilibre.
Nicolas
St Joseph Domaine Delas « Sainte-Epine » 2003
Un vin qui évite l’écueil du millésime, présentant au nez comme en bouche beaucoup d’élégance, un fruit qui a gardé de la fraîcheur et une superbe gourmandise. Très Bien -.
Laurent
Etonnant pour le millésime, qu’on décode quand même mais avec finesse et nuances. J’ai beaucoup aimé.
Jean-Louis
Solaire encore, manque de finesse, mais très bon. Mais assez simple, je trouve.
Nicolas
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St Joseph Domaine Courbis « Les Royes » 1999
Un vin encore très jeune, peu d’évolution sur le disque. Le nez est complexe, riche, et cela se confirme en bouche avec un volume de grand millésime avec un équilibre aérien. Vraiment un très beau Saint-Joseph qui se gardera avec confiance. Très Bien.
Laurent
Pour une fois un Saint Joseph d’on j’apprécie la garde, il est patiné et n’a plus d’arômes de fruit mais c’est un beau vin, tout sur la finesse.
Jean-Louis
Nez plus évolué, sur l’humus avez un poil de truffe, encore assez fruité. La bouche est ample, avec un grand équilibre, une belle complexité, un très bon vin ! Mon coup de cœur de la série !
Nicolas
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Côte Rôtie Domaine Villard « La Brocarde » 1996
La robe n’est pas trop évoluée pour un vin de 13 ans mais le nez est clairement tertiaire sur des arômes giboyeux, de fumé. En bouche, l’équilibre est joli pour le millésime, sans excès d’acidité, encore du fruit, de la finesse et une belle ampleur. Un vin qui se boit bien mais qu’il s’agit de ne plus trop attendre. Bien ++
Laurent
Etonnant ! Un pirate qu’on a du mal à classer, qui se révèle de belle longueur et sans les excès d’acidité du millésime. Belle bouteille à maturité pour moi.
Jean-Louis
Nez très évolué (plus que la robe), bouche légère, fine, élégante. Un petit manque de race pour moi. Néanmoins un très joli vin à boire maintenant.
Nicolas
Laurent Garlin (Enzo d’Aviolo)