CR:Quand les potes LPViens déboulent pour la première fois, après m'avoir accueilli chez eux à bras ouvert, il faut bien se mettre en quatre.
Oh ! Pas du quatre au cordeau, du quatre style Grand véfour ou du quatre Georges V ! Non, du quatre modeste.
Une tente pour protéger tout le monde du froid et de la pluie, un salon de jardin en plastique et un cerisier qui a vu plus d'une bouteille finir à ses racines. Le décor est planté. Un peu fête foraine, un peu foire à tout ou vide-grenier. Ne manquent que les amis.
J'aurais aimé les recevoir à l'ombre d'une treille, savourant la douceur d'une fin de journée d'été en leur compagnie. Notre conversation aurait été égayée par les cigales et par la fontaine toute proche. J'aurais sorti quelques bouteilles des derniers millésimes et nous les aurions dégustées en regardant le soleil couchant rougir la terre.
J'aurais aimé voir cette étincelle dans leurs yeux, entendre les critiques sur mon travail, parler des saisons qui passent, des difficultés de la vie, des espoirs mis dans le dernier millésime, ...
Mais voilà, je fais ce que je peux avec ce que j'ai, c'est à dire pas grand'chose. J'habite en Normandie, terre de prédilection pour les pommiers et les hêtres, j'ai un métier à la con et jamais je ne ferai de vin.
Comme beaucoup d'entre-nous, je vis le vin un peu par procuration, spectateur plus qu'acteur, me contentant d'acheter des bouteilles et de les élever jusqu'à leur ouverture.
Depuis 10 ans, j'encave plus ou moins heureusement, avec le secret espoir que ma patience sera récompensée. Avec des résultats plus ou moins heureux, bien évidemment.
Encaver, c'est bien, rêver, c'est bien, mais boire seul : quel intérêt ? Comment combattre cette frustration sinon par le partage ? Le verre solitaire est une maladie sournoise.
Avoir des amis chez soi, c'est un privilège rare, notre seule vraie richesse en ce monde. Ils nous rassurent et nous poussent à donner le meilleur de nous même. Aux amis : l'amour et la cave, aux relations : le linéaire à la hussarde et à la va-comme-je-te-pousse.
Nous sommes donc réuni autour d'un petit nouveau, Franck dit Rzac23, venu avec sa compagne. A l'exception des copains retenus par une jambe dans le béton (Fred, si tu me lis
), la petite bande habituelle a fait le voyage. Les hostilités peuvent commencer. J'avoue ne pas voir pris de notes, trop accaparé que j'étais en "cuisine". Je m'appuierais donc sur le
brillant compte-rendu de Gildas pour livrer mes impressions.
D'abord, un grand merci à tout le monde pour avoir joué le jeu de la bouteille unique.
De mon point de vue, tous les vins dégustés ont présenté un véritable intérêt, y compris ceux que je qualifierais de "moindre volée":
Le Jerez Xérès Sherry (Finon muy seco) de Tio PEPE m'a plus pour son élevage très oxydatif. La question est désormais de savoir qui le premier de l'oeuf ou de la poule ? L'Espagne ou le Jura ? Je ne trancherai pas, mais force est de constater que l'analogie est troublante... A noter : on ne sent pas les 15° d'alcool.
Je ne suis pas tout-à-fait d'accord avec Gildas sur l'erreur de casting. Au vu de ce que nous avons dégusté mercredi soir, je ne vois pas trop où nous aurions pu l'intercaler. En toute fin de soirée, peut-être ?
Comme l'a dit Gildas, le
Givry blanc Vieilles Vignes 2006 "En Veau" du domaine Joblot aurait peut-être gagné à être servi un peu plus frais. J'ai bien aimé son caractère gras et vif. Un vin sympathique et une belle découverte(tu).
Mais contrairement à lui, le
Chablis 2005 de Vincent Dauvissat m'a enthousiasmé. C'est également ma première rencontre avec ce producteur et, toute proportions gardées, je n'ai pu m'empêcher de le comparer avec la pureté cristalline, que dis-je ! diamantine des vins de Jean Mâcle. J'ai vraiment a-do-ré cette vision du chardonnay(tu). Un régal, un vin de gastronomie.
"Au suivant. Son nez est délicat, fumé avec pas mal de minéralité. Bouche très gourmande, offrant tour à tour des touches d'eau de vie et de curry. C'est le domaine fétiche de Vincent, la Pinte qui fait cet Arbois Pupillin 2005 "Melon à Queue rouge" . Un bien beau vin".
Je ne reviendrai pas sur ce melon à queue rouge - et sur les vins du domaine de la Pinte - que j'ai commentés plusieurs fois dans la rubrique éponyme. En tout cas, c'était bon !
Si Gildas a eu beaucoup de mal avec le
Côtes du Roussillon 2006 rosé "Trémoine de Rasiguères" des Vignerons de Planèzes/Rasiguères, il n'en va pas de même pour moi. C'est un rosé plutôt vineux, qui accompagne admirablement bien les plats d'été. Je n'ai nullement ressenti un quelconque côté végétal, mais plutôt un fruit bien mûr. A regoûter au salon normand du vin, Gildas !
.
Le
Sancerre "La Bourgeoise" 2000 de Henri Bourgeois m'a complètement bluffé. Comme tout le monde, j'étais loin de penser à un Sancerre. Un vin étonnant et... bon, ce qui ne gâche rien.
En servant mon
Pernand-Vergelesses 2003 du domaine Laleure Piot, je partais un peu dans l'inconnu puisque c'est la première bouteille que j'ouvre sur ce millésime.
J'achète les vins de ce domaine depuis plusieurs millésimes et je n'ai jamais été vraiment déçu. J'adore le - leur - Pernand-Vergelesses. C'est un vin modeste, mais qui a beaucoup à dire. Si, à l'ouverture, ce 2003 était plutôt sur la réserve, force est de constater qu'il a pris du volume, de l'ampleur à l'aération. Il était bien meilleur en fin de soirée, confirmant ainsi qu'il ne faut pas ouvrir son vin au pied de biche et le servir à la pression !
Le
Secastilla 2003 de la bodega Viñas del Vero de la DO Somontano m'a enthousiasmé dès son arrivée. Ne serait-ce que par le poids de la bouteille pleine (1660 g, c'est ça Gildas ?:
). Je l'ai apprécié pour son fruit, son caractère grenache très affirmé. Mais redégusté après un des "monuments" de la soirée, ce pauvre espagnol s'en est retourné penaud dans la sierra...
L'Excellence du château Cuchous, Côtes du Roussillon Village "Caramany" 2001, est élaboré par Pierre-Jean Montchal pour les Vignerons de Cassagnes Belesta. Ce 2001 était la dernière bouteille d'une série de 12 qui m'a accompagné depuis 2003. J'avoue m'être longuement interrogé sur le fait de le servir ou non et puis je me suis dit que risquer les collibets des copains était une bien piètre sentence au regard du plaisir qu'il m'avait procuré. Finalement, le vin s'est révélé plutôt bon ou les copains ont eu la gentillesse d'être indulgents
.
Cantenac Brown 1990 m'a vraiment beaucoup, beaucoup plu. :)o
"Plein de charme et de finesse [...] Pour moi le plus joli rouge de la soirée" a dit Gildas. Pour moi également. Un très beau margaux, abouti et complet, encore jeune. Je conseille à ceux qui en ont de commencer à le boire.
Je n'ai malheureusement que des souvenirs trop parcellaires du VDP
des Coteaux du Salagou 2006 "Sauta Roc" du domaine Lacoste Germane. Je ne peux donc le commenter.
"Belle robe or. Nez très évolué, "viandé", assez peu attirant. La bouche offre d'infimes arômes de sauvignon au départ, mais dans l'ensemble, c'est assez plat et surtout, pas un gramme de sucre ! C'est un Graves du Clos Floridene 2000, qui paraît fatigué. C'est un sec, mais Vincent voulait nous faire partager cette bouteille au dernier moment". à écrit Gildas.
Ce n'est pas tout à fait ça. En fait, Marc et Laurent souhaitaient boire un sauvignon avec leur chèvre. Je suis descendu en cave pour ramener un Sancerre de Vincent Grall, mais là : catastrophe : PAS DE SANCERRE ! J'ai donc pris un
Clos Floridène 2000 qui s'est révélé très fumé, mais sur un sauvignon bien mûr. Ce vin a fait parler, les uns le trouvant en fin de vie, les autres "plutôt noble". Ne plus attendre (ça tombe bien, je n'en n'ai plus !
).
Ah !
Filhot 89 ! Dernière bouteille également... Mon Dieu que c'était bon en accompagnement d'un crumble mangue/nectarine/ananas ! :)oJ'ai adoré sa finesse, sa délicatesse, son équilibre. Rien n'était caricatural dans ce flacon offrant une remarquable palette de saveurs et d'effluves. Que c'est beau un Sauternes à maturité !
"S" du domaine Saurigny, vin issu de chenin surmuri, n'a rien à voir avec les traditionnels côteaux du Layon que nous buvons habituellement. Si peu qu'il a été refusé à l'agrément. Et pour cause : à la dégustation, l'analogie avec les Tokaji ancienne école est frappante. J'ai néanmoins bien aimé.
Une curiosité : la bouche, relativement acide mercredi, avait perdu toute son acidité le jeudi. Le vin ressemblait vraiment à un jus de raisin ultra concentré.
C'est avec
la "Polissonne", autre vin du Domaine Saurigny, que la soirée s'achève sans que, malheureusement, je n'accroche. Mais le plaisir de la découverte était bien réel.
Et le bonheur d'être avec ses amis encore plus intense.
Vougeot