Il est rare d'avoir l'occasion de déguster une série de rieslings allemands provenant de plusieurs régions. Et surtout sous cette forme assez nouvelle qu'est le Trocken (sec) en 1er ou grand cru (erstes/grosses Gewächs). Ces vins affichent clairement la volonté des vignerons de jouer dans la cour des grands. Et je pense qu'ils ont tout pour réussir, d'autant que leur prix de vente me semble tout à fait raisonnable au vu de la qualité.
Mais venons-en à cette soirée de mercredi dernier. Le plaisir était d'autant plus grand que nous ne savions pas du tout ce qui nous attendait. En effet, depuis la nouvelle saison, c'est la surprise à chaque fois au
QSCB, et c'est très bien ainsi.
L'entrée en matière s'est faite avec des bulles. Ce n'est d'ailleurs pas ce qui manque dans le verre. On est loin du fin cordon central : il y en a PARTOUT. Nombreuses et très nerveuses (mon pauvre appareil photo ne suit pas le rythme...). Sinon la robe est d'un beau jaune paille, limite fluo. Le nez est sur l'écorce de citron confit, avec un soupçon de fleur de tilleul. La bouche est assez ample, mais surtout d'une vivacité exacerbée, avec une acidité vraiment tranchante. Et je ne vous raconte pas les milliers de p'tites bulles qui explosent ici et là. Vous vous en prenez plein la figure bouche. La finale qui mêle amertume et astringence vous achève définitivement. Pour tout dire, je n'ai pas fini mon verre.
Peut-être que ce vin correspond à un certain goût allemand. Mais amateur de champagnes fins, élégants, à la bulle caressante, j'ai un peu de mal. C'est un
Rheingau Riesling Sekt Brut 2007 de
Langwerth von Simmern.
Riesling Würzburger Innere Leiste Trocken 2006,
Weingut Am Stein : robe or pâle. Nez sur le citron et sur l'aiguille de pin. Bouche de belle ampleur, avec une matière puissante, dense, presque tannique, et une finale possédant une mâche "calcaire" qui m'évoque un Corton Charlemagne. On a autant l'impression de manger que de boire. Après renseignement, on est bien sur du calcaire : le fameux Muschelkalk. La parcelle d'où provient ce vin est l'une des meilleures de la région Franken, et mérite de produire à ce titre un grand cru (grosses Gewächs).
Riesling Erbacher Marcobrunn 2007,
Baron von Knyphausen (Rheingau) : robe plus intense. Nez fin et complexe sur la rose, la violette, le miel et même des fruits rouges. Bouche douce, délicate, avec un gras subtil, et une allonge qui vous emmène vers une finale tonique, marquée une noble amertume. Un vin classieux et envoûtant. Un des mes (nombreux) coups de coeur de la soirée. Le prix est d064e 20€, ce que je trouve bien placé au vu de la qualité.
Schlossböckelheimer Felsenberg Riesling trocken,
Weingut Dönnhoff (Nahe) : robe pâle. Nez fin, sur la pêche, l'orange et la résine. Bouche ronde, légèrement perlante, avec un côté vif et rafraîchissant sur le citrus. Finale astringente, agréablement salivante.
Ungeheuer Riesling grosses Gewächs 2006,
Georg Mosbacher (Pfalz) : robe d'un or intense. Nez sur la cire, l'hydromel, la résine de pin. Bouche ample, douce, avec une matière fine et soyeuse, légèrement grasse, portée par une acidité de haute volée. C'est très très long. D'une persistance incroyable. Je suis tombé amoureux de ce vin (je m'en suis resservi avec bonheur). Son prix : 30€. Pas donné bien sûr, mais je connais peu de vin de cette qualité à ce prix (Un lecteur allemand de mon blog m'a indiqué que le nom de la cuvée Ungeheuer signifiait "monstre". C'est assez bien trouvé).
Pechstein Forst Riesling grosses Gewächs 2007,
Reichsrat von Buhl (Mittelrhein) : robe paille. Nez fin et élégant sur l'écorce de citron et les fleurs blanches, avec une petite touche terpénique. La bouche est toute en longueur et en concentration, affutée comme une lame d'acier. C'est réellement impressionnant. D'autant que la finale est d'une tonicité rare (décapante, ai-je écrit). Bu le lendemain, le monstre s'était assagi. Il avait gagné en rondeur et en complexité. A signaler qu'il provient d'un terroir basaltique (ancien volcan).
Niersteiner Hipping Spätlese Riesling trocken 2007,
weingut Manz (Rheinhessen) : robe paille. Nez plus ample, sur le miel, la pêche jaune, la cire d'abeille. Bouche vive, perlante, avec une matière dense, charnue. Finale tendue, très sèche, qui "arrache" (sic). Encore un p... de caractère ! Le vignoble est situé sur des schistes rouges.
Riesling Herrenberg Spätlese Trocken 2007,
Maximin Grünhaus (Mosel Saar Ruwer) : nez sur des notes minérales (coquille d'huître, hydrocarbure) souligné par le zeste d'agrume. Bouche ample, finement perlante, avec une matière savoureuse, mâchue,à la limite du tannique (calcaire encore ?). Finale marquée par l'astringence de l'écorce d'agrume, avec un retour sur la coquille d'huître. A priori, encore un vignoble sur schistes rouges. Comme quoi... A noter l'étiquette dans le plus beau style germano-craignosse (cliquer dessus pour profiter des moindre détails).
Riesling alte Reben Mandelberg 2007,
Philipp Kuhn (Pfalz) : nez plus confit, avec des notes miellées et terpéniques. Bouche de grande ampleur, avec une matière ronde, fruitée, généreuse, évoquant une roussanne castelpapale (pêche, abricot), si ce n'est que l'acidité veille et équilibre parfaitement l'ensemble. Très belle finale délicieusement astringente. Un coup de coeur de plus ! Et à 18€, c'est encore un très bon rapport qualité/prix.
Scharzhofberger Riesling Pergentsknopp 2007, Van Volxem (Saar) : nez sur l'écorce de pomelos, et une pointe de résine de pin. Bouche ample, avec une matière riche, onctueuse, soulignée par une acidité bien intégrée. Finale ébouriffante, mêlant magistralement amertume, astringence et notes terpéniques, vous laissant coi (32 €, bien mérités).
Scharzhof Riesling QbA 2007,
Egon Müller Scharzhof (Mosel Saar Ruwer) : très joli nez sur la rose, le citrus et la verveine. Un peu de résine, aussi. Bouche fine, tendue, avec une acidité faisant office de colonne vertébrale. et une matière légèrement grasse et perlante. Finale très astringente (mais dieu que c'est bon !) sur l'écorce de citron. A 16 €, c'est irréprochable !
Scharzhofberger Riesling Kabinett 2007,
Egon Müller Scharzhof (Mosel Saar Ruwer) : ah ben voilà un riesling qui pétrole (le premier de la soirée!). Y a un peu de citron, aussi. Une fois que l'on ne pense plus au côté franchement perlant qui peut agacer (pas moi), on se régale de cette bouche mâchue, puissante, d'une intensité bouleversifiante, mais aussi vive, tonique, stimulante ... énergisante ! La finale est tannique, astringente, marquée par la citronnelle et dieu que c'est bon ! J'A-DORE !!! (à 35€, c'est là encore irréprochable, limite cadeau pour le bonheur offert).
Pas besoin de souligner que j'ai pris beaucoup de plaisir avec certains vins. Mais je conçois que l'on ne puisse pas trop accrocher, car les acidités, le perlant, les finales très astringentes peuvent rebuter plus d'une personne...
Pour plus d'infos sur les vins allemands, je vous invite à lire cette
belle synthèse de JU
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