Tomy & Co
22 rue Surcouf
75007 Paris
Tél 01 45 51 46 93
Du lundi au vendredi
12h00 > 13h30
19h15 > 21h30
www.tomygousset.com/...
Les renseignements
ici.
Le chef Tomy Gousset trace sa route depuis 5 ans et j'ai eu l'occasion d'aller avec mon beau-frère récemment dans son restaurant étendard. Je n'ai pas pris de photos mais je voulais tout de même relater mon expérience et les vins que nous avons bus. L'expérience fut très agréable, l'équipe de salle est efficace et discrète, les clients sont plutôt distingués et les vins nous ont été généreusement servis (au verre).
Le restaurant a des prix plutôt haut de segment pour le menu déjeuner mais offre une carte qui n'est pas trop courte (3 ou 4 choix par service) avec un beau dressage (en particulier l'entrée), des ingrédients "prestigieux" et des techniques pointues. J'ai opté pour la tête de veau en fine tartelette, navets et truffe noire. Mon plat a été une lotte, embeurrée de chou et sauce bouillabaisse et le dessert fut une tarte au citron "main de Bouddha".
Les vins au verres étaient quasiment tous des vins "bingos" LPV et raisonnablement tarifés (x2 par rapport au prix caviste). Il y avait notamment du JJ Prüm Kabinett à la carte, maintenant que vous me connaissez un peu, je n'ai pas pu m'empêcher d'écrire un petit mail ne demandant pas s'il était un peu dommage de les ouvrir si tôt alors que ces vins se révélaient à la garde.
Par conséquent, le sommelier (et associé du restaurant) nous a ouvert un JJ Prüm Graacher Himmelreich Kabi 2012 au lieu du Bernkasteler Badstube 2018 Kabi.
Allemagne, Moselle, Johan Joseph Prüm, Graacher Himmelreich Kabinett 2012
Oeil : Pas de trace d'évolution, or clair, reflets verts
Nez : Pas d'odeur de réduction mais pas encore libéré, on sent essentiellement la pierre mouillée et une touche de fruit tel la pêche (blanche).
Bouche : Pas (trop) de soufre pour gâcher l'expérience, c'est un Kabinett dans toute sa splendeur, en finesse avec moins de minéralité cristalline et "pointue" que je trouve dans les vins de Sarre mais toujours un équilibre exceptionnel : de la dentelle en fil d'araignée, fine mais qui a aucun moment ne se brise ni s'effiloche où le fruit frais, la minéralité un peu humide, l'acidité et les herbes jouent une partition harmonieuse et d'une appréciable longueur. Je pense toutefois que la bouteille aurait encore pu avoir besoin de plus d'aération car il y avait encore une petite fausse note acide à 80% des caudalies.
Conclusion : J'adore, mon beauf est ébloui, j'ai le sourire jusqu'aux oreilles! Les accords m'indiffèrent avec les bons Kabinetts : ça se suffit à lui-même et par lui-même, c'est dire à quel point je suis impartial
!
Pour accompagner le plat, le sommelier nous offre du :
France, Bourgogne, Pouilly-Fuissé, Domaine Thibert, Les vignes blanches 2014
Oeil : Robe or d'une intensité un peu plus forte que le Prüm. Lumineuse également.
Nez : Complexe et assez aromatique, on perçoit à la fois l'élevage avec une vanille présente, des notes lactiques (beurre, sésame torréfié) mais également des fruits jaunes et oranges mûrs. Subjectivement et sensoriellement, je sens une énergie leste, celle du destrier carapaçonné des temps médiévaux.
Bouche : Le toucher de bouche est leste : on sent le poids et l'inertie générés par un degré alcoolique élevé, un élevage élaboré (18 mois de fût à plus de 20% neufs et lies). Il y a beaucoup de complexité néanmoins entre ces notes lactiques, le fruit très mûr et des notes salines un peu plus tonique vers la finale. La longueur est longue et finie minérale.
Conclusion : C'est objectivement une très bonne bouteille. Mais je n'ai vraiment pas de coup de coeur. L'effet séquence l'a très clairement desservi : le Prüm avait une longueur équivalente avec une légèreté plus digeste.
Accord : La fermeté et la mâche de la lotte s'est fort bien accommodé du volume du vin et les arômes du vin s'accordaient d'un point de vue synesthésique avec la bouillabaisse et le vin s'est retrouvé rehaussé.
Pour accompagner ma tarte au citron "main de Bouddha" :
Autriche, Rust, Bruno Landauer Gewurztraminer Spätlese 2018
D'après Dionys, c'est une VT avec 77g/L de SR
Oeil : Robe jaune et légèrement trouble, façon citronnade maison.
Nez : Pas trop intensément aromatique avec un net penchant sur les fruits exotiques jaunes (ananas dominant, fruit de la passion pour l'acidité énergisante, un peu de mangue pour le volume) et le kiwi. Aucune trace de rose ni de litchi.
Bouche : Un comportement très surprenant : imaginons un athlète faisant un curl avec une haltère. Initialement, le vin aborde le kiwi et le fruit de la passion avant que la puissance des SR ne débarquent drapé de l'aromatique d'ananas et de mangue. Arrivé au sommet de l'effort, l'expiration se fait sur de très beaux amers citriques qui apportent une acidité bienvenue ainsi qu'une amertume de contraste magnifique accompagnés d'une belle longueur qui finit sur une petite note de sel.
Ceci me rappelle le CNdP blanc "Vielles Roussannes" de Beaucastel 2009 ou l'Hermitage de Chapoutier goûtés à Vinapogée le mois dernier (comparaison très flatteuse !)
Conclusion : Le vin a largement dépassé mes attentes et le GW m'a vraiment surpris. Je suis d'habitude sensibles aux amers mais dans le cas d'espèce, c'était exactement ce qu'il fallait faire pour que le vin soit très bon. Les SR ne sentent pas du tout d'un point de vue sucrailleux mais apportent un équilibre vers la puissance qui en fait une belle réussite.
Accord : Là encore une grande réussite dans une construction en chiasme avec le dessert : initialement nous croquons de l'amertume citrique arrosé de liquide fruité et puis la dynamique se renverse pour croquer un fruit doux arrosé d'un liquide amer et citrique.
C'était une très bonne expérience dans un chouette cadre aux couleurs chaleureuses et végétales qui rappellent une terrasse d'hacienda du Yucatan avec une super compagnie, et j'ai bu continuer à expérimenter de nouveaux vins et revoir mes connaissances et attentes. Un grand merci au sommelier associé qui m'a particulièrement bien traité
.