Bonjour à tous.
Vendredi dernier était un grand jour : Réunion au sommet du Politbureau de la branche historique des dégustateurs Parisiens. On allait voir ce qu’on allait voir. La grosse artillerie était de sortie en principe. Il faut sauver le Soldat Tardivel des griffes du terrible Mc Do et de son allié l'horrible Cocacola.Mais Saint Pinard nous a entendu , et dans sa bonté nous a protégé et bêni.
Plus sérieusement , si l’on additionne un ami, exilé aux Etats-Unis, qui revient en France pour une semaine en tant que « réfugié culinaire », et une petite troupe d’autres joyeux lurons motivés ; qu’obtient-on ? Une soirée très réussie, dans une ambiance de franche rigolade : mais avec un niveau global assez enviable, vous allez le constater.
Un petite pensée pour Thien, empêchée, qui aurait du faire partie des nôtres ce vendredi soir. Passez le bonjour à Bob aussi.
Sont présent, dans l’ordre d’apparition à l’écran : Herve et Betty, Martin, Denis T, Gilles K, Raymond V, Rony, Ptit Philou, Ludovic, Etienne et Sonia, my apple and my half Mary.
Les vins sont servis à l’aveugle, afin de nous permettre de développer nos facultés extrasensorielles d’identification, et d’éviter la fâcheuse apparition du phénomène Freudien du type « surmoi sévère » bien connu des buveurs à étiquette découverte.
-1/ « FRV 100 » J-P Brun
Rosé pétillant à base de Gamay elaboré par un producteur de Beaujolais bien connu. Nez de baie rouge, bouche itou mais une curieuse impression de sucre résiduelle importante. C’est gentillet mais je ne vois pas très bien l’interêt de cette production. Me fait furieusement penser au vin de groseille qu’essaient de produire certains dans ma belle-famille. Pour amateur de Champomy.
-2/ CR:Puligny Montrachet 2001 Domaine Leflaive
Une belle robe jaune claire, et un nez un peu réduit à l’ouverture, avec une nette odeur de sésame comme le remarquent plusieurs d’entre nous. Un coté noisette grillée nous interroge fortement coté JFCD peut-être ? Mais la bouche ne confirme pas cette piste, elle est assez puissante, avec une finale un peu saline, et sur la fougère, l’amande. Ce vin est assez « sec », et représentatif de l’idée que l’on peut se faire d’un Puligny.
J’aime bien ce vin, et pour avoir bu l’an passé le 2000 de la même maison, on peut dire que Laflaive honore remarquablement sa signature. Je l’ai situé en premier cru, au moins.
-3/ CR:Volnay 1er cru « Champans » 1990 J.Prieur
Une robe rouge brique, et un nez tertiaire de vieux pinot signent ce vin de manière irréfutable ! Très belle attaque en bouche, encore ronde et présente avec de fins tanins très veloutés , et une finale sur la cerise macérée, le cuir.
Très belle bouteille d’au moins 10/15 ans, plutôt située en côte de Beaune . Niveau estimé grand premier cru minimum, voire grand cru mais ne ressemble pas à un Corton.
La vie de l’étiquette nous a rassuré sur la qualité des Champans (cf ceux de Voillot également dont le 90 est une bombe atomique), et celle de bouteilles de la maison Prieur dont nous louons la haute tenue (personne n’était jamais tombé sur un nanard estampillé Prieur).
-4/ CR:Clos de Tart 1998
Vin rubis foncé, fait évidemment plus jeune que le précédent. Nez itou, encore sur le fruit. La bouche est encore un peu serrée, les tanins sont présents et il faut encore quelques années pour que tout ceci se fonde, mais la finale est de très grande classe, complexe et riche. Assez « terrienne » pour que plusieurs avancent un Clos Vougeot.
Un beau Clos de Tart, qui ne donne pas encore la pleine mesure de sa classe, malgré un millésime délicat et 10 ans d’âge.
-5/ CR:Clos de la Roche 2001 Dominique Laurent
Vin assez concentré mais curieusement plus évolué me semble-t-il que le précédent. La structure tannique est bien fondue, avec une finale sur la griotte, et des notes fumées ai-je noté. Peut commencer à être bu.
-6/ CR:Corton « Les Maréchaudes » 1999 Doudet Naudin
Belle robe rubis, et un nez de pinot qui commence à évoluer tranquillement vers le fruit compoté. La bouche est svelte, on est dans un style de bourgogne « a l’ancienne » . J’aime beaucoup le velouté de la trame de ce vin, et sa finale qui pinote très fort. Très « terrienne », elle place le vin du coté de Beaune par la presque totalité de la table.
J’imaginais un vin moins évolué pour un Corton 99, j’en ai bu qui étaient très loin de leur apogée.
-7/ CR:Trevallon 1990
Vin de couleur rouge vif, assez opaque mais qui commence à évoluer sur le bord du disque.
Très joli nez complexe, marqué par un cassis bien mur, et une complexité tertiaire certaine. A priori on est dans le cabernet . La bouche est solide, carée, mais la finale est d’une grande subtilité, et très complexe avec une touche boucanée.
Je ne sais pas ce que c’est mais c’est très très bon. Très grand Bordeaux ? Certains flairent un piège venu d’outre-Atlantique ? Non, c’est Trevallon 1990, qui honore encore une fois sa réputation out à fait justifiée, à la lumière de la bouteille dégustée ce soir.
-8/ CR:Cote Rôtie « Les Roziers » 1988 De Vallouit
Robe rouge foncé, nez typique de syrah sur la violette, le zan. Un touche fumée, presque d’olive souligne une bouche puissante mais fondue.
Finale très longue, avec des notes de jus de viande, c’est très très concentré. Super pinuche Rhone Nord.
De Vallouit n’est pas a son coup d’essai sur ses cuvées parcellaires. J’ai moi-même possédé le 1989 qui était très bon, et on trouvait facilement chez Leclerc la trilogie 88-89-90 il y a qq années sur les Roziers et La Vonière en Côte Rotie, et l’Hermitage les Greffières. Toutes étaient de très bon niveau. Mais ce Roziers 1988 est d’une jeunesse insolente. Je suis impressionné.
-9/ CR:Leoville Las Cases 1988
Le nez ne trompe pas ici, on est à Bordeaux et on nage dans le cabernet, mais ramassé bien mûr. Attaque imposante en bouche, c’est un vin très structuré auquel nous avons à faire ici. Assez fondu, je le vois bien avec 12/15 ans d’âge.
Finale de très grande classe sur de notes de tabac.
Très beau vin. Il me surprend à la découverte de l’étiquette car je l’avais bu il y a qq années, et il m’avait un peu déçu, alors qu’en fait il n’était que trop jeune , encore un peu muet. Mais il commence à se réveiller !
-10/ CR:La Conseillante 1989
Robe rouge brique, plus évoluée que le vin précèdent.
Le nez est très puissant et complexe, il jaillit du verre des senteurs de prunes, de cuirs, c’est le grand souk oriental. Très concentré en bouche, il est pulpeux et riche.
Finale de très grande longueur, d’une suavité parfaite. Identifié comme très grand Merlot ; du genre « on en boit pas tous les jours du comme ça ».
La bouteille a parfaitement tenu son rang et sa réputation sur ce millésime. C’est géant, m’a rappelé Palmer 1983 par son toucher de bouche.
NB : Je ne crois pas utile de le conserver encore 107 ans. Buvez –le dans 5-10 ans et dites vous alors que vous avez dégusté une légende à sa parfaite apogée.
11/ CR:Mouton Rotschild 2001
Robe opaque, presque noire.
Nez très intense de beau cabernet, cassis a profusion.
Structure jeune, tannique mais très joli grain de tanins, c’est juteux, prometteur pour dans ..10 ans ?
Je trouve ce vin excellent , mais à laisser vieillir. Niveau super second ou premier cru ?
Après avoir vu l’étiquette je suis etonné en bien de ce vin, qui evolue positivement et l’ayant déjà bu, je ne l’aurais pas situé à ce niveau.
12/ Lynch Bages 1990
Le vin fait très jeune dans le verre, pas d’évolution visible.
Le nez est puissant, explosif même avec de fortes senteurs de cassis très mur , une bonne dose de boisé mais parfaitement intégré .
La bouche est charnue, ample, et il faut le dire , d’exceptionnelle qualité, comme la finale d’une longueur imposante. Nous penchons vers un Rive gauche jeune (1995 ? 96 ?) , mais de très grande lignée. Bouteille « de la mort qui tue. »
Nous ne sommes pas surpris outre mesure en lisant l’étiquette, puisque ce L-B 90 a une grande réputation. Je n’ai pas reconnu cette bouteille, l’ayant trouve beaucoup plus jeune. Il faudra que je regoute une des miennes, mais je me félicite d’en avoir encore un peu !!
-13/ CR:Mouton Rotschild 1990
Derrière le précédent évidemment il a un peu de mal tout de même …ceci dit c’est un vin un peu fin, mais assez équilibré . La structure ne bouche et la finale sont d’ampleur limitée mais convenables.
Ce vin n’est certes pas mauvais, comme j’ai pu le lire parfois. Mais ce n’est pas du tout ce qu’on attend, ce qu’on paye lorsque l’on achète un premier cru classé de Pauillac dans un millésime comme 1990..il faut le reconnaître.
-14/ CR:Porto Vintage Graham’s 1966
Robe rouge sans, avec un nez intéressant sur le fruit cuit, la figue presque. En bouche c’est visiblement muté, mais l’alcool est bien intégré à la structure du vin , et avec l’age (visiblement avancé) de la bouteille on n‘éprouve aucune lourdeur, aucune chaleur.
Belle finale sur les fruits secs, le raisin de Corinthe.
Je m’imagine un vieux Porto, sans plus vu ma méconnaissance du sujet. Mais il va falloir que je creuse , avec des vins pareils. Très jolie complexité au vieillissement.
-15/ CR:Riesling VT 2000 Clos Windsbuhl , Zind Humbrecht.
Robe jaune paille assez foncé. Ce vin est assez étonnant car l’attaque en bouche est un peu lourde, mais par contre en finale est plutôt « sèche », sans trop de sucre résiduel (alors que c’est la grande spécialité de la maison).
J’ai du mal à trouver mes repères avec ce style de vin, je reconnais passer à coté. Joker pour moi. Sur quel plat le boire ??
Ce vin illustre à mes yeux la difficile problématique des Riesling VT : le côté sur-mûr est présent en bouche, ce qui enlève a mon avis le tranchant, la droiture du Riesling. Je n’en achète jamais d’ailleurs, alors que pour un Gewurtz ou Pinot Gris je le fait volontiers.
-16/ CR:Gewurztraminer SGN « Cuvée Anne » 1989 Dom Schlumberger
Jolie robe jaune paille, le vin est typique au nez et en bouche d’un Gewurtz, la liqueur me semble assez modérée pour un SGN tout de même. De beaux arômes d’ananas me flattent le palais, mais je suis devenu exigeant . Trop peut-être avec le niveau exceptionnel de la soirée ?
Un SGN de type « sec » (si l’on peut dire ..), j’aurais plutôt dit une VT.
-17/ CR:Doisy Védrines 1990
Très jolie robe orange un peu fluo, et un nez axé sur les agrumes. Fort botrytis perceptible au nez comme en bouche, qui est assez concentrée.
L’équilibre général du vin est fort heureux, l’acidité contre-balance bien le coté sucré de la liqueur. Le vin est à mon avis à son apogée, la finale est de bonne longueur et commence à tirer vers l’orange confite.
On pourra dire ce que l’on veut, mais un bon Sauternes c’est aussi réussi que n’importe quelle région en liquoreux.
En conclusion, il faut reconnaître que grâce aux efforts de chacun la soirée fut magnifique, vu le niveau des bouteilles dégustées. Nous n’avons eu pratiquement aucune « casse », ni fausse note, ce qui devient rare avec 16 bouteilles bues.
Nous sommes dans l’ensemble pourvus de caves de bonne qualité, et je pense que cet élément joue un rôle important dans la qualité des bouteilles servies, dont un grand nombre avaient un âge respectable, mais ont été achetées et conservées dans de bonnes conditions (ah le bon air de Bougival..- ce n’est pas de la pub, je ne stocke pas mes bouteilles là-bas, j’ai une de mes dépendances au château allouée à cet effet).
Vivement la prochaine !
YVES