Nous passons ensuite aux rouges pour accompagner le carré de veau de lait. Les commentaires de mes compagnons de table se faisant de plus en plus rares, les notes seront malheureusement de plus en plus succinctes. Mon voisin (mais je ne dirai pas lequel) commençait à avoir du mal à savoir quel verre il devait goûter et je l'ai même surpris à essayer d'en boire un des miens… Je suis habituellement très conciliant, mais il y a des choses qui sont inacceptables, en particulier si elles conduisent à me priver d'un verre de vin ! Heureusement, après un bon coup de carafe bien placé, les choses sont rentrées dans l'ordre…(aaa)
Weingut Hans Igler – Ab Ericio 1999
Un beau rouge autrichien à base de cabernet sauvignon, merlot et blaufrankish. La robe est soutenue à profonde, avec des reflets encore violets. Le nez est sur les fruits rouges et noirs, l'empyreumatique, le cuir, le poivre et quelques notes animales, bien accompagnées par un boisé de qualité. En bouche, bel équilibre campé sur une acidité assez présente mais sans agressivité, maturité et longueur sont au rendez-vous. Très bien !
Pactus – Touriga National – Vinho Regional Estremadura 1999
La robe est profonde avec des reflets violets trahissant sa jeunesse. Le nez est très sanguin, épicé (clou de girofle, réglisse), avec un fruité noir bien mûr. Souplesse et soyeux caractérisent la bouche très bien équilibrée, de longueur moyenne. Sans doute le meilleur rapport qualité-prix de la soirée.
Strozzi - Sodole 1999 (magnum)
Un beau Toscan 100 % Sangiovese, à la robe profonde. Nez sanguin, toasté, empyreumatique, avec de belles notes de fruits noirs et de cuir. Superbe acidité, très bel équilibre marqué par la finesse, longueur supérieure au précédent. Encore un très beau vin dont un magnum était bien nécessaire pour étancher la soif de certains…
Arzuaga – Ribeira del Duero 1996
La robe est soutenue, encore jeune. Le nez, un peu réduit au départ, s'améliore sensiblement à l'aération pour offrir de belles notes sanguines, minérales et fruitées. En bouche, c'est ample, avec une belle acidité et de la longueur. Très bon une fois encore.
Domaine Gourt de Mautens – Côtes du Rhône Villages Rasteau 2001
Pour défendre l'honneur de la France dans cette dégustation, nul besoin d'aller chercher un Cru Classé du Médoc ou un Grand Cru bourguignon, un simple petit Côtes du Rhône Villages suffit ! (bbb)
La robe est soutenue, mais pas trop, très jeune. Pas de notes de réduction ici, mais Olivier avait pris soin de carafer la bouteille au début de la réunion. Les fruits rouges dominent, en particulier la fraise, accompagnés des notes de garrigue, de lavande et d'une touche sanguine. C'est en bouche qu'il démontre sa grandeur, grâce à son équilibre parfait et son immense longueur. Point n'est besoin de vous dire que j'adore, vous le savez déjà , et je pense que beaucoup ont partagé mon enthousiasme pour cette bouteille.
Pour accompagner une petite assiette de fromage, on se détourne des rouges pour un instant.
Marc Angeli – Anjou les Blanderies VV 1997
La robe est d'un or profond. Le nez divise l'assemblée ; la pomme blette semble dominer la partie, rappelant quelques souvenirs à un médecin qui n'aime pas les vins de Loire oxydés (certainement l'une ou l'autre expérience malheureuse…), avec également un beau fruité exotique et des notes évoquant le champignon de Paris. D'autres ne sont nullement dérangés par ce nez et le trouvent très agréable. En bouche, le vin est sec, gras et long, avec une finale minérale typique, comme aime nous le rappeler Olivier, des chenins sur schiste (quand je vous disais qu'il était énervant avec ses connaissances encyclopédiques…(bbb)).
Revenons aux choses sérieuses, avec une nouvelle série de six vins pour clôturer en beauté cette magnifique soirée.
Clos Mogador 1998 (magnum)
La bouteille que beaucoup (dont moi) attendaient avec impatience…
La robe est profonde, aux reflets violets. Le nez semble encore fermé malgré le passage en carafe, délivrant avec retenue de belles notes de fruits noirs, de garrigue, de laurier, de girofle et pour certains, de vernis à ongle. En bouche, il se montre très puissant tout en étant superbement équilibré et long. Assurément une grande bouteille, à mon avis dans une phase intermédiaire qu'il conviendrait de regoûter dans deux ou trois ans pour suivre son évolution. Marc, tu sais ce qu'il te reste à faire pour le DBA XV…(bbb)
San Michele – Amarone della Valpolicella Classico 1997
La robe est moyennement soutenue. Très beau nez sur le cacao, le café, le pruneau, le girofle, avec beaucoup de rondeur. Quelques grammes de sucre résiduel adoucissent l'attaque en bouche, puis le vin se tient droit comme un i, avec un retour en force des fruits secs, du girofle et des épices, pour finir très longuement sur une sensation chaleureuse apportée par l'alcool et à nouveau les épices. Superbe !
Certains commençant tout doucement à s'assoupir, il est temps de prendre un peu l'air pour déguster l'esprit alerte les quatre blancs qui finiront la soirée…
Domaine du Mont d'Or – Merle des Roches – Hermitage du Valais 1996
Malgré le fait que la Suisse ne fasse pas partie de la Communauté Européenne, nous acceptons volontiers cet intrus, surtout qu'il sait se tenir.
Il s'agit d'une Marsanne flétrie sur souche et élevée en barriques.
Le nez est splendide, sur la truffe blanche, la fraise des bois, l'ananas, le litchi et une note encaustique. En bouche, il possède un équilibre de vendange tardive, avec une superbe acidité et une longueur de plus de plus de trente secondes. Miam !
Le vin dont je suis incapable de citer le nom, mes notes devenant très difficilement lisibles…mais uniquement à cause de l'obscurité(jjj)
Si j'ai bien retenu, il s'agit d'un assemblage de pinot meunier, pinot gris et chardonnay.
La robe est d'or, manifestement pas filtrée. Le nez évoque la pomme, la noix et le lichen. En bouche, il paraît sec et acide. Il ne faut pas vous faire un dessin, ce n'est pas mon vin préféré de la soirée…
Feiler-Artinger – Burgenland (Autriche) – Traminer Auslese 2001
La robe est très claire. Le nez est magnifiquement floral et minéral, avec un beau fruité exotique. En bouche, on est sur une maturité de vendange tardive avec un faible taux d'alcool (10°5) et une superbe fraîcheur. La longueur n'est pas en reste et achève de me convaincre de la grande qualité des vins autrichiens bus lors de cette soirée. Une magnifique découverte pour moi et je pense aussi pour beaucoup des autres participants. Merci Olivier pour cette magnifique sélection.
Zind-Humbrecht – Clos Saint Urbain - Riesling GC Rangen de Thann 1998
La soirée se termine en apothéose avec cette splendide bouteille que j'ai annoncée à l'aveugle à trois reprises lors de la soirée… (ben oui, c'est une technique comme une autre…(bbb)).
La robe est jaune, tirant vers l'or fin. Le nez est envoûtant, sur les agrumes confits, la pêche, l'abricot, le pamplemousse, le gingembre, les notes florales, le miel, et bien sûr une grande minéralité accompagnée de touches empyreumatiques et terpéniques. On sent presque le volcan sous nos pieds (bon, je sais, j'exagère un peu, mais c'est la fin de la soirée et on a beaucoup bu…). En bouche, c'est ample, gras, tout en restant d'une exquise finesse avec un équilibre somptueux et une longueur qui ne l'est pas moins. Le DBA V méritait bien cette bouteille d'exception en guise d'apothéose !
Le DBA V est mort, vive le DBA VI !
Luc