Nous poursuivons notre exploration des terroirs volcaniques en repartant pour l’Italie, cette fois entre Piémont au nord et Latium au sud.
L’ordre n’est pas aléatoire et on essaie de regrouper les vins par zone plutôt que par ordre qualitatif présumé. A noter que mes notes sont un mix des perceptions ressenties à l’ouverture des bouteilles, durant la soirée et le lendemain.
Les blancs
1. Trappolini Est !Est !!Est !!! di Montefiascone 2016
Le nez n’est pas d’une extrême expressivité mais il présente tout de même de belles notes de fleurs et de fruit (pêche et autres fruits blancs) sur lesquelles surnagent un peu de fumée et de silex. La bouche fait preuve de peps avec un fruit rafraîchissant et un caractère salin agréable. C’est arrondi, simple et sans complication mais de belle tenue quand même. Finale de persistance moyenne sur des amers peu marqués.
2. Falesco Est !Est !!Est !!! di Montefiascone « Le Poggere » 2017
Le vin est ici plus vif et plus expressif que le précédent, aux fleurs et aux fruits blancs s’ajoutent un petit côté exotique (ananas, maracuja). C’est mûr mais il y a moins de caractère malgré quelques effluves de silex. La bouche est souple, avenante, avec du fond. C’est juteux et facile malgré le fait qu’il y ait davantage de « dimension » dans ce cru. Le profil gustatif fait un peu penser à un standard international mais il est de qualité. Finale assez courte sur l’amande amère.
3. Palazzone Orvieto Campo del Guardiano 2014
Le vin est malheureusement défectueux et imbuvable ; il nous fait ainsi manquer cette appellation dont une petite partie est volcanique au nord du lac de Bolsena.
4. Sassotondo Bianco di Pitigliano Superiore “Isolina” 2017
La robe frappe par son côté doré intense rappelant un liquoreux alors que le vin est parfaitement sec. Bouquet mûr, légèrement résiné, sur les fruits jaunes (abricot surtout) et le couple cire / encaustique avec un soupçon de miel et de bois (alors que le vin ne le voit jamais durant le processus d’élaboration…). La bouche est riche et mûre, puissante et longue avec une rétro frisant l’orange amère. Les amers, on les retrouve en fin de bouche associés à un poil de gaz, ce qui donne une touche rustique inattendue à l’ensemble qui en ressort un peu durci. Finalement, cela gâche le ressenti sur un vin qui ne manque pas de fond.
5. Fontana Candida Frascati Superiore Riserva Luna Mater 2015
Bouquet ouvert et fruité sur la pêche bien mûre et autres fruits confits avec des notes minérales sous-jacentes. C’est intense mais peu complexe. La bouche est du même acabit ; riche, mûre et ample avec une belle tonicité apportée par une acidité fruitée optimale. L’ensemble se construit malgré tout en largeur avec des amers marqués qui s’imposent ensuite et gâchent un peu la fin de bouche.
6. Marco Carpineti Capolemole Bianco 2016
Quoique assez retenu, le nez se montre séduisant et plutôt complexe : fruits exotiques, agrumes, pêche blanche, un peu de menthe. La bouche propose un beau volume avec une concentration solide qui peut friser la raideur au départ mais qui s épanouit bien sur la durée. C’est un vin qui a une personnalité certaine qui lui permet de transcender son côté légèrement rustique en fin de bouche. Très belle découverte.
7. Dal Maso Gambellara Riva Del Molino 2016
Bouquet expressif, à la fois floral, végétal et fruité (pêche et pomme) avec une fumée et sucrée. L’attaque en bouche confirme un élevage envahissant et toasté qui domine le fruit (même s’il s’est assagi nettement après quelques heures d’oxygénation). On constate néanmoins un bel équilibre des saveurs et un beau jus derrière le bois. Dommage. Finale sur la vanille et le camphre.
8. Pra Soave Staforte 2016
Bouquet riche et mûr, d’un fruit ample sur la pomme et l’abricot avec des notes de silex assez marquées. Sans être d’une grande ampleur, la bouche se montre consistante avec pas mal de finesse et une grosse fraîcheur assise sur une minéralité présente mais non saillante. Longue finale sur de beaux amers. Le vin n’est ni le plus précis ni le plus élégant des soave mais sa présence en bouche est incontestable.
9. Vignalta Colli Euganei Agno Casto 2016 (manzoni)
Nez vigoureux et pimpant, très fruité (pomme jaune et pêche) avec des arômes de pierre chauffée au soleil. La bouche confirme ; c’est rond, lisse, gras, ample et fruité avec une belle fraîcheur qui se renforce dans une fin de bouche très minérale. Grâce à cela, le vin ne s’étale jamais malgré un alcool qui se marque par intermittence. Belle persistance. La complexité n’est pas le point fort de ce vin qui s’impose comme un vin de soif de belle tenue et d’une accessibilité confondante pour un amateur de vins en largeur. C’est pour moi la surprise de la soirée car je ne me souviens pas avoir jamais dégusté un incrocio manzoni de ce niveau.
10. Gini Soave La Frosca 2015
Bouquet discrètement miellé au départ puis on passe sur les fruits (poire, framboise, raisin de corinthe), les agrumes (zeste d’orange) , les herbes aromatiques et la craie pour revenir au miel par intermittence avec des nuances fugaces de fleurs jaunes et de tarte tatin. La bouche est ronde et fondue avec un beau fruit mûr et une présence fraîche et juteuse. Belle longueur sur de fins amers.
11. Pieropan Soave Calvarino 2016
Bouquet plus froid que Le Frosca, très minéral avec des notes de fumée. Les fruits suivent avec pomme et pamplemousse jaunes et fruits de la passion. On perçoit aussi de fines senteurs florales qui contribuent à l’élégance du tout. On retrouve cette élégance en bouche qui propose beaucoup de finesse avec une structure élancée et fraîche qui donne de l’élan et de l’énergie. Très belle finale toute en netteté. Excellent
Alors que La Frosca joue davantage en largeur, Calvarino de montre plus vertical.
12. Gini Soave Contrada Salvarenza 2015
Bouquet complexe mais assez discret au départ : fruits bien mûrs voire confits (abricot, pomme jaune), herbes aromatiques (associées à des nuances plus mentholées), épices (cardamome), fleurs des champs, mais aussi des senteurs plus minérales (craie, iode). La bouche est puissante, pleine et riche avec des traces d’élevage en rétro qui sont bien intégrées. Belle ampleur de fruit mûr et suffisamment de fraîcheur pour donner du tonus et équilibrer une pointe d’alcool . Finale très persistante sur la cire d’abeille. Magnifique.
13. Inama Vulcaia Fumé 2016 (sauvignon)
Nez très retenu au départ dominé par les fruits jaunes, le silex et les notes végétales ; ces senteurs composent avec le boisé de l’élevage sans tout à fait le maîtriser. Curieusement, la bouche se montre bien plus explosive avec un élevage beurré, lacté assez prégnant et une matière fruitée très mûre. C’est volumineux et riche. Alcool et fraîcheur se combinent alors parfaitement jusqu’à ce qu’un retour de l’élevage en finale empêche le vin de vraiment s’élever. C’est assez maquillé mais il y a du vin derrière. Vin ambitieux, bien construit, à réserver aux personnes qui apprécient cette aromatique.
Les rouges
14. Maculan Breganze Cornorotto 2015 (marzemino)
Le nez est ouvert, d’abord assez simple sur les fruits rouges confiturés (framboise, airelle) puis viennent l’amande (massepain), le cuir de Russie et des notes végétales de ronce et d’écorce fraîche. En bouche le vin hésite entre verdeur et surmaturité. Les tanins sont fins, il y a une certaine ampleur mais aussi une fin de bouche rustique évoquant la tourbe. Le vin a toutefois du caractère et pourrait bien évoluer.
15. Casale della Ioria Cesanese del Piglio Torre del Piano 2015
Derrière quelques notes d’élevage discrètes et bien intégrées, le nez propose des fruits rouges et noirs confiturés voire confits (mais pas cuits), du pruneau, des épices (cumin, macis) mais aussi du tabac, un peu de cuir et d’humus. C’est assez complexe et élégant. La bouche se montre, elle, un peu plus sévère avec des tanins fins mais légèrement verts qui procurent une certaine fraîcheur mais risquent à terme d’assécher.
16. Dal Maso Colli Berici Colpizzarda 2015
Nez assez varié exprimant du fruit rouge et noir (fraise, mûre), des notes torréfiées (café, noisette et amande grillées), également réglisse et fenouil, eucalyptus et sous-bois en arrière-plan. L’élevage se fait un peu sentir avec un côté lacté très supportable. En bouche, la matière est belle, charnue, en demi-corps avec des tanins encore présents mais mûrs. Il y a du fruit et de la fraîcheur. L’élevage reprend ses droits en fin de bouche sans que cela ne devienne gênant. Longueur correcte mais pas exceptionnelle.
17. Cincinnato Ercole 2014
Bouquet séduisant, d’abord floral et minéral, puis on passe aux fruits mûrs légèrement confits, ainsi qu’au cuir et aux senteurs plus végétales de ronce et d’eucalyptus. La bouche présente une belle finesse de texture. C’est suave et juteux, délié. De la fraîcheur aussi grâce à un trait de vert qui lui va bien et une petite acidité fruitée bien mûre. Petite note boisée en rétro de fin de bouche et finale bien persistante. Très beau vin proche sur ce millésime d’un pinot noir (le 2015 goûté en d’autres circonstances est bien plus massif et concentré).
18. Poderi Ai Valloni Boca Vigna Cristiana 2010
Nez un peu sec et austère où l’on décèle des herbes aromatiques, quelques épices, des notes de fleurs séchées, de la minéralité mais peu de fruit. Cela semble prématurément vieilli et manquant de pureté. En bouche, la matière est fine et légère mais âpre avec des tanins marqués et dissociés. Tout le monde pense à un problème probable de bouteille… ED
19. Tenute Sella Bramaterra I Porfidi 2010
Nez d’abord viandé, sanguin, sur les fruits rouges compotés puis surnagent des notes florales et végétales plus marquées. Cela se précise ensuite sur la cerise mûre, le tabac et la fumée. Grâce à une acidité bien calibrée, la bouche propose une matière juteuse et fraîche mais d’une ampleur mesurée. C’est fin, élégant (bien que plus dans l’austérité que dans la séduction immédiate) et assez concentré. En revanche, ce n’est pas d’une longueur immense.
20. La Montecchia Colli Euganei Capodilista 2010
Le premier nez vanillé tourne vite vers un boisé plus froid (chicorée, âtre) qui reste cependant assez noble. Les fruits rouges un peu confiturés viennent derrière avec des notes sanguines et de pelures de pomme de terre. Avenant sans être complexe. La bouche est bien construite, ronde et fruitée avec un côté sphérique perdant vite sa souplesse suite à des tanins fins mais un peu verts. Ce contraste entre rondeur et charpente débouche sur une certaine rusticité renforcée encore par une finale aux amers marqués qui durcissent l’ensemble. Ce constat n’empêche pas que le vin soit bien abordable aujourd’hui et puisse plaire (suivant qu’on d’apprécie ce style ou non).
21. Falesco Montiano 2015 (merlot)
Le nez s’ouvre sur un élevage de classe, moderne, sur le caramel, le moka et des notes torréfiées de café. On observe un côté balsamique, pas mal de fruits des bois bien mûrs et de la réglisse avec un soupçon d’églantier. La bouche est stylée, précise mais ample, renforcée par un peu d’alcool bien intégré mais conférant une certaine sucrosité à l’ensemble. Les tanins sont remarquables de finesse et de maturité et l’équilibre construit au millimètre. La longueur est belle mais pas exceptionnelle. Très belle bouteille au style international affirmé.
22. Vignalta Colli Euganei Gemola 2011
Bouquet plutôt complexe mais encore fermé sur la confiture de quatre fruits, le poivron vert, la menthe poivrée, les épices douces accompagnant un boisé discret sur le clou de girofle et la chicorée torréfiée. On observe également un côté fumé (cendre froide) et champignonné qui donne une signature plus personnelle. La bouche est imposante avec du volume et de la concentration. Les tanins sont veloutés. C’est dense et puissant mais on conserve de la fraîcheur malgré les 15% vol. d’alcool qui ne se manifestent qu’en fin de bouche au réchauffement. Grande longueur oscillant entre fruit un peu surmûri et côté plus salin. Excellent.
La prochaine partie, toujours italienne, sera consacrée aux régions situées autour du Vésuve et du Vulture.
Pierre