Une soirée organisée au pied levé par deux amis qui eurent l’excellente idée de s’inviter chez moi avec quelques flacons...

Ce soir, Vincent, un ami et œnologue au château Haut-brion me propose de déguster le Haut-brion rouge 2005 et le blanc 2004. Je décide alors d’initier la dégustation avec un Gevrey Chambertin 2001 de chez Roty (champs chenys) et la terminons par le Château d’Ampuis 2003 apporté par Sylvain.

Une bien belle série qui offre aux différents dégustateurs beaucoup de plaisir.

- Le Gevrey Chambertin présente à l’ouverture quelques notes animales de réduction qui vont rapidement se dissiper pour laisser place à un ensemble fruité et floral d’une belle finesse, accompagné par quelques parfums de réglisse très élégant.
En bouche, le vin se montre fluide, sans aspérité, tout en finesse et à l’acidité marquée mais sans déséquilibre. Il y a de la race, une certaine complexité, bref, le vin est de qualité et adopte un caractère qui me séduit clairement.

Noté 16/20

- Le Haut-Brion rouge 2005 exhibe une robe très sombre au disque fin et sanguin. Le vin impressionne par son nez qui déploie une richesse et une intensité aromatique hors norme. Le fruit est dominant avec des baies de cassis bien mûres accompagnées de fraises écrasées et d’un chocolat apportant séduction et charme.
En bouche, le vin présente une trame tannique importante et serrée. Sans trop de gras, le vin se montre plutôt fluide en bouche, expression logique de son terroir, où le fruit est là encore omniprésent, bien que moins concentré que ce à quoi le nez nous avait laissé espérer. On y retrouve largement le cassis ainsi que quelques fruits rouges, mais la finale reste un peu asséchante malheureusement.

Un très grand vin présenté par le nez, un grand vin offert au palais.
Un vin déjà très appréciable que le temps rendra exceptionnel.

Noté 17,5/20 cette note, toute personnelle ,devrait atteindre des sommets lorsque les tannins se seront un peu fondu.

- Haut-Brion blanc 2004
Le nez est intense, il offre des senteurs de bourgeons de cassis qui s’amplifieront avec la hausse de la température, elle sont largement accompagnées de parfums d’agrumes et de fleurs blanches d’acacia qu’une discrète senteur de vanille vient embellir très respectueusement. Je m’attendais à un boisé plus massif, il n’en est rien...
En bouche, le vin offre un gras sans lourdeur et un parfait équilibre, tout en accord avec l’annonce faite par les parfums. D’une bonne acidité nullement agressive, le vin se terminera sur une finale longue et savoureuse.

Un grand vin blanc bordelais noté 17,5/20 qui vient se confronter qualitativement au silex de Dagueneau 2005 dégusté il y a peu. La confrontation serait intéressante.

- Le château d’Ampuis 2003 fut servi pour clore cette dégustation, et quelle clôture ! !
La robe est très sombe, profonde et sanguine. Le nez est impressionnant de puissance et de complexité, déployant des senteurs de crème de cassis, de fraise fraîches, de vanille, de poivre et de violette.
En bouche, le vin est très riche, ample sans trop de gras et offre un fruit au caractère croquant. La structure tannique est présente, modérément ressentie en finale, mais participe à un parfait équilibre. Le vin ne souffre d’aucune lourdeur malgré sa richesse, au contraire il est fort « digeste » et appelle le dégustateur à se resservir sans réserve.

Noté 18/20, Trois dégustateurs face à cette bouteille, nous l’avons épuisée sans difficulté et nous sommes réveillé le matin sans une once de mal de crâne...

Une excellente soirée improvisée, merci à Vincent et sylvain.

Cordialement,

Une bien belle soirée en effet. Les soirées les moins plannifiées comptent souvent parmis les meilleures.

Pour ma part, j'ai trouvé ce Gevrey d'une belle race. La robe fort épaisse et le nez généreux, fruité, de pain d'épices et de réglisse me conduisent à penser qu'il s'agit d'une syrah. Pour Vincent c'est sûr, c'est un pinot noir. Bien vu...
La bouche est pleine sans trop de croquant mais une belle acidité et des tannins en place pour offrir une certaine logique à ce vin.
Bel ensemble noté 16 voire 16.5 pour la surprise...

Le Haut Brion rouge 2005 s'annonce par une robe profonde et un nez des plus magnifique sur le fruit de fraises écrasées et de cerise burlat chaude, de fumé et de chocolat noir. Vincent me fait remarquer que mon nez traine dans mon verre depuis cinq bonnes minutes et qu'il est temps de le goutter. J'avoue avoir pris beaucoup de plaisir à humer les fragances de cette élixir.
La bouche est fine et donne un aspect facile à ce vin qui n'est qu'un nourisson. Tout se déroule superbement jusqu'à la finale qui, comme le précise Julien reste asséchante mais normal comme le précise Vincent. Je n'avais pas eu pourtant cette sensation là avec d'autres grands 2005 comme Latour (dans un registre radicalement différent) ou Ducru Beaucaillou (vin magique).
noté 17

Voici venir enfin le très rare Haut Brion blanc 2004.
Je suis entièrement en phase avec l'analyse olfactive et gustative de Ju en ajoutant toutefois que j'ai trouvé ce vin sans grand gras en bouche. Vincent me rassure en me disant que ce n'est pas le style de la maison qui ne recherche pas le boisé non plus. Je précise qu'à l'aveugle je n'aurais jamais mis ce vin à Pessac et même pas à Bordeaux. Avec le recul je pense que Ju a bien raison de comparer ce style à un Loire.
noté 16 car ce n'est pas ce que je recherche le plus dans un pessac léognan à explorer sur d'autres millésimes

On change de style radicalement pour attaquer un chateau d'Ampuis 2003.
Vin profond presque noir. Aucun doute c'est bien une syrah du rhône. Le nez est crémeux sur un cassis d'école et un poivre plus dicret. Le coté fraise viendra avec l'aération apportant de la fraicheur, mais que de matière dans le verre.
La bouche est épaisse, très généreuse avec comme le dit Ju un croquant sublime. Ce vin est gourmand, çà sent le soleil mais sans plomber le palais et la langue. La finale est d'une longueur verticineuse sans réserve. Tiens c'est tellement bon que je me ressert et encore.
Noté 18.5

Oups je crois que j'ai oublié de recracher, çà fait déjà quelques heures que l'on refait le monde, il est déjà 1h du matin. Il est l'heure de rentrer (pas loin heureusement) avec la satisfaction d'avoir la chance de vivre des expériences rares avec une grande simplicité.

Nous avons eu la chance de croiser quelques beaux flacons dans des millésimes somptueux. Merci à mes compagnons de soirée.

@+
Syl20.

Jolie degustation en effet, bravo! Et quelle chance...

Concernant HB blanc, que je n'ai jamais bu, vos commentaires donnent l'impression d'un vin "plus en longueur qu'en largeur" (toute reference a une quelconque production audiovisuelle est fortuite ()) et peut-etre bien, par là meme, taille pour l'avenir plus que pour etre bu jeune (la ou d'autres vins de l'appellation se revelent si charmeurs par l'alliance expressive du fruit et du bois). Qu'en pensez-vous?

Benji

Je suis vraiment trop loin de Bordeaux pour pouvoir participer à vos soirées improvisées

La description que vous faites du Château d'Ampuis laisse encore plus dubitatif sur la perte d'une étoile de Marcel Guigal dans le dernier guide RVF. Il a l'air en fait au sommet de son art.

Sinon, c'est sûr qu'il est vraiment trop tôt pour pouvoir apprécier actuellement les grands Bordeaux 2005. Ceci dit, ça ne se refuse pas

Par contre, au prix où il est vendu, il me paraît à peine normal que le HB blanc soit tout juste au niveau du Dagueneau. Certainement qu'il faut attendre que le sémillon prenne le dessus et permette d'avoir une complexité que le sauvignon seul ne pourra atteindre.

Bonjour Eric,

Bonjour Benji,

Ampuis fut réellement grandiose en effet, et comme tu le précises Eric il mérite toutes les éloges ! Quand l’on prend en compte le contexte de dégustation, il a tout de même réussi à dépasser d’autres crus et non les moindres…

J’ai souvent entendu dire que le HB blanc devait être attendu, c’est un peu le point de vue de Sylvain ( ?), cependant, j’ai pris beaucoup de plaisir à déguster ce vin dans sa phase de jeunesse.
Le silex 2005 est un vin que je trouve sublime (Eric, nous l’avons dégusté ensemble à la maison), et je crois qu’il offre une expression difficilement égalable du Sauvignon. Quand je compare donc ces deux vins, il est question de très belles réussite avec peut-être plus de puretré pour le Dagueneau (mais qui ne présente que du sauvignon...). La comparaison des prix de peut pas avoir lieu, HB est une étiquette et le volume est très faible (ce qui n’explique qu’en partie son cout).

Il faut aussi je pense, prendre en considération que 2004 n’est pas le millésime du siècle à Bordeaux, HB a donc su tirer son aiguille du jeu. Gouter le 2005 ou le 2007 serait une réelle chance et d’un grand intérêt, mais malheureusement, les prix sont là pour nous faire reculer...

Quant au bois du HB, il est déjà bel et bien fondu et très respectueux. Je ne l’ai ressenti qu’après un retour à température. C'est dire!

Et si non Eric, quand reviens-tu vivre sur BX ?

Bien à vous deux,
Amicalement,