Une star parisienne était attendue à Metz.
Les médias et le public se sont précipités au stade St Symphorien en pensant que c'était Lionel Messi.
Mais ce n'était qu'une diversion pour accueillir tranquillement le grand Oliv, qui n'avait ni mal au mollet ni les chevilles enflées mais une petite glacière contenant les fameuses bombes magiques capables de créer ou d'entretenir des amitiés.
Gaétan ayant déjà réglé sa montre à l'heure d'hiver, à moins qu'il ne l'ait pas encore mis sur celle d'été
, il finit tout de même par retrouver le chemin de la maison et nous pouvons enfin nous retrouver.
Première fois que je partage un repas avec Oliv et n'ayant pas eu le temps de dégainer mon clavier le premier, j'avoue que c'est intimidant de commenter les mêmes vins que lui.
L'impression d'en avoir moins à dire et pas forcément avec une telle richesse de vocabulaire.
Pourtant je suis le premier à pester devant l'absence de CR et d'avis multiples lors de dégustations pour lesquelles nous aimerions avoir plus d'infos.
Je ne vais donc pas laisser Oliv commenter seul ce repas même si nos impressions sont globalement proches.
Champagne Cazals, Blanc de blancs Extra Brut, Clos Cazals, 2012
Un nez d'une belle complexité qui me fera penser à une cuvée d'assemblage.
La bouche présente un caractère vineux qui me conforte dans l'idée qu'il doit y avoir une bonne proportion de pinot.
C'est à la fois ample en attaque puis long dans la finale.
Un excellent champagne qui semble près à boire et j'avoue être surpris en découvrant que c'est un 100% chardonnay
Gaétan devient un spécialiste de cette région, il nous sort désormais régulièrement des nouvelles bouteilles très intéressantes.
Domaine Oury-Schreiber, Moselle, Scintilla, 2018
Une cuvée d'Auxerrois élevée en fût neuf.
C'est une expérience intéressante mais il est vrai qu'à ce stade, le maquillage masque le cépage.
Le vin est enrobé par son élevage.
Ce n'est pas désagréable au niveau de la structure parce que le bois n'assèche pas la bouche mais il domine tellement l'ensemble qu'il enlève le plaisir qu'il pourrait y avoir avec un vin jeune et fruité.
A revoir en espérant que l'Auxerrois puisse digérer tout ça.
Domaine Matrot, Puligny-Montrachet 1er cru Les Combettes, 2014
Une cuvée qui m'a une nouvelle fois donné entière satisfaction.
Un nez marqué par des notes d'amandes grillées légèrement caramélisées.
Une pointe de noisette et des agrumes.
C'est savoureux en bouche, ce n'est pas un monstre en amplitude mais je retrouve tout ce que j'aime dans ce secteur.
Un vin qui présente des caractéristiques délicates, très agréable à boire et bien éloigné des cuvées pâtissières si fréquentes dans la région.
Nous avons pu débattre de l'origine des notes grillées, à savoir si elles proviennent du terroir ou de l'élevage.
Gaétan ayant carrément évoqué un cousinage au nez avec les vins de JFCD
Connaissant maintenant un peu la gamme des vins de chez Matrot, je sais que ce n'est pas le fût qui marque leurs 1ers crus.
Quand aux arômes perçus sur cette bouteille, je ne les retrouve que sur Combettes pour l'instant.
Oliv nous a raconté une anecdote imparable pour ceux qui nient l'influence que le terroir peut avoir sur l'expression aromatique du chardonnay.
On peut percevoir ce grillé noble sur du chardonnay élevé en cuve !
Domaine Gérard Boulay, Sancerre, Monts Damnés, 2008
S'il y a bien une règle dans la vie qui devrait être mieux appliquée, c'est de ne rien dire quand on ne sait pas.
C'est particulièrement vrai dans les faits qui dominent l'actualité depuis 18 mois mais c'est également vrai pour un amateur de vin dans une dégustation à l'aveugle.
Quelle idée d'annoncer Rhône nord juste parce qu'on est complètement pommé et qu'on imagine qu'Oliv nous a tendu un piège !
Ca me servira de leçon
Ce vin est une fusée de feu d'artifice.
C'est très long, tout en tension mais la finale explose en gourmandise avec une sorte de confort de fin de bouche.
C'est différent des vins tendus qui partent en éclair vers l'infini.
Au nez, je n'avais pas décelé le sauvignon, pour ma défense j'en bois très peu.
C'est en tout cas très bon et assez original.
Merci Oliv pour la découverte, c'eut été trop facile de nous apporter un chardo beaunois
Gérard et Gaétan ont également beaucoup aimé après avoir rapidement identifié le cépage.
On ne le sait pas encore mais le Champagne, le Puligny et le Sancerre seront les 3 vins de la soirée.
Les vins rouges à venir seront comme la météo, plutôt maussades.
Domaine Amiot-Servelle, Chambolle-Musigny 1er cru Derrière la Grange, 2009
Gaétan dégaine le premier.
Comme chacun sait, les meilleurs dégustateurs à l'aveugle sont ceux qui connaissent la cave de leurs amis
Si Gaétan sort un vieux pinot, je peux annoncer 2009
Pour la suite c'est moins évident.
Des notes de framboises, un peu de griottes mais un coté masculin terreux qui m'oriente vers Gevrey.
La bouche n'est pas aimable avec des tannins asséchants.
Il faut bien que l'on se chambre un peu, surtout après que Gaétan ait trouvé Sauvignon sur le vin précédent.
Je lui dis: " Non tu ne nous as pas sorti un Tortochot ? "
Ce n'est pas ce domaine ni même le village.
Déception à la levée de la chaussette pour cette cuvée qui pour le coup me ferait plus penser au Morey village qu'à ce 1er cru que nous dégustons souvent bien au domaine.
Château Lafleur, Pomerol, 1990
Gérard avait proposé d'apporter un Bordeaux rouge.
On imagine donc un vin du siècle dernier, c'est rapidement confirmé par la robe déjà bien évoluées.
Le nez est vraiment discret et la bouche un poil rugueuse.
Les très légères notes de tabac m'orientent vers le médoc.
Etonnement quand Gérard annonce que c'est un Pomerol !
Après un 89 décevant il y a quelques années, c'est une nouvelle rencontre ratée pour nous avec ce château.
Gérard est d'autant plus déçu qu'il gardait un excellent souvenir de la précédente 90 mais c'était il y a plusieurs années en arrière.
Domaine de la Grange des Pères, Vin de Pays de l'Hérault, 2007
Une robe très profonde qui me dirige vers un vin assez jeune.
Les arômes m'orientent assez vite vers le Languedoc mais paradoxalement sur autre chose qu'une Grange des Pères.
Oliv me teste: " Pourquoi pas un châteauneuf ?"
C'est là que je constate mes limites descriptives pour m'abriter derrière des perceptions mémorielles.
Ca ressemble à d'autres vins du Languedoc que j'ai déjà croisés.
En bouche, j'ai une assez forte perception d'alcool ainsi qu'une sucrosité qui pour le coup me rappelle "La Bergerie de l'arcade".
Sur cette bouteille, la magie n'était pas au rendez-vous.
Il est temps de se quitter avec la satisfaction d'avoir pu passer une soirée ensemble.
J'espère que nous pourrons nous retrouver plus souvent.
Dommage qu'Oliv ne soit pas resté jusqu'au samedi soir dans le coin parce que nous sommes allés chez Gérard pour un repas de gala.
Et là pour les rouges ce ne fut pas la même chanson mais c'est une autre histoire ...