Aujourd’hui est un jour spécial. Arnaud est assez occupé ce matin là mais sa douce et charmante moitié s’active fébrilement en cuisine et ce n’est pas pour lui déplaire. Il fait beau et la perspective de la venue de ce couple d’amis qu’il n’a pas vu depuis longtemps lui ouvre de belles perspectives, d’autant que les discussions récentes sur LPV au sujet de Lafite 1996 lui ont donné soif.
Pourtant quelque chose ne tourne pas rond. L’hôtel que devait occuper ses amis assure n’avoir aucune réservation à leur nom ! Bizarre, bizarre ! Il faut vite y aller pour tirer ça au clair et réparer cette bévue.
L’histoire débute lorsque, de retour de l’hôtel, Arnaud pousse le portail de son jardin et contemple d’air médusé une tablée d’amateurs assoiffés qu’il connaît bien ! Damned ! Ils sont là pour son anniversaire ! En un instant il comprend que ce n’est pas lui qui choisira les bouteilles ce week-end (ce s’est révélé être faux par la suite) et qu’il boira probablement un peu plus que ce qu’il avait imaginé (ce qui par contre fut avéré
).
Champagne Avize Grand Cru 1996 Jaquesson :
L’attaque est vive, citronnée et tranchante. La bulle est fine et précise. Le vin se développe de façon linéaire et droite, porté par une superbe acidité rafraîchissante. Très belle longueur. Notes d’agrumes et de fleurs blanches. Toujours aucune trace d’évolution. Superbe. Je continue à le préférer à ce stade au 1996 (ex-signature) de la même maison
Irouléguy Hegoxuri 2005 Arretxea,
Croustillons de parmesan / Parpelettes de thon blanc :
Malheureusement irrémédiablement bouchonné malgré tous nos efforts. On distingue quand même une belle densité en bouche et une jolie texture. Il a avantageusement enrichi une plante (cf Clos de Béze)
Palette 1990 Château Simone,
Tartare de St-Jacques à l'huile de truffe blanche, émulsion de chou-fleur :
Nez magnifique sur des notes fumées et minérales. La bouche est dense, riche, avec un gras étonnant en bouche. Belle longueur en bouche et finale sur des notes orientales d’épices douces qui vont trouver un fort bel écho sur l’huile de truffe du tartare de St Jacques (un régal !). S’il ne fait aucun doute que le vin est issu d’un millésime solaire, la provenance est beaucoup moins évidente. Très beau vin.
Saumur "Brézé" 1993 Clos Rougeard,
Lotte pôelée, notes de citron vert :
La robe est beaucoup plus ambrée que le vin précédent. Le nez est très vif et fumé avec quelques notes terpéniques qui lui donnent une grande complexité. La bouche est marquée par une acidité bien plus forte que le vin précédent mais qui est équilibrée par un gras et une matière dense. Superbe fraîcheur en bouche qui se marie avec perfection avec le plat. Bravo au chef pour la pertinence de l’accord. Le Palette souffre un peu en comparaison à cause de son déficit d’acidité qui le fait paraître un peu plus mou. Superbe vin.
Meursault "Les Rougeots" 1999 Coche-Dury :
Nez dense, puissant et entêtant, sur les notes classiques de grillé/réduit du domaine. La bouche est intense, compacte et explosive, avec ces mêmes notes grillées/fumées qui marquent ce terroir. Finale interminable sur des notes classiques de beurre frais et de noisettes. Un immense régal pour un vin qui a un énorme avenir devant lui. Cette fois c’est le Brézé qui est à la peine et souffre un peu de la comparaison (il apparaît plus oxydatif) alors qu’au contraire le Palette retrouve toute sa profondeur et son équilibre.
Chateauneuf du Pape 2003 Rayas,
Magret simplement cuit sur peau :
La robe est plutôt sombre pour un Rayas et, comme d’habitude, plutôt claire pour un Chateauneuf du Pape, issu de 2003 de surcroît ! L’année est atypique et ce Rayas n’y déroge pas. Le nez est classique (épices et fleurs séchées) mais la bouche est très fruitée (fruits rouges) intense et juteuse (peu de sensation d’alcool). Le vin est très long et complexe et il faut attendre la finale pour retrouver les épices, les herbes séchées et le poivre, marque classique du domaine. Très grand vin de gourmandise.
Chambertin Clos de Bèze 1971 Thomas-Bassot :
Un petit détour en cave et surgit soudain une bouteille sans étiquette, ce qui facilite la dégustation à l’aveugle. La robe est tuilée et trahit l’évolution du vin. Les notes en bouche sont classiques d’un pinot évolué, évoquant l’humus, le sous-bois et les champignons. La bouche est encore très dense et présente. Le vin s’étire longuement en bouche, révélant une complexité digne d’un grand cru. Millésime solaire et grand cru de Vosne-Romanée seront mes propositions pour ce vin qui réussit le prodige de nous faire oublier (temporairement) le Rayas. Très grand vin.
Sauvignon blanc Botrytis 1992 Klein Constantia,
Gelée de vieux rhum, bananes confites, milk-shake banane :
La robe est très marquée et suggère une forte évolution qui se confirme en bouche par des notes confites (coings, prunes). Par contre ce qui frappe c’est la très forte acidité du vin, que j’ai pour ma part trouvée un peu trop marquée. Je préfère nettement le muscat du même domaine. Il faut dire que le vin a été éclipsé par le superbe dessert à base de Rhum Depaz XO.
Encore 2 épisodes à venir.
Christophe