Après avoir fait ce week-end une grande verticale de Cos d'Estournel depuis 1982, je me demande si cette façon de déguster est valorisante pour les vins.

Je m'explique : une dégustation verticale nous donne une bonne idée du style d'un château et des caractéristiques des millésimes. En revanche, elle ne met pas en valeur la valeur intrinsèque des bouteilles, les plus réussies d'entre elles éclipsant les autres.

qu'en pensez-vous ?

Yves Z

une verticale ou une horizontale, est le meilleur moyen de diminuer le plaisir potentiel de chaque bt bue séparément...imaginez un instant que vous ayiez à  "entière" disposition Ornella Muti, Sharon Stone et Emmanuelle Béart pendant la même soirée, ne préféreriez-vous pas passer 3 soirées différentes avec chacune d'entre elles?

Notre besoin d'analyser, d'apprendre et de créer un système de référence nous pousse logiquement à  ce genre d'exercice, verticale, horizontale et comparaisons en général. C'est une approche presque rationnelle du vin en opposition avec celle que l'on pourrait qualifier de poétique...la magie du moment, de la compagnie et du cadre en parfaite symbiose avec "La" bt....

bon cette fois je vais fumer mon cigare...

Je crois que Claudius a vu juste du premier coup, sans avoir à  méditer longuement en fumant un cigare!

Indispensables à  notre apprentissage et à  notre connaissance du ou d'un vin, elles se soldent par d'énormes déceptions sur certaines bouteilles que l'on aurait pu apprécier bues isolément.

Et quand le nombre de bouteilles est important, cela se traduit par un "gaspillage" en terme de vin recraché et de verres vidés dans le seau. C'est souvent le lendemain que l'on se fait véritablement plaisir en avalant quelques fonds de bouteilles, juste pour elles-même, sans chercher à  comparer.

Mais que cela ne nous empêche pas d'organiser de belles dégustations!(aaa)

Olif

Le réflexion de Claudius est d'ailleurs valable pour toutes les dégustations en série. Récemment encore plusieurs personnes m'ont fait de grands yeux en apprenant que j'avais pour passion la dégustation. Aimer le vin et en boire chez soi lors d'un repas, d'accord, mais quel intérêt d'en goûter 5, 10, 15 à  la suite ? Beaucoup ne comprennent même pas le sens d'une telle démarche. Il faut reconnaître qu'elle est plus pédagogique qu'hédoniste !

Pour un amateur de vin, de telles dégustations sont indispensables. Déguster en une soirée X millésimes de Cos d'Estournel permet certainement de mieux comprendre le vin que boire chaque millésime isolé sur une période d'un an par exemple. C'est le meilleur moyen de comprendre un vin, ses attributs, son évolution, son élevage, son potentiel, son terroir ... etc ... etc ! Mais il est vrai qu'un verticale, horizentale ou autre ne permet pas un rapport privilégié avec un vin qu'on a apprécié fugueusement. On a tout se suite envie de reprendre RV pour aller plus au fond des choses.

Et hélas ce n'est pas toujours possible (jjj)

Dans une dégustation, quelle qu'elle soit, le vin change de statut et devient échantillon.
De la même façon que le vin du dimanche bu seul peut faire illusion, le vin bu dans le cadre d'une telle dégustation, pourquoi pas verticale, est souvent minoré.
N'empêche que cela permet quand même de se faire une idée juste du style et d'une certaine héerarchie. De ce point de vue, les résultats plutôt unanimes le montrent bien.

Personnellement, j'aime bien pouvoir prendre du temps pour évaluer, sur plusieurs jours et si possible de façon comparative pour avoir les avantages des deux situations extrêmes, en diminuant les inconvénients.

Dans une dégustation verticale, horizontale (ou même diagonale!), je trouve que le vin est traité avec trop peu de respect. Et c'est vrai qu'il y a quelque chose d'abjecte à  jeter, cracher de si beaux vins.
Mais cela permet quand même de progresser et de faire avancer les choses.

Il y'avait les livres et extraits qu'on "ingurgitait" durant notre scolarité et puis les livres qu'on lisait pour le plaisir.
Il y a les vins que je bois et les vins que je déguste… ce ne sont pas des vins différents mais ce sont des moments différents.
Mon approche et mon intérêt dans les dégustations horizontales et verticales ne sont pas les mêmes : si je goûte de nombreux "spécimens" de vins comparables (15 sancerre 2000 par exemple) ce n'est pas du tout pour hierarchiser ou trouver ce qui fait que l'un ou l'autre sont plus grands. Je cherche ce qui les rapproche et non ce qui les sépare. La trace d'un style, d'un terroir (sans répondre à  la question posée dans une autre rubrique) qui marque et rapproche tous ces vins. Dans une verticale je cherche à  comprendre ce qui différencie (le millésime…) ces vins, identiques en dehors de ce facteur important. Je vais donc aussi chercher ce qui les rapproche, mais la hierarchisation est plus tentante dans ce cas et en effet les "faibles" sont impitoyablement écartés. Cela rappelle tout de même que si par exemple l'on peut admettre que Chateau "bidule" est un excellent vin il n'est très grand que quelques fois par siècle et que quand on croit avoir goûté au summum on peut encore trouver + grand… c'est plutôt positif !

Je crois qu'on ne peut pas évacuer non plus, même si ça reste aux yeux de certains un poncif, que la dégustation, horizontale, verticale..., est une photo! Rien de plus!

Que d'établir une hiérarchie est très ponctuel Et même que déterminer un "style" en le précisant est très risqué.

Certains crus ont des "constantes" qui ont pour origine la notion de terroir ou la "patte" d'un vinificateur.

On devine parfois le changement de conseil, lorsqu'on connait bien une production sur plusieures années, voire sur plusieures décénies.

Je suis en partie d'accord avec Jérôme lorsqu'il dit que le vin est mal traité. Je dirais plutôt mal jugé : noté sévèrement, vocabulaire ravageur... Et les plus pros le font!...
Losque je suis déçu par un vin dont je n'ignore pas la qualité (supposée?) de l'origine, mes derniers mots sont souvent : à  revoir...
Et c'est une notion de dégustation que j'aime bien : revoir, voire rester fidèle et donner une chance.
Bien sur, il faut nuancer! Tous ne méritent pas qu'on s'acharne! Et encore...

Pour ce qui est de cracher, c'est autre chose. Le but peut être de rester lucide, tout simplement, mais, quelque part, je trouve que ça "désacralise" le vin, les bouteilles de notre cave, le ton qu'on donne parfois lors de tels moments.

J'aime assez l'idée que défend Vincent en cherchant ce qui rapproche les vins d'une dégustation. Mais, on est tellement habitué à  hiérarchiser!...

PhR

C'est pourquoi j'aime les dégustations… sans notes (sans hiérarchie, on a le droit de prendre des notes(bbb)) !!

J'aime bien les dégustations 'à  l'aveugle' pour leur aspect ludique.
Je pense que c'est un outil parmi d'autres d'apprentissage, de formatage de la mémoire. Quand lors d'une soirée, vous dégustez 12 chardonnays de 12 origines différentes, vous savez un peu mieux ce que c'est que le chardonnay, mais vous savez également qu'ils sont si proches et si différents les uns des autres qu'immanquablement, vous vous ferez encore piéger la prochaine fois.
C'est ça qui est passionnant !

Didier

Pour moi - amateur - une verticale telle que celle-là  est une occasion unique de goûter autant de millésimes d'une seul vin que je ne pourrais jamais faire (et m'offrir) seul. Il s'agit aussi d'une excellent exercice d'apprentissage et d'une occasion unique de découvrir un domaine sous toutes ses facettes - bonnes et moins bonnes.

Pour le cru en question (vis-à -vis du critique amateur), c'est un exercice sans filet, ou il n'y a pas la nourriture, la bonne ambiance de bouffe ou un autre vin moins bon pour cacher les défauts. C'est du direct sans playback ! Et c'est encore pire quand l'amateur se pointe avec son Impitoyable .... (aaa)

Perso, j'ai adoré cette verticale mais suis conscient que j'aurais apprécié plus de vins si bu séparemment et au cours d'un repas.

Tiens, une petite question ....
D'après les photos de votre rencontre, je suppose que les vins ont été bu à  l'extérieur.
Pensez-vous que l'on ait les mêmes perceptions à  l'intérieur et à  l'extérieur ?

Amitiés,
M@nuel.

Par une belle et chaude soirée en altitude, sans vent, rien n'est venu perturber la dégustation des vins que nous avons bus ce soir-là  (je ne parle pas du Cos qui a été bu la veille). C'est clair que si une usine à  gaz nous balance ses relents fienteux dans la figure à  ce moment-là , ça doit gêner un peu! Bonjour le mercaptan!

Tu ne bois pas de vins sur ta terrasse, Manuel, toi qui habites dans le Sud?(aaa)(aaa)

Olif

Olif,

Très joli jeu de mot, si si ....

Tu sais, dans ce sud là , le métre carré est très cher, beaucoup de gens n'ont pas de terrasse .....
Et puis ici, vu les températures depuis 3 mois , la dégustation objective reste très délicate à  l'extérieur. En fait, je ne bois que du rosé sur ma petite terrasse ou des vins rouges sans trop de prétention. Je pars du principe qu'un bon pour ne pas dire grand vin mérite tous les égards ....
En fait, je trouve que c'est au restaurant que l'on rencontre les meilleures condtions pour déguster un vin. (aaa)

Amitiés,
M@nuel.

Manuel

La dégustation proprement dite de Cos a eu lieu à  l'intérieur. Les vins été un peu rafraîchis et placés dans une glacière, où nous les remettions immédiatement après le service. Je ne crois pas que la chaleur a perturbé la dégustation. Nous les avons ensuite dégustées tranquillement sur ma terrasse, dans la fraîcheur nocturne des contreforts des préalpes suisses.

amicalement

Yves

Yves,

Je n'émettais aucune réserve concernant votre dégustation, je commence à  vous connaitre un peu (toi et les autres) pour savoir que vous avez du prendre toutes les précautions possible.
A l'extérieur, ce qui me semble le plus difficile c'est la perception des arômes, je trouve que le bouquet du vin est très, trop délicat et il s'accomode mal du "plein air" .... mais j'ai aussi beaucoup moins d'expérience que certains ici (sérieux).

Amitiés,
M@nuel.

Manuel,

Franchement, je n'avais jamais pensé à  ça, sauf en cas d'odeur parasite.

Les parfums parasites existent aussi à  l'intérieur. L'autre jour, j'étais fier d'avoir pu isoler une parfum de fraise d'une netteté inouie, quand j'ai constaté que mon fils se régalait avec une méga sucette à  la fraise un peu plus loin...(aaa). Une belle leçon d'humilité.

amicalement

Yves