Des Chablis premiers crus en Amphores
OK, mon titre est un peu insolite voire aguicheur…
Je vais donc tuer le suspense insoutenable que je sens monter en toi, cher lecteur LPVien
: « Chablis premiers crus » était le thème choisi par mon club de Bourges, Amphores, pour sa dégustation de février…
L’organisateur était Bernard, son président, qui a fort bien joué le coup entre ce que lui proposait Internet d’une part, principalement des millésimes jeunes, et ce que lui imposait son trésorier d’autre part, un budget de 30 € maximum par bouteille.
L’affluence était très bonne, les membres du club ayant été attirés par ce thème alléchant, malgré les vacances scolaires.
Les vins ont été dégustés à l’aveugle, sauf pour Bernard et moi. J’avais en effet un rôle bien particulier… Depuis quelque temps, le club a décidé de goûter à l’avance toutes les bouteilles, d’écarter celles qui sont bouchonnées ou déviantes, puis de mélanger les trois bouteilles de chaque cuvée dans une grande carafe afin que tous les dégustateurs goûtent le même produit. J’ai donc joué ce rôle de goûteur mais rassurez-vous, avec 8 x 3 bouteilles face à moi, je me suis contenté de vérifier les nez et pas les bouches…
L’important est que les trois vins jugés les meilleurs par l’assemblée et par moi étaient les mêmes, donc pas trop d’influence de l’étiquette !
L’ordre choisi par Bernard visait une alternance entre Rive Gauche et Rive Droite du Serein.
C'est parti !
La Chablisienne – Chablis 1er cru Beauroy – 2014
La robe est bien claire, de couleur paille.
Moyennement intense, le nez se compose de fruits blancs, de touches finement grillées et de notes éparses tantôt briochées tantôt minérales.
La bouche est sur un profil droit et plutôt long grâce à une acidité vertébrale. Elle est bâtie sur une matière souple, mûre sans plus, d’une sapidité très correcte. La finale salivante est très tonique où l’acidité s’affirme encore plus.
Cela me semble un représentant typique d’un Chablis premier cru pas parmi les meilleurs crus, bien réalisé, et donc parfait pour servir de base à la dégustation. On aurait espéré un peu plus de saveurs minérales afin de monter en niveau.
Bien ++
Domaine du Chardonnay – Chablis 1er cru Mont de Milieu – 2016
La robe bien brillante se situe entre paille et or.
Le nez intense présente une aromatique de fruits jaunes bien mûrs, presque exotiques, et une once de brioche.
La bouche m’a parue dissociée, avec pourtant de bons ingrédients tels qu’une rondeur apportée par un certain gras et une acidité suffisante, mais les deux ne se fondent pas. C’est l’acidité qui prend le dessus dans la finale de longueur honnête mais sans caractère si ce n’est une acidité incisive, à moins que ce soit une incisivité ( ???) agressive…
Bien (+)
Domaine Jean Dauvissat Père et Fils – Chablis 1er cru Vaillons – 2015
La robe se situe entre paille et or et présente des reflets verts.
Le nez d’une belle intensité fait preuve d’une certaine complexité par ses arômes classiques de croûte de fromage, ses notes grillées et d’amandes sur une base de fruits jaunes.
L’équilibre est bien réussi en bouche, alliant une matière charnue et goûteuse et une vivacité qui lui procure de l’allonge sans agresser le palais, jusqu’à une finale saline d’un bel effet. Beau vin !
Très Bien
Domaine Jean-Paul & Benoît Droin – Chablis 1er cru Fourchaume – 2015
La robe bien brillante hésite entre paille et or.
Très intense, le nez affiche un grillé élégant et pas trop prégnant, issu sans doute de l’élevage et pas de réduction, qui vient complexifier des fruits jaunes francs virant sur l’exotique, avec également une touche de coquille d’huitre.
La bouche est bâtie sur une superbe matière bien mûre, enrobée par du gras et développant des saveurs aux notes d’élevage encore bien présentes mais qui savent faire de la place à un fruité prometteur. La finale est plus élancée, grâce à l’acidité, tout en restant sapide.
Un futur grand vin dans cinq à dix ans mais déjà
Très Bien +.
Domaine Julien Brocard – Chablis 1er cru Côte de Léchet – 2015
La robe est d’un or clair.
Le nez, intense sans plus, ne fait pas très net, sur la côte de bette et avec une sensation poussiéreuse ; on y décèle tout de même des fruits jaunes.
La bouche est d’un style austère intéressant mais pas classieux, très pierreuse et manquant d’un fruité avenant, avec une finale sur des amers peu nobles.
Bien
Domaine Nathalie et Gilles Fèvre – Chablis 1er cru Vaulorent – 2016
La robe présente un bel or brillant.
Le nez possède un fruité intense et franc, sur des fruits jaunes et des fruits confits, bien complété par une touche florale et une autre miellée. Un nez atypique mais bien chouette !
La bouche paraît quelque peu dissociée, comme celle du Mont de Milieu mais en moins flagrant. Une minéralité pas trop austère et néanmoins structurante apporte de la tenue à une matière réelle mais qui manque un peu de fruit, jusqu’à une finale incisive.
Bien +
Domaine Jean-Paul & Benoît Droin – Chablis 1er cru Montmains – 2016
La robe est bien dorée.
Le nez expressif et complexe développe des senteurs puisées dans une corbeille de fruits blancs et jaunes, rehaussées par des notes finement grillées et une touche miellée du plus bel effet.
L’harmonie de la bouche est frappante, d’autant plus que le vin est jeune. Une matière mûre et ample, sans minéralité à ce stade, s’allie avec brio à une belle vivacité toute en finesse. Le boisé n’est quasiment pas ressenti, contrairement au Fourchaume, et l’ensemble est cohérent de bout en bout, jusqu’à une finale bien persistante.
Un vin qui ira loin mais qui est déjà très beau.
Très Bien +(+)
Domaine Samuel Billaud – Chablis 1er cru Les Fourneaux – 2016
La robe se situe entre paille et or.
Ouvert et avenant, le nez offre une aromatique axée sur les fruits, avec notamment des agrumes, ainsi qu’une touche crayeuse.
Dotée d’une bonne vivacité, la bouche manque cependant de fruité, contrairement au nez, voire même de matière. La craie ressort dans la finale plutôt longue.
Bien +
Cette dégustation a donc permis de faire un bon tour des premiers crus, même si l’appellation Chablis 1er cru en compte quarante. Les vignerons étaient plus ou moins connus, certains d’une famille connue, mais c’est le Domaine Droin qui a montré un niveau supérieur sur ses deux cuvées.
Merci Bernard !
Jean-Loup