Domaine Michel Bouzereau & Fils, les 2019
Habituellement Gérard passe au domaine au début du printemps, en fin de matinée pour déguster le millésime en vente.
Cette année ce sera au milieu de l'automne, en début d'après-midi pour déguster ce qui sera à vendre l'année prochaine.
Si tout semble différent en 2020, il y a une chose qui reste constante, c'est la bonne humeur de Jean-Baptiste à chaque fois qu'il nous reçoit.
Nous descendons en cave pour goûter les 2019 qui seront mis en bouteilles entre novembre et mars.
Bourgogne et Grands Charrons sont déjà repassés en cuve alors que les crus et Tessons sont encore en fûts exceptée la partie en fût neuf qui est déjà remise en cuve pour ne pas être trop marquée par le bois.
Les échantillons prélevés doivent être représentatifs de ce que sera l'assemblage final.
Jean-Baptiste nous explique qu'il n'aime pas faire goûter ses blancs en cours d'élevage avant leur premier anniversaire car il serait trop tôt pour avoir une idée assez précise du rendu final.
Bourgogne
Des arômes de fruits jaunes, c'est enrobé avec une belle acidité.
Je le questionne sur la cuvée "Clos du moulin" que j'ai vu apparaître sur idéalwine avec le millésime 2018.
Une parcelle régionale particulièrement bien placée et je lui fais part de ma crainte de voir son générique affaibli par le retrait de cette parcelle de l'assemblage.
Il nous explique alors que c'est une nouvelle parcelle qui n'entrait donc pas dans l'assemblage au préalable.
Le bourgogne générique comprend généralement toujours les mêmes parcelles sauf lorsque l'une ou plusieurs d'entre-elles gèlent comme en 2016.
Meursault Les Grands Charrons
Le vin le plus rond de la dégustation, vraiment typé Meursault au sens classique du terme.
Un peu d'élevage perceptible mais rien de perturbant.
On trouve tout de même de l'énergie avec une finale sapide.
Meursault "Les Tessons"
Juste après la mise en bouteille, je goûte rarement bien cette cuvée.
A ce stade de l'élevage, elle est beaucoup plus expressive.
Noisettes et agrumes avec une perception minérale soutenue.
Une longueur magnifique, le vin plein de fraicheur s'étire en bouche.
C'est vraiment extra et comme à chaque fois assez différent des grands charrons.
Puligny-Montrachet 1er cru "Les Champs Gains"
Le vin nous semble serré, peu expressif.
Jean-Baptiste nous explique alors qu'en ce moment il y a des cuvées qui se goûtent moins bien qu'il y a 15 jours et inversement comme nous allons le voir par la suite.
Je ne porterai donc pas de jugement sur ce Puligny.
Meursault 1er cru "Charmes"
Celle ci justement ce goûtait parait-il mal il y a 2 semaines alors qu'elle s'est présentée à nous sous un jour extrêmement favorable.
Un nez d'une très grande richesse, des fruits jaunes bien mûres, un peu de beurre, de noisettes et d'amandes sans que rien ne soit trop envahissant.
Une bouche triple XL avec une amplitude assez incroyable qui se mêle à une acidité idéale pour porter le vin très loin dans un final en queue de paon.
Tout le monde est ... sous le charme
Meursault 1er cru "Genevrières"
Un vin bien plus minéral que le précédent avec de jolies notes citronnées.
L'amplitude est moins forte mais la longueur est plus fine et tonique.
C'est une sorte de Tessons en mieux, ce millésime 2019 semble donner une lecture assez fidèle des terroirs.
Nous allons pouvoir le vérifier avec le verre suivant.
Meursault 1er cru "Perrières"
La description va être facile:
Perrières= Charmes + Genevrières
A croire que cette cuvée est un assemblage des 2 autres tant on y retrouve toutes les qualités précédentes.
je l'avais déjà trouvé grandiose sur 2017, ce sera identique sur 2019 avec une longueur en fin de bouche assez exceptionnelle.
A coup sur, les blancs de 2019 pourront concurrencer les 2014 et 2017 pour le titre du millésime de la décennie en chardonnay.
Puligny-Montrachet 1er cru "Le Cailleret"
Nous finissons par cette grande appellation dont le domaine ne possède que 13 ares.
Le nez est encore en retenue, le vin est plus floral, moins exubérant que les Meursault.
Par contre en bouche, on retrouve les qualités de ce presque grand cru avec une matière très dense, un blanc quasi tannique.
Une cuvée qu'il ne faut assurément pas ouvrir trop tôt.
La dégustation n'a pas été expéditive d'autant que 3 autres amateurs s'étaient joints à nous en cours.
Nous avons pu aborder de nombreux sujets et voyant que nous avions beaucoup de questions concernant 2018, il finira par nous dire avec le sourire: " Vous voulez en goûter une ?"
Jean-Baptiste revient du fond de sa cave avec une bouteille sans étiquette.
Le nez est bien ouvert sur les fruits jaunes, les agrumes, de légères notes pâtissières mais si l'élevage est perceptible, il n'est nullement gênant.
Il y a de la matière, c'est ample et alors que nous sommes 6 à l'aveugle, je suis le premier à me jeter à l'eau en proposant "Charmes" .
Gérard voit plutôt "Champs gains".
Non c'est un village, alors c'est Grands charrons ? non c'est
"Tessons 2018".
Et bien les amis, c'est très bon mais alors là j'y perds mes repères dans les notions de terroir.
Ma modeste expérience, car ça ne fait tout de même pas très longtemps que je déguste les vins du secteur, me pousse à dire en guise de conclusion que 2019 sera probablement un grand millésime qui permettra une lecture assez fidèle des terroirs alors que les cuvées de 2018 risquent d'être marquées prioritairement par les caractéristiques du millésime.
Espérons qu'en mars/avril il n'y aura pas un 3ème reconfinement afin que nous puissions passer récupérer nos 2019 et éventuellement voir leur évolution après la mise en bouteille.