Que voilà un éditorial qui ne manie pas la langue de bois!
Morceaux choisis (et que personne ne se sente visé particulièrement, il y en a pour pas mal de monde!):
Produire des résultats fiables en dégustation est une chose très difficile. Aussi nous nous félicitons de ne juger les vins que lorsqu'ils sont mis en bouteilles. Un examen minutieux de chaque grand vin est effectué, suivi d'un contrôle de son évolution à l'oxydation sur environ deux heures. Pour certains échantillons de qualité exceptionnelle un test d'oxydation en trois phases est réalisé sur 24 heures (...).
La déontologie de base du critique en vin est à notre avis d'avoir en premier lieu une connaissance à son endroit irréprochable. Plus singulièrement, une base de savoir gustatif, un vécu sensoriel de chacune des meilleures AOC françaises mais aussi internationales. Pour comprendre un Chambertin Clos de Bèze ou un Léoville Las Cases, il ne peut suffire de la dégustation de quelques bouteilles de chacun de ces crus! Pour apprécier un Chambertin Clos de Bèze, il faut aussi avoir goûté et assimilé des centaines d'autres cuvées issues de pinot noir bourguignon.(...) Accorder une note à un vin est un exercice sérieux qui est loin d'être accessible à tous.(...)
Soyez donc, cher lecteur, bien vigilant et méfiez-vous de cette nouvelle génération de critiques peu expérimentés qui "vantent", un peu vite, de "nouveaux grands vins" qui en une récolte, égalent soi-disant, les grands seigneurs qui depuis plusieurs décennies, voire des siècles, ont fait la gloire du patrimoine viticole mondial. Comme nous, inquiétez-vous de voir certains "analystes" s'émerveiller et noter un honnête vin bien travaillé à l'égal d'un superbe Cheval Blanc (...).
Et puis plus loin, dans une tentative de définition de la dégustation, qualifiée d'"expertise analytique qualitative":
(...)La qualité d'un dégustateur ne se quantifie ni par le nombre de rides sur son front, ni par la couleur de son nez!
(...)
Le dégustateur de vins doit être complet. Il doit pratiquer la dégustation des eaux minérales, des différents crus de café et de cacao, maîtriser la dégustation des corps gras comme l'huile d'olive, étudier le thé pour son astringence et son amertume singulière.(...)
(...)Il se doit d'entretenir comme un athlète son corps et son esprit.(...)
(...)Si j'ai moi-même élaboré une grille d'évaluation, croyez bien que je trouve ridicules les cotations sur 100 qui n'ont de valeur que sur l'instant (rien à voir avec la notation par niveau de qualité objective). Entre un 94 points sur 100 et un 96, on peut légitimement s'interroger sur la pertinence de l'écart entre les deux vins. Que représentent deux centièmes de point?
De quoi donner un peu de crédit au petit catalogue qui s'ensuit, un brin austère, car se bornant à énumérer "Les meilleurs vins de France et du monde", couleur par couleur et appellation par appellation, en mentionnant juste le nom et les coordonnées du producteur. Mais une fois habitué à cette façon de procéder, on s'aperçoit que beaucoup (pas tous!) de nos vins favoris y sont répertoriés.
En Languedoc, on trouve par exemple Bébian, Copa Santa, Clos des Cistes, Syrah Léone, Aurel, Jamais content du Mas Mortiès...avec cependant quelques oublis et quelques erreurs de répertoire (Bébian en Grès de montpellier, par exemple).
Ce "petit" cadeau de Noà«l de la part d'un de mes enfants réserve donc son lot de jolies surprises.
Ah! j'oubliais! Il s'agit du guide "Les meilleurs vins de France et du monde", le palmarès 2004 d'Eric Verdier et de l'association Culture & goût, aux Editions du Bottin Gourmand. Les différents propos mentionnés plus hauts, même ceux que je trouve les plus justes et savoureux, n'engagent que leurs auteurs, à savoir Mr Marc Miannay, éditorialiste, et Eric Verdier lui-même.
Olif
Message edité (28-12-2003 17:20)