Bon c’est vrai que je n’ai pas ouvert cette discussion (j’étais absent toute la semaine), mais Eric l’a si bien fait ! D’ailleurs si vous voulez avoir les photos des petits plats concoctés par Nicole, je vous invite à aller voir son
BLOG
!
En tout cas merci Eric pour tes commentaires et bravo pour ta perspicacité, le Champagne et les derniers vins n’ayant eu aucun secret pour toi !
Tu dois d’ailleurs avoir un don devinatoire ou alors il y a eu transmission de pensée car dans les 10 à 15 mn de discussion qui ont précédé la dégustation, tu as parlé des Bourgogne rouges 2003 si particuliers et du PX 1927 d’Alvear, sans compter Lynch Bages 1990 que tu avais cité effectivement avant que je le serve …
Trêve de palabres, attaquons les choses sérieuses !
Champagne De Sousa Brut Grand Cru Blanc de blancs Cuvée des Caudalies
Vinification en fûts de chêne, vieillissement sur lattes pendant 48 mois, dégorgement en janvier 2010.
La bouteille a été épaulée une bonne demi-heure car j’avais lu (mais où ?) que ce vin avait besoin d’un peu d’oxygénation.
La robe est d’une couleur paille assez soutenue, les bulles en quantité et de qualité (même si les verres n’aident pas à les identifier).
Quel beau nez ! Il est très expressif et complexe : noisettes, grillé, pomme, quelques notes florales …
La bouche joue clairement sur le registre de la finesse, elle se montre aérienne et d’une grande élégance, avec une belle finale toute en fraîcheur.
Un bon point pour mes invités qui ont reconnu le chardonnay à l’unanimité. Je m’attendais à plus de vinosité (commentaires de la RVF et de Gault et Millau) mais c’est très bien pour l’apéritif, surtout en accompagnement des traditionnelles galettes de pomme de terre (voir la photo d’Eric : cela donne envie !). 17 / 20.
Corse Figari Clos Canarelli 2008
La robe est or clair.
Le nez est très ouvert et fruité, avec une touche mentholée voire minérale qui lui confère une certaine complexité.
L’attaque est ronde et dévoile un léger boisé, le milieu de bouche est plus droit mais la minéralité perceptible ne s’exprime pas encore vraiment.
Un vin de caractère mais une bouteille ouverte trop tôt … Bravo à Sylviane qui a reconnu le vermentino (mais c’est une spécialiste de la Corse, pas seulement en vins …). 16,5 / 20.
L’accord avec le rouget à la provençale se fait bien sur les arômes, mais le peu de minéralité du vin disparaît complètement …
Chablis Grand cru Grenouilles, Château Grenouilles, La Chablisienne, 2004
La robe brillante est d’une couleur paille.
Le nez est expressif, vanillé, grillé, sur des fruits blancs et même exotiques.
Très minérale, la bouche est carrément tranchante en attaque, puis toute en tension avant que la finale s’arrondisse un peu … Etonnant car j’ai plus l’habitude de vins qui démarrent en rondeur avant de partir sur la minéralité ou l’acidité (par exemple le Dauvissat La Forest 2005 bu en octobre dernier).
Quoiqu’il en soit, un beau Chablis typé (pour moi c’est facile !), découvert par quelques convives (mais pas Eric, on ne peut pas faire un sans-faute
) : 17 / 20. Très bel accord avec la lotte aux poireaux, champignons et safran, mais je l’avais déjà testé avec le Dauvissat sus-cité.
Morey-Saint-Denis 1er cru Les Charrières Alain Michelot 2003
Bouteille épaulée pendant 5h.
La robe est assez sombre pour un Bourgogne, mais on est sur la Côte de Nuits, et de façon étonnante pas encore évoluée.
Le nez très intense nous propose un beau fruité (cerise, framboise), avec des notes fumées que je situe plus habituellement en région Centre Loire, mais celles-ci sont plus fines.
La bouche est charnue, le fruit bien présent, tout en se combinant à une fraîcheur remarquable pour le millésime. Très belle tenue sur la longueur. 16,5 / 20.
Bon accord avec la terrine de lapin aux herbes, malgré la forte présence de celles-ci.
Pauillac Mouton-Rothschild 1990
Ayant lu pas mal de commentaires sur ce vin (merci LPV !) j’avais décidé de le servir assez tôt dans l’ordre de dégustation. Bouteille épaulée pendant 5h.
La robe est d’un beau grenat, avec des reflets tuilés.
Le premier nez est animal, mais évolue dans le verre : comme quoi le fait de l’épauler n’a pas permis une oxygénation complète. Du café, du grillé, du havane et du bois précieux apparaissent : pas de doute, on est sur Pauillac !
La bouche est très élégante mais assez fluide. On est sur un profil élancé, avec une longueur correcte et une acidité vibrante en finale mais cela manque un peu d’ampleur à mon goût et à celui d’Eric.
Cependant, trois dégustateurs l’ont trouvé extraordinaire avant que l‘étiquette ne soit découverte et l’ont classé en tête de dégustation, mais là c’était après …
Je ne pense pas qu’il gagne à attendre plus. 17,5 pour moi mais Mouton + 1990 aurait dû donner au moins 19 / 20 !
Pauillac Lynch-Bages 1990
Je n’avais qu’une bouteille de Mouton, mais j’en avais 12 de Lynch-Bages … J’avais donc décidé de servir ma 11ème, pour comparer (mêmes conditions de préparation), et naturellement dans cet ordre car je connaissais la puissance de cette bouteille.
La robe est assez sombre et encore relativement jeune !
Le nez est très ouvert, sur le cassis, le cèdre et l’eucalyptus.
La bouche est corsée, ample et concentrée, tout le contraire du Mouton ! Le fruit est encore présent, avec également du sous-bois et les arômes du nez. La finale se prolonge sur une belle fraîcheur. C’est très beau, avec peut-être moins de finesse que le Mouton.
Au final je lui mets la même note que Mouton, 17,5 / 20, pour des raisons diamétralement opposées, et je rêve d’un vin qui aurait la finesse du Mouton et la puissance du Lynch-Bages !
Coteaux du Languedoc Domaine Peyre Rose Syrah Léone 2002
J’avais adoré Clos des Cistes, j’ai extrêmement apprécié Syrah Léone dans le même millésime !
La bouteille a été épaulée 18 h : le verre bu la veille était déjà très très prometteur.
La robe est sombre et montre à peine quelques reflets d’évolution.
Le nez possède une belle expression, sur les fruits noirs, la réglisse, le café et le grillé. Mais il y a aussi des épices de belle facture …
La bouche est énorme : charpentée et soyeuse à la fois, très belle vivacité, l’équilibre est tout simplement magnifique, tout comme l’accord avec un sauté d’agneau aux olives noires. 17,5 / 20.
Syrah du Valais Benoît Dorsaz Quintessence 2005
Un peu moins sombre que celle de la Syrah Léone, la robe est également jeune.
Intense et complexe, le nez ravit par ses arômes de garrigue, de poivre et de fruits noirs.
La bouche est harmonieuse, avec un très beau fruit, une superbe minéralité et une longueur appréciable pour une finale sur une fraîcheur poivrée.
Un vin qui a ravi Eric, mais pas seulement, et qui gagne à être connu : 17 / 20.
Bon, je le concède, l’accord avec les fromages suisses était variable, mais le clin d’œil était sympa !
Barsac Doisy-Daëne 2002
Très bel or pour la robe !
Le nez est très intense, avec un beau rôti, de l’abricot, du miel et même de la rhubarbe !
La bouche présente un équilibre somptueux entre liqueur, acidité, fruit et ampleur. Un seul défaut peut-être : il devrait être encore meilleur dans 5, 10 (ou 15 ?) ans … 17,5 / 20.
Très bon accord sans surprise avec une tarte aux pommes à la gelée de coing. Certains convives avaient dû anticiper l’arrivée du dessert en annonçant un liquoreux d’Anjou …
Montilla Moriles Alvear PX 1927
Il s’agit d’une solera, dont la part datant de 1927 ne doit plus être très importante ! Peu importe, cela fait toujours son petit effet, et peu importe quand c’est bon !
La robe est d’un très bel acajou.
Le nez est puissant, très marqué par la figue, mais il y a aussi du tabac, du café, de la noix et du pruneau : superbe !
La bouche est très glycérinée, dense et liquoreuse. On retrouve la puissance du nez, avec heureusement une acidité qui porte ce très beau vin : 17, 5 / 20.
Pour l’accompagnement j’avais fait confiance à Sylviane, la spécialiste du chocolat. L’accord était bon avec du chocolat de Papouasie (Christian Constant) d’une grande douceur, et grand avec du chocolat du Venezuela (Jean-Paul Hévin) d’une très belle austérité.
Et voilà, je m’aperçois que l’étendue de mes notes est ridiculement faible. Sans doute parce que d’après moi il n’y a eu aucun raté (mais suis-je objectif ?), mais également aucun vin transcendant. Mouton 1990 aurait dû l’être au vu de son origine et de son millésime ; cela n’a pas été le cas, comme je m’y attendais.
Mais finalement une dégustation variée pour les régions et les cépages, et homogène en qualité, accompagnée de bons petits plats (merci à ma chère et tendre) c’est chouette ! >
<
Amitiés oenophiles,
Jean-Loup