Bonjour à tous
Aujourd’hui, exceptionnellement, je vous parle du COCA et d’une de ces dégustations mémorables que tous les passionnés de LPV, j’en suis sûr, attendent impatiemment. N’ayant jamais publié de CR ni ici ni ailleurs, je vous demanderai toute l’indulgence due aux débutants –novice en rédaction, hein, je déguste quand même depuis plus de 25 ans-
Ah, j’allais oublier de vous dire que le COCA, c’est le Cercle Oenologique de Centre Ardenne (pour nos amis français, pas le « 08 » mais juste de l’autre côté de la frontière)
La dégustation porte sur le millésime 2008 du domaine Parigot, en prévision de la commande groupée annuelle que nous faisons depuis le millésime 1991.
Régis, Marie-France et leur fils Alexandre, rejoints aujourd’hui par leur fille Annaïs et son mari, exploitent le domaine familial sur la commune de Meloisey, située dans les Hauts de Côtes de Beaune.
La dégustation portera sur 15 vins du domaine, n’ayant pas reçu cette année d’aligoté.
Les Blancs.
1-Bourgogne Hautes Côtes de Beaune V.V. : La robe est assez claire, presque or blanc, nette et
limpide. Le nez, légèrement boisé, laisse percevoir des fruits secs ainsi que des arômes de fleurs blanches. En bouche, c’est très vif ( ha , ce premier vin de la journée) avec une belle attaque et un boisé discret; par contre ce n’est pas très long.
AB+
2-Meursault « Les vireuils dessous » : la robe est plus soutenue que le HC, jaune claire et brillante.
Outre le boisé délicat et discret, le nez est assez complexe avec des notes florales et de fruits secs.
En bouche, c’est fin, le bois est discret, les fruits secs sont là ( amandes, noisettes ) ; d’une belle acidité légèrement citronnée, le vin a du volume et une bonne longueur.
B
3-Meursault « le limozin » : La robe est brillante, jaune claire. Ici, le nez est très fumé, plus boisé que le V.D., rappelant un peu l’ancien élevage des blancs du domaine…
En bouche, c’est gras, ample, assez concentré, avec ce boisé caractéristique toujours présent, et d’une belle acidité un peu plus marquée que dans le V.D.
A attendre un peu, tenant compte de l’acidité et du bois.
B
4-Chassagne-Montrachet 1er cru « Clos-saint-Jean » : NDLA :la parcelle a été achetée, si mes souvenirs sont bons, sur le millésime 1996, était plantée de pinot noir, puis a été replantée en chardonnay après la vendange et les années nécessaires au repos du sol, ce qui fait que nous avons eu à l’époque un seul millésime de chassagne rouge et que les vignes actuelles n’ont encore qu’une bonne dizaine d’années.
La robe est d’un jaune très clair, toujours brillante. Le nez est racé, élégant, de nouveau sur les fruits secs, suivis discrètement de fleurs blanches. En bouche, un soupçon de gaz carbonnique – tout le monde n’est pas d’accord – l’attaque est franche , le vin est tout en finesse, équilibré et de bonne maturité. Le boisé est magnifiquement intégré, bien au service du vin. Belle longueur avec retour des fruits secs. Ce vin, déjà bien accessible, apporte déjà bien du plaisir mais pourra attendre sans problèmes quelques années.
B+
Conclusion sur les blancs : Le millésime 2008 nous donne ici des vins blancs assez vifs, d’une belle fraîcheur, avec une certaine ampleur. Ils montrent, d’une part, que le domaine progresse lentement mais sûrement dans sa vinification des vins blancs, tout en n’étant pas encore au niveau de technicité ou de maîtrise des rouges, et, d’autre part que « 2008 » possède bien des atouts en blancs. A voir en rouge.
Les Rouges.
NB : La couleur des rouges, outre le fait que tout le monde sait que le Pinot Noir n’est pas un cépage teinturier, n’est pas très prononcée ; rien avoir évidemment avec 2003 ou 2005 : les vins sont tous assez clairs et il risque forcément d’y avoir des redites…
5-Bourgogne Hautes Côtes de Beaune « Clos de la Perrière » : La robe est d’un rouge cerise, pas très foncée, avec des reflets violacés, brillante. Au nez, c’est splendide, fin, élégant, racé et légèrement épicé. Arômes fruités : cerise, kirsch, fraise, un peu de mûre. En bouche, attaque franche avec beaucoup de fraîcheur ; c’est vif, net, très droit ; l’acidité est bien présente, c’est assez concentré, assez long en bouche pour un HC et plein de fruits rouges accompagnés de quelques noirs. Déjà beaucoup de plaisir aujourd’hui pour un PN à ce prix, mais tenue garantie sur deux à quatre ans.
TB+
6-Savigny-les-Beaune « Les Peuillets » : La robe est brillante, encore un peu plus claire que le HC.
Le nez exprime son boisé léger, des arômes de caramel, avec des fruits rouges ( groseille, mûre mais mûre, est-ce rouge ??? même si la ronce commune est du genre « rubus ») ,fruits rouges bien présents ,donc, même s’ils sont moins intenses que dans le HC ; c’est légèrement réglissé.
La bouche est tout en souplesse, d’une belle fraîcheur une fois de plus, sur la finesse, le tout étant très digeste, laissant aussi poindre un peu de torréfaction en fin de dégustation.
B+
7-Savigny-les-Beaune 1er cru « Les Peuillets » : La robe est de couleur un peu plus soutenue que le village, bien nette. Le nez fait montre d’un beau boisé, noble, avec un peu de caramel, puis des fruits peut-être un peu plus noirs que le «B+ village » ; quelques épices pointent le bout du nez…
En bouche, des fruits noirs et rouges, c’est assez vif, avec une petite pointe tannique en fin de bouche, mais des tannins dans la lignée du millésime. Bref ( si je peux dire parce que cela commence à ne plus être si bref que je n’espérais, et vous aussi à mon avis…) bref, donc, déjà bien accessible et agréable mais tout pour tenir la route.
B+
8-Savigny-les-Beaune 1er cru « Les Vergelesses » : La robe est dans la lignée des précédentes, avec un peu de reflets violacés en plus. Le nez, quoiqu’un peu fermé et sur la réserve, laisse percevoir un peu de fruits rouges. En bouche, un peu de fumé, c’est plus tannique, c’est serré et assez sérieux, cela ne se donne pas très vite ( je ne sais qui, sur ce forum il y a quelque temps, comparait le Bourgogne à une femme…) mais avec une très belle fraîcheur ( ben voilà !)
C’est différent des « Peuillets », avec des caractéristiques de vieilles vignes mais avec un potentiel qui fait que ce sera sûrement une belle bouteille dans cinq ou six ans ; laissons lui le temps de venir…
B+
9-Volnay « Les Brouillards » : Ne nous attardons pas sur la robe, assez claire. Le nez, un peu austère, dévoile malgré tout des petits fruits noirs. La bouche : attaque très fraîche, vive, avec de légers tannins ; elle fait un peu penser au « Peuillets 1er cru » avec de la finesse.
Il y a du vin, c’est assez serré mais la pureté aromatique est là.
B+
10-Beaune 1er cru « Les Grèves » : La robe est pourpre, avec un peu plus de densité dans la couleur, brillante et limpide ( comme toujours ). Nez :boisé assez torréfié, empyreumatique, mûr, fruits rouges et noirs. En bouche, fumé, riche, profond, mais sur la finesse, avec un peu de chaleur en fin de bouche ; ce « grèves » est tout en rondeur avec des tannins très souples ; c’est un vin complet, d’une belle longueur, assez classique de son « climat », tout en finesse ( mais pas léger !) avec des tannins de velours.
TB+
11-Pommard « Les Vignots » : Toujours assez peu de couleur, mais d’un bel éclat. Au nez, un boisé présent avec du fumé, mais sans excès, laissant la place à un beau fruit. En bouche, c’est frais, vif, pur ,net et de belle richesse.
TB-
12- Pommard « Les Riottes » : La robe est cerise clair, limpide. Le nez offre un très léger boisé discret, avec des fruits frais très mûrs, griottes. La bouche est très souple, c’est tout rond au début puis légèrement tannique en fin de bouche tout en restant tout en fraîcheur.
TB-
13-Pommard 1er cru « Clos de la Channière » : Ici, hourra, la robe est un peu plus profonde ! ( ceux qui auront décroché entretemps auront raté cela, bien fait pour eux ) . Le nez est légèrement empyreumatique, sur la cerise, de petits fruits noirs ; cela semble bien mûr ( ici, on est, je crois savoir, exposé plein sud ) . En bouche, comme souvent, fumé, belle acidité mais avec une grande maturité ; c’est bien équilibré, les tannins sont bien intégrés, c’est savoureux.
TB
14-Pommard 1er cru « Charmots » : La robe apparaît plus claire que pour le « Channière », plutôt dans la lignée des précédents. Au nez cela semble riche, bien mûr avec du cassis, des petits fruits noirs. La bouche confirme la richesse, la bonne maturité tout en conservant une fraîcheur de bon aloi ; les tannins sont une fois encore souples, la longueur est importante.
Ici, on ne crache plus , s’il vous plaît – et il me plaît, le bougre !-
TB+
15-Pommard 1er cru « Les Epenots » : La robe est très jolie, profonde, grenat. Au nez, de nouveau on devine la maturité, des fruits rouges – fraises, groseilles – puis noirs, un peu d’épices, avec un boisé de grande classe, pas du tout expansif. La bouche, de superbe maturité et bien équilibrée, se termine sur une bonne longueur, avec une fraîcheur étonnante ( mais qui, je suppose, n’étonne plus personne !). C’est harmonieux, déjà accessible, mais pourquoi se presser si ce n’est pour se faire –et aux copains- plaisir…
ECX
Conclusions des rouges :
- d’abord, un peu d’agacement : dire qu’il y en a toujours qui viennent vous dire que le Bourgogne, c’est lourd : qu’ils les goutent, bon sang !!! –fin de la crise-
- la couleur ne fait décidemment ni la richesse , ni la qualité du vin.
- 2008 nous montre une très belle fraîcheur générale, une petite matière tannique jamais dérangeante, le plus souvent tout en souplesse.
- Un millésime parfois décrié – c’est sûr qu’il y avait du boulot, mais il y avait manifestement moyen de s’en sortir- mais qui devrait nous apporter son lot de satisfaction et du plaisir à partager…
Et pour digérer tout cela – pas vous, mais nous qui avions travaillé tout l’après-midi- et aussi pour nous confirmer le potentiel des « Epenots » mon ami et hôte du jour nous sert :
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Pommard 1er cru « Les Epenots » 1999 en Magnum : NB : on est en Ardennes, le vin vient directement de la cave, à environ 10° ( pas besoin de clim dans ces vieilles fermes ) : La robe est plus foncée que tous les 2008 évidemment, dans les nuances bordeaux – un comble- avec un disque très peu évolué :le vin semble encore en pleine forme. Le nez, après un peu de secondaire de qualité, champignons et sous-bois, laisse percer en réchauffant quelque peu, des fruits noirs, du pruneau, un peu de cuir. La bouche est mûre, riche, très fraîche ; on y retrouve les pruneaux.
Très beau Pommard, sans doute à son apogée.
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Pommard 1er cru « Les Epenots » 1996 en Magnum : La robe est toujours assez foncée, ne montrant que peu d’évolution. Le nez est moins sur le secondaire que le « 99 » avec du fruit toujours bien présent. En bouche, encore du fruit, en finesse mais avec de l’ampleur, de la matière et toujours cette fraîcheur, et qui ne vient pas seulement de la cave… L’acidité, assez rébarbative à l’époque du millésime – qui ne se souvient de ces vins de 96 jeunes , difficiles, acides et qui ont mis des années pour se « calmer »,particulièrement en blancs, me trompè-je ? cette acidité, donc, montre ici son intérêt.
Bon, c’est pas tout ; c’est bien sympa les Ardennes et les copains mais il me faut rentrer au pays…
J’aurais aimé ajouter des renseignements sur l’âge des différentes parcelles, l’exposition des vignes, la particularité des « climats » ou que sais-je. Plus tard peut-être, si c’est possible …