L’ambiance est plutôt guillerette en ce lendemain de défaite footballistique face au Mexique (Eh oui, je suis très en retard dans mes CRs!). La bande de joyeux drilles habituels s’apprête, avec enthousiasme, à écrire une nouvelle page de ses aventures oeno-gastronomiques dans cette vénérable et magnifique maison de la rue Lamennais.
Il faut dire que la séance de la veille au soir (pendant l’humiliante mais bien méritée défaite donc !) avait tenu toutes ses promesses en voyant la victoire incontestée d’un somptueux
Rayne-Vigneau 1921 en toute fin de rencontre. Un vin noir, profond, encore presque crémeux mais ayant perdu la perception de ses sucres, sur des notes complexes de thé, d’épices et de crème brulée. Un grand moment.
Les choses avait pourtant commencé mollement : un méchant bouchon sur un beau blanc, une
Petite Arvine 2008 Denis Mercier, certes intéressante, mais présentant un sucre résiduel significatif assez déroutant. Le
Cornalin 2006 Denis Mercier sauvera superbement l’honneur du domaine par son beau jus profond et velouté. Velouté que l’on retrouve à l’envi dans ce beau
Morgon Cote de Py 2009 JM Burgaud, diablement gourmand et largement commenté sur LPV.
Le premier grand moment de la dégustation fut le service à l’aveugle de ce
Mouton Rothschild 1990, qualifié unanimement de vin sympa, doté d’un élevage de bonne qualité mais manquant cruellement de profondeur et de longueur. Bref pas du tout au niveau d’un 1er Cru! Rien de bien nouveau, juste une vérification à l’aveugle. Une jolie paire de Côtes de Beaune rouges
Meursault Cote de Beaune 2002 Coche-Dury vs
Chassagne PC Boudriotte 2002 Ramonet qui a vu le Meursault remporter la palme de la finesse et de l’élégance tandis que la puissance et la matière se trouvait dans le Chassagne, terroir oblige! Une affaire de style, les préférences étant très partagées.
Le
Barbaresco Crochet-Paje 1998 Luca Roagna a, quant à lui, tenu toutes ses promesses! Un vin magnifique de finesse, de complexité et de distinction. Doté d’une suavité et d’une gourmandise exemplaires de la part d’un domaine que j’affectionne particulièrement. J’ai adoré. Tout comme le somptueux
Clos Vougeot 1998 Leroy qui évolue aujourd’hui dans le registre des pinots classiques, sur des notes de sous-bois, d’humus et de champignons séchés. Une merveille de finesse et de complexité comme la grande Bourgogne nous en réserve le secret. Il était alors temps de céder la place au
Riesling Wehlener Sonnenuhr Auslese 1994 Christoffel-Prüm qui allait refraichir les bouches et préparer à l’apothéose finale du
Rayne-Vigneau 1921.
C’est donc l’humeur guillerette que la bande de joyeux drilles franchit la porte du Taillevent!
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Gougères,
Champagne Blanc de Blanc Réserve De Sousa, BSA :
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La table n’est pas encore au complet. On évoque tour à tour la rareté, puis l’incompétence des taxis Parisiens. Pour gérer l’attente, la décision est finalement prise de goûter cette cuvée de Champagne blanc de blanc qui a plutôt bonne réputation. La bulle est fine et persistante. Le vin est moyennement dosé et présente une belle longueur en bouche. C’est un joli Champagne bien fait, qui remplit parfaitement sa mission apéritive.
Mise en bouche,
Artichauds poivrade cuisinés en barigoule, gambas poêlées
Riesling Clos Sainte-Hune Trimbach, 1992
Riesling Altenberg de Bergheim Deiss, 2001 :
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Au premier coup de nez dans le verre de Clos Sainte-Hune, l’inquiétude se lit sur les visages. Le nez est déviant, sur des notes de cartons mouillés. La matière en bouche apparait cependant plutôt belle et concentrée. Mais, peine perdue, le défaut va s’accentuer au cours de l’aération et ce goût de bouchon condamnera définitivement le vin. Le Rieling Altenberg de Bergheim de JM Deiss est alors appelé à la rescousse. Malgré un millésime plus jeune, sa robe est plus marquée que celle du Sainte-Hune. Il présente un très joli nez de fruits jaunes qui évolue doucement vers des notes de pommes chaudes. Les arômes en bouche évoquent aussi les pommes cuites, trahissant un début d’évolution. La perception de sucre en bouche est relativement marquée, surtout en comparaison du vin précédent. La longueur et la complexité sont au rendez-vous mais personnellement j’aurais aimé moins de sucre résiduel et plus de pureté dans le vin.
Vapeur de foie gras de canard, petit pois mentholés
Meursault-Perrières JF Coche-Dury, 2007,
Bienvenues-Bâtard-Montrachet Louis Carillon, 2007
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Les 2 vins sont servis en semi- aveugle (étiquettes connues mais ordre de service inconnu) et la comparaison des nez offre déjà de bonnes indications : arômes grillés et fumés pour le premier, notes de noisettes et de beurre frais pour le second. La comparaison des bouches permet de distinguer clairement les appellations : Le Perrières est tout en tension, pur, tendu, minéral et complexe. Le Bienvenues-Bâtard affiche la classe de son pédigrée par un supplément de densité, de richesse et de profondeur. Les 2 vins offrent la même pureté cristalline conférée par le millésime. 2 vins absolument remarquables, quasiment impossible à départager. Moment magnifique !
Mignon de veau de lait de Corrèze rôti aux girolles,
Pauillac Château Grand-Puy-Lacoste, 1988
Saint-Estèphe Château Cos d’Estournel, 1988 :
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La robe du Grand-Puy-Lacoste semble plus claire et évoluée que celle du Cos d’Estournel. L’impression se confirme en bouche. Le GPL offre un joli nez classique de fruits noirs, de cèdre et de fumé. Il garde une belle fraicheur en bouche mais commence à afficher une pointe d’évolution qui lui confère quelques arômes de sous-bois. Longueur et complexité sont au rendez-vous de ce beau vin gourmand. Le Cos apparait beaucoup plus concentré et massif au même stade. Sur des arômes de fruits noirs et de graphite, il a besoin de beaucoup s’aérer pour affiner sa structure imposante et sa complexité. Très long en bouche. Grand vin qu’il convient de garder encore en cave.
Gigot d’agneau des Pyrénées rôti au cumin aux saveurs orientales,
Côte-Rotie La Mouline Guigal, 1988,
Châteauneuf du Pape Rayas, 1988 :
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Notre revue du millésime 1988 continue avec ces 2 monuments, références de la vallée du Rhône que sont La Mouline et Château Rayas. Les 2 nez sont des modèles du genre ! Fruits rouges et violette pour le premier, épices douces évanescentes pour le second. Aucun risque de se tromper. On pourrait y passer des heures tellement la palette des arômes est riche, subtile et complexe. A ce petit jeu, Rayas (à priori mon chouchou) part avec une petite longueur d’avance, mais je dois bien avouer que la marge est beaucoup plus faible que je ne pouvais l’imaginer. A la dégustation, La Mouline offre une texture, une profondeur et un soyeux absolument exceptionnels. On se rapproche de la perfection de La Mouline 1985. C’est long, gourmand, vibrant et extraordinairement exubérant. J’adore. Le Rayas offre un profil un peu plus austère de prime abord (nous craignions qu’il ne fut pas encore prêt, 1988 oblige) mais il s’est très bien ouvert et a installé rapidement sa magie en bouche pour nous offrir finalement sa queue de paon aromatique classique : épices douces, herbes séchées & boite à cigare. Le bonheur ! 2 vins absolument grandioses que j’ai été incapable de départager ce jour là!
Croutillant d’abricots rôtis,
Mignardises,
Sauternes Suduiraut Crème de Tête, 1989
Sauternes La Tour Blanche, 1967 :
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Château Suduiraut n’a sorti sa cuvée Crème de Tête qu’en 1982 et 1989 lors de la décennie 80. C’est un vin qui offre une robe déjà bien évoluée, marquant la richesse de la cuvée et son caractère légèrement confit. La qualité magnifique des amers (issus du botrytis) permet d’équilibrer la sensation gustative en bouche et offre une superbe rémanence aromatique! J’ai adoré l’accord avec la glace à l’abricot. En comparaison, La Tour Blanche 1967 possède une robe d’une jeunesse incroyable compte tenu de son âge. Le vin est vif, alerte et droit, tout en ayant conservé une belle sucrosité. Complexité, pureté, tension et longueur sont au rendez-vous de cette cuvée surprenante et remarquable.
Le café,
Cognac Petite Champagne Vieille Réserve de Paradis, Guy Lhéraud :
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Une magnifique eau de vie qui ne laisse aucune sensation de brûlure d’alcool ! La marque d’un élevage parfaitement maitrisé, avec la complicité indispensable du temps ! Longueur, finesse et complexité sont au rendez-vous et nous retiennent bien trop tard dans cette belle maison.
Il est tard! On dresse déjà les tables pour le dîner! Et si on restait?
Christophe