Jérôme,

Au dernier masters iacchos, nous étions près de 200 et le 97 a fait l'unanimité contre lui ... (Rémy Pédréno, en l'identifiant comme rive droite toutefois - il en revenait juste) nous a fait décrocher le pompon.

Changement de style ?

Méconnaissance de notre part ?

Clos de Tart est une confirmation (je visiterai le domaine en juin 05).
Le 97 est sublime de finesse aérienne et pourtant dense.

Constaté avec surprise que Ornellaia 2002 se fait descendre gentiment dans la dernière RVF ?!

Ma meilleure sytah d'Australie : Mc Laren Vale - Shirvington – Shiraz 2002

Clarendon Hills Astralis 99 n'a vraiment pas fait le poids face aux cadors rhodaniens.

Mes meilleurs cabernets US :
Stag's leap cas 23 1994 (qui rivalisa avec Lafite 88)
Dominus 91
Ridge Montebello 96
Schafer Hillside Select 97
Phelps Insignia 97

Demain à Toulouse : verticale Pommard Rugiens de Montille en petit comité Ganesh (il reste une ou 2 places) : 99, 98, 96, 95, 93, 91, 90, 89, 88.

Le 90 goûté à Albi était superbe de profondeur typée.

Bravo, en indirection, pour cette manifestation à laquelle j'aurai bien aimé participer.

Jérôme,

Je n'en étais pas encore aux conclusions, mais bien aux premières impressions, "brutes de cuverie", qu'il faudra bien entendu affiner avec les résultats que j'attends comme tout le monde avec beaucoup d'impatience.
En ce qui concerne Sine Qua Non, je ne l'ai pas tant pris pour La Mouline parce qu'il était le meilleur (mais c'est en partie vrai et renvoie à mes a priori sur la supposée supériorité des grands vins mythiques français), mais parce que le soyeux de sa texture évoquait pour moi irrésistiblement celui qu'obtient Marcel Guigal sur les différents millésimes de Château d'Ampuis que j'ai dégusté à ce jour.
D'accord avec toi sur la série Malbec qui ne m'a pas déçu non plus, mais où je suis à nouveau tombé dans le piège qui voulait que le vin le plus fin (à mon point de vue) devait forcément être français (et j'ai donc cité les Laquets de Cosse Maisonneuve) alors qu'il était Argentin...
En ce qui me concerne, dans la dernière série, j'ai plutôt attribué la palme du classicisme et de la finesse à Léoville Barton, même s'il dénotait quelque peu face aux monstres de puissance auxquels il était confronté.

Luc

PS : Laurent, je sais que je suis nul, mais je ne pense tout de même pas que j'aurais pris un pinot noir de l'Oregon pour La Mouline... D'autant plus que les vins étaient présentés par série ayant leur encépagement pour point commun...

Luc,

Parfaitement d'accord avec ton analyse. J'ajouterai juste que Ridge Montebello était aussi pour moi superbe et proche de Staglin. Dans cette série, j'avoue avoir reconnu la provenance dans ces 2 cas malgré tout, mais j'ai peut être plus l'habitude :-).

La série Malbec était différente car toutes les cuvées étaient assez proches pour moi, dans un style moderne, monstre de puissance.

En finale, quelle leçon d'humilité et surtout contre tous les apriori que l'on peut entre un peu partout.

Amitiés,
Didier

Luc,

Sorry, je n'avais pas vu l'encépagement.

De mon côté, j'ai bu il y a qq semaines un fort décevant château d'Ampuis 95, pas à la hauteur !

Qui pourrait parier sa fortune qu'il ne confondra jamais une Côte-Rôtie avec un Bourgogne, avec toutes ces différences de style potentielles de plus : floralité, réglisse, fruit, finesse de grain, épices ... (une côte brune avec un côte de Beaune, une côte blonde avec une côte de Nuits ?)

D'autre part, mes invités (tous connaisseurs) ont récemment pris à l'unanimité Ampuis 95 pour un cabernet ligérien !

Quelques mots à rajouter:

Luc a très bien exprimé ce que peuvent être nos à priori et la démonstration a été faite, par la dégustation, dimanche dernier!

En débattant à propos de Mondovino, je me demande si nous ne reprenons pas le même chemin. Pour ma part, je n'ai pas reçu le film de Nossiter comme une démonstration que ce qui est classique est meilleur que ce qui est moderne, ou alors, je n'ai rien compris!...

Sur la durée du film, on perçoit surtout que les "modernes", ou le Nouveau Monde pour simplifier, ne proposent des vins qui ne sont fait qu'à partir d'un concept marketing ou qu'une stratégie commerciale. En tout cas, bon nombre d'entre eux.

Cette dégustation et à son terme, les quelques propos d'Hervé Bizeul, nous ont rappelé qu'on trouvait aussi dans les Amériques, des vignerons! Des moyens importants sont mis dans la balance pour produire des vins de grande classe, certes mais parfois, on rencontre quelques magnifiques bouteilles!

Quels sont leurs plus : une météo plus favorable, plus constante (cas de la Californie)? Des moyens supplémentaires qui évitent tout accident (hygiène, qualité des bois)? Une technologie salvatrice?

Ceci dit, à côté de ces vignerons, n'y a-t-il pas d'autres entreprises qui connaissent et recherchent la "touche Rolland"? Et par là même, à terme, nous amènent à une certaine uniformisation du goût?...

J'ai participé à une partie de la dégustation proposée à Nantes, par Vins du Monde, lundi soir et il me semble avoir compris qu'il n'avait qu'un seul domaine brésilien conseillé par Michel Rolland. J'ai tendance à faire confiance à des gens qui parcourent le Monde à longueur d'année! Au-delà de ces belles bouteilles, dont nous pouvons citer les noms maintenant, et une fois que l'on regarde les choses objectivement, où est la manipulation?...

Bien cordialement,

PhR

sommes-nous tous des buveurs d'étiquettes inconscients?

cette dégustation aura démontré que:

-notre perception du vin est très conditionnée par ce que nous projetons sur la bt.

-qu'il n'y a donc que les dégustations à l'aveugle qui peuvent avoir une certaine objectivité (c'est l'avis de Jancis Robinson qui m'a dit déguster tous les primeurs à l'aveugle)

pour provoquer un peu: à étiquette découverte, c'est donc celui qui a le moins de culture du vin qui peut être le plus objectif.

Claudius,

Encore une fois, pour ton premier point, je renvoie à la thèse de Frédéric Brochet intitulée "les aspects cognitifs de la dégustation", magistrale.

Tu trouveras peut-être des pistes quant à tes hypothèses.

Mon interprétation :
Une vision systémique du vin permet de rester positif en transcendant par le vrai (l'application, la qualité, la diversité, ...) l'apparente opposition du vrai (c'est bon) et du faux (ce n'est pas bon) à laquelle on se heurte forcément (ne serait-ce qu'en raison des contextes) lorsque l'on se confronte sérieusement au vin.

Claudius,

J'essaye de digérer la théorie de Frédéric Brochet ! Pas évident

Cependant, il est clair que, selon Brochet, la seule dégustation scientifiquement objective est la dégustation "totale" à l'aveugle : verre noir, sans connaissance de la région ni du vin présenté, sans production de l'étiquette.

Les résultats des tests des 2 vins blancs sont édifiants.

Plus haut dans sa théorie, l'analyse des résultats des notes de dégustations utilisées et sériées à l'aide d'un logiciel d'analyse textuelle est aussi assez révélatrice, notamment le lien entre les termes utilisés pour décrire ne fût ce qu'un vin rouge ou un vin blanc.

Rien que la "pré-perception " de la couleur influence définitivement le jugement du dégustateur et, selon Brochet, il est quasi impossible au dégustateur de revenir sur ce qu'on peut communément appeler un a-priori, que ce soit consciemment ou inconsciemment.

Ceci dit, remarquable travail !

Cordialement,

Olivier

est-ce alors pour cette raison que Ganesh ne dégustent que des grandes étiquettes? Est-ce pour limiter le facteur "a priori"? (C'est pour rire!!, seulement pour rire)

D'abord, un grand merci à Jérôme pour cette fabuleuse dégustation et à tous ceux qui ont rendu possible ce week-end d'anthologie.

Pour ma part, et je crois que c'était le cas de la plupart des participants, cette dégustation a été une leçon d'humilité. Mais moi, je me suis au moins planté avec des certitudes ! Ainsi, j'étais quasiment sûr d'avoir identifié les 3 Bourgogne et je tirais déjà des conclusions sur la supériorité des terroirs bourguignons quand Jérôme nous annonça les résultats : bam ! deux américains dans ces Bourgognes si typiques ! Au moins, le troisième, mon préféré de la série, était le Clos du Tart, que j'ai heureusement pu identifier.

Je me suis aussi trompé sur les syrah. Comme Luc et tant d'autres. A noter que Sine qua Non comprend 3% de grenache et 1.55 de viognier. Ce vin est une pure merveille.

Personnellement, j'ai été un peu déçu par la dégustation des malbecs, dont j'attendais beaucoup. J'ai trouvé que c'était la série la plus homogène, mais dans laquelle les vins n'avaient pas de réelle profondeur, avec une masse tannique importante qui ne rendait pas la dégustation en série facile. Malgré des rinçages à l'eau abondants, les papilles gustatives n'en sortent pas indemnes. Aucun des vins bus dans cette série n'était à la hauteur de l'Angelica Zapata 97 bu la veille chez Daniel S.

Dans la série des assemblages bordelais, les vins de Bordeaux à dominante de cabernet sauvignon ne se montrent pas sur leur meilleur jour actuellement face aux Californiens et aux merlots. J'ai adoré Staglin, pour moi le plus beau vin de la série, un vin superbe que j'ai pris pour Valandraud. Là-aussi, il était difficile de distinguer l'origine des vins que nous avions devant nous et les Américains ont fait fort, très fort.

Mes conclusions sont qu'il faut se méfier autant des clichés que de ses propres préjugés, que ce soit sur les régions, les "winemakers" ou sur les soi-disants typicités locales. Je crois ne pas exagérer en disant que tout le monde s'est lourdement trompé à de nombreuses reprises au cours de la dégustation,

Par ailleurs, pour véritablement "juger" ces vins, il faudrait refaire la même dégustation, à l'aveugle, dans dix ans, et voir si les résultats seraient les mêmes. J'en doute fort et je pense par exemple que les vins de Bordeaux s'en sortiraient beaucoup mieux. En vins jeunes et en dégustation en série, ils sont peut-être apparus étriqués. Or, je pense que ce même caractère serré et peu voluptueux, qui ne les a pas servi dans cette dégustation, est précisément ce qui va permettre à ces vins de prendre de la grandeur avec l'âge. Idem probablement pour La mouline et d'autres.

Enfin, je n'aurais pas cru me planter autant sur la question de la typicité. Pour moi, cela a été la grande leçon de cette dégustation !

Yves Zermatten

Jérôme,

Comme tout le monde, quand on trouve on le dit et quand on se trompe, on ne le dit pas (ah, ah, ah)

Prochaine séance, Samedi 9 avril à Paris pour tenter le doublé.
On l'a préparé sur 16 flacons, et il n'a pas été facilé de trouver le nebbiolo mexicain de La Cetto ou le grenache botrytisé d'une cave coopérative (véridique).

Côté prestige, le CS Jones fabriqué par le célèbre Abreu est vraiment très lourd.

Et après la verticale de Rugiens (de Montille), il y aura les prétentieux "vins de l'Yonne", pour épater la galerie (par la rareté, hé, hé) ...

Ganesh s'éfforce de continuer à boire aussi de grandes étiquettes, surtout à table avec des amis !
Le programme 2005 est déjà intéressant surtout avec la visite de la DRC et autres Salon en juin 2005.

Salut !

Laurent, lis le titre de cette rubrique et cherche l'erreur. Merci.

"Chez les Staglin on fait mine de collectionner l’art contemporain avec un goût si sûr que l’on préférerait n’importe quelle pisse d’âne à leurs premières bouteilles"

Extrait d'un article sur Mondovino (l'Humanité). On voit que ces anti-capitalistes n'ont pas goûté leurs vins

Moi je préfère leur bouteilles à la pisse d'âne (quoiqu'à l'instar des journalistes de l'huma, je n'ai pas bu ... de pisse d'âne )

Eric

"Par ailleurs, pour véritablement "juger" ces vins, il faudrait refaire la même dégustation, à l'aveugle, dans dix ans, et voir si les résultats seraient les mêmes. J'en doute fort et je pense par exemple que les vins de Bordeaux s'en sortiraient beaucoup mieux.

Yves,

Voilà encore un bel exemple d'a priori, non ?
Mais je suis d'accord, il faut refaire cette dégustation dans dix ans ! Et je dirais même tous les ans, pour être sûr !
Mais en ce qui concerne la probabilité d'une inversion des résultats, je dirais plutôt : peut-être bien que oui, peut-être bien que non...

Luc, qui n'est plus sûr de rien depuis quelques jours, et qui ne s'en porte pas plus mal.

Entièrement d'accord avec Luc

Eric (qui doute aussi)

J'ai tout de même l'impression que Léoville Barton 2001 s'en tirerait mieux

Bon, ben, ya ka la faire tous les ans!... Jérôme?... Smiley!... ;-)))

Nous sommes partis pour faire là l'éloge du doute en matière de dégustation! Ca rassure!...

PhR

Comme le disait Jean Gabin dans la seule "chanson" que je lui connaisse:

Je sais
Je sais
Je sais
Je sais...que je ne sais rien

;-)

1)D'accord avec Yves, achetez vite les mêmes bts et mettez les en cave pour dans 10 ans !

2)Je crois qu'il n'y a aucune honte à ne pas reconnaitre des vins que l'on ne déguste pas régulièrement .

3)La véritable question, que je pose à tous les participants, est: croyez vous que R. Parker les aurait tous reconnus, lui ? Parce que lui il les note !

Cordialement,
Raymond

Je crois que la phrase enoncee un jour par Jerome "Je suis sur de mes doutes" prend tout son sens actuellement !

Pour l'instant, je ne pense pas que l'on ait beaucoup de recul sur le vieillissement sur les vins vinifiés "nouvelle manière" (macération pré-fermentaire à froid, micro-bullage, osmose inverse , enzymage). Ce sont des techniques similaires à celles du "nouveau monde"(on partage les mêmes oenologues ) et je ne vois pas pourquoi ils auraient un viellissement différent. Seuls les vins vinifiés "à l'ancienne", et surtout cultivés de sorte à magnifier le terroir risquent de sortir du lot. C'est d'ailleurs déjà le cas avec Pavie Macquin . Ce n'est peut-être pas pour rien que Leoville Barton est aussi passé en bio-dynamie...

Eric

Jérôme,

Tu m'interpelles et je te réponds ...

Doute des certitudes, certitude du doute : bienvenue dans la transdisciplinarité (non, ce n'est pas hors sujet).

Belle prestations des vins non français, donc !

Comme IVV, trouvé le Rugiens 90 de de Montille admirable : Hubert a-t-il flanché depuis ?

Effet millésime pour des régions tellement éloignées ?

Ornellaia 2002 bâché dans la dernière RVF ?

Encore bravo pour ces analyses

Bonjour à tous,

J'attends comme tous ici les résultats précis de cet évènement.
Merci de vous être "sacrifiés" .
Plus sérieusement, merci d'avoir mis en place de quoi nous renseigner de façon réaliste.
De permettre ainsi de passer de la théorie des arguments lancés sur le site à la vérification de vif palais d'une réalité de terrain.

Je suis très très loin d'avoir les connaissances et le recul suffisant pour juger moi-même de tels vins avec recul et mise en perspective, d'où mes interrogations peut-être un peu naïves:

. Pensez-vous que les résultats que vous laissez filtrer tiennent particulièrement du millésime (avec les différences climatiques et qualitatives inhérentes entre continents) ?

. Pensez-vous qu'après le vieillissement de ces différents crus vous auriez le même résultat ?

. Pensez-vous qu'il y a un certain nivellement (non pas de qualité), dans la vignification ? Je veux dire par là que des vignerons du "Nouveau Monde" (ou de nouveaux vignerons de chez nous) feraient de plus en plus attention à ne pas tout mettre dans la technologie, et des vignerons de chez nous s'aideraient de plus en plus de cette dernière (sans pour autant tomber dans l'extrême), ce qui sans pour autant gommer le terroir (ou simplement la patte du producteur) donc créer une uniformisation, apporterait une qualité générale assez élevée.

. Enfin pensez-vous que vos conclusions soient généralisables, ou ne concernent finalement qu'une certaine "crème" de la production ?

Cordialement,
dfried

P.S. : concernant le goût et les a prioris, j'ai vu récemment une étude assez interessante démontrant que nous sous-utilisons notre capacité gustative, qui n'est absolument pas développée. En réalité notre cerveau retraduirait en grande partie les odeurs perçues en ce que nous pensons être du goût. Ainsi en laboratoire, lorsque l'on empêche des cobayes de sentir quoi que ce soit (air soufflé sur les narines), en leur faisant goûter une série d'arômes précis on se retrouve avec une personne décrivant une saveur sucrée alors qu'une autre percevra un goût plutôt amer...