A la faveur d'un récent voyage, à fin décembre, sur les deux rives du Rhin, la française et l'allemande, j'ai visité un domaine aux portes de Bâle, à l'extrême sud-ouest de l'Allemagne. Il s'agit du domaine de Claus et Susanne Schneider à Weil am Rhein. Sur les pentes du Weiler Schlipf notamment, ce couple de vignerons produit quelques vins fort intéressants. Au menu, on trouve notamment du chasselas, du pinot gris, blanc et noir, du chardonnay, du nobling et du johanniter.
Les chasselas (Gutedel) (spécialité du Markgrà¤ferland, soit l'extrême sud du pays de Bade), sans malo, ont semblé très (trop) particuliers au palais suisse romand du soussigné, habitués aux arômes très minéraux et floraux des grands chasselas lémaniques et valaisans; ces chasselas badois ont paru plutôt peu expressifs et très vifs, agréables vins de soif, sans plus. En revanche, les gouttes issues de cépages bourguignons me paraissent nettement plus intéressantes.
Les 2003 ont atteint dans ces derniers cépages, même dans ces contrées relativement nordiques, des maturités et une puissance remarquables, le tout déclaré en spà¤tlese, mais vinifié en vin sec, avec des taux d'alcool aux environs de 14-14,5°.
On notera un pinot blanc, (Weissburgunder) plein, riche et finement aromatique; un pinot gris (Grauburgunder) puissant et racé. Le chardonnay est également fort bon, bien typé du cépage, riche, onctueux, mais avec un bel équilibre, marqué légèrement par un élevage en barrique de bon aloi. Si les pinots noirs (Spà¤tburgunder) 2001 et 2002 m'ont semblé agréables et sympathiques, mais manquant un peu de concentration, le 2003 est en revanche somptueux, coloré, concentré, puissant, tout en gardant une belle élégance et une fine acidité.
Au chapitre des curiosités, on remarquera une jolie gamme de sekts, mousseux, à prix doux, fidèles à leur cépage de base, sans grande complexité, mais propre, fin et joyeux, dans les cépages nobling (croisement de sylvaner et de chasselas) et pinot noir notamment.
Enfin deux "raretés" :
soit un pinot gris, vin de glace, 2001, vendangé le 14 décembre par moins 12°, et présentant 188 ° Oechlse, 11° d'alcool et et 233 g de sucre résiduel/litre, 9 g d'acidité/litre, élevé en barrique, puissant, typé, onctueux, plutôt bien équilibré, même si on pouvait attendre un plus de longueur d'un tel cru.
et un johanniter beerenauslese, 2000, vieilli en barrique (croisement à l'ascendance pour le moins complexe, mais où figure le riesling, dont le résultat a été retenu pour sa grande résistance aux différentes maladies affectant la noble plante) . Il a été cueilli dans l'optique d'en faire un vin de glace, le 14 janvier 2001, mais comme il n'avait pas suffisamment de sucre pour une telle classification, il a été annoncé comme une beerenauslese et élevé en barrique, comme un vin sec, ou presque, 7,5g de sucre résiduel. Le résultat est tout à fait étonnant, une nez marqué par le botrytis et un boisé très élégant, une bouche solidement structurée et concentrée, équilibrée et d'une grande longueur.
Une jolie découverte, à suivre.
Meilleurs messages
RV