Ahlalalala... y'a toujours des p'tits malins qui espèrent que ça passera inaperçu, que la bouteille masquée fera illusion... Mais face à des dégustateurs avertis comme peuvent l'être ceux du groupe, la supercherie est vite démasquée. A vrai dire, n'importe qui, dans un rayon de 50 mètre autour de la table, s'en serait également rendu compte... Bref, un seul vin nature ce soir-là, fort heureusement pour tous !
Trêve de bavardages, place aux vins.
Deux champ' pour débuter, comme il se doit. L'un étant curieusement l'antithèse de l'autre, et vice-versa
D'abord, ce
Champagne Gallimard, Les Meurgers, Blanc de Noirs... que j'ai pris pour un 100% chardo, bien joué. A cause de ce joli nez brioché. La bulle est élégante, en bouche c'est joli, un peu trop dosé tout de même pour en faire un compagnon de repas. Mais à l'apéro, c'est parfait. Joli vin.
Joli également, mais aux antipodes donc, ce
Champagne Bonnet-Ponson, Perpétuelle. Le nez est plus droit, plus discret ; la bouche traçante. Grosse acidité finale, trop pour moi ; normal c'est non dosé. Un vin cistercien.
On passe aux blancs, ça démarre très fort avec ce
Bourgogne aligoté, de JM Vincent, Soler'Al. Un vin qui nous aura bien fait voyager. Au nez ça fait très bourguignon, tout le monde part sur un joli chardo bien élevé. Sauf que l'acidité finale fait douter... Direction le Jura donc ? Ben non pas du tout, c'est ce cépage mal-aimé, élevé en solera. Jolie découverte. Mais au prix de la quille, je préfère tout de même le chardo !
Le voici, le vin de punk qui se néglige... Un
Vin de France fait en Touraine, de
Thomas Puechavy, Le Rayon Blanc 2021. 100% chenin, indique l'étiquette. Qu'on croit sur parole... Ce vin c'est un concentré de tous les défauts possibles et imaginables : de la réduction serpillère, de l'acétique, de la volatile, un peu de vernis à ongles.. Bref, imbuvable. Mais on a bien rigolé.
Retour à la civilisation, avec ce
Puligny-Montrachet de la Maison Morey-Coffinet (négoce donc)
, Corvée des Vignes 2014. Quand c'est bien fait, la Bourgogne, y'a rien à redire. Tout y est : un nez très fin, un bel élevage, une bouche assez tendue (effet millésime ?) et une belle longueur. Très chouette vin.
Le
Chassagne-Montrachet de Ballot-Millot, Morgeot 2008, aura un peu souffert de la comparaison. Millésime compliqué, qu'on lit dans la trame acide du vin. Le nez fait évolué, vieux chardonnay encore en forme. J'aime bien.
Les rouges, maintenant. Et des vins de transition qu'on oubliera assez vite...
D'abord, ce
Crozes-Hermitage d'Alain Graillot, 2009. Paix à son âme. Joli nez sur les anchois, la violette, mais c'est en bouche que ça se gâte, avec une énorme acidité qui emporte tout sur son passage. Volatile, disent mes camarades de jeu. Difficile d'avoir un quelconque plaisir.
A côté, le
Saint-Amour du domaine de Fa 2019 fait plutôt bonne figure. C'est le domaine créé par les enfants du sieur Graillot. C'est gourmand, peut-être un peu trop glouglou, trop facile - peut-être 100% macération carbo ? En tout cas, aucun tanin, juste l'acidité finale qui m'a emmené directement dans la bonne région, pourtant chère à mon coeur. Un vin pas inoubliable...
Le vin d'après a lui aussi une parenté assez évidente, liée au cépage :
Côte Roannaise du domaine Sérol, Chez Coste, 2020. Sauf qu'il manque singulièrement de personnalité. Nez trop discret, bouche fluide, avec une légère sucrosité. A tout prendre, j'ai préféré le Beaujo !
Aaah, enfin un joli Pinot ! Toute la table est unanime ! Sauf qu'il s'agit en fait d'un
Barolo de Parusso 2013 Très joli au demeurant. Un nez sur la réglisse, très mûr, une bouche à l'avenant... gros plaisir donc, mais ce n'est pas en Bourgogne...
Tout comme le suivant, localisé lui aussi entre Beaune et Dijon. Pas du tout, c'est un
Châteauneuf-du-Pape, domaine du Banneret, 2018. Quel nez ! On s'y perd un bon moment, un ppot-pourri de fruits rouges, très élégant. La bouche est gourmande en diable, avec juste ce qu'il faut de sucrosité pour ne pas être pesant. Pas totalement en place encore. Regoûté le lendemain midi, tout s'est apaisé, c'est une belle découverte, et un gros gros kif
(Merci Oliv)
Terminons par le bulldozer de la soirée - il en faut un :
Cornas, domaine Courbis, Sabarotte, 2015.Clairement pas prêt à boire, du goudron, une énorme matière, j'ai pensé à une syrah trop extraite du Languedoc, sans élégance et tout en puissance. A revoir dans dix ans, au moins.
Et un petit sucre pour terminer :
Jurançon, Clos Uroulat 2016. Un sucre tellement petit qu'au premier nez il était difficile de se rendre compte qu'il s'agissait d'un moelleux... Peu de sucres au final, autour de 50 grammes, à la louche ? J'ai trouvé le fruit joli, mais à réserver à des fromages à pâte persillée plutôt qu'à un dessert bien sucré...
A très vite !