La rentrée est passée, je peux terminer la retranscription de ma visite... début août.
Voici venu le mois d’août, moment de mon escapade traditionnelle dans le Valais. J’aime beaucoup les vins de la vallée du Rhône suisse. Son interprétation de la syrah, sans doute mon cépage rouge fétiche, mais aussi du Pinot, et surtout ses cépages plus ou moins autochtones telles la petite arvine en blanc, le cornalin et l’humagne en rouge.
Libre le temps d’un après-midi, j’en ai profité pour me rendre au domaine Simon Maye, dont j’avais lu beaucoup de bonnes choses et bu il y a bien longtemps une syrah. Et bien m’en a pris. L’accueil était très agréable, la cave fraîche malgré les trente degrés passés à l’extérieur. Et les discussions sporadiques avec Raphaël, en charge du domaine depuis plusieurs années et bien occupé avec son équipe par les multiples clients passés récupérer leur commande, fluides et intéressantes. J’ai goûté quasiment toute la gamme, ne délaissant que le blanc d’entrée de gamme, Fauconnier, le rosé et la cuvée rouge Camosus, je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs. Les descriptions des derniers vins seront, vous le verrez, plus elliptiques.
Trémazières 2023. Chasselas « Fendant ». Sur le lieu-dit « Trémazières » avec un sol très calcaire et graveleux. (selon le site comme toutes les références suivantes). Elevé en cuve.
Le nez est discret. La bouche est tendue, vive, avec une jolie énergie, sur les fruits blancs, une jolie note rocailleuse en finale. Très bonne entrée en matière.
Moette 2023. Chasselas « Fendant ». Brisés de calcaire sur les terrasses du coteau d’Ardon, sur le lieu-dit « Moette ». Elevé en cuve.
Le nez est rond, sur les fruits jaunes. En bouche, c’est beaucoup plus rond que le vin précédent, sur les fruits jaunes également, avec une sensation mûre et d’agréables amers. Le tout en finesse et avec de la fraîcheur. J’ai aussi beaucoup aimé, dommage qu’il n’y en avait déjà plus en vente!
Johannisberg 2023. Sylvaner ou plant de Rhin. Sur le lieu-dit « Ravanay » avec un sol calcaire. Elevé en cuve.
Le nez est très frais, sur les amers. En bouche, l’attaque est plus tendre, sur des amers ronds, des notes d’amande fraîche et grillée, et une fin sur les amers. Assez typique à mes yeux du Johannis.
Petite Arvine 2023. Sur le lieu-dit » Beuble » dans les éboulis sous la parois du Haut de Cry et dans les brisés de calcaire sur les terrasses du coteau d’Ardon, deux terroirs secs et arides dans lesquels la Petite Arvine peut parfaitement exprimer ses caractéristiques. Elevé en cuve.
Nez typique de la petite arvine sur les fruits, la glycine. En bouche, le vin parvient à être à la fois dense et fluide: ce n’est pas strident, même plutôt rond, tout en gardant une fraîcheur et de jolis amers. Avec l’habituelle note saline finale. J’ai beaucoup aimé, même si j’ai été initialement désarçonné par cette rondeur.
Et voilà les blancs VV, élevés 20 mois, et donc sur 2022.
Chardonnay vieilles vignes 2022. Vigne de plus de 60 ans. Sur le lieu-dit » Ravanay » avec un sol calcaire sur de gros graviers. Pendant 20 mois dont 12 mois en fûts de 300 litres puis 8 mois en cuve béton.
Nez et bouche discrètes, le tout me semble pour le moment effacé par le boisé. Le seul vin de la série que je n’ai pas apprécié.
Païen - Heida vieilles vignes 2022. Savagnin. Cépage blanc originaire des Alpes. Il s’est aussi établi dans le Jura (vin jaune). En Valais, nous le retrouvons sous l’appellation: Heida ou Païen. Sur les lieux-dits « Trémazières » avec un sol calcaire très graveleux. Pendant 20 mois dont 12 mois en fûts de 300 litres puis 8 mois en cuve béton.
Le boisé est mieux intégré. C’est frais, tendu, sur le coing. Mes notes sont en revanche lapidaires, je devais discuter avec mon hôte.
Je passe aux rouges.
Dôle 2023. Assemblage de Pinot Noir et Gamay. Sur le cône d’alluvions de Chamoson constitué de sable et de gravier plus ou moins argileux, souvent silteux. Elevé en cuve.
Le nez est typique de la dôle, sur le pinot très fruité avec un côté tellurique. En bouche, le pinot domine initialement, avant que le côté gouleyant du gamay ne prenne le dessus, avec une astringence et le côté tellurique final typique de la dôle.
Gamay 2023. Vieilles vignes de Gamay à petits rendements. Vignes de plus de 50 ans. Sur le cône d’alluvions de Chamoson consitué de sable et de gravier plus ou moins argileux, souvent silteux, lieu-dit « Prés-des-Pierres ». Elevé en cuve.
Typique du gamay valaisan, le nez est fruité. En bouche, la matière est mure, fruitée, épicée, mais ceintrée d’amers. La finale est superbe, avec un côté reviendez-y enjoueur et gourmand.
Pinot 2023. Pinot Noir, sélection à petits grains (Pinot Valais, Pinot Bourgogne) Sur le cône d’alluvions de Chamoson constitué de sable et de gravier plus ou moins argileux, souvent silteux, le lieu-dit « Crête-au-Sang ». Elevé en cuve.
Le nez est agréable, très pinot floral sur la cerise griotte. En bouche, le vin est léger, croquant sur le fruit, là encore sur la cerise. Assez typique du pinot valaisan.
J’ai zappé sans le vouloir la cuvée Camosus, un assemblage de vieilles vignes de Pinot Noir (40 ans), Gamay (50 ans) et Merlot.
Humagne rouge 2023. Humagne Rouge (Cépage à maturité tardive). Sur le lieux-dit « Petit Grü » au pied du massif du Haut de Cry. Terroir calcaire sec et aride. Micro climat très chaud du à la restitution de la chaleur par la parois rocheuse. Elevé en cuve.
C’est l’un des deux vins que j’ai préféré lors de cette dégustation, sachant que les grandes cuvées élevées sous bois sont plus éteintes si peu de temps après la mise. Il y a de la tension qui donne souvent à ce cépage un côté un peu sauvage, et un côté ferrugineux, un autre légèrement fumé, le tout sur des notes de cerise burlat. Une jolie amertume tend l’ensemble, mais juste ce qu’il faut. Surtout, les arômes sont changeants, virevoltants, d’une grande complexité. J’ai adoré. Bien fait, je trouve décidément que c’est un superbe cépage.
Syrah 2023. Sur le lieu dit « Prés-des-Pierres », avec un sol calcaire très graveleux. Elevé en cuve.
Le vin est très fruité, croquant, plein de vitalité, sur des notes habituelles de syrah - épices, poivre - mais caractérisé par une grande fraîcheur.
Je passe aux vins élevés vingt mois, comme les vieilles vignes en blanc: 12 mois en fûts de 300 litres puis 8 mois en cuve béton. Ce sont tous des 2022.
Pinot Noir VV 2022. Vignes de plus de 50 ans. Sur les lieux-dit « Prés-des-Pierres » avec un sol calcaire très graveleux. Elevé pendant 20 mois dont 12 mois en fûts de 300 litres puis 8 mois en cuve béton.
Aussi bien au nez - aérien, qu’en bouche, ce vin fait beaucoup plus pinot bourguignon que la première cuvée de pinot. Outre un fruité très agréable et fin sur les fruits noirs, la densité est incroyable. Elégant et délicieux.
Syrah VV 2022. Vignes de plus de 60 ans. Sur le lieu-dit « Prés-des-Pierres » (comme le Pinot VV) et les jeunes syrahs, avec un sol calcaire très graveleux. Elevé pendant 20 mois dont 12 mois en fûts de 300 litres puis 8 mois en cuve béton.
On sent la syrah classe, profonde, dense. Des épices, quelques rares notes de violettes, du poivre blanc, des fruits noirs mûrs - de la mûre, du cassis - mais pas du tout compôtés. Il va lui falloir du temps pour donner le meilleur de lui, mais la matière est promettrice.
Cornalin 2022. Brisés de calcaire sur les terrasses du coteau d’Ardon, lieu-dit « Beuble » (comme la petite arvine). Elevé pendant 20 mois dont 12 mois en fûts de 300 litres puis 8 mois en cuve béton.
Il est typique du cornalin: racé, très terrien, sur les fruits noirs. Ce cépage, agréable jeune, devient souvent formidable après sept-huit ans. Je le considère souvent proche de la syrah, mais avec un côté plus fruité et plus sauvage, moins sombre.
Merlot VV 2022. Sur le lieu-dit « Tsoume » sur le cône de déjection de Chamoson dans un sol calcaire. Elevé pendant 20 mois dont 12 mois en fûts de 300 litres puis 8 mois en cuve béton.
La robe est très foncée. Au nez comme en bouche, le merlot ne cache pas son identité. Un léger fumé, sur les fruits noirs, costaud mais néanmoins un bien joli jus.
Et c’est ainsi que s’achève ma dégustation, après de nombreux verres d’eau et quelques tranches de pain et de viande séchée. Nul doute que je reviendrai à mon prochain passage dans la région, les vins sont délicieux, classe comme on me l’avait suggéré, et l’accueil naturel et agréable.
Tristan