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le Jura Tour collection hiver 2014
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[size=large]Tourisme sensuel et échangisme riboteux en gros, demi-gros & détail[/size]
Quel plaisir de retrouver une fois de plus Arbois : sa plage, son casino, ses boîtes de nuit… Et Villette-lès-Arbois donc, avec sa Grande-Rue, son église au clocher comtois typique, son container collecteur de verre [size=small](très important, le collecteur de verre, on y apporte chaque année une offrande généreuse...)[/size], et surtout son gîte de charme, QG de la majorité des
Jura tours depuis plus de quatre ans (la prochaine édition sera la dixième !)
Alentour s’étendent prairies et pacages,
loci amoeni de cette nature qui porte à la sentimentalité. Car si on cherche l’amour, c’est comme la clé des champs, c’est dans le pré qu’il se trouve ! C’est du moins ce que suggère un vigneron romantico-bucolique - et très sympa ! - que nous avons visité durant ce week-end, et qui devait avoir pour nom de totem
"joli goupil" quand il était scout.
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activité d’agriculture-réalité : labourer dans le pré.
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Cette année, c’est le soleil et la douceur d’une fin d’automne estival qui nous accompagnent, laquant les paysages jurassiens d’un vernis supplémentaire de lumière et de beauté, comme intentionnellement : l'amour est dans l’exprès.
La nuit est déjà tombée lorsque je rejoins la bande de copains - et même de co
vins - au gîte. Ce sont alors les émouvantes et reniflardes retrouvailles :
"Salut, tu vas ? Hé trop bien ta nouvelle coupe de cheveux ! Alors mon bichon, on a encore pris du bide ? Heu, t’es sûr que c’est de nouveau la mode des moon-boots cet hiver ?..." etc. Les préparatifs du repas s’apprêtent à se préparer, et sur le coup de 21h, pour encourager le sprint final des marmitons et autres gâte-sauce [size=small](je rigole, Cousin
)[/size], la première bouteille est ENFIN ouverte : ce n’est pas encore le vin de l’apéro, juste un
before :
0)
Arbois-Pupillin Vieilles Vignes 2010, domaine Overnoy-Crinquand
Phil : Ce chardonnay élevé pendant 4 ans présente une jolie robe aux reflets dorés. Le nez est moyennement engageant, sur la pomme. La bouche est dans le même registre aromatique, d’abord assez fluide et discrète, puis devenant plus ample et expressive à mesure que le liquide fait saliver (j’espère que c’est compréhensible). Plutôt MOYEN à mon goût.
Chris (d'U) :
[size=small](le GOpréz’ n'a aucune déclaration à faire à l’heure actuelle, il devait encore s’activer en cuisine ).[/size]
Pour l’apéro-mise en bouche officiel(le), Phil/Teva déballe le judru qu’il a capturé à Chagny, et Stéphane/Ricou se propose pour le tranchage de la bête. Comme ce dernier avait déjà pété un verre et failli descendre une pile d'assiettes, on pouvait craindre le pire !... Mais au final il n'y eut pas trop de bouts de phalanges dans le plateau de charcuterie. En accompagnement est proposé un :
1)
Crémant du Jura Brut du Domaine de Montbourgeau
Phil : Une bubulle classique et ma foi plutôt bonne, ainsi que bien équilibrée entre sucre et acidité. BIEN
Chris : très bon crémant, rond et bulle fine sans être sucré.
* * * * * *
Ah ben voilà, ça y est, on finit par passer à table sur le coup des 22 heures... C’est sur fond sonore de
Desireless et des
Communards pour la touche "remember"
que s’ouvre notre
[size=x-large]soirée "Fan des années 80"[/size]
... en matière de vins du Jura donc, pas de chansons de Sardou, arf. Il s’agissait du thème de dégustation retenu par consultation référendaire via un nombre impressionnant de doodle, doodle de doodle, surdoodle et méta-doodle proposés à un rythme soutenu par l’ami Stéph - surnommé "n’a que trois doigts" depuis quelques instants. Et puis pour se mettre dans l’ambiance
eighties, la disco était déguisée : on avait chemisé les bouteilles avec de l’alu pour faire les paillettes [size=small]
(tsss, n’importe quoi...)[/size].
On commence par un
truel : 3 vins des années 4-vingt (hihi), servis sur une entrée chaude concoctée par chef’ Hub : des noix de saint-jacques fraîches (décoquillées dans l’heure) et poêlées-snackées "pif-paf", et leur purée de courge
de Chris du Chablais, un plat préparé avec amour et de l’huile de sésame, l'amour aidant l’apprêt (l’huile de sésame aussi, du reste). Bon, bref :
2)
Etoile 1983 Château l’Etoile domaine Vandelle [size=small](avant la séparation des 2 frères qui donnera le ch. de l’Etoile d’un côté et le domaine Vandelle de l’autre)[/size] (chardonnay)
Phil : Nez sur les agrumes. Bouche d’une jeunesse insolente aiguisée par l’acidité, laquelle s’émousse de manière bienvenue à l’aération.
Chris : Joli nez ouvert, miel, doux. Belle tension, l’acidité a gardé une certaine vivacité ; petite amertume métallique en finale mais très beau vin de 30 ans.
3)
Côtes du Jura Fleur de Marne La Bardette 1989 - Domaine Labet
Phil : Nez iodé. Comme dans le vin précédent, la bouche est aussi encore pas mal acide ; finale en puissance, moins parfumée.
Chris : Nez bizarre iodé, anisé. Bouche un peu aqueuse à l’entame mais belle vivacité ensuite, puissant, peu aromatique.
4)
Côtes du Jura 1982, Alain et Josie Labet
Phil : Robe un peu plus trouble et nez de bouillon. Bouche plus suave, qui évolue vers des parfums plus doux. BIEN, et mieux que les deux premiers vins.
Chris : Nez plus rond, fruité, agrumes. La bouche ne tient pas les promesses, un peu aqueuse et manquant de gnak. L’acidité se manifeste toutefois sur un beau jus d’agrumes.
Chris toujours : Maintenant s’avance le fameux PVJM (poulet au vin jaune et aux morilles, pour les non-initiés
), façon nouvelle recette homologuée
Juratour avec un poulet cuisiné au savagnin suivi de sa farandole de morilles noyées vivantes dans la crème fraîche puis réduites à petit feu ; soit dit en passant, morilles à peine achetées aux Rousses et qui ont été trempées réhydratées sur la route dans le bain de pied de voiture de PhilDu (eh oui, non content d’assurer la livraison des morilles, c’est avec un grand enthousiasme que Phil s’est décarcassé pour permettre la confection de ce poulet dès le vendredi soir ! - hein faut qu’j’arrête mes c…. ies ? Okayy)
Phil reprend le micro : S’ensuit un duel d’oxys en accompagnement donc du PVJM, plat incontournable de nos sessions, et qui donna lieu à un échange sur la qualité et la cuisson du riz qui escorte traditionnellement la volaille à la sauce jurassienne, discussion où fut prononcé – que dis-je : fut déclamé les bras écartés (par Chrisdu, si je me souviens bien) – ce verbatim bien senti :
"T’es un juraddict et t’as pas de rice-cooker ?! Allô, non mais allô, quoi…" Evidemment après ça tout le monde a fermé sa gueule.
5)
Arbois Sélection 1989 - André & Mireille Tissot
Phil : S’il avait à l’ouverture des arômes un poil
mictionnels
comme il y a deux ans
, ce
Sélection (assemblage 70% chardonnay - 30% savagnin) a bénéficié cette fois d’une aération préalable de deux jours suivie d’un carafage appuyé de 5 heures qui lui ont permis de délivrer le moment venu un joli nez doux ainsi qu’un bel équilibre avec une certaine puissance. On aurait dit un petit jaune ! TRÈS BON
Chris : Judicieusement aéré grâce à mes conseils non moins judicieux
[size=small](Phil : qu’est-ce qu’il faut pas lire… )[/size], ce vin se présente avec un nez très ouvert, sur les agrumes, superbe indeed ! La bouche n’est pas en reste, souple avec une belle tenue acide. EXCELLENT
6)
Arbois Réserve du Caveau 1989, Lucien Aviet
Phil : Ce 100% savagnin présente un nez moins expressif que son vis-à-vis, mais une jolie bouche, quoique plus acide. La comparaison directe lui est légèrement défavorable, car bu seul il serait déjà très beau. BIEN à TRÈS BIEN à mesure qu’il s’
oxygénait dans le verre.
Chris : Nez plus « pointu ». La bouche est intense, plus acide, très longue. TRES BIEN
Décidément, le poulet aux morilles est un plat qui exalte la méditation philosophique ! Ça devait en effet être à ce moment-là que Tophe nous gratifia gravement d’un
"memento morilles" digne de la Rome antique. La mort est dans le pré - et merci pour l’ambiance
.
* * * * * *
Bref interlude avec ce dialogue tout empreint d’affable courtoisie et de tendre bienveillance :
"Puis-je t’emprunter un stylo ?
- Mais bien sûr, l’amour est dans le prêt."
* * * * * *
Sur un second service de PVJM, on enchaîne avec un premier duel de jaunes :
7)
Côtes du Jura Vin Jaune 1983, Gabriel Clerc
Phil : nez puissant et trame acide trop prédominante. On fait aussitôt la grimace : la moue raide
en le pré, je veux dire : sur-le-champ. Encore vert ce jaune (ouaf) trentenaire, mais en l’état il apparaît plutôt MOYEN.
Chris : Le nez présente de la réduction ; la bouche est très acide, avec une belle aromatique de jaune derrière. C’est toutefois la trame acide qui domine, un peu trop. BIEN+
8)
Côtes du Jura Vin Jaune Château d’Arlay 1983
Phil : le vin parallèle présente une robe couleur cognac (j’ose écrire que l’amour est dans l’ambré ?...) Le nez est très doux, et la bouche suave, avec un fil de puissance. Peut-être un léger manque de gniaque si on veut pinailler... TRÈS BIEN
Chris : château d’Arlay… dirla daday, ah non c’est pas les 80’s.. pardon…
Nez sur la liqueur et l’alcool, notes de vin de paille et animales aussi un peu. Joli jus en bouche, avec une certaine rondeur, acide aussi mais moins que le précédent ; léger, on pourrait dire qu’il manque d’un soupçon de vivacité mais ça serait chipoter, sûrement un effet de comparaison encore ; belle aromatique avec des notes de thé à l’orange, légèrement amer. TRES BIEN
Petite parenthèse viticole : est-ce qu’on parlait déjà de «vendange en vert» en 1983 ? Peut-être qu’à cette époque on employait encore le joli verbe
épamprer, bien plus romantique… Vous me voyez venir : l’amour est dans l’épampré. [size=small](Fin de la parenthèse pas indispensable).[/size]
* * * * * *
Deuxième duel de jaunes, sur une resucée de PVJM :
9)
Arbois Vin Jaune 1989, Maurice Chassot
Chris : Nez de pomme blette, un peu de bouillon et une légère volatile perceptible. En bouche, trame plutôt souple malgré une acidité plutôt marquée. Beau volume, gnak un peu en retrait. TRES BIEN
Phil : TRÈS BEAU jaune équilibré, à la fois doux et puissant, d’un domaine qui ne produit plus aujourd’hui. Il est malheureusement coiffé par son vis-à-vis :
10)
Côtes du Jura Vin Jaune Château d’Arlay 1989
Phil : La plénitude de l’équilibre et de la complexité au nez et en bouche (commentaire sobre, l’amour est dans l’épuré…) Non en fait c’est juste qu’on est concentré sur le moment de grâce que nous offre cet Arlay 89, MAGNIFIQUE. On a envie de déclarer à ce vin :
"You’re beautiful, it’s true".
Chris : d’Arlay ……… dirla …boing ! … hompf … m’enfin ? La baffe du week-end ! .. le vin pas dirla dirla… boing boing … m’enfin abime pas les casseroles !...
Nez de bouillon, viandox, un peu réduit encore (malgré 24 heures de carafage), avec des agrumes qui pointent derrière. En bouche, ça démarre gentiment sur une trame souple puis se développe direct sur la puissance max ; à chaque gorgée, c’est une série d’uppercuts ! Quel punch ! Un soupçon moins de puissance peut-être que la célèbre cuvée
Delphine 89 -de Puffeney- qui jouait dans une autre catégorie, ça serait le genre prestige de Gaillardon (v2) en un peu plus puissant. EXCELLENT. Le(s) lecteur(s) TAVCOïste(s ) et attentif(s) de l’été ne regrette(nt) pas.
La soirée se poursuit affectueusement (l’amour est dans la vêprée, oui bon), et avec elle le repas : minuit passé, on arrive gentiment aux fromages, dont le plateau est garni des contributions de chacun (c’était ça l'échangisme, on vous rassure : la mise en commun des apports liquides et solides, vous aviez compris) : comtés 14, 18 et 29 mois, morbier, polinois, laguiole, Maréchal de la Broye vaudoise, chaource (une pâte molle mi-félin mi-plantigrade
), sainte maure de touraine qui avançait tout seul comme une coulée de lave…
Et avec ça, deux nouveaux jaunes, également de 1989 (la dégustation s’est révélée bien plus
late eighties que
early eighties) :
11)
l’Etoile Vin Jaune 1989 - Domaine de Montbourgeau
Chris : Belle bouche fruitée et tonique, forcément un peu moins que le balèze arlaysien juste avant. TRES BIEN
Phil : arômes safranés au nez, mais bouche à l’acidité encore un peu brutale. Un vin
couillu ? Mais oui, l'amour est dans le membré [size=x-small](et plus souvent qu'à son tour, d’ailleurs)[/size]. PAS MAL
12)
Château Chalon 1989, Jean Macle
Chris : Joli nez avec toutefois un fond de grillé qui évoque la réduction ; la bouche est souple avec un volume croissant (attaque moyenne et la puissance se développe vers la fin de bouche). Acidité sous-jacente sur le jus d’agrumes. C’est un beau vin mais je lui trouve un je-ne-sais-quoi en dedans ; je ré-essaye un deuxième verre (pfff ce qu’il faut pas inventer.. ) qui présente plus de puissance ; néanmoins, ce n’est pas la grande extase ce soir. BIEN++
Je ne sais plus pourquoi, on est venu à parler de Lou (Deprijck) and the Hollywood Bananas mais c’était pas encore les 80’s , ça préfigure les vins suivants… Mais surtout, il devait y avoir un rapport avec Plastic Bertrand car ce soir, ça planait pour nous !
Phil : le dernier jaune de la soirée, et le premier
Château, dis donc ! Le nez est plus doux que le Montbourgeau, et la bouche aussi. En y revenant le lendemain, je suis cette fois dérangé par une acidité marquée qui le rend moins fondu et partant moins agréable que ses conscrits de la classe 1989... Ça devient de plus en plus difficile de décrire et de différencier ces jaunes de 25 ans qui, pris seuls, seraient émouvants en raison notamment de leur âge, mais qui en comparaison courent le risque de se téléscoper. Il est tard, aussi…
… et donc temps de passer au dessert, en quittant, snirfl, les années 80. Sur une poire pochée à la Chris et aux fruits secs (pour le gros œuvre) et sa farandole tobaldienne de mignardises maison (sèche, glace aux marrons, pâte de coings, merci Tophe !) est servi un trio de paille, dont un duel intéressant :
13)
Côtes du Jura Vin de Paille 2003 - Domaine Labet
Phil : couleur très ambrée ; très sucré et sirupeux.
Chris : Nez assez riche (façon quart de chaume, sur les fruits secs, la datte, le caramel). La bouche est riche et intense, tirée loin par l’acidité malgré le sucre.
14)
Côtes du Jura Vin de Paille 2003 - Julien Labet
Phil : Le même, mais vinifié par le fils d’Alain et Josie Labet. Moins sucré, avec un côté poivré.
[size=small](Quelle honte de noter aussi peu, j’en rougirais presque : je sais bien que l’amour est dans l'empourpré, mais quand même...)[/size]
Chris : Nez plus fin avec plus de fruits. En bouche c’est d’abord le sucre qui se manifeste, un peu plus fin que le précédent quand même. On retrouve l’acidité avec le sucre et plus de fruit
15)
vieux vin de paille des années 50-60, origine inconnue
Phil : c’est Hubert qui a apporté cette demi-bouteille sans étiquette d’une contenance originale de 32.5 cl, et provenant de la cave d’un sien parent - voire aïeul ? Son âge est évalué à la louche, et son domaine inconnu, même s’il est vraisemblable qu’elle soit originaire du secteur de Poligny où cousin Hub a de la famille. Ce vieux paille est d’une couleur bronze encore plus foncée que le vin n° 13, et il exhale un léger relent iodé au nez. Merci Hubert pour cette antiquité prélevée sur ton patrimoine familial !
Chris : Nez sur le nuoc-mam ou plutôt le fameux vin jaune chinois
lapassionduvin.com/p... [size=small](le vin n° 16)[/size]. La bouche a déjà bien mangé ses sucres. L’acidité est du coup plus marquée mais la finale est belle, très longue.
* * * * * *
Cette trilogie de pirates conclut de belle façon cette soirée consacrée aux années 80 ; encore une fois, cette décennie nous a offert de beaux vins encore bien vivants. Et que dire de 1989, des vins partis pour 25 ans de plus.
Quelques «digérants» noctambules jouèrent encore les prolongations en se réunissant autour d’un cognac Lhéraud ou d’une poire du Gros-de-Vaud pour l’
after - car comme chacun sait, l'amour est dans l’après.
Et pour en finir avec ce
running gag, n’oublions jamais que l'humour est dans le pré, et partout ailleurs où on voudra bien l'accueillir !
En guise de conclusion, nous emprunterons à Phil Teva (et à quelqu’un d’autre) une formule à la mode en disant à tous les participants et participante de ce superbe week-end : "merci pour ce moment". Et on adresse encore en passant un clin d’œil amical à Davy, absent malheureux de cette session. Vivement la prochaine les amis, et longue vie au
Jura Tour !
, Philippe
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Allez, un dernier petit jeu : devinez où se trouve Jean-Francois Lamour ?
(indice : c’est un endroit plein d’herbe, mais ce n’est pas un terrain de foot)
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