C’est chaud quand même d’essayer de faire un compte-rendu de tout ce qu’on a bu…
A mon avis, ça va bien prendre deux plombes pour tout écrire, mais ça en valait largement la peine !
Alors voilà.
Quand je suis arrivé, il régnait déjà une forte activité. J’ai préparé la bouteille, amenée avec Bouhi, et puis assez vite quand même, on m’a donné à boire.
Un petit Champagne brut Bochet Lemoine Cormoyeux, en amuse-gueule, vineux et beurré, beau liquide qui s’étoffe bien en bouche. Très gourmand.
Après on a discuté, …et puis les blancs sont arrivés. (Ceci dit il y en a qui discutaient toujours
)
Premier Blanc : robe or soutenue, claire sur les bords. Nez oxydé, caramel au lait, toffee, purée de céleri, bouche grasse, beurrée, mais fatalement oxydée, notes de pommes blettes, bouteille défectueuse ? Chablis 1er cru Vaudevey de chez Laroche 2000
Second Blanc : Bel or à peine blanchâtre sur les bords. Paille, lacté, caillé légèrement au nez, bouche très goûtue, un peu étrange cependant, légère sucrosité, boisée et caramélisée en bouche, finale assez longue, pas désagréable mais en même temps pas vraiment mon style, peut-être à placer à table sur un beau fromage. Castillo Luigi 2001, vin de la région du Tessin, Suisse
Troisième blanc : Pâle, beau nez fruité (fruits exotiques), mangue, bouche très Chardonnay mais je suis un peu perdu, peu de trame, finale acide bof, la bouche ne tient pas les promesses, dommage. Corton-Charlemagne 2002 Pavelot
Après on a discuté, … et puis les rouges sont arrivés. (là, y’en avait encore plus qui discutaient toujours
)
Premier rouge : Robe rubis moyen, pas de signe d’évolution, très pure, limpide. Nez un peu muet, fruits rouges. Bouche avec de la saveur, fleurs un peu fanées, amertume végétale, légère astringence, peu de complexité, finale maigre et acide, bof. Beaune 1er cru grèves, « Vignes de l’enfant Jésus » 1999, Bouchard.
Second rouge : ce vin a été carafé, robe rubis foncée, limpide. Nez plus sur la confiserie, la pâte à gâteaux…en bouche, c’est boisé, astringent, je trouve que ça manque cruellement de fruit, finale très rêche, dommage, c’est peu flatteur, surextraction sur une matière fragile ?
Aloxe-Corton 1er cru « Les Vercots », Tollot-Beaut 1998
Troisième rouge : robe rubis sombre, étincelante, et avec un léger brunissement. Nez confiserie, fraise confite, sucre, bouche superbe car vivante, sapide, belle matière fruitée (groseilles, fraises), très dur à cracher ce vin, finale à peine chaude, acidulée. J’adore ce style encore plein de sève, beau vin. Corton-Bressandes Antonin Guyon 1999
Quatrième vin : le piège de la soirée : il fallait reconnaître un vin bouchonné.
Chapelle-Chambertin 1999 Trapet. Là je me rappelle que ça discutait sévère.
Cinquième vin : Belle robe rubis très sombre. Compacte. Nez boisé torréfié, trop d’élevage, extrait, concentré, bouche fermée, creux au milieu, trop tannique, belle finale cependant, longue, dur à évaluer, à regoûter dans 2 ou 5 ans, avis totalement réservé, Vosne-Romanée 1er cru « Les Reignots » 1999, Bouchard
Sixième vin, on va monter d’un cran.
Robe rubis très sombre, très beau nez de fleurs, de framboises, dégageant une impression sucrée légère, avec quelques voiles de réduction, torréfiée. Bouche un peu austère, caillouteuse, végétalisée, le fruit a de la peine à percer mais la matière est là quand même, belle finale avec un peu d’alcool. Avis mitigé. Volnay 1er cru Clos des Chênes 1998 Lafarge.
Septième vin : Robe très sombre. Nez très lacté, de la confiture de mûres sur une tartine beurrée (rien que ça), à l’agitation sang séché, bouche très sapide, une pointe végétale, mais pas gênante, beau milieu sans réelle complexité cependant, finale longue, manque de netteté dans les arômes, dommage, à attendre probablement, beau vin pas encore ouvert ? Volnay 1er cru « Santenots du milieu » 1998 Comtes Lafon
Huitième vin : belle robe rubis, pure. Note légère d’évolution. Beau nez sur les fruits rouges, le sang, des notes de fût, bouche très suave, glissante, très soyeuse, belle évolution en bouche, terrienne, réglisse, framboise, donnant une impression de légèreté, vraiment superbe travail. Volnay 1er cru « Champan » 1997 Comte Lafon
Neuvième vin : robe hyper sombre, nez floral éblouissant, terre parfumée, essence de mûre, bouche pleine, terrienne aussi, même terroir alors ?, bourrée de fruits, longue, à avaler absolument, à peine d’acidité, très beau vin, Volnay 1er cru « Champan » 1996 Comtes Lafon
Dixième vin : Robe plus pâle, superbement profonde et pure. Nez magnifique, fleurs, framboises, très parfumé, bouche fraîche, roses, roses écrasées, fraises, purée de fraises, groseilles, framboises, on a presque tout, belle complexité, une pointe végétale cependant, beau milieu de bouche qui prend le goût, j’aime beaucoup. Pommard 1er cru « Rugiens » 1996 De Montille.
11 ième vin : robe rubis foncée, à peine troublée, beau nez floral, fruit mûr, fruits rouges au sucre, superbe bouche, avec des fruits rouges croquants, sapidité et acidité s’enlacent, belle finale avec une pointe de verdeur, et de menthol, Pommard 1er cru « Les Epenots » 1996 Olivier Leflaive
12ième vin : Robe rubis, qui commence à évoluer. Nez floral, groseilles, fleurs séchées, bouche toute en goût, superbe, sapide et évoluante, groseilles, fleurs liquides, une acidité fruitée du plus bel effet, confiserie, mais pas sucraillerie, soufflé aux fraises, superbe vin, d’une grande délicatesse, un vin pour ceux qui veulent la rêverie, équilibre magistral, Meursault Cote de Beaune 1993, Coche-Dury, que la personne qui a amené ce flacon se réjouisse, nous l’avons apprécié à sa juste valeur
13ième vin : Robe qui tuile nettement. Nez caramel, boisé, fraises caramélisées, liqueur de fraises des bois, framboises, assez envoûtants ces parfums, chamallow ?, bouche très savoureuse, avec un beau fruité en train de muer, belle acidité porteuse, avec un milieu groseille, fraises, superbe longueur avec une trame directive et précise, très léger déséquilibre sur l’alcool, magnifique vin, Chassagne-Montrachet 1er cru « Clos de la Boudriotte » 1992 Ramonet, même commentaire pour le flacon, très beau cadeau
14ième vin : Robe terne, un peu trouble, nez à peine réduit, peu expressif. Notes d’élevage, bouche un peu mieux, manquant de complexité, finale à peine fuyante, souffre de la comparaison avec les deux flacons précédents, à revoir, Beaune 1er cru « Les Grèves », 1990 Lafarge
15ième vin : Belle robe encore limpide. Au nez : fleurs, café, fraises, bouche extraordinaire, avec des effluves au palais d’écorces d’orange, d’agrumes, de fleurs, de fraises des bois, et un milieu superbe évoluant, finale sur la fraise, très dur à cracher d’ailleurs, schluck, vin avec une réelle complexité, un soyeux hors pair, une bouteille vidée au meilleur moment de sa vie à mon avis, Beaune 1er cru « Clos des Mouches » 1990 Drouhin
16ième vin : robe trouble évoluée. Nez café, cerises à l’alcool, fuyant, kirsch. Bouche belle, encore debout, beau fruit encore, griottes, s’aplatit en finale malheureusement, grenadine, belle persistance, alcool et acidité, de beaux restes, à boire sans tarder. D’ailleurs, c’est fait.
Beaune 1er cru « Cents Vignes » 1976 Bouchard
17ième vin : Robe évoluée, d’une belle pureté encore. Nez de fruits rouges, métal, rouille, oxydé en bouche, plus grand-chose à en tirer, dommage, Pommard 1978 Léon Violland
18ième vin : Robe trouble, dépôt, marc de café, jus de viande, note de sirop d’érable. Bouche encore vivante, vive sur l’acidité, impression fugace de vieilles confitures, charme délicieusement désuet, une vieille demeure où tout est encore en place, il ne manquait plus que nous, ronces, un Corton 1970 Voerick qui a encore beaucoup à raconter
19ième vin : un Beaune 2005, absolument indescriptible après cette merveilleuse série. D’une modernité gênante. Clos de l’Ecu Faiveley.
Je ne commenterai pas ce soir les liquoreux, parce que je n’en ai pas la force.
Quelques mots sur la soirée : Superbe organisation, des vins servis je pense pour la plupart à bonne température, ouverts avant, nickel.
Un beau bordel ambiant, ce n’est pas LPV Paris, c’est LPV « Lutèce », mais finalement ça nous va bien même si à un moment, j’ai pété les plombs parce que mes deux voisins parlaient de la Tarragone, je ne comprenais rien :)et puis j’arrivais plus à déguster , désolé pour la réaction. Finalement, l’esprit du groupe reflète bien l’esprit de notre ville : c’est un joyeux bazar, on aime bien ça. Et puis ça fait du business dans tous les coins, il y a des bouteilles de partout, du frometon aussi. Et pis des cigares au chocolat.
Et puis, il y a beaucoup de passion, beaucoup de gens qui ont de l’expérience et qui nous en font profiter : quand j’ai Vincent Ravenne à ma droite, Fabien à ma gauche, Xtof en face, Philippe, Franck et Thien un peu plus loin pour ne citer qu’eux, ça y va franco. Bref, je crois que malgré notre indiscipline, il sort plein de choses intéressantes. On n’est pas toujours d’accord, mais qu’est ce qu’on peut aimer le vin !
Alors en conclusion.
J’ai un feeling que la même dégustation en Cotes de nuits amènerait des surprises.
Les vieux vins gardaient de beaux restes, et les vins un peu âgés (15-18 ans) donnaient leur plénitude. Cote de Beaune et fruits rouges aussi c’est une association qui a du sens. J’ai moins trouvé les épices, plus les fleurs, le plus beau nez c’est celui du Clos des Mouches. Intéressant de voir aussi que pour moi les trois meilleurs vins viennent d’un terroir plus réputé pour le blanc. Que faudrait-il en déduire ou ne pas en déduire, je ne sais pas.
En tous les cas, c’était très instructif, merci messieurs les organisateurs et messieurs et dames les buveurs. La buona notte.
Amités
Zapata