LA visite de notre séjour.
On débarque un vendredi après-midi vers 16h, à l'improviste, la pancarte Mas de Cynanque nous indique l'entrée du domaine, on s'aventure dans le chemin de terre, arrivé à un carrefour, une maison vers la droite, un hangar/grange vers l'avant, la porte du hangar est ouverte, on va donc tout droit.
On arrive en plein milieux de l'étiquetage des rosés, nous nous excusons de passer à l'improviste et sommes reçus à bras ouvert par Xavier et le père de Violaine.
Présentation très complète du domaine par Xavier : encépagement, sous-sol, chai de vinif, élevage, nos questions sont sans fin et trouvent toute une explication passionnée et complète.
Le vignoble est d'environ 15 hectares, 12 d'un seul tenant face à la maison et au chai, sur un sous sol de grès qui va vers le calcaire en repartant vers l'entrée du domaine et 3 hectares sur le plateau calcaire au dessus.
L'âge du vignoble est plus que respectable, certaines parcelles sont centenaires, seule une parcelle a été replantée il y a 2-3 ans.
Les rendements sont faibles, environ 25 hl/ha, toutes cuvées confondues.
Les enfants ne sont pas en reste, ils découvrent l'étiqueteuse avec le papa de Violaine et "aident" à mettre les bouteilles sur la machine.
Nous commençons la dégustation avec Xavier, pour la poursuive avec le papa de Violaine, récent pensionné qui aide avec passion au domaine, admiratif du travail de ses enfants, c'est aussi un plaisir de déguster avec lui et d'avoir sa vision "d'aidant" en retrait par rapport aux "propriétaires".
Xavier nous rejoindra ensuite à nouveau, après avoir effectué quelques réglages techniques de la machine et s'être occupé de rendre cette visite aussi agréable pour nos loulous que pour nous (il faut dire qu'avec 4 enfants de 8 à 2 ans, il a l'habitude).
Le domaine est récent, il n'y a donc pas encore de caveau de dégustation à proprement dit (sa construction est prévue) et finalement, ce n'est pas plus mal, nous dégustons au milieu du chai, face au fûts Mercurey et François Frères, marqué de la fleur de Cynanque.
Nous dégusterons l'entièreté de la gamme. Nous connaissions le domaine par les cuvées fleur de Cynanque et plein grès, découvertes via notre caviste habituel. Quelle joie de découvrir le reste de la gamme, d'une qualité irréprochable.
Nous commençons pas le
rosé 2010, à majorité Cinsault, rosé frais, bien fruité, classique, bien vinifié. Bien.
Fleur de Cynanque 2008 (ou 2009), 70 % Carignan, 20 % grenache, 10 % Syrah
La cuvée fruitée et friande du domaine, sur la cerise c'est rond et plein, équilibré. Bien +.
Plein grès 2008, 30 % Syrah, 30 % Mourvèdre, 30 % Carignan, 10 % Grenache. Elevage cuve uniquement.
La transition avec la cuvée d'entrée de gamme est marquée.
Grande profondeur et netteté sur ce vin, 2008 est fidèle à 2007. Le fruit est profond, dense, puissant, sur le cassis, la garrigue (thym), un côté épicé, un peu fumé et cacao.
La bouche est ample, précise, avec ce fruit profond, relevé d'une pointe de réglisse et d'une finale minérale, ciselée. J'adore, rapport Q/P +++. Très bien +.
Acutum 2008, 60 % Syrah, 20 % Mourvèdre, 20 % Grenache. Elevage en fûts 1/3 neufs, 1/3 d'un vin, 1/3 de 2 vins.
Beau nez fin, on retrouve la profondeur de plein grès, mais avec la dimension élevage en plus. Elevage parfaitement intégré, il semble déjà presque fondu.
Les matières sont denses, le touché de bouche est fin, les tanins sont serrés mais sans brutalité, la finale est longue, tendue par une belle acidité qui promet une superbe garde à ce vin déjà très équilibré et accessible. Excellent.
Nominaris, Syrah majoritaire (presque 100 %, quelques baies d'autres cépages pour respecter le décret de l'AOC), élevage 24 mois en fûts 1/3 neufs, 1/3 d'un vin, 1/3 de 2 vins.
Rendements infimes de 8 hl/ha, Syrah récoltée légèrement en surmaturité, vinifié en sec, on titre 15°, mais l'équilibre est bien là, on ne le sent pas.
Nous dégustons le 2009 sur fût (d'un vin).
Le nez est d'une finesse et d'une élégance remarquable, la puissance contenue saute au nez. L'élevage souligne la matière, et bien que l'élevage soit encore en cours pour 6 mois, le bois ne marque pas cette matière si riche et concentrée, il souligne le fruit bien mûr par une belle note cacaotée, un peu fumée. C'est le genre de vin qu'on hume pendant plusieurs minutes avant de penser à le mettre en bouche.
La bouche est magistrale, les tanins sont denses, serrés, mais déjà polis, c'est du velours, le fruit est mûr, souligné par les notes torréfiées, s'étirant sur la réglisse, une longueur terrible et une grande rémanence. La dernière goutte dans le verre évoluera encore en marquant le verre de ses arômes pendant plus de 10 minutes pendant lesquelles nous posons encore questions et questions, décrivons le vin ... en partageant le tout avec Xavier, qui nous fait l'honneur de déguster avec nous et de commenter les vins, avec beaucoup de pertinence et précision, c'est un grand dégustateur.
Vin magnifique, magique, micro-cuvée de 1000 bouteilles. Superbe ! Déjà grand en l'état, certainement monstrueux dans quelques années.
Amicytia, Grenache majoritaire, élevage 12 mois en fûts de 2 vins.
Rendements de 12 hl/ha. Seconde micro-cuvée du domaine.
C'était la seule bouteille non ouverte, nous ne voulons pas abuser. Xavier nous dit que nous aurions dû demander de l'ouvrir, ce n'est pas grave, on déguste le 2010 en fût, même s'il eu fallu le déguster avant Nominaris, Xavier n'a pas peur de le mettre après. En effet ...
Nez très floral sur la pivoine très marquée, cerise au kirsh, bonbon anglais, beaucoup plus féminin, subtil.
La bouche reste sur ce registre subtil, petits fruits rouges (framboises), Vin très fin et aérien, finale longue et fine. Excellent.
Althea blanc 2008, 40 % Roussanne, 30 % Grenache blanc, 30 % Vermentino. Elevage en foudre mi-neufs, mi-d'un vin.
Nez sur les agrumes (pamplemousse), l'écorce d'orange, un peu fleur blanche (Cynanque ?) et quelques notes de fruits à chair blanche (poire).
La bouche est tendue, mais ample et riche à la fois, un beau blanc languedocien, gras et structuré avec beaucoup de fraicheur, à accorder sur un beau poisson en sauce. Très bien +.
Le 2008 est dégusté par "erreur" car plus en vente, nous ne dégusterons pas le 2009, mais au vu de la qualité de l'ensemble de la gamme, nous en mettrons dans le coffre de la voiture les yeux fermés.
Hespérides grenache gris passerillé 2009. Elevage en fûts (mais je ne sais plus de combien de vins, 1 ou 2).
Robe or, aux jambes longues et épaisses.
Nez sur l'orange confite, la figue et le miel. C'est riche et complexe.
Dégusté à température ambiante et non frais, le vin réussit malgré tout à éviter toute impression "pâteuse", c'est un régal de fruits confits, c'est long et riche, plus frais, ce doit être magistral. Très bien +.
En conclusion, je pense que mes sentiments sont clairs, c'est un jeune domaine qui, je n'en ai aucun doute, va monter au fil des ans, les vins ont tous beaucoup de personnalité et d'équilibre, la qualité est présente, des cuvées d'entrée de gammes aux plus hautes.
L'accueil est grandiose, tant par Xavier et le papa de Violaine pendant la dégustation, que par Violaine au moment du paiement, passionnée et investie au même titre que Xavier.
Finalement, notre petite visite aura duré près de 2 heures. Il nous restera le souvenir et bonheur de cette dégustation à chaque ouverture de bouteille mais nous ne manquerons certainement pas d'y revenir lors de prochaines vacances.