Ce samedi a été l'occasion de prendre la route pour nous rendre chez Thierry Debaisieux avec un objectif essentiellement médical, à savoir la visite du service de psychiatrie dont il est responsable. Ce n'est pas ici le lieu pour décrire le magnifique travail qu'il effectue avec toute son équipe pour prendre en charge des patients souvent gravement atteints et parfois dangereux, mais je tenais à le remercier publiquement pour ce moment très instructif.
Etant donné que Thierry (sans oublier la toujours aussi charmante Sophie) est, c'est le moins que l'on puisse dire, un homme généreux qui sait recevoir dignement ses invités, vous serez sans doute plus intéressés par les différents épisodes qui ont précédés et suivis cet intermède de nature professionnelle. Je vous reconnais bien là ...
En guise d'apéritif et avant que nos deux couples se rendent au restaurant, Thierry nous avait préparé deux petits verres de vin sans prétention aucune, simplement pour se désaltérer un peu... (bbb)
Château Climens 1976
La robe est d'une étonnante jeunesse pour un vin qui approche des trente ans, d'un or encore assez clair, avec de magnifiques reflets orangés. Le nez est d'une belle pureté, sur le zeste d'orange, les agrumes confits, la pêche, de légères notes encaustiques, un peu de miel et des épices. En bouche, l'équilibre est remarquable grâce à une très belle acidité, étonnante même pour un millésime aussi chaud que 1976, qui ne laisse aucune sensation pâteuse en fin de bouche. La liqueur est belle, la longueur étant quant à elle remarquable, au-delà de 40 secondes. Un magnifique vin !
Château Coutet 1988
La robe est plus claire, jaune paille, d'une jeunesse confondante. Le nez se montre au départ plus discret que celui du Climens, tout en finesse, sur le citron confit, le gingembre, avec de belles notes florales et légèrement caramélisées. La bouche est très bien équilibrée, dans un style plus fin que puissant, avec une longueur qui bien qu'un cran en dessous de celle du Climens, reste néanmoins également d'un superbe niveau.
Après cette magnifique mise en appétit, nous repassons la frontière pour nous rendre dans un restaurant mainte fois vanté par Thierry, à savoir le Pegasus à Poperinge, restaurant du superbe hôtel romantique Recour, magnifiquement décoré, dans un cadre de quiétude et de bon goût. Pour vous faire une idée de la beauté de l'endroit, je ne peux que vous conseiller de visiter le site internet qui lui est dédié : .
Confortablement installé au salon, on nous sert avec les très délicates mises en bouche un champagne de qualité.
Gosset Excellence
Un très bon champagne alliant une grande finesse avec une bonne vinosité, plutôt marqué par les pinots me semble t'il, avec un dosage généreux mais bien intégré. Belle longueur pour ce vin parfait à l'apéritif.
Nous passons ensuite à table où nous nous délecterons avec le menu Pegasus, 5 services, les vins étant sélectionnés par Thierry, garantie absolue quant à l'absence de faute de goût.
Carpaccio de filet de veau et dés de fonds d'artichaut
Espuma de pommes de terre des polders et truffe noire
Vinaigrette à l'huile d'estragon et homard
Pour accompagner ce plat d'une finesse remarquable, Thierry avait choisi un vin de Campanie qui m'était jusqu'ici totalement inconnu. Une très belle surprise.
Benito Ferrara – Vigna Cicogna – Greco di Tufo DOC 2001
La robe est brillante, d'un jaune or assez pâle. Le nez est assez déroutant et ne me permet pas de point de comparaison évident avec des blancs d'autres régions, mais n'en est pas moins charmeur et très intéressant. Citron bien mûr, abricot, minéralité affirmée, notes empyreumatiques, florales composent le tableau olfactif. En bouche, l'attaque est légèrement sucrée, puis l'acidité prend le dessus, très bien équilibrée par la matière, la minéralité refaisant surface dans la finale de grande longueur. Superbe rapport qualité-prix !
Les deux plats suivants seront accompagnés d'un grand blanc toscan.
Thon légèrement grillé avec chou fleur étuvé
Salade aux fines herbes
Sauce au vieux vinaigre balsamique
suivi de…
Pot-au-feu de filet de sole aux légumes orientaux
Bouillon de noix de coco, curry vert et sereh
Avec…
Avignonesi – Il Marzocco – Cortona DOC 2001
Il s'agit d'un 100 % chardonnay. La robe est brillante d'un magnifique or fin. Le nez, encore marqué par un élevage de grande qualité, dégage des arômes de fruits exotiques, d'agrumes confits, d'écorce d'orange, de fruits secs, de noisette, avec une belle minéralité de type calcaire. Magnifiquement équilibré malgré une puissance indéniable, il s'agit d'un vin remarquablement frais qui ne possède aucun des défauts si fréquemment observée dans les chardonnays du sud. La longueur est digne des plus grands de Bourgogne. Un vin qui a réussi le grand écart qu'on lui proposait entre un premier plat tout en délicatesse et un second marqué par la puissance des épices. Remarquable !
Nous poursuivons avec le :
Filet de cochon de lait aux girolles rissolées
Risotto de blé aux tomates séchées au soleil et basilic
Sauce aromatisée au romarin
merveilleusement accompagné par :
Albeti i Noya – Tempranillo – Penedes DO 2001
La robe est d'intensité moyenne, avec des reflets violets. Le nez est très mûr, sanguin, sur les fruits noirs, le cuir et des notes empyreumatiques. Equilibre sans reproche, longueur appréciable, même s'il supporte assez mal la comparaison avec le précédent sur ce point. Les tannins, encore bien présents, se font complètement oublier à table. Encore un très beau vin doté de surcroît d'un remarquable rapport qualité-prix.
Fraises marinées à la vodka
Velouté glacé de framboises
Croquant au chocolat
Glace à la verveine
Après ce superbe dessert et un bon café pour nous remettre d'aplomb, nous quittons ce grand restaurant que je ne peux que conseiller fortement à tous ceux qui se baladeraient dans le coin, et nous nous mettons en route pour la visite du service que dirige Thierry, où on trouve, entre autres, une aile d'alcoologie…(jjj)
Petit intermède médical sur le thème de Vol au dessus d'un nid de coucou…
Avant de regagner mes pénates, et pour mieux me faire regretter de ne pas venir plus souvent, Thierry décide qu'il est temps de voir ensemble comment évolue un petit vin qu'il n'a plus goûté depuis longtemps…
Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande 1986
La robe est soutenue, mais sans plus, avec des reflets rubis, soit une évolution semblable à celle du 1994 que j'avais par coà¯ncidence dégusté la veille. Magnifique nez possédant toujours un beau fruité sur la cerise noire et le cassis, mais avec surtout de splendides arômes de cèdre, de havane, de bois de santal, d'épices, ainsi qu'une très fine minéralité évoquant un sol caillouteux et la mine de crayon. En bouche, l'équilibre se montre parfait, sur une attaque souple et fraîche, une très beau volume, des tannins qui ne montrent aucune agressivité, avec au contraire une finesse de grain étonnante pour le millésime. La finale, est d'une longueur exceptionnelle sur les arômes de havane. Grand vin assurément, et formidable apothéose pour cette très belle journée passée en bien agréable compagnie.
Encore un grand merci à toi Thierry, mais méfie-toi, car si tu continues à être aussi généreux avec moi, tu risques de me voir débarquer tous les week-end ! (aaa)
Amitiés,
Luc