Tout d'abord, une petite précision: Je ne suis pas très organisé dans mes CR (bbb). J'en ai encore beaucoup en retard et notamment celui des Portes Ouvertes de Saint Emilion. Toutefois, celui là me tenait à cÅ“ur. La qualité des vins dégustés expliquant peut être cela.
Donc, détail de ma petite balade dans le vignoble ce mardi après midi. 4 rendez-vous pris la veille me permettent de me concocter un programme alléchant qui comporte Cos d'Estournel, Montrose, Léoville Las Cases et Léoville Barton (ce dernier remplaçant Clauzet que je n'ai pu joindre (jjj). je ne perd tout de même pas au change (bbb)). Je ne vais visiter aucun de ces domaines. Je connais les installations et aujourd'hui, seule la dégustation m'intéresse. Cela va me permettre de compléter en beauté ma liste de 2003 goûtés récemment. Les échos entrevus et entendus de-ci de-là sur le résultat de ces Châteaux lors des dégustations Primeurs m'ont mis le vin à la bouche (bbb).
Destination la commune de Saint Estèphe avec deux des «stars» de ces primeurs 03. Première halte au Château Cos d'Estournel. Il est 14h est le temps bien menaçant sur le Médoc.
CHATEAU COS D'ESTOURNEL
Château Cos d'Estournel 2001: Proportion importante de Merlot sur ce millésime (45%). Robe sombre, lumineuse. Nez finement boisé avec des notes de fruits noirs et de pruneaux. En bouche, belle vivacité d'attaque avec une nervosité impeccable. La puissance s'impose peu à peu mais tout en harmonie. Ample et suave à la fois, le vin absorbe ce déferlement imposant, le maîtrise et développe alors souplesse et rondeur. La structure tannique est bien en place, sans agressivité mais avec classe et distinction. L'impression de puissance continue sa démonstration mais le fait maintenant en délicatesse et élégance. Cela se poursuit jusqu'à la finale, longue, chaleureuse et aux arômes de fruits et de cacao. Une pointe de boisé léger s'invite mais en finesse et sans excès.
Château Cos d'Estournel 2002: Robe quasiment opaque, au reflets violine. Nez doucement fermé qui s'ouvre peu à peu à l'aération. Il se découvre alors de très jolies notes de fruits murs, de cassis et de petites baies des bois. C'est subtil et envoûtant. En bouche, belle impression de fraîcheur, de densité, d'amplitude et d'élégance et un boisé bien élevé, discret et relativement bien intégré à ce stade. Les arômes de fruits à bonne maturité emplissent le palais et s'ajoutent en finesse au gras de cette chair. C'est charmeur et délicat. La puissance, car le vin en démontre de belle manière, donne un sentiment de plénitude, d'un ensemble achevé et parfaitement abouti. La finale, avec une légère sensation d'astringence, est très longue et parfumée.
Château Cos d'Estournel 2003: 70% Cabernet Sauvignon, 27% Merlot, 2% Petit Verdot, 1% Cabernet Franc avec un élevage de 18 mois dans 80% de barriques neuves. La robe est d'un noir intense, superbe. Au nez, délicate fragrance florale, fruité avec le cassis auquel s'ajoute la prune, quelques notes de fruits cuits mais comme il faut, sans excès de maturité et enfin de tabac blond. En bouche, je retrouve cette fraîcheur intense du 02. L'amplitude est énorme, la présence du fruité imposante, la mâche superbe avec ce corps volumineux, qui emplit littéralement la bouche. Puissance et équilibre! L'acidité est impeccablement présente, l'alcool parfaitement distillé. C'est superbe, plein et prenant. Les tannins sont massifs, gras et généreux mais surtout d'une rare élégance. C'est parfaitement balancé. La puissance déboule maintenant rondement en bouche et rejoint un fruité dévastateur. Quel vin! La finale participe à cette euphorie générale par sa dimension, son velouté, ses notes de cacao mais aussi délicatement torréfiée. Ben mes Aà¯eux! Le prix de ce petit vin n'est pas encore décidé. Il ne devrait pas être au tarif du 2000 mais plutôt proche de celui du 2001 en primeur, si j'ai bien tout écouté (bbb).
Je chancelle légèrement (bbb) en récupérant ma voiture et c'est les yeux emplies de larmes de bonheur que je me dirige vers Montrose. Et là , j'ai pas fini de pleurer....(aaa)
Je reste sur Saint Estèphe. Montrose se trouve à quelques petits km de Cos. C'est l'affaire de 5 mn pour m'y rendre. Une fois sur place, nous attaquons le vif du sujet.
CHATEAU MONTROSE
La Dame de Montrose 2003: Robe grenat, rouge sang. Nez très fin et suave. Bouche élégante, chaleureuse et à la structure bien en place. La matière fait preuve d'une réelle noblesse dans son expression, toute en dentelle et en présence. Tannins peu prononcés mais gras et enrobés. C'est velouté, plein et d'une élégance rare. Les fruits rouges sont envahissants, bien murs et d'une fraîcheur bienvenue. Belle finale, moyenne en longueur mais d'une persistance aromatique très intéressante. Une excellente d'approche du grand vin qui suit
Château Montrose 2003: 62% Cabernet Sauvignon, 34% Merlot, 3% Cabernet Franc et 1% Petit Verdot. Alors là , attention! Ce vin est un géant! La robe, tout d'abord, présente une densité superbe, une noirceur splendide. Le nez quand à lui développe un bouquet magnifique et raffiné. Le cassis, le tabac, les plantes aromatiques, quelque chose de minéral et de floral. Complexe et envoûtant, enivrant même. En bouche, dès la première gorgée, la finesse ressentie, le velouté observé, le raffinement de l'attaque est de toute beauté. La sensation d'une élégance immense et absolue, une gorgée au charme qui me laisse songeur. Puis, d'un coup, la puissance se dévoile et se développe, elle déroule sa maestria, contrôle mes sensations et prend le palais comme otage. Le vin caché bien son jeu derrière ce paravent tout en subjectivité. Cette fois, la matière devient presque sauvage tout en étant parfaitement maîtrisée, parfaitement cadrée et dirigée. Puissance mais aussi onctuosité, richesse et générosité, un Montrose plein et étoffé. C'est gigantesque! Le cassis déboule. Il est suivi du tabac et de la fleur blanche. Quelle expression! Quel caractère!.......Putain!, c'est foutrement bon !!!! L'explosion des arômes associée à cette présence de la matière, cette structure tannique impressionnante, ce volume et cette amplitude me font tourner la tête. Je me ressers et en reprend un verre. La seconde fois me procure exactement les même sensations: Finesse de l'attaque et velouté de l'entrée puis déroulé en puissance, explosion des sensations et beauté de l'expression. J'oubliais la finale et pourtant....Sa longueur n'a d'égale que sa profondeur et son charme. D'interminables secondes s'écoulent et le fruité continu à se transmettre de papilles en papilles. Un vin phénoménal!
Sous le choc, je quitte la propriété. Avant cela, nous discutons un peu tarif et date de lancement. C'est vers la fin du mois (selon toute vraisemblance) que sera dévoilé le prix primeur négoce (entre 25 et 33 euros). Ensuite, pour les amateurs tels que nous, cela suivra dans la foulée.
En sortant du parc de Montrose, je repense au vin que je viens de goûter et à l'instant magique qui s'est écoulé. Encore dans mes pensées et sans doute un peu troublé, je manque l'embranchement, me trompe de direction et me retrouve sur la route de Haut Marbuzet (aaa). Mince! Demi-tour et direction Saint Julien. Pourtant, je connais le chemin par cÅ“ur mais un Montrose 2003 peut vous faire oublier beaucoup de choses (bbb).
Prochaine étape, c'est Léoville Las Cases et son Maître de Chai. J'en profite pour évoquer avec lui la dégustation de quelques millésimes qui s'est déroulée en Suisse (bbb). Il ouvre la bouche en cul de poule à l'énoncé des vins ouverts ce jour là (aaa). Je lui en avait déjà parlé mais pas aussi précisément. Des vins de Leytron, il en a goûté un certain nombre bien sûr mais pas de 47 ni de 34 notamment. J'évoque aussi la relation déception engendrée par le 82. Lui, cela ne l'étonne qu'à moitié car il ne considère pas ce millésime comme un grand Las Cases, tout du moins à l'heure actuelle. Peut être que quelques années supplémentaires ...Tout en continuant notre discussion, nous nous dirigeons vers la salle de dégustation. Après tout, moi, je suis là pour boire un coup! Non mais! (aaa)
CHATEAU LEOVILLE LAS CASES
Château Potensac 2003: Nous commençons avec le Haut Médoc de l'écurie Delon. La robe tout d'abord présente une densité et une profondeur très belle. Le nez, odorant et suave, est friand et intense avec des notes puissantes de fruits murs, de cassis et de myrtille. La bouche est ample et généreuse, à la richesse gourmande. La puissance est mesurée, bien calculée avec des tannins veloutés et dont le gras augurent d'un bel avenir. Le vin titre 13,7° d'alcool naturel mais cela ne se ressent nullement et au contraire, le vin me paraît parfaitement équilibré avec une acidité bien en place (3,46 d'acidité et 3,6 de ph). Belle finale, toute axée sur le fruit et qui développe lentement une légère amertume en pointe de longueur. Je pense que ce vin sera à point dans 5/8 ans.
Clos du Marquis 2003: Le second qui n'en est pas un (n'est-ce pas Luc (aaa))! Belle robe rouge sombre. Nez à nouveau sur les fruits murs, de cerise et de prune, mais aussi sur des notes de tabac et de vanille douce. Bouche ample, au volume imposant. Rigueur de la structure et densité de la matière s'organisent et s'accompagnent d'une palette aromatique très proche de celle de l'odorat avec la persistance du cassis et de la prune. Plus strict et sévère dans son expression que le Haut Médoc, le Clos du Marquis ne fait pas dans la dentelle et impose sa puissance au détriment peut être de la finesse et de l'élégance. Les tannins sont fermes, amples, massifs et bien présents. Longue, très longue finale sur ces fruits murs. Un vin au potentiel plutôt prometteur, à l'avenir plus intéressant que Potensac. Enfin, disons qu'ils ne jouent pas dans le même registre.
Château Léoville Las Cases 2003: 70,2% de Cabernet Sauvignon, 17,2% de Merlot, 12,6% de Cabernet Franc. Robe opaque, noire et dense. Nez très pur, très fin et très expressif avec ses notes de fruits noirs, de myrtille et au boisé léger, discret et bien assimilé. En bouche, c'est autre chose. La finesse laisse la place à la force et à la puissance qui prend lentement mais sûrement une place énorme et prépondérante. La grosse cavalerie entre en jeu. Le vin est imposant, strict et impeccablement balancé, superbement équilibré avec ces quelques notes minérales bienvenue. On retrouve aussi les fruits noirs, ce boisé toujours d'une grande élégance et parfaitement intégré, cette minéralité donc et enfin des arômes épicés. Un bloc! Un bloc d'une grande classe et d'une pureté somptueuse. Cette impression de puissance immense est impressionnante, magistrale. Les tannins se font soyeux, veloutés et denses à la fois. L'astringence lui est inconnue, pas de sensation de sécheresse, pas d'agressivité ni même de lourdeur. Et la finale? Enorme et interminable avec des caudalies innombrables et aux parfums capiteux. Bref!, un vin sans défauts? Peut être mais je lui préfère toutefois l'expressivité de Montrose, son charme merveilleux, son caractère bien trempé et son élégance sans pareille.
Lorsque je prends congé du Château, j'ai encore en bouche ce Las Cases 03, dont la longueur est impressionnante et difficile à oublier. Pourtant, il me faut passer à autre chose car c'est le Château Léoville Barton qui est le terme de ma prochaine et dernière étape de cette journée, inoubliable journée d'ailleurs. Sur place, point de tralala! Direction la salle de dégustation et en avant la musique (bbb).
CHATEAU LEOVILLE BARTON
Château Langoa Barton 2003: Robe rouge carmin. Nez léger sur le pruneaux mur mais qui me semble développer un peu de réduction. Je suis un tantinet inquiet. En bouche, cette impression s'estompe heureusement. C'est la fraîcheur qui m'accueille et la souplesse ensuite. La matière n'est pas hors norme et se fait plus majestueuse que dense. C'est vif, aérien, enrobé avec des tannins très veloutés. Cela manque un peu de concentration selon moi. Amplitude et volume ne sont pas au niveau de ce que j'ai goûté jusqu'alors. Cependant, belle élégance et finesse ressentie. C'est la souplesse et la rondeur qui dominent. Sur des arômes de fruits rouges, de fleur blanche et de vanille, le vin développe un bouquet très expressif. Et toujours cette élégance qui se poursuit en finale, pas d'une longueur époustouflante mais classique et harmonieuse. Un joli vin mais pas un grand vin.
Château Léoville Barton 2003: Robe opaque, aux reflets pourpres, d'une belle densité à la profondeur insondable. Au nez, je retrouve le caractère fermé du vin précédent. Lentement et en laissant le vin s'aérer longuement, des notes de violettes, de cassis, de mure, de pain grillé et de tabac se développent et deviennent de plus en plus présent. Le bouquet s'ouvre et cela devient envahissant. Hum! En bouche, la première impression et celle d'une finesse exquise, d'une rondeur et d'une souplesse magnifique. La puissance répond présente et prend bientôt possession des lieux magistralement. Mais cette prise de pouvoir, elle la fait délicatement, en y mettant les formes, en arrondissant les angles. Le résultat est d'une élégance incroyable. L'équilibre est désormais en place, majestueux et linéaire. Le vin se fait câlin et enjôleur. La matière est ample, riche mais parfaitement calibrée. C'est ciselé comme les plus belles étoffes. Rien ne dépasse. Le corps qui habite cette matière est de la plus belle expression. Il offre volume et persistance des arômes floraux, des arômes d'épices sensuelles, au boisé fin et discret, à la texture enrobée et à la présence d'une acidité bien réelle. La finale, large et pleine, se déroule pendant de longues minutes tout en conservant une fraîcheur superbe. Quelle élégance !!! Quelle expression !!! Quelle puissance maîtrisée !!! Quelle magistrale réalisation !!!
La bouche tendue et les dents noires (bbb), je quitte Barton et ses vins. Ma journée s'achève mais elle m'a laissée entrevoir des choses merveilleuses. Je relis mon CR et m'aperçois qu'il est parsemé de poncifs (et de fautes (ddd) J'en ai assez d'éditer (aaa)!)! M'enfin!, comment ne pas être laudatif face à de telles réussites? (aaa)
Message edité (06-05-2004 18:33)