Nous sommes réunis à Thorrenc pour partager une verticale de Bel Air Marquis d’Aligre (sur du pigeon). Mais on ne commence pas sans quelques blancs qui accompagneront le feuilleté au ris de veau sauce à l’écrevisse. Dégustation à l’aveugle des blancs, et millésime masqué pour les BAMA. Le repas n’arrive qu’en deuxième parie de soirée, d’où l’aération mentionnée pour certains vins.

Les blancs :

Vin n°1 : nez sur les champignons (type chablis), fait évolué. Attaque tendue, le vin s’élargit et finit sur des notes de fruit évoluées. C’est plutôt bon quoi qu’assez simple.
Côtes du Jura JF Ganevat « Chalasses vieilles vignes » 2009

Vin n°2 (pas à l’aveugle) : nez de fruits blancs, de la pomme, fleurs blanches aussi. Gras en attaque, porté par l’acidité, mûr, finale mêlant amers et acidité un peu dissociée. Aromatique nature en finale (pomme cidre). Plus marqué par son caractère nature (0 sulfite ajouté) que les précédentes bouteilles bues.
Saint Pourçain Clos de Breuilly 2020

Vin n°3 : nez discret sur la prune jaune. Attaque délicate, en finesse, bouche longiligne, finale sur le zest de citron, longue et avec une sensation de gras. Finale un peu simple par rapport au reste du vin, mais c’est bon. Personne ne trouve l’origine de ce vin. C’est même très bon après aération et à table.
VDF (Reuilly) Les Poëte « Argos » 2017

Vin n°4 : à nouveau des fruits jaunes, un peu de cire d’abeille. Attaque grasse, belle amertume en milieu de bouche, pas de mollesse malgré le gras qui tapisse la bouche, finale sur les fruits jaunes. De l’allonge et de la relance. (et pas de bois, note post-levée de chaussette)
Domaine Ramonet - Chassagne-Montrachet 1er cru « Les caillerets » 2010

Vin n°5 : premier nez beurré, agrumes et fruits confits, notes miellées. Un peu chaud en attaque, gras et amer en milieu de bouche, finale sur les notes de miel et des notes chaleureuses, sensation d’alcool. Un peu décevant en dégustation pure, ce vin va comme bien souvent grandement profiter du plat (et de l’aération) pour mieux intégrer cette sensation finale et faire ressortir les notes de fruits confits.
Hermitage Jean-Louis Chave 2003

Vin n°6 : nez citronné, notes d’élevage sans excès. Attaque beurrée, du gras en milieu e bouche, finale stricte sur des notes de réduction (fumé). Bof
Meursault 1er cru « le Poruzot-dessus » Rémi Jobard 2009

Vin n°7 : nez terpénique, fruits jaunes aussi, presque exotiques. Attaque grasse, belle amertume fine qui équilibre le milieu de bouche, longue finale sur les fruits exotiques. De la relance. Très bon, et parfait avec l’entrée.
Côtes du Rhône Fonsalette 2006

Vin n°8 : nez exubérant sur les fruits jaunes très mûrs, le fenouil, les herbes sèches. Belle bouche, fraîche malgré son ampleur, très persistant. J’aime beaucoup.
Châteauneuf-du-Pape Domaine Pégau « A tempo » 2016

Vin n°9 : nez sur la poire un peu simple à l’ouverture. Bouche plus riche, milieu de bouche sur un très bel équilibre acide – amer, fin de bouche qui s’ouvre sur les fruits blancs, la poire et des notes salines. Très bon. Et ce vin va comme bien souvent grandement profiter du plat et de l’aération (bis repetita).
Hermitage Jean-Louis Chave 2007

 

Le liquoreux : une fois n’est pas coutume, nous goûtons le liquoreux entre les blancs secs et les rouges.

Vin n°10 : nez safrané et fruits confits. Attaque riche, sur des notes de caramel, une belle acidité arrive en milieu de bouche mais elle évolue vers des notes légèrement acétiques. Fin de bouche un peu molle. A la fois cela reste séduisant, mais c’est globalement décevant d’autant plus à la levée de la chaussette. Grand écart entre le nez qui fait anticiper un beau rôti et la bouche marquée par le caramel et les notes acétiques.
Sauternes Château de Fargues 1989

 

Les rouges : ils ont été ouverts 7à 12h avant dégustation, simplement épaulés.

Vin n°11 : nez de poivron rouge mais aussi de géranium. Attaque légère, tanins fins, sensation de maturité dans un milieu de bouche large. La fin de bouche est plus stricte, sur des notes végétales et une sécheresse tannique.
Margaux Bel Air Marquis d’Aligre 1999

Vin n°12 : nez plus mûr, épices douces (paprika). Attaque large, bouche large sur le poivron rouge, mûre et fine. Petite sécheresse finale, mais c’est long et élégant. Bon à très bon et va gagner en harmonie sur la soirée.
Margaux Bel Air Marquis d’Aligre 2001

Vin n°13 : nez de poivron vert et cendre froide. Texture délicate même si des notes végétales (mûres quand même) dominent, l’attaque marque par son charme et son élégance. La finale est élégante elle aussi, sans sécheresse. Bon à très bon, mais il va évoluer vers plus de verdeur à l’aération et je l’apprécierai moins à table.
Margaux Bel Air Marquis d’Aligre 2000 (2001 supérieur à 2000 pour confirmer l’opinion d’un docteur belge).

Vin n°14 (millésime connu pour moi) : nez de fruits rouges très mûrs. Attaque un peu sèche, stricte. Tanin strict jusqu’en fin de bouche, ressort une jolie note fruitée cependant. Finale chaude.
Margaux Bel Air Marquis d’Aligre 2003

Vin n°15 : nez fin, mûr, légère note végétale. Texture délicate, grain de tanins fin, élégance du milieu de bouche, finesse. Finale sur le fruit rouge mûr, délicate. Très bon et confirmera toute la soirée.
Margaux Bel Air Marquis d’Aligre 1998

Vin n°16 : bouteille juste ouverte car la première confirme les doutes de l’apporteur, bouchonnée. Nez de poivron mûr et sang de bœuf. Attaque sanguine, tanins présents mais fins. Finale mûre, un peu sèche (ouverture immédiate ?). Bon et le passage en carafe et le jus du pigeon vont lui profiter.
Margaux Bel Air Marquis d’Aligre 1996

Vin n°17 : nez discret sur les fruits rouges murs et notes épicées. Attaque marquée par les tanins, l’élégance arrive en milieu de bouche. Finale un peu courte. Moins bon que dans mon souvenir d’il y a trois ans environ.
Margaux Bel Air Marquis d’Aligre 1995

Vin n°18 : nez poivronné et légèrement liégeux. Belle attaque mais suivie de dureté. Jolies notes sanguines mais le vin est marqué par le bouchon, la finale est liégeuse.
Margaux Bel Air Marquis d’Aligre 1986

Le point commun à tous les vins de BAMA : la délicatesse de l’attaque (même si quelques bémols pour 2003 et dans une moindre mesure 1995). Les sécheresses ressenties en finale se fondront-elles avec un vieillissement prolongé, ou au contraire se renforceront-elles ?Et deux bouchons sur 9 bouteilles, soit c’est pas de chance pour nous, soit c’est signe d’un approvisionnement pas à la hauteur de la réputation de vin de longue garde.

 

Merci pour ce message Patrice, qui nous rappelle un bon moment !

Pour le Saint Pourçain "pomme cidre" et "marqué par son caractère nature" ne tarde pas trop s'il t'en reste mais c'était plutôt bon. J'ai bien apprécié Argos également, et de manière générale pour moi les blancs s'en sortent mieux que les rouges, même si l'Hermitage blanc 2003 a déjà été bien meilleur. On se fait souvent plus facilement plaisir avec les blancs, et on avait quelques belles pointures.

Concernant l'objet principal c'est à dire BAMA, mon aversion pour le poivron est confirmée. Et en fait soit j'avais une belle structure, fine et souple mais avec poivron, soit le vin était plus mûr donc sans poivron mais aussi sans cette trame particulière. Je n'ai donc pas trouvé BATA à mon pied, euh non BAMA à mon palais !