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De la tenue à l'air des vins oxydatifs : Petite expérience

  • chrisdu74
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De la tenue à l'air des vins oxydatifs : Petite expérience
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Le contexte et le protocole
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On a souvent l'impression que les vins jaunes ou plus généralement oxydatifs auraient gagné à une plus longue aération avant dégustation. Et pis, fô pas gacher (hein Hub! ) . C'est pourquoi, pour re-gouter plus tard, j'ai conservé au fil de dégustations plusieurs fonds de bouteilles à la cave. Des bouteilles ouvertes depuis quelques jours (le Juratour du week-end dernier ) voire plusieurs mois ( voire même hé hé hé ) que faute d'occasion, ou plutôt la faute à trop d'occasions de sortir des balles neuves , je n'avais pas finies…
Il faut dire qu'une bonne partie sont des restes de dégustation du LPV Leman qui en plus d’être peu nombreux ne sont pas très fans (je n’ai jamais ramené un demi clavelin du Juratour et pourtant ce n’est pas la quantité qui fait défaut) et que je continue à évangyellowiser malgré leurs cris d'horreur (peut-être à cause justement B)- )

Toutes les bouteilles sont remontées de la cave et mon fils sert 7 verres INAO contenant chacun la même quantité de vin .. ( pour éviter des tentatives de rapprochement entre la quantité dans le verre et l’origine du fond de bouteille dont je pourrais me souvenir) :

C’est pour moi une dégustation en semi-aveugle voire à l’aveugle complet du fait que je n’ai plus qu’un vague souvenir de l’identité de certaines des bouteilles (en faisant un effort, j’aurais pu mais justement pour le jeu …) . Ci-dessous mes notes de dégustation sur cet exercice ainsi que le CR initial quand je l’ai sous la main

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LA DEGUSTATION
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Vin 1 :

Nez sur la brioche, le miel, la bergamote avec des notes oxydatives en arrière-plan ; un peu d’acidité volatile. La bouche est d’abord un peu aqueuse, plate puis une acidité assez marquée prend place sans que ce soit très tendu pour autant ; pas très oxydatif avec néanmoins un arrière-goût de jaune, de croûte de comté; beau vin ; un peu le style d’un jaune de millésime chaud mais pas assez traçant pour un pur savagnin ; je pense au CDJ 10 de Macle que je sais être dans la liste
BIEN
C’est bien le Côtes du Jura 2010 dom. MACLE un petit fond de bouteille en vidange depuis 1 mois, à regouter pour fixer mes impressions plus précisément

Vin 2 :

Un sale nez en surface avec des notes de chou-fleur ou plutôt de bouillon mais une belle profondeur derrière; cette combinaison me fait penser à quelques vins des années 88-89-90 qui présentent souvent ce caractère aromatique, une sorte de réduction tenace malgré un joli fond. Etonnant de voir que ce caractère résiste à une aération statique et s’améliore en agitant le verre. La bouche est souple encore avec plus de vivacité , une acidité traçante se développe en bouche et m’oriente sur un pur savagnin ; c’est très long, très très long et rémanent, salivant. Arômes de pomme et de noix sur une trame acide citronnée. Regouté à table, du comté met en valeur la douceur et des notes d’orange.
BIEN++/TRES BIEN pour ce
Côtes du Jura SAVAGNIN 1989 dom. BERTHET-BONDET le meilleur de la série , bouteille ouverte depuis 1 mois à peine mais confirmation de mon CR récent ou plus ancien

Fin OCtobre Novembre 2014 : Le blanc de la soirée pour moi ; du jus d’orange amère qui éclate en bouche, une richesse hallucinante avec l’intensité du savagnin mais en mode douceur, arrondi par l’effet millésime ; autant les jaunes 89 paraissent parfois encore un peu trop riches, sûrement partis pour l'éternité, autant les « simples » arbois et ici côtes du jura qu’on a gouté avec les copains sont juste somptueux ; c’est incroyable mais ça reste un vin à encaver si on en trouve

Vin 3 :

Nez décevant, un peu poussiéreux, orange moisie ( :S ), des notes de bouillon et un peu chaud. On retrouve cette aromatique en bouche malgré une superbe tension salivante de pur savagnin et une certaine complexité ; un peu chaud aussi niveau alcool. Après découverte de l’étiquette, ça ressemble bien (la bouche, pas l’aromatique) au
ARBOIS VIN JAUNE 1989 de A&M TISSOT , la dégradation aromatique résultant du fait que c’est vraiment un fond de bouteille ouverte depuis Février 2014 , je précise l’année, attendez voir la suite) !

en Février : Un beau jaune, incontournable sur le fromage, peut-être un peu puissant, gagnera-t-il en finesse avec un peu plus de temps ?

Vin 4 :

Nez de bouillon, livèche, peu agréable mais il y a du fruit derrière (prune jaune, reine-claude) . La bouche est d’abord sur le bouillon du nez mais rapidement fait place à un jus d’agrumes, avec une aromatique un peu passée (sais pas comment décrire plus précisément, toujours cette sorte de réduction tenace) ; néanmoins, grosse énergie et puissance type Arlay 89 (tiens tiens… )
BIEN++ pour ce Cotes du Jura VIN JAUNE Ch. D’ARLAY 1990 (ouvert pour LPV Léman de Septembre, ce qui est bien c’est qu’il en reste toujours avec eux >:D< )

Vin 5 :

Joli nez , un peu médicinal mais aussi des notes d’eau de vie et de liqueur de racine ainsi que des fruits jaunes (comme un Puff 03) . Bel équilibre en bouche, ce vin paraît encore jeune, notes de morilles et croûte de comté en arrière-plan ; de la finesse, acide mais pas traçant, ça ne doit pas être un 100% savagnin. Super salivant, très très long aussi, citronné.
BIEN++ , un peu mieux que le précédent, assez proche du 2 pour cet ARBOIS 1999 Chardonnay Savagnin dom OVERNOY-HOUILLON … whaa pas mal pour un vin ouvert depuis Mars… 2012 !!! Un peu moins d’une demi-bouteille qui est resté dans la cave climatisée depuis ce temps là , une fraicheur dingue

en Mars 2012 : Nez sur les fruits jaunes et la pomme. Mais aussi ces notes de "réduction fine", assez addictives en fait. Et du bouillon ainsi que du céleri.
En bouche, on retrouve les mêmes arômes de pommes et de fruit. C'est mûr sans être sucré. Une trame acide discrète confère un équilibre parfait à ce vin.
24 heures plus tard, les notes de réduction s'estompent et l'acidité ressort ainsi que les agrumes. Très beau vin.


Un vin acheté après le juratour 2011 : peut-être plus aussi performant mais après 2 ans et demi de vidange, chapeau !

Vin 6 :

Robe trouble, nez sur les prunes jaunes (fruit acide) et des notes de jus d’orange avec en arrière plan des notes d’oxy classique , pomme blette, un peu médicinal. Bouche très intense, puissance alcoolique sans être chaud, acidité traçante, salivante mais bouche un peu coupée par une légère amertume fugitive, belle finale sur le jus d’orange
BIEN+
CHATEAU CHALON 1988 dom. BERTHET BONDET un petit fond de clavelin ouvert fin Aout pour les 16 ans du fiston

Il semble avoir un peu décliné quand même depuis vu ce que j’en écrivais :

3ème bouteille , la première était très bonne, sur la deuxième ouverte au débotté, les arômes de réduction et de vieux vin étaient un peu trop prenants. On retrouve cette aromatique à l’ouverture mais après une nuit d’aération, il se présente très bien dans la dernière ligne droite. Excellent château chalon à la superbe tenue en bouche sur des notes épicées et de céleri dont ce fameux cocktail curry/jus de moule/cari gosse. Accompagne le poulet à merveille

Vin 7 :

Nez d’oxy classique, pas grand-chose à dire de plus. L’attaque en bouche est acide et vive, un peu amère ; Pas mal d’énergie, salivant , amertume de pomelo, légèrement austère, un des mieux conservé de la série (ça tombe bien, il n’a qu’une semaine d’ouverture). A ce stade je pense bien à celui que j’ai ramené du WE dernier mais je croyais que c’était le Clerc 83.
ARBOIS VIN JAUNE dom. PUFFENEY 1995 l’aération prolongée a finalement en bonne partie gommé l’impression très acide de ce vin (qui n’a pas fait sa malo, rappelons le)

Novembre 2014 : 1er verre (bouteille ouverte depuis 24h, non carafée): Nez de réduction, sur le bouillon ; en bouche l’acidité monte, féroce. Le contraste est saisissant avec la paire précédente malgré l’âge. La deuxième bouteille a bénéficié d’un carafage de quelques heures, le nez s’en ressent sur les fruits mûrs, la mirabelle. L’attaque en bouche est aussi un peu plus ronde mais la suite est du même acabit.

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CONCLUSION
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En conclusion, exercice très intéressant, avec quelques vins qui m’ont surpris, mes préférés n’étant pas les vins jaunes qui souffraient peut-être pour la plupart de fonds de bouteilles et d’une ouverture prolongée mais la confirmation du superbe savagnin 89 de Berthet Bondet ainsi que la résistance à l’air du Chardonnay-Savagnin 1999 d’Overnoy.

Quoiqu'il en soit, 2/3 ans d'élevage sous voile suffisent à armer ces vins pour une longue garde mais aussi une longue aération. Je ne recommenderai toutefois pas de les carafer 3 semaines ou 3 mois à l'avance, mais c'est surtout pour les difficultés de planification :)-D
15 Déc 2014 18:40 #1

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très intéressant Chris, j'aurais plutôt misé sur une meilleure garde des jaunes....
16 Déc 2014 11:36 #2

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Initiative originale et intéressante !

On notera la très belle tenue d'un vin sans SO2 ajouté, sur 2 ans et demi.
16 Déc 2014 12:24 #3

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Réponse de Jean-Marie Cade sur le sujet Re: De la tenue à l'air des vins oxydatifs : Petite expérience

Bravo Chris !

Une très instructive contribution.

(tu)
16 Déc 2014 17:58 #4

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Experience interessante. Merci de l'avoir partagée.
18 Déc 2014 22:21 #5

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Très intéressant. Je m'en vais donc ouvrir le jaune 79 que je destine a Noël dés maintenant
21 Déc 2014 09:10 #6

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Merci de ce superbe CR!

Il y a peu, j'ai laissé traîner un fond de bouteille d'un Savagnin 09 de Puffeney ; 1 mois après, le vin était encore très bon.

Alexandre
24 Déc 2014 07:45 #7

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Un savagnin 2009 de Puffeney, j'en avais laissé une demi bouteille début septembre 2013 dans une maison vide et en février 2014 , elle était toujours impeccable.

Sinon, j'ai pas dit que ça s'améliorait sur plusieurs semaines hein, seulement que ça tient longtemps. Pour le jaune 79, il faut (fallait?) goûter à l'ouverture, si c'est déjà agréable, pas la peine d'aérer 4 jours.
Mais sur des jaunes réduits, jeunes ou puissants, maintenant, je carafe 24 heures minimum à l'avance. Je trouve que l'aération par le goulot n'est pas suffisante sur 24 heures.
24 Déc 2014 11:16 #8

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Je confirme que 48h d'ouverture ont fait du bien au Ch Ch de Macle 79 ouvert pour noël. Bcp d'acidité à l'ouverture, ça s'est assagit peu à peu en s'oxygénant.
Belle buvabilité, aucune lourdeur. Belle bouteille.
26 Déc 2014 09:15 #9

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