Cette totale indépendance de LPV me semble être une force énorme, à moi aussi, qui n'est à mon sens sans doute ni suffisamment savourée, ni utilisée à fond sur ce forum. Ce qui n'est pas le cas de la presse, en partie dépendante pour ses ressources, de la publicité, comme tout le monde le sait. C'est une certaine presse qui m'étonne un peu, en ce moment, pas LPV, je pensais que c'était clair... Peut-être que la notation relative est donc un moyen élégant de ne dire, dans certains journaux, à un grand cru classé par ailleurs annonceur, que son vin, dans un contexte, est toujours le meilleur, même si cette année là, la compétition n'est pas très relevée... Ceci dit, je trouve tout à fait légitime le choix de Bettane de souhaiter être l'arbitre des élégances et de s'inscrire dans le constructif, plutôt que de jouer le justicier, le révolté qui détruit tout et ne construit rien. A moi de le lire ou non, de le suivre ou non, lui ou un autre d'ailleurs.
Jérôme, oui, la grande fiesta des primeurs est une mascarade organisée par le commerce, à la structure unique et que, au passage, le monde entier envie à Bordeaux. Ceci dit, les primeurs ont leurs limites et cette année, on les voit, puisque il n'y a pour ainsi dire pas de campagne primeur... De plus, le négoce, pour garder ses allocations, peut acheter un petit millésime, pas deux, et les conditions climatiques de ce début d'année + le retard de la végétation ne présagent rien de bon pour 2008...
Mais au fait, qui met de l'essence sur le feu ? Le consommateur final lui même ! Il alimente le cercle vicieux, par sa demande d'informations toujours plus fraiches et plus rapides, lui permettant de... spéculer. Hors, un journal est une entreprise, qui doit vendre et qui, comme tout le monde en système capitaliste, doit faire du marketing. Ce que tu fais d'ailleurs toi même (et Luc aussi, qui l'avoue avec bonhommie) lorsque tu fait remarquer combien ce débat enflammé fait de l'audience sur LPV ;-).
On peut certes critiquer la notation relative. On peut aussi se demander pourquoi personne ne l'a fait en 2005... le consommateur est en pleine contradiction, il critique d'un côté le prix des millésimes du siècle mais se bat pour en avoir dans sa cave: d'un autre côté, il ne veut pas des millésimes finalement plus conforme à la production d'une région au climat océanique et qui, sans doute, vont lui manquer dans quelques années et dans certaines occasions, ne serait ce que pour attendre la maturité des 2005 (2030, c'est loin...)
Le fait est que de nombreux 2007 seront délicieux, dans leur genre et dans une évolution plus courte, que la notation soit absolue ou relative. Il suffira de ne pas leur demander ce qu'ils ne peuvent donner. C'est l'esprit même d'un vrai travail de vigneron. Qu'ils soient trop chers, c'est un autre débat et qui sera tranché par le marché, tout simplement.
P.S. : ça me gonfle un peu, je l'avoue, d'être en train de défendre les petits millésimes (alors que 2007 en Roussillon est génial), les bordelais (qui ne prennent jamais la peine d'intervenir ici, trop occupés dans d'autres "spères"), et les journalistes (qui écrivent mieux que moi) qui pourraient nous éclairer s'ils prenaient le temps de se faire respecter. Franchement, tout ce petit monde se grandirait à venir discuter ici...