Il existe des fous.
Mais des vrais fous, des bons fous. Ceux pour qui la passion de partager quelques bouteilles n'a pas de prix, si ce n'est celui de l'amitié et du plaisir de déguster ensemble, lors d'une longue soirée, des bouteilles que l'on ne pourrait même pas s'imaginer en rêve.
L'histoire commence finalement assez banalement. Histoire d'un ami qui amène un autre ami à la maison parce qu'ils étaient ensemble à une dégustation etc…..
Et parce qu'il fut "normalement" choyé à son arrivée, il m'a convié à une soirée chez lui .
Je me doutais déjà que ce personnage hors norme pouvait fournir des bouteilles incroyables, mais j'étais encore bien loin de me douter de ce qu'il nous avait préparés.
RV à 19h00.
En apéritif
Louis Roeder Rosé 1999
Ça commence fort avec un champagne rosé qui m'a définitivement réconcilié avec les rosés. Tout en harmonie, avec une bulle d'une extrême finesse, sans lourdeur et d'une fraicheur stupéfiante, ce fut une révélation pour moi (2 bouteilles)
Dom Pérignon 1996
Une bouteille bouchonnée et la deuxième qui ne se présentait pas vraiment dans sa meilleure forme….Un grand millésime de Dom P que j'ai souvent adoré mais qui là mais laissé sur ma soif !
S de Salon 1997
Bon j'ai adoré même si effectivement ce n'est pas vraiment l'archétype d'un champagne "normal". Sa vinosité masculine ne m'a pas dérangée, et j'ai pleinement apprécié sa longueur et sa complexité (2 bouteilles).
On passe directement aux rouges avec le repas, mon "fou" n'étant pas un grand amateur de vin blanc (hors champagne).
Magnum Lafite Rothschild 1986
Tout le monde autours de la table s'accorde sur la région (Pauillac) mais les années divergent. Je suis plutôt sur 1989/1990 ou alors 1983 dans un grand vin. Mais jamais sur 1986. Il faut dire que ce vin s'est présenté ce soir-là à son apogée, prêt à être bu, avec des tannins fondus et suaves, d'une belle complexité et d'une longueur ample. Ce magnum m'est apparu nettement plus prêt à boire que le Mouton Rothschild de la même année bu deux semaines auparavant.
Pétrus 1978
La aussi, tout le monde est d'accord sur la région mais à nouveau des divergences apparaissent sur l'année. Et à nouveau personne ne trouve l'année (ni le domaine d'ailleurs). Un vin d'un beau gras, lui aussi à son apogée, un peu plus alcoolique que Lafite mais manquant d'un poil de complexité. Néanmoins un compagnon de table fort agréable !
La Landonne 1994 – Guigal
"On a changé de région". Effectivement, après Pétrus il est un peu rude d'aller mettre son nez dans cette Landonne au premier abord. Mais rapidement, le vin se met en place et la transition se fait en douceur. Un grand vin qui a étonné les dégustateurs par sa fraîcheur et la complexité de ses arômes. Fruits noirs à parfaite maturité, il a tenu parfaitement sa place dans cette dégustation royale !
Haut-Brion 1961
Là je ne pouvais décemment pas me tromper et dès que j'ai mis mon nez dans le verre, j'ai senti les arômes si particuliers des vieux Haut-Brion. De la dentelle, tout en subtilité, avec cette finale si particulière qui allie à la fois ce mélange tant improbable des fruits et des fleurs. Harmonie hors norme dans ce vin d'une longueur titanesque. Dieu que c'est bon !
Lafite Rothschild 1899
Bon dieu, quel vin…… Dommage que ceux qui pensent que le vin ne peut pas vieillir n'aient pas dégustés ce vin. Un MONUMENT de suavité, de longueur et de fruits. Le site web de Lafite mentionne le 1899 comme étant de très grande qualité. Il a bien raison. J'avais placé ce vin entre les années 1940 et 1950 sans avoir vraiment une idée bien précise. J'étais bien loin de la vérité. Lorsque la bouteille a été dévoilée, il s'est fait, comme par magie, un silence profond. Plus personne n'avait quelque chose à rajouter et les convives avaient tous le nez dans leur verre. Superbe !
Nous avons encore eu droit à un Châteauneuf du Pape 1949 (sauf erreur Royer) que je n'ai pas vraiment dégusté, encore groggy par la puissance de ce Lafite 1899.
Yquem 1997 (Magnum)
Et pour clore cette longue soirée, un "petit" Yquem avec le dessert. J'ai retrouvé à cette occasion du plaisir avec les vins liquoreux bordelais que j'ai souvent trouvé trop soufré à mon goût. Pain d'épices, de la race, du gras et un max de finesse dans ce magnum.
Il est 03h30 du matin.
Merci à toi le "fou" de ton incroyable générosité, de ton accueil et de ta simplicité.