Jérôme c'est exactement ce que me disait un ami qui a eu la chance de boire des Musigny du domaine de Vogue sur plus de 50 ans!! Le domaine a semble-t-il eu un long passage à vide et il reconnaissait malgré tout les qualités du terroir. C'était sur des vins des années 70 bus voici moins de 5 ans. Quand on a bu 1961 disait-il on pardonne plus facilement certaines errances!!

C'est pour çà, je maintiens et là dessus je suis têtu, que les grands vins issus de grands terroirs ( historiquement ) sont issus de producteurs qui sont peu limités en moyens, afin de corriger pour aller dans le sens voulu à l'avance

L'exemple que j'ai en tête où l'on peut mettre les grands moyens sans "bidouiller" le vin est Tertre Roteboeuf où 200 personnes peuvent venir vendanger le jour J les 7 hectares du domaine. Je pense que c'est la seule propriété au monde de cette taille qui se permet ça. 

Bon, après, Tertre Roteboeuf, c'est aussi un process assez unique en Bordelais (températures de vinif très élevées, réincorporation immédiate des presses, élevage à température élevée été comme hiver. On pourrait dire qu'ils écrasent le terroir. Et en même temps, quand on goûte les différents vins de Mitjavile sur le même millésime, il y a de grosses différences entre eux même si l'on retrouve la patte du vigneron. 

Tiens justement, ne penses-tu pas que les grands terroirs peuvent pardonner parfois sur le long terme et reprennent le dessus sur une vinification approximative ?

Oui, certainement. Encore faut-il des bouchons de qualité qui puisse laisser le temps au terroir de reprendre le dessus. Sur le 1990 bu récemment, la grandeur de la CDS était évidente. 

@ agitateur,
ok pour les conditions climatiques extrêmes qui changent la donne.
mais en bon scientifique je sais qu’en statistique on élimine les valeurs aberrantes. Bon je sais qu’il y a une forte probabilité pour que ces données aberrantes devient hélas courante.
Oui la propicité de toutes les zones changent quand une caractéristique change, ce qui est le cas avec le climat.
j’ai souvent cité l’exemple de Marcillac qui pourrait bien prétendre au statut de grand terroir avec ce changement climatique. Les terroirs nord de Jurançon pour les secs est aussi une belle émergence.
il y avait une belle émission hier soir sur la 3 où beaucoup de points de notre discussion étaient présents.

Éric, je le crois aussi. Le terroir peut transcender. J’ai quelques exemples précis en tête.

pas plus ou pas moins que du terroir indigne, mais ce n'est que mon avis.

Je suis bien entendu convaincu de la propicité de la Coulée.
Je suis aller sur site, mais ça date, j'avoue. Ca empeste le terroir ( même si je ne suis pas aller faire des carottes pour examiner le sous sol ). Sol, expo, y'a quand même un truc.
J'avais été tourneboulé par le génocide organisé du matériel végétal, mais c'est un autre sujet. En temps de guerre terroiriste, y'en a que se seraient retrouvé devant le tribunal pénal international pour moins que çà.

Je vais préciser ma pensée en généralité:
- avec un moût rouge de valeur de base 80/100, tu peux atteindre 100 avec du doigté, ou descendre à zéro si tu es une burne.
- avec un moût blanc de valeur base à 50/100, tu peux monter à 100 ou aussi descendre à zéro.
Par sa composante polyphénol, le moût rouge est plus marquant / impactant sur le produit final que le blanc, ce dernier étant hautement sensible à la cervelle et à la techno. Si j'étais un pauvre investisseur foncier, j'irai sur du blanc si je voulais viser trés haut ( en supposant que le "joli" foncier rouge ou blanc aussi me coute trop cher - en raisonnant sur une même AOC  )

Tiens, je viens d'en acheter une quille ce soir, elle va partir au frais pour un moment....Simone blanc. A plus de 10 ans ça transcende. Le terroir je ne crois pas, pas aussi clairement. L'expo nord c'est gentil pour la comm', m'enfin 90% des ceps ne sont pas contre les bois et la pente nord n'est à pas à 30%, hein.....Mais alors punaise, y'a un sacré tour de main. Punaise aussi l'inflation mais y'a pire....
Je ne crois pas que le terroir de Chiroubles de Bouland soit plus indigne que ses terroirs de Morgon ( en sortant l'aspect matériel végétal des Morgon  VV ). Par préférence gustative purement perso, je ne laisse pas le Chirouble se transcender tellement je le trouve torchable sur ses 18 premiers mois post mise. J'ai aussi attendu pour voir mais finalement...bof.

Avoir qq exemples précis pré-supposés ou le terroir transcenderait, c'est du cherry picking. Voir la def sur le net pour les non familiers. L'inverse existe aussi et pas qu'un peu.

Jérôme Pérez écrit:

Oui la propicité de toutes les zones changent quand une caractéristique change, ce qui est le cas avec le climat.
 

Pas seulement le climat, mais je me sens un peu seul ici....
La même parcelle de merlot bordelais tapait ses 15% en 2018 par exemple, aurait eu 13.5% à la même date il y a 15 ans et 12.5% il y a 30 ans à climat annuel identique.
Une année froide récente est technologiquement plus mure qu'une année chaude d'il y a 15 ans, et pourtant reste en comparaison...plus froide. 
L'évolution de la conduite du matériel végétal est allé bcp plus vite que l'impact climat.
2022, on a le stress hydrique de 76......

Le terroir peut transcender

A la base, si je peux me permettre, tout vient du terroir au sens large (y compris son potentiel humain qui en fait partie au même titre que les abeilles et les vers de terre) puisque c'est lui qui préside à toutes les destinées. On ne risque donc rien d'affirmer que ledit terroir est capable de tout, y compris magnifier un vin moyen après dix ans de bouteille. Sauf que transcender du vin ne fait à priori pas partie des attributions logiques dudit terroir, lequel, si je ne m'abuse, n'a pas vocation à le faire et ni la moindre idée, pour cause de défaut d'intelligence et intention (jusqu'à preuve du contraire), de ce qu'est un bon ou mauvais vin. De nombreux vins, de toutes natures et origines, se bonifient avec le temps, dans le cadre de ce qu'un certain nombre d'interprètes considèrent comme une évolution positive (complexification qui n'est d'ailleurs pas du goût de tout le monde). De là à considérer que le terroir, dans son infinie sagesse, soit capable, de son propre chef ou par la grâce divine de son action différée, de changer la taupe en aigle, j'ai tendance à penser qu'on n'est pas loin du raccourci anthropomorphique pour le moins discutable (et c'est d'ailleurs précisément ce que nous sommes en train de faire, même si je parle tout seul en ce qui me concerne - il se trouve que j'ai, heureusement, une certaine expérience en la matière). Que le terroir confère au raisin qui s'épanouit à sa surface des qualités structurelles et organoleptiques particulières, soit, mais qu'il transcende le vin, non, je ne crois pas. Cette terminologie religieuse, proche du mysticisme, de l'alchimie transmutationnelle et la pierre philosophale (que serait le terroir en l'occurrence, mystérieux réceptacle de toutes les forces les plus obscures et bienveillantes de la geste viticole), me semble un poil (ou une plume) inappropriée.

et bien soit, ma conception est mystique : de la pure mystique quantique ! -))
Hannibal, je me base sur un peu d'expérience : c'est donc empirique, aucunement scientifique, en tout cas pas encore. 
Sur la capacité à devenir bon avec le temps, je suis sûr de mon coup. Sur le fait que certains vins sont difficiles à boire jeunes et qu'ils le deviennent avec le temps et qu'ils deviennent même bons , très bons, excellents voire grands : itou.
Sur le fait que je n'ai jamais vu un vin (même bon, ou très bon ou excellent) dans sa jeunesse, issu d'un terroir médiocre, rester vivant quand les premiers cités deviennent envisageables, après 15 ou 20 ans de bouteille : itou
Mais c'est peut être à cause de l'âge du capitaine, après tout.

et la prochaine question est "qu'est-ce qu'un terroir médiocre ? " -)