et voici les résultats de cette dégust ; et je regrette de plus en plus de l'avoir raté
Tel quel sans annotation de ma part
LUNDI 13 JUIN 2005 : SYLVANERS DE TERROIRS ET D'EMOTION
DEGUSTATEURS PRESENTS :
Jean-Christophe BOTT
Christian BOULARD
Jean BOXLER
Michel GINGLINGER
Michel KELHETTER
Pierre MARCHANT
Felix MEYER
Patrick MEYER
Tony MOUTAUX
Dominique PRINCE
Fabien STIRN
Vincent STOEFFLER
VIN SURPRISE = MUSCADET DE SEVRE ET MAINE 1999 MICHEL BREGEON :
Nous démarrons cette séance par une robe pâle à reflets verts, puis un bouquet minéral assez austère dont les arômes se partagent entre le côté épicé et les notes légumineuses (artichaut, fenouil, ortie). L'attaque est fine, perlante, et sert de bon prélude à l'harmonie générale du palais, où équilibre puis côté gouleyant vont de pair. Termine sec et élégant avec quelques belles notes iodées à la clé. Bref, un bon vin de soif. Noté de 11 à 13 = 11,88/20.
SYLVANER 1999 "Vieilles Vignes, 10 Sono Contento" (Issu du Grand Cru Zotzenberg de Mittelbergheim) ALBERT SELTZ :
Une teinte or sert d'accueil pour ce vin à la superbe complexité aromatique où l'on signale notamment abricots, acacia et fleur d'oranger. Bouche à l'avenant, possédant une attaque franche, de la cohérence, tant du côté de la structure que de l'ampleur, avec toutefois, -si l'on recherche la "petite bête"- une petite pointe d'amertume. Ne boudons cependant pas notre plaisir car il s'agit d'un très grand sylvaner et l'on sent que le vinificateur en a tiré le maximum. Un des meilleurs vins d'une soirée, qui vous le verrez, fut peu avare en beaux flacons. Noté de 12 à 17 = 14,23/20.
SYLVANER 1999 "Vieilles Vignes" (Issu du Grand Cru Kessler de Guebwiller) DIRLER (Culture Biodynamique) :
Une couleur pâle et un nez discret, empreint de minéralité, avec quelques touches de fumé/grillé. Superbe démarrage gustatif sur les fruits estivaux (abricots, fruits rouges), qui se prolonge encore crescendo avec du gras, une grosse minéralité, traitée tout en délicatesse avec, comme point d'orgue, une merveilleuse bipolarité (ampleur/finesse - matière/élégance), difficile à surpasser. Quelques mots enfin pour signaler la belle longueur fraîche abricotée, ce qui ne gâche rien. Un vin qui écraserait de nombreux rieslings de rang. Noté de 12 à 17 = 15/20.
SYLVANER 1998 "Parcelle Bergweingarten" PIERRE FRICK (Culture Biodynamique) Pfaffenheim :
Bel or pour ce vin doté d'effluves miellés et épicés avec une pincée de bergamote vanillée. Malheureusement les impressions gustatives s'éloignent des références précédentes avec de nombreuses touches oxydatives (noix, noisettes, marc de raisin, herbes sèches) et, sous des autours gras, un manque de pureté évident. La matière était sans doute présente, mais il semblerait qu'elle s'use prématurément. Avis toutefois différent pour quelques membres qui jugèrent l'échantillon, certes dans une mauvaise passe, mais en pleine régénérescence, avec un bel avenir probable à la clé. Noté de 10 à 16 = 13,29/20.
SYLVANER 1998 "Parcelle Kronenbourg, Cuvée Prestige" DOMAINE STOEFFLER (Barr/Zellenberg) :
Une robe jaune soutenue pour cet échantillon au nez miellé fuyant, et "solaté" (géranium) qui gêne le plaisir olfactif. Attaque moelleuse, riche et grasse (sur la menthe et la verveine) qui débouche sur une très belle matière (on a ici recherché la surmaturité), à l'acidité bien structurée, mais sans l'harmonie souhaitée, avec un manque de précision du côté des arômes plus quelques sucres résiduels non intégrés très présents. Noté de 10 à 14 (note isolée) = 11,13/20.
SYLVANER 1997 "Cuvée Oscar" (Issu du Grand Cru Vorbourg de Rouffach) CLOS ST LANDELIN :
Cet échantillon de teinte or présente un bouquet confit et varié sur les fruits jaunes, les violettes puis la menthe. Prélude gustatif laborieux sur le céleri, bien vite relayé ensuite par un fruit drapé de gras, qui signe son retour de façon nette et précise, avec notamment un beau lien sucre/acidité. Longueur toutefois fraîche et moyenne. Noté de 12 à 15 = 13,83/20.
SYLVANER 1996 "Vallée Noble" (Issu du Grand Cru Zinnkoepflé de Westhalten) ERIC ROMINGER :
Une couleur or pâle à reflets verts pour ce vin parfaitement pourvu olfactivement, avec ses belles notes de fougère, menthe, bergamote et ananas qui nous donnent envie de nous attarder. Cependant la bouche n'est également pas mal du tout avec finesse et minéralité en attaque, qui se poursuivent harmonieusement par un côté confit (fruits rouges + jaunes) dû à un gras qui domine très légèrement un ensemble à l'équilibre sur le fil du rasoir, mais dans un esprit toujours proche du cépage. Bref, un vin fort sérieux. Noté de 13,5 à 17,5 = 15,08/20.
SYLVANER "Parcelle Zellberg" 1996 "Vieilles Vignes" (Elevé en fûts de chêne) DOMAINE JULIEN MEYER Nothalten :
Ne nous attardons pas sur la robe or de ce vin mais plutôt sur son bouquet infiniment ouvert, complexe, et évolutif avec une kyrielle d'arômes dont le "Fernet Branca", l'amaretto, l'absinthe, l'anis, la réglisse ou encore le bourgeon de sapin. Démarrage gustatif empreint de fraîcheur, qui prépare dans de bonnes conditions un milieu de bouche d'un bloc, avec une matière puissante mais équilibrée, sur des notes de thym, qui se termine par une longueur finale briochée sans aucune fatigue. Encore une fois un très beau sylvaner, dans un registre différent des autres (usage du bois). Noté de 11 à 17 = 14,6/20.
SYLVANER 1995 "Cuvée Oscar" (Issu du Grand Cru Vorbourg de Rouffach) CLOS ST LANDELIN :
Nous sommes accueillis par une teinte similaire au précédent, mais pour ce qui est du bouquet c'est un tout autre registre avec une bonne dose de volatile qui tente de nous faire oublier les beaux arômes de rose, épices et coing plutôt typiques d'un beau gewurztraminer. Rien à redire du côté de la matière, issue de raisins surmûrs, mais plutôt d'un manque d'équilibre général avec un côté lourd, que n'arrive pas à contrebalancer l'acidité dissociée. Dommage. Noté de 8 (note isolée) à 13 = 11,58/20.
SYLVANER 1991 (Issu du Grand Cru Sommerberg de Niedermorschwihr, parcelle Dudenstein) ALBERT BOXLER :
Pas de trace d'évolution dans la robe de ce vin doté d'arômes d'herbes aromatiques et d'épices soutenus par une franche minéralité. Impressions gustatives de grande classe avec un démarrage original sur les fruits rouges (framboises), de la richesse, de la gourmandise et une énorme minéralité traitée toute en finesse grâce à une belle fraîcheur enrobée. Un vin sec qui a suscité l'enthousiasme, et qui prouve que le sylvaner est un grand cépage alsacien. A l'issue de cette dégustation, Jean Boxler fut très remonté, car ce fut sa dernière vendange de sylvaner sur ce terroir, les plants ayant été arraché (contre son avis) au profit du Riesling-roi ; pour un vin qui ne donne pas autant de satisfactions. Il songe déjà au surgreffage… Noté de 16 à 18 = 17,04/20.
SYLVANER 1990 (Issu du Grand Cru Sommerberg de Niedermorschwihr, parcelle Dudenstein) ALBERT BOXLER :
Les mêmes caractéristiques sur le papier que le précédent, mais dans une année plus chaude, avec un résultat un tout petit peu moins éclatant, mais cependant très réussi avec son bouquet évolué proche d'un grand champagne (présence de calcaire dans le sous-sol), sa bouche minérale dans la droite ligne du terroir, une belle ampleur générale et enfin sa longue finale sur les fruits rouges puis l'anis. Mais voilà, nous devenons très difficiles (surtout après ce fameux n° 10), car le gras apporté par le millésime nuit (un peu) à sa finesse et à son expression. Noté de 13,5 à 16,5 = 14,9/20.
"Les Eléments" 2003 'Grains Passerillés' (Sylvaner récolté tardivement) DOMAINE BOTT-GEYL (Culture Biodynamique) :
Un des plus mauvais terroirs argilo-calcaire de Jean-Christophe, des maturités difficiles à obtenir, une parcelle gelée puis grêlée en 2003… transcendés par l'effet canicule, extraits : Ce fut donc un échantillon de dernière minute, dégusté à l'aveugle et il fut très ardu de le situer géographiquement, ne serai-ce déjà par sa robe œil de perdrix, son nez gourmand de fleurs et de pâtes de fruits (abricots, fraises), puis son attaque perlante, très aérienne qui ouvre une voie royale aux plaisirs du palais sans aucune lourdeur. Pas de fausse note donc dans un vin à la sucrosité fondue, à la structure fine et à la grande finale. A aucun moment nous avons ressenti la matière et les sucres (50 g) tant le vin se révéla élégant (tous les membres ont d'ailleurs estimé à 10-15g le nombre de sucres résiduels, preuve de sa grande harmonie). Ce soir dans la famille des sylvaners on a eu la référence en sec, en boisé, place maintenant à la référence passerillée ! Noté de 13,5 à 17 = 15,46/20.
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SYNTHESE GENERALE :
- VINS RETENUS = 12
+ Excellent (16,5 - 18) = 1 vin.
+ Très bons (15 - 16,5) = 3 vins.
+ Bons (14 - 15) = 3 vins.
+ Assez bons (13 - 14) = 2 vins.
+ Corrects (11,5 – 13) = 2 vins.
+ Moyen (10 – 11,5) = 1 vin.
- VIN NON RETENU = 0
- MOYENNE SANS VIN SURPRISE = 14,2/20.
- MOYENNE GENERALE DE LA SEANCE = 14/20.
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CONCLUSIONS :
Souvenez-vous de l'entame de la précédente séance, consacrée à un village bourguignon auréolé d'un certain prestige (Pernand-Vergelesses), réunion où nous avions le secret espoir de déguster un ou deux flacons de génie, notamment parmi les Corton-Charlemagne. Malheureusement, en Bourgogne, la notoriété sert souvent de cache misère, avec de fréquents abus, tant dans les prix, que dans les rendements, nous l'avons appris à nos dépends.
Un mois après cet amer constat, à quelle sauce le "cruel" Club AOC allait-il manger le "médiocre" sylvaner, cépage autochtone quasiment banni (sauf en Franconie) de l'ensemble de la planète oenophile ?
L'affaire était mal engagée et la séance s'annonçait difficile malgré le fait qu'un effort particulier ait été orienté vers la recherche de beaux flacons potentiels, issus de "pointures alsaciennes" sur de grands terroirs où sa noblesse est constamment remise en cause.
Le résultat n'en est que plus jubilatoire et ne manque pas de panache, car rarement une séance n'avait aussi bien porté son nom, certains vins mêlant adroitement terroir plus émotion.
Des vins d'émotion les Sylvaners ? Incontestablement et ce, quelque qu'en soit la richesse ou le style de vinification, prouvant au grand jour que ce cépage ne doit pas jouer les seconds rôles (voir le commentaire de Jean Boxler pour le vin n° 10). Certains rétorqueront que la dégustation se passait en Alsace, "lieu d'un chauvinisme exacerbé" et qu'il est rare de déguster un bon Sylvaner. A tous ces médisants je leur signalerais tout d'abord qu'en observant certaines notes, l'indulgence n'était pas de mise, et qu'il leur suffit surtout d'acheter les bons produits issus des meilleurs terroirs sans hésiter à les faire mûrir patiemment en cave comme de grands Rieslings (notre échantillon le plus jeune avait 5 ans, et le meilleur 13 !), tout en retenant les leçons suivantes :
1° Le Sylvaner est avec le Riesling l'un des deux grands cépages originaires d'Alsace.
2° A ce titre il mérite d'être planté sur les meilleurs terroirs où il donne sa pleine mesure et une harmonie de grand
cru (Zinnkoepflé, Zotzenberg, Kessler, Zellberg, etc…).
3° Peu importe le style, tout lui réussit, aussi bien en sec, qu'en moelleux, ou en "boisé", à condition que le
vinificateur possède un savoir-faire évident.
4° Enfin, peu de vins procurent un tel agrément pour un prix aussi dérisoire.
Alors désormais, faites confiance au Sylvaner, il vous le rendra bien !
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DATE DE NOTRE PROCHAINE DEGUSTATION :
LUNDI 4 JUILLET 2005 : SUISSE = VINS DU VALAIS
A L’HOTEL DU CHATEAU D’ANDLAU A BARR
Amicales salutations
C. BOULARD