Angélus Saint-Emilion 2004 : (15,5/20+)
Robe noire.
Expression très mûre avec un boisé lacté de classe : liqueur de cassis, épices, moka.
Bouche charnue, sensuelle, croustillante, langoureuse, avec en même temps de l’austérité et de la finesse. Boire assez frais car le taux d’alcool semble élevé. Un 2004 plutôt extrême (on peut lui reprocher une certaine décadence) dont il faudra surveiller les éventuels progrès.
Angélus Saint-Emilion 2003 : 16,5+/20
Nez mûr, plutôt explosif, boisé racé : roncier, mûre, cacao, graphite, épices.
Bouche longue, fruitée, assez lascive mais pas si joufflue que cela (un très léger manque de chair, le 2003 paraissant curieusement plus filiforme que le 2004). Un vin doté, qui bénéficie d’une rassurante accroche astringente en finale.
Angélus Saint-Emilion 2002 : 16/20
Nez alléchant : cacao, myrtille, figue fraîche. Evocation de rafle conférant une certaine fraîcheur et agréable profondeur minérale.
La bouche est valorisée par une belle présence gourmande, à la fois veloutée et tannique. Aspect plus ligérien (fermeté fruitée) pour une carcasse moins charnue et plus abrupte. Un 2002 consistant et de garde.
Angélus Saint-Emilion 2001 : 18/20
Nez minéral en diable, compact, empyreumatique : moka marqué, fruits noirs.
Tannins remarquables pour une trame pleine, cohérente, juteuse, caressante, très persistante. Le prolongement est délicieusement suave, salivant, éclatant, la finale entraînée par une sensation de poussée continue bluffante. Difficile de ne pas se resservir une belle rasade de ce vin en pleine forme, déjà fondu et prêt pour une longue croisière.
Bien plus dévoilé que le Léoville-Barton bu le 5 avril 2007 et j’attends avec impatience la comparaison avec la Conseillante 2001 (à l’encépagement plus exclusif), qui arrivera fin avril 2007 avec une énorme réputation sur ce millésime (lequel verra ponctuellement le dossard de l’autre ?).
Angélus Saint-Emilion 2000 : 17/20
Nez solaire mais sans lourdeur excessive ; on engrange avec bonheur des notes multiples de fruits noirs et rouges confiturés, de réglisse, d’herbes aromatiques (en décoction), de figue rôtie, de poivre, de boîte à cigares.
Bouche au caractère plus exotique, au velours admirable, qui remplit la bouche de manière démonstrative (osée ?) et corsée mais se déroule sérieusement en finesse et sans chaleur trop excessive. Ses éléments sont mieux fusionnés que dans le cas du 2003.
Rappel : Vinexpo 2001
Château Angélus 2000. Notes : DS16,5 - LG16 - PP16,5 - PC15,5/16. Moyenne : 16 (cr par Pierre Citerne)
Fruit très mûr, boisé grillé important mais beaucoup de fond, souple et charnu en bouche, concentré, hédoniste.
Angélus Saint-Emilion 1998 : 17/20
Robe intense mais un peu plus mate.
Olfaction profonde, corsée, racée. Le kiosque à odeurs est complexe : minéral, havane, rose ancienne, figue, poivre, réglisse.
En bouche, c’est de la belle ouvrage : on se régale d’une production qui rappelle un peu le 2000, raisonnablement riche (cossue mais pas crémeuse), délectable. Longueur et relative fraîcheur complètent ce tableau d’excellence.
Angélus Saint-Emilion 1997 : 15,5/20
Robe moins tonitruante, plus évoluée.
Nez joliment foxé, au bouquet floral fin et frais (mentholé), faisant penser au cigare. En bouche, la sphère est certes plus restreinte mais ce vin au charme un peu vieillot, plus court, possède tout de même de beaux atouts vu le millésime : il est prêt à boire et possède un éclat relatif qui le rend joyeux.
Angélus Saint-Emilion 1996 : 14/20
Nez expressif, viandé, dans lequel on inventorie des notes très appréciables de fruit cuits, de cuir, de poivre.
On est en revanche déçu par une bouche à la finale rude, trop prompte, qui ne confirme pas les promesses d’un fumet très attractif. Nul soyeux et au contraire tannins grossiers (illustration parfaite de la difficulté du millésime sur cette rive ?).
Angélus Saint-Emilion 1995 : 16,5/20
Bouquet profond, sanguin, plus végétal, moins expansif que celui du 1996, sur des odeurs de cassis, de tabac, d’agrumes, de minéral, de figue.
En bouche, l’austérité, qui confère de la vigueur au vin, est adroitement enjolivée dans une trame de qualité, ferme et sapide. Tannins un tantinet poudreux (aspect pulvérulent).
Angélus Saint-Emilion 1994 : 15/20
Fonds végétal qui poivronne et une certaine noblesse dans cet éventail aromatique : minéral, épices, cuir, pointe de truffe noire (tuber melanosporum).
Matière dense, corsée, possédant un gras appréciable et une belle tenue. Tannins un peu grenus. Un vin ici mis en scène dans un panel exigent mais on imagine bien qu’il put beaucoup plaire lors de l'horizontale des Bordeaux 1994.
Angélus Saint-Emilion 1993 : 13/20
Nez minéral, végétal, austère, qu’il faut aller chercher. Impression de peau d’orange. La bouche n’est pas dénuée d’un certain caractère mais elle paraît creuse, fatiguée, débordée par son acidité. Aurait vraisemblablement souffert dans la surprenante horizontale des Bordeaux 93 organisée fin 2006.
Angélus Saint-Emilion 1992 : 11/20
Nez indigent sur le bouillon Kub, le poivron, le cassis. La bouche me fait plisser les yeux en raison d’une acidité insidieuse. Sans plus de commentaires …
Conclusion (rapide, en ce qu’elle ne saurait à l’évidence pas remplacer un stage d’étude sur place) :
- Haut niveau d’ensemble pour des vins stylés mais pour autant variés (selon les millésimes), puissants, corsés, racés, diserts et gourmands qui bénéficient de la générosité aromatique et structurelle du merlot judicieusement combinée à l’assise et aux flaveurs potentiellement racées du cabernet-franc.
- Changement de style probable à partir de 2000 : les vins deviennent alors plus « modernes », « lissés », concentrés, alcoolisés. La maturité, la rondeur, la volubilité augmentent (tout en laissant encore de la place à la race et à la finesse - on connaît pire dans le secteur en termes de production de vins de foire, surboisés, tape-à-l’œil, édulcorés, éphémères, paradoxalement parfois secs). La comparaison des silhouettes du 1998 et du 2001 est instructive à cet égard (et le 1999 absent de cette série). Clairement travaillés pour une forme de plaisir immédiat, charnels (d’une certaine manière internationalisés), loquaces, ils conservent toutefois une réconfortante rigueur d’élaboration et semblent préserver un message, au passage impacté par certaines modes actuelles et la carte de l’irrémédiable évolution climatique. Il sera intéressant de suivre son évolution dans le temps (en écho avec ceux qui seront délivrés lors de la seconde verticale 1991-1975 du 26/4/07).
Prochaine série (1991-1975) la semaine prochaine !