... et des notes boisées.
Une discussion su r le Cèdre 98 et la dégustation d'un autre vin me poussent à  ouvrir ce débat.
Un vin de 4 ou 5 ans qui sent encore la planche peut-il digérer cela?
J'ai déjà  vu des vins jeunes digérer un boisé marqué sur un an de bouteille, alors que j'en avais lu des commentaires assassins.
Mais n'y a-t-il pas un moment où cela devient irrémédiable?
Avez-vous des expériences à  relater à  ce sujet? Exemples et contre-exemples sont les bienvenus.

Je viens d'ouvrir ce week-end ma seconde bouteille d'un vin espagnol : Arzuago tinto crianza ( à  quelques erreurs près ) , millésime 97.

Il y a deux ou trois ans : un boisé vraiment envahissant.
Hier : aucune intégration des notes boisées, j'ai même eu l'impression que ce boisé et le fruit faisaient route totalement séparée.

Je précise que je n'ai aucune conaissance sur les vins espagnols et que je ne peux vraiment pas dire si les deux routes vont un jour converger. En tous les cas 6 ans après le millésime , mon impression est négative à  propos de l'intégration de ce boisé jugé envahissant trois ans après la date du millésime.

Jmm

Arzuaga !

Dégusté il y a trois ans (mill 97 également) à  plusieurs reprises (j'en vendais…) j'ai toujours pensé que ce vin était "pensé" pour être bu comme ça !
Assez jeune avec son boisé démonstratif… mais je n'ai jamais eu l'impression que ce vin avait de la réserve… je suis sur qu'il était meilleur il y a deux ou trois ans que maintenant.

Arzuaga...je prends note!

Pour résumer, il était effectivement meilleur il y 3 ans.

Jmm

je le connais aussi et malheureusement je crois que l'on peut étendre cette constatation à  beaucoup de vins du Ribeira del Duero...après leur phase "fruit doux sur boisé flatteur" bcp tournent plutôt mal! (iii)

Jérôme,

Je pense que les vins rouges ont une capacité plus grande à  "digérer" le bois. J'ai de mauvaises expériences avec des vins blancs (plus délicat) ou, à  contrario, le boisé ne faisait, années après années, que prendre le dessus sur le peu de fruit qui restait.
Il s'agissait d'une Humagne Blanche 100 % barrique neuve. Le producteur n'a plus jamais tenté l'expérience de la barrique neuve à  100 % et se contente maintenant d'un 30 % de barrique neuve.
Il faut aussi dire, pour être complet, que l'humagne blanche est un cépage particulièrement délicat et fin.
Ce n'est donc peut être pas le meilleur exemple mais en tout cas, c'est un exemple !! (aaa)

Pascal

Tout simplement il ne faut en aucun cas considérer l'élevage comme un moyen d'arômatiser ou de maquiller le vin…
Ensuite naturellement on optera pour l'élevage le + approprié au cépage, au type de vin, à  la matière première et au goût personnel du vinificateur…

Faire un Montrachet en cuve n'est peut-être pas génial … un Clos Ste Hune en barriques non plus !!
Le Cornas de Th. Allemand est grand sans voir de barriques et un Hermitage de Chave est grand avec son élevage en barriques (je crois mais pas 100% neuves je pense…)
Ensuite il ya énormémént de facteurs car on goûte parfois des vins très boisés qui ne voient que 10% de bois neuf et d'autres où le bois est peu perceptible ou du moins ne fait qu'accompagner le fruit avec un élevage 100% futs neufs…!!

Focièrement quand ça sent vraiment le bois
1 c'est que le vigneron l'a voulu (ou qu'il est maladroit alors méfiance)
2 ça ne disparaitra jamais
3 pour moi c'est un défaut mais c'est pour moi et c'est quand ce bois est vraiment démonstratif et donc utiliser comme un artifice
… le vin c'est du raisin… s'il lui faut des barriques neuves bien toastées et bien a(t)romatisantes, de l'osmose inverse, du microbullage, du glycérol et cette année de l'acide tartrique… on s'éloigne nettement de mon idéal "vin"

Justement, il y a un vin qui me pose problème ( bien que je l'apprécie ) :
Toques et clocher haute vallée 99-2000, on sent pas mal le bois ( un peu trop pour moi ) et il y a de la matière derrière.
Sur le 2000, j'ai cru sentir dernièrement un boisé moins évident qui commençait à  s'integrer, et donc une bonne évolution, je suis curieux de voir jusqu'où il peut aller dans ce sens.

Jmm

Je ne parlais pas que des arômes et des saveurs, je parlais également de ce côté tannique et râpeux des tannins du bois.

Pour le chardonnay et notamment celui dont parle Martinez jm, ce cépage est sans doute de tous les cépages blancs celui qui se marie le mieux avec le boisé. Haute Vallée possède un gros potentiel, même si sur les deux millésimes dont tu parles, j'ai préféré océanique.
Tu te poses donc la même question bien que là  il ne s'agissent pas de tannins râpeux, mais de ce goût franchement vanillé.

C'est tout à  fait ça sur ce vin : 'arôme franchement vanillé '.
'gros potentiel ' ...je garde, je garde.

Jmm

Les arômes apportés par un élevage en fûts neufs ont tendance à  se fondre avec les années et à  devenir imperceptibles (les grands bordeaux 1982 bus chez Thierry ne présentaient pas de caractère boisé, ni même la plupart des 1990 bus récemment, cfr le DBA III). Le problème vient du "boisage" important de vins dont la matière ne permet pas d'attendre les cinq ou dix ans nécessaires afin que tout se fonde...
En ce qui concerne les tannins apportés par le bois, je pense qu'ils ont plutôt tendance à  persister très longtemps, voire même à  ne jamais disparaître. Il faut donc faire en sorte de ne pas extraire trop de tannins de bois, et de ne le faire que sur des vins capables de le supporter, sous peine de sécheresse irréversible en fin de bouche. Comme toujours, tout est question d'équilibre : un boisé nettement perceptible sur un vin prévu pour être bu jeune, c'est du maquillage ; sur un grand vin de garde, il participe à  la complexité de l'ensemble...

Luc

PS pour Vincent : L'Hermitage rouge de Chave est élevé 18-24 mois en fûts, avec un maximum de 10 % de bois neuf, dixit Parker.

Luc, je suis d'accord. Les tannins dûs au bois sont reconnaissables et provoquent des réactions râpeuse, astringentes avec une sensation de grain lâche.
Peuvent-ils passer inaperçus maquillés par un fruité de jeunesse et n'apparaître, de façon irrémédiable, après quelques années de bouteille? Je le crois et je crois aussi que nombre de vins goûtés dans leur jeunesse sont surévalués mais déçoivent en présentant ces notes qui, comme tu le soulignes, ont bien des difficultés à  s'atténuer, voire, ne s'atténueront jamais.

Tu vois Luc un hermitage (qui n'est pas un vin de "tapettes" pour être trivial et je m'en excuse immédiatement auprès de tous les homosexuels… dont ceux que je connais personnellement) de Chave n'est élevé que dans 10% de bois neuf et à  côté de ça on trouve des vins de Pays à  7 € élevés dans 100% de bois neuf : cherchez l'erreur ?!?!?!

J'étais récemment au domaine Roumier et même le Bonnes-Mares -la fierté du domaine et un vin au potentiel de garde certain- n'est jamais élevé en 100% futs neufs…

Par contre évidemment un Las Cases 90 élevé en futs neufs ça ne me fait pas peur et je suis sûr que ceux qui le dégusteront à  son apogée ne seront pas gênés par le "boisé"

Est-ce que la prise de bois est si facile que ça à  prévoir? Je ne le crois pas. Il n' y a qu'à  goûter deux barriques différentes avant assemblage.
Pour ce qui est des barriques neuves, j'ai entendu que des barriques de un an pouvaient boiser davantage que des fûts neufs, parce qu'il y avait moins d'échange d'oxygène. Méfions nous encore des idées trop vite faites. (mince!... on dirait du Vincent!)

Re-ouvert hier une bouteille de Caliterra Arboleda Syrah 2000 (Colchagua), un vin que j'avais adore lors de la 1e degustation apres sa mise en bouteille et qui depuis a pris une tournure qui ne me plait guere ... boise.

A l'ouverture, superbe nez de fruits rouges et noirs, cote epice et bois bien integre. En bouche, on sent la prise de bois, mais un equilibre semble se restaurer depuis la derniere fois que j'ai bu ce vin (il y a 9 mois).

Mais au fil de la soiree, on sent que le combat vin-bois n'est pas a l'avantage du premier. Cela devient apre, puis reche, puis sec. Le nez perd de sa superbe, la bouche atire des grimaces. Il y aen plus une certaine acidite qui n'aide pas.

Je ne sais pas comment les 2 dernieres bouteilles que j'ai vont tourner. Ce matin, un fond de verre hume m'a donne l'impression d'un lac nettement plus calme que la mer agitee de la soiree.

Mais je ne pense pas que le bois sera absorbe.
Dans le cas de ce vin, c'est une courbe ascendente (pour le boise) qui ne flechit pas.