Initialement posté dans la rubrique "Champagne Benoit MARGUET", ce vin étant très à part et issu de raisins bio de plusieurs producteurs mérite un rubrique dédiée.

Le négoce version haute couture, je me suis toujours demandé ce que cela pouvait signifier en Champagne. Voici ce qui a été préparé en secret (interdiction de commenter par écrit avant ce jour officiel de sortie...) entre Benoit Marguet et Hervé Jestin .

Benoit Marguet nous l'a expliqué verre en main , et voici la recette- telle que je l'ai comprise- : une pincée de raisins de Benoit Lahaye, un soupçon de Vincent Laval, une rasade de David Leclapart. les trois "L" sont là, tous certifiés agriculture biologique.

Elevage en fût millimétré pour cette cuvée SAPIENCE 2006, où le "retour aux sources, à la vérité" annonce un fruit, la mirabelle, puis du jasmin, une puissance insigne médecine l'âme du dégustateur, car on ne peut parler de boire devant un chef d'oeuvre. Les herbes nobles sont là (voir Fil Benoit Marguet"hauts bermonts 2010" ) en puissance 10.
La droiture remarquable tient tête à de nobles amers. Une sensation de course entre ces 2 émotions qui n'en finit pas. Un deuxième verre satisfait l'avidité mais n'est pas nécéssaire pour comprendre que le Graal quitte le mythe.

Ce duo rare et quasi unique persistera en bouche plusieurs heures après la rencontre. C'est ici le plus beau Champagne que j'ai bu à ce jour.
Connaissant peu le maître de maison et pas mes heureux voisins de table, je ne me suis pas ouvert de mes sentiments devant la bouteille. Qu'il en soit rendu grâce aux géniteurs.
Ne pouvant ce jour me rendre à la dégustation verticale 2006/2010 de cette cuvée, j'attends donc des nouvelles pour savoir si je suis seul à être autant transformé. J'aimerai prédire avec certitude que ce vin va bousculer une hiérarchie que je me complais souvent à mettre en doute, ce vin est-il à l'image d'un Valandraud celui qui va jeter de nouvelles bases ?

Il existe Yquem à sauternes, la Goutte d'Or à Vouvray, et Sapience est là désormais...
Prix de sortie 150 €.

Merci pour ce CR qui donne envie de gouter cette cuvée.

J'imagine que l'accord lomo - Sapience doit bien marcher ?

Quentin

Il est vrai que cette Cuvée de Champagne, mais ne devrions nous pas plutôt parler de vin ?, est complètement ' décalée ' du classique ou du passe partout.
Elle est hors des sentiers battus et elle ouvre aussi un chemin.

Faire un comparatif avec les Vins de Sélosse n'est ni réducteur ni dépréciateur pour aucun des viticulteurs en lice, par exemple mais permettra aux amateurs un élément comparatif de niveau d'appréciation.

Une palette d'arômes et une puissance en finesse que je goûte pour la seconde fois, à 2 ans d'intervalle, avec autant de surprise que d'émotion.

L'aspect médicinal et minéral n'enlève pas le fruit et j'ai hâte d'expérimenter avec des plats... ( St-Jacques sans doute, volaille crémée ou veau en croûte d'herbes, cèpes ou truffes, mimolette française extra-vieille... Nous ferons une soirée spéciale s'il le faut avec un groupe de dégustateurs en septembre ), je suis sûr que la cuisine japonaise si millimétrée nous trouverait sur une recette en adéquation ?

Je souligne un aspect peu évoqué : la digestibilité de cette bouteille avec absence absolue d'aucun effet secondaire, hormis peut-être l'euphorie d'une légère transe méditative ?!

Si j'osais une similitude avec le monde du whisky, je mettrais cette Sapience dans la 'case' grand Islay tourbé style octomore de Bruichladdich en comparaison des Blends de luxe qui inondent la planète !

à faire découvrir aux amis ou pour convaincre le commun des mortel que le Champagne ne se réduit pas qu'à des bulles aux expressions codifiées mais que ce breuvage réserve des surprises de taille.
A ce jour, dans ce style unique ce que j'ai bu de mieux.

Ludo

Champagne premier Cru Sapience 2006

Chardonnay 2/3, Meunier 1/3 – dégorgé en septembre 2012
Le Champagne Sapience est la première Cuvée de Prestige certifiée bio.
C'est aussi la seule cuvée de Prestige millésimée tous les ans, et ce depuis son commencement en 2006.
Les raisins proviennent sont achetés chez trois vignerons: Vincent Laval à Cumières et David Léclapart à Trépail (depuis 2006) et Benoit Lahaye à Bouzy (depuis 2007).
Les vinifications sont réalisées conjointement par Benoît Marguet et son ami Hervé Jestin (chef de cave pendant 20 ans chez Duval Leroy, jusqu'en 2005, et créateur de leurs très grandes cuvées).
Ils ont réunis leurs compétences et sont tous les deux associés à 50% dans ce projet, depuis le premier millésime 2006.
En revanche, chacun d’eux commercialise sous sa propre marque, avec un prix commun identique.

Robe dorée.
Nez boisé, fleurs blanches.
Bouche onctueuse, boisée, léger rancio beau mariage de ce rancio avec le bois, tout de même bien présent, joli, bulle très fine. Sapide, presque gourmant mais bien sec, avec un rancio qui se développe à mesure que la température augmente, et une épine dorsale minérale nette. Longue finale au bel équilibre amer / acide.
C’est un vin intense, passionnant pour lequel il sera très intéressant de suivre l’évolution parce que pour le moment, c’est un peu tape à l’œil avec ce boisé pour moi trop présent, même si je reconnais que la maturité et l’équilibre sont impeccables. Une grande droiture, beaucoup de fond, une aromatique essentiellement axée sur des notes complexes mêlées d’oxydatif et de boisé. Un Champagne classe, voire classieux.

J'ai eu aussi l'occasion de goûter ce fameux Sapience 2006. Tout d'abord l'histoire et la construction du vin sont belles - Jérôme a déjà tout dit - et imaginer une telle matière première était déjà un tour de force. Ensuite, il y a une attention à chaque paramètre dans une rigueur et une précision qui montrent que le travail d'orfèvre donne souvent des résultats éblouissants.
J'ai eu l'occasion de goûter pas mal de choses intéressantes mais dès le départ, on sait que l'on est sur un vin de très haut niveau.
Il s'exprime dans un style discret en apparence, très grand seigneur, jamais dans le démonstratif mais au final le résultat est là, minéralité, complexité, équilibre, profondeur, longueur, une vraie puissance mais toujours dans beaucoup de maîtrise et de juste mesure.

Je pense que cette cuvée sera très vite reconnue à son juste niveau. Le style est moins démonstratif que les vins d'Anselme Selosse - certains diront, critiques, plus sages mais pour moi la sagesse est une qualité - mais la précision et la justesse de l'ensemble sont assez comparables.

Je reprends mes notes et j'ajoute :

L'intensité vibratoire (1) de ce vin est le plus beau souvenir, la richesse est porté par la fraicheur (c'est un gamin ce 2006) qui permet à la complexité de s'exprimer.
Un vin bâtit pour plus d'une decennie encore.

(1) en fait une impression de montée par palier des arômes, une saine ondulation qui se termine par une note sapide. Désarçonnant au premier abord mais vite accoutumant.

Comme Pierre Yves, je prédis à ce vin - même en plein marasme- une belle reconnaissance médiatique qui pourrait être fulgurante. Déjà en 2 semaines des acteurs majeurs du vignoble en parlent..à demi mot parfois...Il me reste beaucoup de grands vins à bulles à goûter. Mais lequel sera vecteur d'autant à la fois de force et d'équilibre ?

Toujours difficile de passer après tant d'avis érudits.

Mais ce vin mérite d'exposer son ignorance aux su, si c'est pour lui rendre hommage.

Dégusté pour la seconde fois ce midi sur un millésime 2006.

Difficile d'aligner mon commentaire ceux déjà si techniquement décrit.

Je reste un simple consomateur senssible.

Et attention avec ce vin la senssibilité vibre fortement.

C'est délicat, des aromes qui le sont tout autant, une approche radicalement opposée aux champagnes faciles d'accès et pourtant on est loin des vins natures parfois trop rock'n roll pour moi.

Une explosion aromatique très singulière.

C'est déroutant, mais très accessible tout en ayant des choses à raconter.

On venait juste de se faire une Cristal 2005 à l'apéro (je m'abstiendrai sur le commentaire de dégustation).

Tellement d'émotion et de délicatesse dans ce sapience que ca en était émouvant.

Ce commentaire désordonné et non technique juste pour vous encourager un peu plus à découvrir ce vin.

Pfiouuuuuu des rencontres comme celles là on s'en souvient.

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Bonjour,

Difficile de revenir sur terre après une tel moment.
Ce jour, dans les locaux du champagne Benoit MARGUET à Ambonnay, en présence d'Hervé JESTIN, co-géniteur de cette gamme, étaient présentés les 6 premiers millésimes de cette cuvée SAPIENCE.

Un petit mot encore sur la génèse : ce qui a mené Hervé Jestin et Benoit Marguet à créer cette cuvée est l'idée que la biodynamie ou du moins l'approche biologique très éclairée permet par exemple à chaque millésime de produire un très grand vin. Sans assemblage de vins de réserve. Des vins élevés 9 mois en pièces, présentés ici non dosés et dégorgés du matin. Tous les vins 50% chardonnay + 25/25 pinot noir/meunier sauf 2006 75 %chardonnay+ 25%pinot. Les fermentations malolactiques sont faites, car selon Hervé Jestin un élément majeur de la complexité finale du vin.

2006 : Le principe du vin que l'on dit vivant est-il de se présenter sous des allures changeantes ? Le même 2006 bu un peu plus frais il y a 10 jours m'avait paru plus introverti, fermé et pour tout dire, à attendre. Ce jour, servi vers 13/14°, l'exaltation des notes herbacées (fenouil, anis, menthe...) se joue de la tension du vin. C'est excellent en l'état...même si le fil conducteur sera le potentiel d'évolution de toutes ces cuvées. L'équilibre est souverain.

2007 : d'un abord très proche du 2006, la matière parait un peu plus discrète, la maturité du raisin est évidente et les notes d'élevage sont encore présentes. Sans doute ce 2007 pourrait commencer à être bu...ou supporter 5/10 ans de cave....

2008 : qui parlait de tension ? c'est ici une trame, une dorsale incontournable qui voit la minéralité rejoindre celle les grands terroirs blancs d'Alsace ou de la Loire. Je tenterai l'analogie avec une rescapée (de la variabilité) d'un grand millésime de Coulée de Serrant. La puissance est sous jacente, difficile à juger de son évolution, mais 10 ans de garde seront bienvenus....2008 sera t-il commercialisé après d'autres années plus récentes ?

2009 : nous redescendons d'un degré au niveau perception fraicheur, le caractère charmeur et la rondeur attendue du millésime "solaire" ( nous sommes en champagne, bien tempéré serait plus seyant) nous ramènent à un vin à l'équilibre amertume/acidité qui me fait penser à un vin sudiste, un grand Gauby peut être...magistral dans son registre, peut être parce que plus ouvert ce jour.

2010 : la droiture du nez annonce la puissance de ce vin en devenir. C'est tranchant mais pourtant accessible. L'acidité très présente est à mon sens éloignée dans son origine et perception de celle du 2008 (ressentie comme un coup d'épée !). Le vin que j'ai le plus de mal à définir à ce stade, mais quels arômes toujours ! Quelle filiation dans cette verticale !

2011 : je m'attendais au vin le plus fermé, il est démonstratif. Encore effervescent malgré 2 heures d'ouverture. Le nez, toujours médicinal, nous emporte et si là encore une extrème fraicheur ne venait pas contrebalancer tout cela...ce vin fera date aussi...

Beaucoup d'exclamations. Mais comprenez bien que nous sommes ici au bout d'un raisonnement. L'artisanat au sens le plus noble, et une régularité presque inconvenante malgré les extrèmes différences naturelles entre vendanges dans cette région septentrionnale. Excellence de la matière première, élevage millimétré...

2007 à me relire serait léger ? Quelle erreur ! Il m'a juste paru -presque- accessible.
Affable et passionné, Hervé Jestin semble heureux de la ligne que prend cette aventure : "tous les millésimes depuis 2006 sont produits, tous sont d'une facture du niveau recherché". Lui et Benoit Marguet situent le mode de culture biologique et biodynamique comme un facteur essentiel de cette réussite.
Je ne saurai pour ma part l'expliquer, mais si la vérité est au fond du verre, nous avons ici l'expression de 6 des plus grands vins produits en Champagne.

Comment ne pas faire un parallèle avec les grandes cuvées emblèmatiques des Maisons de Champagne...Nous nous sommes tous pris à rêver que ces grands chefs de cave, souvent magiciens car sublimeurs, travaillent pour ces cuvées si onéreuses de grands raisins pour pousser encore plus loin ce que nous trouvions excellement réalisé... mais à la matière parfois perfectible. C'est fait ici, ne cherchons plus.

Un an plus tard, que deviennent les fers de lance de la viticulture biologique Champenoise ?

Sapience 2006 : l'évolution depuis son lancement en 2013 est palpable. La cuvée reste aussi vibrante et passionnante. La mirabelle montre son fruit derrière de très fins amers salivants. Toujours incroyable d'homogénéité entre la bouche et le nez. Et cette longueur...un immense vin que je ne garderai plus, à boire sur les 2/3 ans.

Sapience 2007 : va prendre la place du 2006 chez les cavistes. Il y a ici un peu plus de tout. L'an passé, il était coincé dans une verticale entre le 2006 très ouvert et le 2008 très tendu (mon pêché mignon...). Enfin accessible, la matière demande pourtant plus d'attention et la progression de la libération des saveurs est claire avec l'aération : une pointe d'oxydation vient renforcer la complexité. A mettre en cave.

N'oublions pas le challenge : faire le plus haut niveau d'une AOC avec des raisins de plusieurs vignerons bio, dont désormais les raisins de Benoit Marguet, associé à Benoit Lahaye, Vincent Laval, David Leclappart. Une belle brochette de stars pour un produit qui creuse son sillon. Le placement commercial est toujours le même : 150 €, c'est le seul défaut du Yquem à bulles...!